Klone au Carage Café !  « Il s’en passe des choses dans notre chère commune de Cambrai » m’a sorti une collègue le lendemain des hostilités. À l’aube du Betizfest, le bar-concert compte également faire parler de lui en organisant quelques concerts qui marquent les esprits, et ce fut le cas samedi dernier. À l’occasion de sa tournée acoustique visant à promouvoir leur nouvel objet, Unplugged, Klone décide de se la jouer « roots » en visitant des salles à petite jauge. Pour les accompagner ce soir, deux groupes,  LeVend et Amartia. Nous sommes le 10 février et l’événement affiche « Archi Complet Blindé Sold Out » !  

C’est donc LeVend qui se charge d’enclencher les hostilités. Aucune annonce, pas de « bonjour », les deux Douaisiens prennent leurs instruments et jouent leurs titres sans que personne ne s’en rende compte. Frustration. Le public est bavard et ne semble pas trop porter d’attention au jeune duo. Le constat est affligeant. Il a du mal à s’imposer au cours de l’heure et quart de jeu.

Superbement équipés d’instruments d’excellente qualité, les Douaisiens ont proposé une sorte de Rock Prog Lacunaire partiellement teinté de touches électroniques. Dans le but de faire part de leur concept, ils ont maquillé la scène d’un support « fait maison » où étaient disposés Mac et quelques percussions. Malheureusement, l’effet ne prend pas. Le son reste trop faible et l’effet « delay » de la guitare bien trop présent n’aide pas le groupe dans sa démarche. Tout semble effacé.

Conséquence de la chose, la musique est restée en retrait et une sorte de « brouhaha » s’est installée dans le Garage Café, comprenez là que le public parlait fort et que l’on a eu du mal à distinguer les notes… C’est dommage car leur Post Rock restait toutefois un poil intéressant. Rafraîchissant comme l’air, le groupe a tenté de nous faire voyager. Mais le sort s’est acharné sur lui. Quand le chanteur invite le public à rejoindre les abords, une certaine timidité se fait ressentir. Pourtant LeVend a voulu bien faire… Même « Sensuality », aidé d’un clip en fond, n’aide pas le groupe à remporter l’adhésion du public. Encore aurait-il fallu que les musiciens soient rigoureux… La prestation manquait clairement de précision et de netteté de quoi créer la gêne. Dommage.

Amartia prend donc le relais. Le groupe a fait ses armes et, depuis 2002, il continue de se produire un peu partout. Et jamais il n’aurait refusé de se produire aux côtés de Klone, une formation qu’ils suivent depuis ses débuts. Il faut dire que les deux groupes ont beaucoup de points communs. Ainsi, il semblait évident que les Nordistes se soient lancés le défi de faire aussi bien que Klone. Comprenez par là qu’ils ont proposé un set totalement acoustique !

Et c’est là que la magie opère, le groupe commence, tout le monde se tait et porte de l’attention aux musiciens. Le quatuor inspire le respect d’emblée et leur talent d’interprète n’est pas à remettre en cause, loin de là ! En à peine 45 minutes de jeu, il a eu le temps de faire voyager leurs auditeurs grâce aux titres « Delicately », « Ascension » et les autres. Le groupe a en fait tiré de son répertoire les morceaux qui se prêtaient le plus à l’exercice de la transformation « Unplugged »… Et à voir, c’est comme s’il avait fait ça toute leur vie. La formation en a également profité pour proposer des nouvelles compositions comme « The Beast Within ». Encore une fois, la rigueur est de mise et Amartia enterre six pieds sous terre la performance proposée par les malheureux membres de LeVend.

Amartia, ce soir c’était un piano, une guitare acoustique,  un bassiste multi-instrumentiste (basse, djembé et autres percussions…) et surtout une voix claire, celle d’Amandine, qui s’est chargée de charmer les plus téméraires d’entre nous. Mais chaque musicien ne se contentait pas de jouer dans son coin… Une véritable communication s’est mise en place sur scène, chacun se consultait indirectement prouvant une fois pour toutes que la formation n’a pas pris à la légère l’invitation du Garage Café ! Un groupe à revoir !

Ceux qui avaient pu se procurer une place pour assister à l’une des représentations acoustiques de Klone à la Péniche de Lille figuraient parmi les grands chanceux de l’année 2016. Les deux créneaux horaires (15h, 20h) affichaient sold-out, et ainsi il n’était pas prévu que l’expérience, aussi unique soit-elle, soit reconduite.

La tournée de Klone devait initialement passer deux fois dans le Nord… Malheureusement, la commission de sécurité qui est passée au El Diablo a jugé bon que Klone ne vienne pas. La boîte a fermé, du moins, elle le demeure pour le moment. Du coup, les fans ont changé leur plan et se sont précipités sur les dernières places du Garage Café. C’est complet et les retardataires se sont faits refouler à l’entrée de la salle. Dommage car ils ont raté un excellent concert.

Pourtant, les événements malheureux se sont multipliés pour la formation. Curieusement inquiète, la formation nous avait fait part de ses craintes en ce qui concerne l’acoustique de la salle et du mixage des pistes acoustiques… Pas évident du tout ! Quelques minutes avant les hostilités, de gros problèmes de larsen s’installent et voilà que les oreilles de toute une paroisse se retrouvent froissées.

Et pourtant, la magie opère d’entrée de jeu. Aldrick et Guillaume règlent quelques détails, et Yann balance les premières paroles de « Immersion », le même qui ouvre leur nouvel album Unplugged. La sobriété est de mise, mais le show lui reste total. Les plus émerveillés se sont assis aux abords de la scène pour contempler les accords de Guillaume et d’Aldrick combinés au souffle rauque de Yann, véritablement en voix ce soir… Les parties d’accordéon, de percussion et de boîte à rythmes ont été assurées par Armelle. Cette punk au grand cœur a inculqué une nouvelle personnalité à des pièces telles que « Fog » et « Grim Dance »… Les autres morceaux, issus des deux derniers opus de la formation, mis à la sauce « acoustique » s’imbriquent eux aussi de façon nette et précise. On aura même droit à la fameuse reprise de Depeche Mode « People Are People ». On adore.

Il conviendra de souligner le lien fort qui s’est noué entre le groupe et ses fans, à tel point qu’un membre du cortège, visiblement enthousiaste, a décidé de ramener sa fraise sur scène pour apporter quelques solutions alcooliques à ses musiciens préférés. Mais il n’était pas le seul à être enthousiaste, d’autres fans ont poussé des cris d’hystérie quand c’était au tour de leurs chansons préférées d’être interprétées. Quand la musique se transforme en langage des émotions…

Le show passe à une vitesse éclair si bien que nous arrivons déjà au dernier titre. C’est à « Nebulous » de mettre un terme aux hostilités. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu… Aldrick, plus qu’enthousiaste, effiloche une de ses cordes mais ne compte pas s’arrêter là. Le bougre persiste dans sa besogne et prouve une fois pour toutes qu’il maîtrise parfaitement ses morceaux. La classe. Quoi qu’il en soit, bien que le concert ait touché à sa fin, le public en veut plus, et compte bien motiver les musiciens à reprendre un ultime titre. Bien chanceux qu’il est, les musiciens acceptent et balancent un « Rocket Smoke » mémorable, qui a fini par rassasier le Garage Café.

Voilà une excellente soirée qui touche à sa fin. Même si nous restons assez déçus de la première partie, Levend. Heureusement que le reste de la soirée s’est formidablement déroulé. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à attendre que Klone remette le couvert une nouvelle fois ! 

Merci au Garage Café pour l’invitation et à Eric pour le cliché.

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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