Une fois n’est pas coutume, le Hellfest affiche complet, et ce huit mois avant le début des hostilités ! Dix ans après la dernière édition du « Fury Fest », le collectif qui est devenu par la suite « Hellfest Productions », a bien grandi. Entre innovations et affiches toujours plus alléchantes, le festival n’a pas fini de nous surprendre. Et c’est une semaine après le sold-out des pass 3 jours que la rédaction de Sounds Like Hell Fanzine s’est entretenue avec le bras droit de Ben Barbaud, Alex Rebecq.
Propos d’Alex Rebecq recueillis par Apolline Mercier
C’est parti ! La douzième édition du Hellfest est sur les rails ! Toujours pas de groupes annoncés, et pourtant, tous vos pass « 3 jours » sont écoulés… J’aimerais bien savoir pourquoi c’est devenu systématique de vendre les tickets avant l’annonce des groupes…
C’est une très bonne question. En fait, lorsque nous avons commencé à vendre nos pass avant l’annonce des groupes, nous avions besoin de trésorerie. Bien que le festival brasse pas mal d’argent, nous faisons peu de bénéfices. L’objectif était de pouvoir payer les prestataires grâce à ces pré-ventes, et il s’avère que tout est parti très vite ! On a halluciné ! On a décidé de remettre en place ce système. Après les gens achètent ou non, c’est leur choix. Cette année, nous avons vendu les 52 000 pass en six jours, c’est vraiment énorme ! Donc pour répondre à ta question, il faut savoir que pour nous, les producteurs du Hellfest, vendre tous ces billets nous permet de sceller notre trésorerie et de fixer le budget pour la prochaine édition. Une fois que c’est fait, nous pouvons nous focaliser sur l’affiche pour ensuite programmer des groupes toujours plus gros, ce que nous ne pouvions pas faire à l’époque ! Désormais, nous avons assez d’argent pour nous permettre de faire de plus grosses offres et d’agrandir le festival, comme par exemple la nouvelle Warzone. En tant que producteur, c’est vraiment un luxe de pouvoir travailler dans ces conditions. Ça nous permet d’optimiser notre travail durant l’année. Et bien sûr, tout cela, c’est pour le bien des festivaliers !
Tu disais que les festivaliers avaient le choix entre se rendre et ne pas se rendre au festival. J’ai lu un article assez ironique à ce sujet parlant des festivaliers qui achètent leur pass, qui posent leur tente et qui ne sortent pas du camping, et ce durant les trois jours… Tu en penses quoi ?
Les gens viennent et prennent ce qu’ils veulent prendre tout simplement. Tu peux aussi trouver ce cas de figure au Wacken. C’est une sorte d’apéro géant, et les gens font la fête ensemble, c’est comme les festivaliers qui veulent passer tout leur week-end au niveau de la Warzone. Nous ne sommes pas là pour juger, les gens vivent l’expérience qu’ils désirent ! En tout cas, ça prouve que le festival attire également grâce la bonne ambiance qui règne au camping, c’est pas génial ça ?
Chaque année, le festival propose son petit lot d’innovations. Cette année, il y a eu « The Descent To Hell ». D’où vous est venue l’idée de mettre ça en place ?
C’est un projet qui a abouti suite à notre partenariat avec Red Bull. Ça a été pris en charge par la marque. Elle cherche toujours à proposer de nouvelles choses, à expérimenter… Ça collait avec notre festival. Nous sommes ouverts, et voulons bien créer des choses un peu folles chaque année. On ne voulait pas faire payer les places pour cette attraction. Le principe était simple, tu achetais deux Red Bull et tu avais un ticket à gratter qui te disait si tu avais gagné ton tour en tyrolienne. Si je me souviens bien, le ratio était quand même assez élevé. Une personne sur trois pouvait gagner. Du coup, pas mal de monde a pu tenter la descente… On a juste rencontré un petit problème avec Rammstein. Pour éviter tout danger avec les effets pyrotechniques, nous n’avons pas pu ouvrir l’activité le premier jour. Du coup, pas mal de monde s’est bousculé le lendemain… Je pense que ce sont ces petits trucs en plus qui rendent un festival inoubliable ! C’est pour cette raison que nous préférons parler avant tout d’expérience. Le Hellfest, ça se vit à fond ! Il faut que les festivaliers repartent avec le plus de souvenirs possible !
En parlant de souvenirs, Formule 1 a créé une expérience interactive pour l’après Hellfest, Life Ride The Hell. On peut se balader dans le festival, re-découvrir les lieux… Elle a été conçue pour se remémorer l’ambiance du festival grâce à des photos, des citations, des gifs ou des vidéos…
Ce projet est totalement indépendant de notre volonté ! C’est Formule 1 qui est venu vers nous avec ce concept… Il avait expérimenté ce projet lors des 24 heures du Mans ! C’était assez fun !
Avant l’interview, tu me parlais de polémique avec le Wacken qui s’attirait les foudres des festivaliers à cause de l’augmentation du prix du billet. Sur les réseaux sociaux, on peut s’apercevoir que le Hellfest est également sujet à ce genre de controverses.
En France, les gens ont tendance à se plaindre. Ce n’est plus un cliché, c’est devenu un fait. Je ne le pensais pas au départ, mais je commence… Nous avons la chance d’avoir un festival qui tourne bien mais il y aura toujours des avis négatifs. Cette année, le festival a augmenté de deux euros, ce qui n’est pas énorme. Ça partira dans les installations… En dix ans, le festival a considérablement évolué, le prix également, et c’est tout à fait normal. Nous ne proposons plus les mêmes services ! Après, aller au Hellfest, c’est quand même un investissement ! 200 euros, nous sommes bien conscients que ce n’est pas rien… Mais je pense, au vu des prestations proposées, des groupes que nous nous efforçons de faire venir chaque année et des services mis en place, que les festivaliers repartent gagnants !
Oui, c’est sûr ! Il suffit de faire le compte. En voyant seulement quatre groupes par jour, on a déjà bien rentabilisé notre pass…
Oui, exactement… Mais il y en aura toujours qui trouveront le billet trop cher ! Ils partiront sans doute faire d’autres festivals et se plaindront peut-être pour d’autres raisons ! Et surtout, il faut insister sur le fait que le Hellfest est totalement indépendant. Nous n’avons plus de subventions !
Oui, l’année dernière, vous avez perdu le peu de subventions qu’on vous accordait…
Non, par principe, on avait refusé de les avoir ! On allait les perdre de toute façon… Le Hellfest, tu ne le fais pas tous les jours… C’est un festival qui coûte cher. Mais les festivaliers ont un an pour se préparer. Il faut faire des choix !
Cette année, vous avez continué avec les innovations avec une sorte de micro-trottoir. C’est « L’inconnu du Hellfest ».
Oui ! C’est Allan VADOR qui a réalisé ces interviews ! Un nantais qui a déjà monté un beau projet similaire, « L’inconnu du Tramway ». Il a décidé de transposer ce concept. Il nous a proposé de publier un portrait tous les dimanches ! Ça nous permet de diffuser du contenu régulièrement, et ce n’est pas prise de tête. Tu les lis en un peu moins de deux minutes ! Il a choisi les festivaliers de façon assez arbitraire, des gens qui n’étaient pas forcément dans le milieu Metal. C’est très intéressant d’avoir tous ces portraits.
Sur les réseaux sociaux, il y a eu une affiche du Graspop aurait fuité. On parlerait de groupes tels que Aerosmith, Avenged Sevenfold, Bodycount…
Je l’ai vu passer, et je peux t’assurer que c’est une fausse ! C’est une affiche faite par des charlatans !
Et pour le Hellfest ? Y a t-il des noms semblables à cette fausse affiche qui pourraient tomber ?
Malheureusement, je n’ai pas prévu de divulguer le moindre groupe aujourd’hui !
Même pas des groupes comme System Of A Down ? Ils seront partout cet été !
C’est marrant parce que tout le monde nous parle de ce groupe en ce moment…
Oui, c’est un peu la nouvelle du moment !
Personnellement, je ne connais que deux titres d’eux: « Chop Suey » et « Toxicity ». Je ne suis pas vraiment fan de ce groupe… Je sais qu’ils ont programmé pas mal de dates en France, et ça devient moins intéressant pour nous. On est vraiment à la recherche de la perle rare, de l’exclusivité. On programme quand même 160 groupes, des groupes de « niche » avec des géants. Je regrette que les gens sur les réseaux sociaux limitent la qualité du festival à une tête d’affiche, voire à quatre lettres: « S », « O », « A », « D » ! Calmez-vous les mecs !
Dans le milieu, les fans sont très attachés aux grandes pointures…
Pour beaucoup, c’est Metallica ou rien ! Mais le marché est ce qu’il est, les groupes sont de plus en plus chers. C’est parfois compliqué de les faire venir ! Bref, c’est vrai qu’il nous reste encore pas mal de gros noms à programmer, et il va falloir que l’on se dépêche si on veut les avoir sur scène avant qu’ils ne disparaissent.
Parlons scène nationale alors ! J’ai feuilleté le livre du Hellfest, qui est sorti à l’occasion de son dixième anniversaire… J’ai pu lire dans les annexes qu’il y avait plus de 15% de groupes français qui étaient programmés…
Oui, nous nous efforçons chaque année de programmer un maximum de groupes français. Mais le public est quand même bien plus intéressé par des gros groupes étrangers que par des nationaux… Et malheureusement, nous n’avons que très peu de groupes français qui tournent à l’étranger. Après, on en met chaque année, car certains d’entre eux, comme Gojira, le Bal des Enragés, les Ramoneurs de Menhirs ou Dagoba cartonnent en live ! Ce n’est pas parce que le festival est français que nous allons mettre plus de groupes français à l’affiche, nous essayons de trouver un juste équilibre.
En parlant d’international, le Hellfest est le festival français qui accueille le plus de festivaliers étrangers ! Ça fait quoi ?
Nous avons la chance, oui, d’avoir réussir à sensibiliser un public étranger ! Les festivaliers étrangers savent qu’ils trouveront leur bonheur sur notre site quoi qu’il arrive. La confiance se gagne mais se perd aussi… Rien n’est jamais acquis d’avance ! Par exemple, ce n’est pas parce que l’on affiche « Sold Out » que l’on va bâcler l’affiche. Non ! Ce sont des heures et des heures de travail pour aboutir à une affiche très cohérente qui fera le plaisir de tous les fans, de France et d’ailleurs !
Cette année sur l’affiche, c’est le jaune qui est mis à l’honneur… Pourquoi ?
Tous les ans, nous essayons de changer de couleur… Cette année, il ne nous restait plus que le rose, alors on a décidé de partir sur du jaune, tu vois pourquoi. L’idée de base, c’était de faire une affiche à la Mad Max, mais ça s’est transformé en gang de bikers ! Chaque année, c’est la même chose ! Nos idées évoluent et on se fait plaisir pour créer un visuel attractif ! Nous ne nous donnons aucune limite, et avons la chance d’avoir un très bon graphiste. Si l’on pouvait faire un poster avec des martiens, ça serait cool ! En tout cas, si tu compares les affiches du Graspop, du Wacken, tu ne trouves pas ces variantes. La direction artistique est peut-être moins réfléchie. Le Ressurection Fest, en Espagne, essaie de nous copier, c’est assez amusant ! C’est vraiment un petit Hellfest, sauf qu’il fait plus chaud ! Ce sont des amis, mais de là à s’amuser à copier notre ligne artistique…
Y aura t-il des sortes de soirées comme l’année dernière ?
Oui comme l’année dernière ! Nous allons même mettre en place trois soirées sur Paris où il y aura des places à gagner, des rencontres…
Le Jour-J, trouves-tu le temps de te balader au Hellfest ?
Non, je n’ai vraiment pas le temps ! Il y a juste cette année où je me suis pris 3/4 d’heure, et enfin je me suis baladé pour voir le feu d’artifice. C’était vraiment ma petite pause…
Tout le monde s’amuse, sauf les organisateurs… Vous courez partout !
Oui, malheureusement, quand vient le festival, je suis super stressé. Et je dois gérer pas mal de choses en ce qui concerne la communication, les partenariats…
Merci pour ce que vous faites, et pour toutes tes réponses ! À la prochaine !
Merci à toi ! À la prochaine !
https://www.facebook.com/hellfest/
Merci à Roger pour l’opportunité et à Axl Meu pour son apport.
Laisser un commentaire