ULI JON ROTH
TOKYO TAPES REVISITED
Guitar Hero
UDR Music
6/5
L’histoire, vous la connaissez tous ! Scorpions fait ses premier pas au Pays du Soleil-Levant en 1978 et dans l’optique de concurrencer Deep Purple et leur fabuleux Made In Japan décide d’immortaliser sa série de cinq concerts. Cette flopée de dates, nous l’avons retrouvée sur le double album live Tokyo Tapes. Le succès est sans appel. Scorpions tient enfin son album live. Il peut désormais compter parmi les plus grands du genre. Malheureusement, qui dit succès, sous-entend, dans la plupart des cas un changement de direction, quitte à ne pas plaire à tout le monde. Nous sommes à la mi 1978, Uli claque la porte et part fonder son propre groupe : Electric Sun… Scorpions, eux, engagent successivement Michael Schenker et Matthias Jabs poursuivant ainsi leur train-train.
Mais pour beaucoup de fans, Ulrich reste celui qui a fait connaître Scorpions au plus grand nombre. Son jeu de guitare qui mêlent savoir-faire et finesse interprétative n’avait laissé personne indifférent dans les années 70. Son style se fondait dans une sorte de Néo-Classique pour hippies, patte largement développée sur les albums Fly To The Rainbow, In Trance, Virgin Killer et Taken By Force. Alors pourquoi Uli Jon Roth n’aurait-il pas le droit de revendiquer la paternité de toute une époque en ré-engistrant ses morceaux. C’est ce qu’il a fait en 2014 en proposant ce fameux Scorpions Revisited comprenant des ré-interprétrations de morceaux cultes tels que « Longing For Fire », « Dark Lady », « Pictured Life » et « We’ll Burn The Sky », le tout capté en « one shot ». Nathan James, le frontman d’Uli, a prouvé que sa douce gueulante n’avait rien à envier à celle de Klaus Meine. Alors puisque l’alchimiste n’est pas en reste, il décide de retourner au Japon pour immortaliser un nouvel événement…
Ceux qui avaient apprécié l’album de reprises du Guitar Hero y trouveront leur compte. Étant donné que ce dernier avait émis le souhait d’enregistrer son album dans des conditions « live », nous retrouvons la même sensation à l’écoute du titre d’ouverture, « All Night Long ». Mais le tout est agrémenté de commentaires et d’une vivacité plus expressive. En effet, Ulrich prend régulièrement la parole entre les morceaux ! Souvenez-vous « All Night Long » est le titre qui ouvre Tokyo Tapes… « Ce n’est pas le fruit du hasard » exprime le Jimi Hendrix allemand. Le guitariste enchaînera ces petits commentaires qui rappelleront sans doute de nombreux souvenirs aux fans de la première école.
Mais en ce qui nous concerne, nous préférons commenter l’interprétation scénique de la bande à Uli John Roth. Alors que l’on se dise, le jeu scénique est particulièrement sobre mais va à l’essentiel. C’est sans fioritures, sans effets superficiels… Le guitariste nous délivre pas moins de dix neuf titres tous tirés des premiers classiques de Scorpions, interprété façon Scorpions Revisited. Vous vous frotterez de nouveau au frisson que vous avait procuré le mélodique « The Sails Of Sharon » amplifié par d’époustouflants solos. « Rainbow Prelude », le gracieux interlude classique reconnaissable entre mille, fait également partie des grands moments de ce live… « Live », le terme est bien choisi. Non seulement l’ensemble des musiciens vivent la musique mais l’interprétation est tellement efficace qu’elle nous amène à nous demander : « Mais comment les fans du guitariste faisaient-ils pour contenir leur joie ce soir-là ? ». On n’y était pas et on ne le saura jamais.
Dix neuf titres… Autant vous dire que les fans en ont eu pour leur argent et à ce jour, nous ne pouvons qu’être satisfaits face à la constance dont fait preuve le soixantenaire. Mais pour effacer toute sorte de linéarité qui pourrait découdre d’un tel concert, le groupe a eu la bonne idée de bien disperser ses morceaux afin de mettre en avant chacun des chanteurs de la troupe. Ainsi, il nous a semblé évident de retrouver au chant Uli Jon Roth sur « Polar Night », « Sun In My Hand » et « Dark Lady », Niklas Turmann sur « Longing For Fire » et « Fly To The Rainbow » et Nathan James sur le reste des morceaux…
« I Live In A Magic Solitude » lance le charismatique guitariste… « Fly To The Rainbow » fait l’objet d’un solo très marqué par les effets et autres variations de bend ! – Sa guitare crie – Le guitariste continue de taper sur sa barre de vibrato à la fin du solo du morceau en question quitte à briser sa corde de LA. Le constat est affligeant, nous n’avions que trop rarement vu le guitariste interpréter ce titre… Heureusement que les caméras sont là pour nous immortaliser l’ambiance solennelle qui régnait dans la salle ce soir là. Ce type est un orfèvre.
Uli et ses copains de jeu ne se sont pas contentés de reprendre les titres issus du fameux Scorpions Revisited. Non, une belle panoplie de titres non conventionnels ont été ré-interprétés pour l’occasion. Notez donc l’apparition dans la setlist de « Top Of The Bill » et « I’ve Got To Be Free » (au cours duquel le public a été mis à contribution). Ces tranches des Scorpions ont totalement été retravaillées et façonnées à nouveau de telle sorte qu’elles soient imprégnées de la couleur locale de l’alchimiste. Ainsi, elles ont été agrémentées de quelques solos et passages expressifs divers et variés. Dernières surprises que renferme ce live, les deux reprises de Jimi Hendrix, « All Along The Watchtower » et « Little Wing ». Ces deux morceaux ont été tous deux sublimés par la grâce des Allemands. Et encore une fois, le groupe ne fait pas dans la demi-mesure et frôle la perfection jusqu’aux dernières mesures de « Little Wing ». Bluffant.
Ce live n’est pas seulement un hommage à l’un des plus grands live que le Rock ’n’ Roll ait jamais connu… Non toujours dans la volonté de surprendre ses fans, Uli Jon Roth continue de sillonner le monde pour faire part de ses envies où simplicité et expérience ne cessent de flirter. Pour ceux qui pense se retrouver en compagnie d’une simple copie du Tokyo Tapes, passez votre chemin, Uli a transformé son oeuvre en la mettant à jour. J’en connais un qui va vite modifier son top 10 de l’année 2016. À bon entendeur.
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