Le deuxième acte du In Theatrum Denonium, c’est dans trois semaines ! Et bien que les organisateurs soient occupés à régler quelques derniers détails, la rédaction de Sounds Like Hell Fanzine s’est permise de déranger l’un des cerveaux de l’entreprise, Fréderic Cotton. Ce passionné de musique extrême, qui avait prouvé que l’on pouvait encore faire du Metal à Denain en 2016, revient sur le succès de la première édition et l’organisation d’un projet aussi atypique qu’ambitieux.

Propos de Fredéric Cotton recueillis par Axl Meu


 Salut, comment te sens-tu un mois avant le début des hostilités ?

Bonjour, tout d’abord, on tenait à te remercier de mettre en lumière notre événement « In Theatrum Denonium » conçu par notre association Nord Forge et soutenu par la Ville de Denain ! À vrai dire, on ressent déjà pas mal la pression. Le dernier mois est bien chargé en termes de communication !

Quel bilan tires-tu de l’édition 2016 ! La salle était comble, mais qu’en était-il du retour des spectateurs ? En quoi le cadre, le théâtre de Denain, a-t-il fait mouche au sein du public ?

Nous en avons tiré un bilan très positif dans l’ensemble, tout en relevant quelques pistes d’amélioration (gestion des entrées, organisation de la buvette/restauration par exemple).  Du coté des points positifs, on trouve bien sûr l’affluence exceptionnelle (450 spectateurs, soit le sold out pour ce type de manifestation), une acoustique incroyable, une ambiance géniale, aucun dégât ni incident, et des retours excellents. Les différents avis des spectateurs et des reporters qui nous sont parvenus, sont unanimes : ils ont passé une super soirée, avec des groupes de qualité, dans un environnement majestueux et en plus sans se ruiner. Le cadre exceptionnel de ce magnifique théâtre les a beaucoup charmés.

On imagine que les groupes ont également apprécié de se produire dans ce genre de salle. L’acoustique est vraiment hors norme, il faut dire…

Du côté des groupes, les avis ont également été très positifs. Il semble même que Regarde Les Hommes Tomber, Déluge ou Melechesh soient devenus nos meilleurs VRP (rires) ! Nous avons d’ailleurs pas mal de groupes qui nous ont contactés après avoir eu de très bons échos par untel ou untel. L’acoustique, tout comme l’esthétique, est un des points forts de cette salle. Elle a été classée troisième en termes d’acoustique en France. La conception de la scène autorise une amplification naturelle des sonorités produites, et la conception de la salle permet une audition et une vision quasi parfaite où que vous soyez, à l’exception des loges latérales non ouvertes au public.

Peux-tu rappeler un peu l’initiative du projet In Theatrum Denonium. Pourquoi le Black rencontre-t-il un franc succès auprès des fans de musique « underground » ?

Sans trop entrer dans le détail historique, notre asso Nord Forge existe depuis 2005 et nous organisions au départ de petites manifestations de groupes locaux avant de reprendre les Metallurgicales après le décès de notre ami et mentor Patrick Roy. Malheureusement, les Metallurgicales n’existent plus aujourd’hui… Mais nous ne voulions pas baisser les bras et avons souhaité rebondir sur autre chose sans pour autant dégrader la qualité de notre événement. Il fallait donc que celui-ci soit plus en adéquation avec les moyens modestes dont nous disposions et disposons toujours d’ailleurs. Après de longs mois de réflexion et d’implication, le In Theatrum Denonium était né ! Quant à la scène Black Metal actuelle, le succès est venu du fait qu’elle est très créative. Elle a su se diversifier en empruntant des sonorités ce qui lui a permis de s’ouvrir légèrement à d’autres styles que ce soit le Post Rock, le Rock Atmosphérique, les sonorités dépressives ou Viking. Elle n’a jamais perdu son âme. Du coup, elle peut aujourd’hui toucher un nouveau public. Le Black a aussi largement profité des avancées en termes de production sonore et de diffusion musicale.

Pourquoi le Théâtre et le Black Metal sont-ils indissociables ? 

Tout d’abord, nous estimons que le Black et ses composantes sont intemporels. Elles jouissent actuellement d’une grande créativité. C’est un style qui était peu ou pas du tout représenté lors de nos événements passés Il y a parfois quelques dates sporadiques mais ça reste très rare et assez « underground ». En ce qui concerne l’aspect dramatique, il est indéniable de mettre en exergue le fait que grâce à ses particularités, ses ornements et décors exceptionnels, son atmosphère classique et majestueuse que l’on peut rendre oppressante, le théâtre est le lieu par excellence pour organiser un festival de Black. Le théâtre se prête idéalement à ce type de musique. L’ambiance y est musicalement dantesque, d’ailleurs, encore plus si l’on se pose dans un fauteuil…

N’est-il pas trop compliqué d’organiser un festival dans un lieu où les placements sont la plupart du temps assis ?

Un peu, oui.  Aménager la fosse, c’est-à-dire, retirer les premières rangées de sièges est une tâche assez lourde physiquement parlant. Cependant, il faut se rendre compte que ces places assises sont partie intégrante du théâtre. Il s’agit en quelque sorte d’un impondérable. On ne peut imaginer un théâtre sans sièges. Cette « contrainte » devait devenir un atout. In Theatrum Denonium propose donc à la fois une salle splendide avec une fosse debout devant la scène pour les fervents partisans du headbanging, mais aussi de confortables sièges pour les adeptes de l’écoute posée avec une acoustique de grande qualité !

Parlons à présent de l’affiche. On peut remarquer une évolution dans le choix des groupes, mais vous restez également dans la lignée de ce que vous avez proposé l’année dernière. Je pense notamment au groupe The Great Old Ones, qui est fort assimilable à Regarde Les Hommes Tomber !

Nous sommes restés sur une formule proche de l’acte I. Nous ne voulions pas renverser la table. Nous avons fait en sorte de sélectionner des groupes de grande qualité comme The Great Old Ones. De manière générale, nous sommes très satisfaits de cette affiche…

C’est donc Enthroned qui va se charger de clôturer la soirée. Pourquoi avez-vous choisi de faire jouer ce groupe ?

Enthroned correspond à la fois à ce que nous voulions proposer et à ce que nous pouvions proposer de mieux comme tête d’affiche. Il faut avoir conscience que la programmation est le fruit de différents critères, à commencer par nos goûts et nos moyens. Il fallait également prendre en compte les demandes des groupes mais aussi leur disponibilité, leur situation géographique… Nous souhaitions faire le buzz en proposant des groupes exclusifs rarement voire même jamais vus dans le coin. Sur tous ces points Enthroned a parfaitement répondu à ces attentes.

La plus grosse surprise reste toutefois Uada, une formation d’autant plus obscure qu’elle n’a jamais mis les pieds en France auparavant…

Il s’agit d’un excellent groupe de Black moderne qui propose à la fois des éléments Post et Atmosphérique. Leurs chansons sont sombres et mélancoliques à la fois. Comme tu le dis, UADA n’a jusqu’alors jamais mis les pieds en Europe, et fera sa première chez nous à Denain avant de jouer le lendemain dans un gros festival aux Pays-Bas. Le groupe apparaîtra également sur un gros festival français en juillet prochain. La formation devrait également se produire à l’occasion d’un gros festival allemand la veille de notre événement…

Le Shoegaze étant considéré comme une sous-catégorie du Black, pourquoi n’avez-vous pas songé à faire venir Alcest, qui est fort d’un remarquable album ? Qu’en t-il de Sólstafir ? 

(rires) Mais qu’est-ce qui te fait dire que nous n’y avons jamais songé ? En fait, nous avons envisagé et travaillé sur leur venue chez nous mais pour diverses raisons cela n’a pu se faire que ce soit pour Alcest, ou pour Sólstafir… Il n’est bien sûr pas impossible qu’on les accueille un jour mais il faudra que de nouveaux partenaires nous rejoignent. En termes de Shoegaze ou plutôt de Blackgaze, nous entretenions également d’excellentes relations avec Agalloch avant que le groupe ne se sépare…

Si l’événement grossit encore, comment allez-vous faire pour combler les attentes des festivaliers ?

Nous essaierons d’installer une grande roue sur le parvis du théâtre, comme le fait un très grand festival que nous adorons ! (rires) Non plus sérieusement, même si l’Acte I a rencontré le succès, nous restons prudents et focalisés sur la bonne tenue de notre acte II. Nous pensons avant tout à la pérennité de cet événement. Il faut grandir par la qualité des prestations proposées afin que le public et les artistes passent une agréable soirée. Nous avons en stock pas mal d’idées visant à mettre en valeur ce magnifique théâtre mais toutes ne sont pas à portée de notre bourse. Il est utile de préciser que le théâtre va prochainement bénéficier de lourds travaux de rénovation… Nous pourrons en théorie en profiter pour étendre légèrement la surface occupée par notre événement.

Aujourd’hui, organiser un festival est une chose très complexe, il faut anticiper le moindre détail, comme les annulations de dernières minutes, mais aussi avoir un budget assez conséquent pour permettre à l’événement de voir le jour. Comment pensez-vous avoir surmonté tous ces obstacles ?

Effectivement, organiser un festival, ce n’est pas juste envoyer quelques mails aux groupes… C’est beaucoup d’investissement… Nous avons tous un travail à côté ! Tout ça pour une soirée qui au final passe à une vitesse folle ! Mais une fois que la pression du jour J retombe, quelle satisfaction ! C’est avant tout une fantastique aventure humaine, on se donne vraiment à fond pour éviter tous les pépins… Organiser, c’est avant tout anticiper et prévoir. Il faut penser aux autorisations, à la programmation, à la technique son, à l’accueil, à la sécurité, à la communication et à bien d’autres services. Concevoir un budget même modeste, élaborer une programmation, verrouiller les conditions du bon déroulement de cet événement font partie également de ces missions…

Sounds Like Hell Fanzine est un média qui promeut les activités métallurgiques du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Avez-vous un coup de cœur en termes de groupe ou même de festival ?

Nous avons la chance d’avoir aujourd’hui une grande région de Metal ! À ce titre, signalons que Nord Forge ne compte que des Nordistes et un Picard au sein de son équipe. Nous avons une pensée toute particulière pour nos copains du GohelleFest qui ont fait une très belle édition WarmUp 2016. On peut également aussi citer le Chaulnes Metal Fest, le Betizfest et même le Tyrant Fest… En ce qui concerne les goûts,  il y a bien sûr de nombreux groupes de qualité, mais l’innovation n’est pas au rendez-vous….

Le dernier mot est le vôtre !

Vous avez été nombreux à nous soutenir pour l’acte I en 2016, et nous vous en remercions ! Le In Theatrum Denonium pour ceux qui ne connaissent pas se veut être une expérience – le temps d’une soirée – où le raffinement d’un monument historique à l’acoustique excellente se mêle à la noirceur de la musique. Le cadre vous permet d’apprécier la musique à sa juste valeur dans la bonne humeur et la modestie sans vous ruiner. On vous donne donc rendez-vous le 4 mars à Denain pour l’Acte II d’In Theatrum Denonium.


Le In Theatrum Denonium (Enthroned, The Great Old Ones, Uada, Harakiri For The Sky), c’est le 4 mars 2017 au théâtre municipal de Denain ! Le prix est de 15 euros sur place, 10 euros en tarif réduit !

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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