Des déboires l’association Spits en aura connu… Péniche insalubre et faux plans divers et (a)variés, Staif a dû prendre son mal en patience pour que son association reprenne du poil de la bête. Nous sommes fin 2016 et le Spits décide d’investir le Pavillon Roux pour organiser son propre festival à lui. C’est donc le 25 février que se sont réunies des formations telles que l’Esprit du Clan, Aqme, The Ape King, Embrace Your Punishment, Confession Of D., et Third From The Sun. 

Nous sommes le Jour J et les bénévoles règlent quelques petits détails… À quelques minutes de l’ouverture des portes, deux groupes manquent à l’appel. Mais que font les Confessions Of D. et les Embrace Your Punishement ? Plus de peur de que de mal au final… 

C’est donc à 18 heures tapantes que les portes s’ouvrent ! Il n’y a pas encore foule. Il faut dire que c’est l’heure de l’apéro et que la majorité des personnes inscrites sur l’événement n’attendent que deux formations : Aqme et l’Esprit du Clan. Et pourtant, Third From The Sun se doit d’ouvrir les hostilités comme il se doit pour prouver la pérennité de son projet. « Ça bastonne », le power-trio entre sur scène et distille une musique aux accents Thrash/Punk/Hardcore orchestrée par son charismatique leader, Loïc. En effet, armé de sa basse, il n’hésite pas à mener le jeu en lançant des « C’est bon, on y va ? ». Oui, ils y vont ! Et il est agréable de voir que le groupe, pourtant encore jeune, arrive à se démarquer grâce à des parties basses décalées et une batterie qui tabasse. Mais Third From The Sun, ce n’est pas que ça ! C’est aussi des morceaux instinctivement composés pour être joués sur scène, et Loïc n’en démord pas. Il dégage une aisance sur scène, et lance des petits clins d’oeil à ses amis, venus exprès pour lui et sa bande. Une belle découverte et des débuts prometteurs.

Les hostilités se poursuivent avec Confessions Of D. Habitués des scènes nordistes, ils viennent pourtant fouler pour la première fois les abords du Pavillon Roux. Alors nous n’allons pas vous présenter le groupe, il propose comme à l’accoutumée une musique distordue, efficace avec des guitares qui cessent de se compléter de temps à autre. Particulièrement efficace, oui, car le public est enfin motivé à se rendre aux barrières. C’est-à-dire que les morceaux sont énergiques, bien structurés et menés par un frontman qui sait où il va : « Il fait chaud, sinon, on a de beaux t-shirts ! ». Belle énergie, morceaux bien « groovy » voire dansants et des musiciens qui s’entrechoquent sur scène… Confessions Of D. a surpris et peut rentrer chez lui la tête haute. À la prochaine.

Embrace Your Punishment ou la grosse claque de la soirée ! Pas de quartier, c’est vraiment au cours de ce concert que les hostilités ont pris forme… Particulièrement habiles dans l’alliage de différents styles de musique (Hardcore, Deathcore, Grind), les Lillois démontrent d’entrée de jeu qu’ils ne sont pas là pour faire dans la dentelle. Ça blaste, et ça entraîne la populace de Douai à se rentrer dedans ! Le batteur ne cesse de varier les tempos frénétiques, il enchaîne Blast-beat et autres mouvements de batterie pour surprendre la galerie tandis que son bassiste, lui, tape les six cordes (!) de sa pelle comme jamais ! Mais ce n’est pas pour autant que le show du groupe ne repose que sur l’ingéniosité des morceaux. Les musiciens n’hésitent pas à incorporer ce « petit truc en plus » qui leur permet de se distinguer des autres groupes, et de faire adhérer les nouveaux fans. La preuve ce soir avec ces Metalheads qui se sont pris au jeu des moshs et circle pit improvisés. Tous les musiciens excellent dans leur domaine, mais nous ne pouvons que saluer la performance du bassiste, Benoît. Plus qu’un bassiste, il nous fait part de ses envies un peu gores en délaissant son instrument lors de l’interprétation sans failles de l’ultime titre. Véritablement à l’aise dans le domaine des cris saturés, il a prouvé que les bassistes étaient bien plus que de simples accompagnateurs.

Une partie de la salle n’avait jamais entendu parler de lui auparavant, et pourtant The Ape King fait partie de ce genre de formations qui possède une personnalité solide. En effet, proche de la scène Hardcore « Old School », The Ape King évolue dans un style qui va droit au but, et qui est surtout taillé pour la scène. Alors qu’on se le dise, ils ne sont pas là pour rigoler, ils préfèrent casser la baraque. Ils ont drainé une grosse partie de leurs fans pour mettre l’ambiance sur des titres crus aux rythmiques effrénées. Et les animations dans la fosse n’ont fait qu’aller crescendo depuis la fin de Embrace Your Punishment. Il faut dire que le frontman est particulièrement motivé et ne cesse pas de haranguer la foule avec des paroles très engagées comme « On emmerde le Front National, on emmerde les racistes, on emmerde les homophobes ». Toujours plus intègre dans son message, le frontman n’oublie pas de remercier son ami Staif, président de l’Asso Spits, de l’avoir invité à se produire. On vous en prie. Le concert est excellent. Les titres, souvent très courts, démêlent un public au taquet. C’est que la présence scénique du groupe plaît. Le bassiste est même venu se frotter aux ardeurs du public qui s’apprêtait à s’entrechoquer. The Ape King ne propose peut-être rien de neuf, mais il a servi un set efficace ! Une belle surprise.

Aussi surprenant soit-il, la salle se remplit lorsque les Lillois débranchent leurs guitares. À croire qu’il n’y avait que Aqme et l’Esprit du Clan qui intéressaient les Metalhead nordistes. Bref, Charlotte, bien revenue au poste de bassiste, compte bien faire chavirer le coeur des représentants de la gente masculine et assurer la pérennité de sa musique. Elle n’aura eu que trop de facilités à arriver à ses fins. La salle est comble quand Aqme foule les planches de la salle ! « C’est la famille » lance un habitué. Oui, car le constat est net, le groupe, plus de quinze ans après ses débuts, fédère toujours autant. Il faut dire que les mots de Vincent Peignart n’y sont pas pour rien. Toujours plein de charisme, il sait parler à son public qui boit ses mots. « Douai, la dernière fois qu’on est venu à la Péniche, c’était énorme, vous êtes fatigués ce soir ?! Oui, bon, on ne sait pas ce que vous avez fait hier soir, vous vous êtes mis une murge, c’est ça ?! ». Bref, les fans, peut-être assoupis, n’oublient pas les paroles et se prêtent au jeu du « sing-along » avec un chanteur qui s’invite dans le pit photo pour saluer quelques têtes. Bien que certains d’entre eux n’aient pas d’autres moyens que de manifester leur joie en sifflant dans les oreilles des spectateurs attentifs, ils jouent le jeu et font honneur à un groupe qui n’a plus rien à prouver. Le spectacle est complet – le groupe interprète quelques-uns de ses plus gros hits (« Le Culte du Rien », « Le Rouge et le Noir », « « Si n’existe pas » et bien sûr « La Réponse ») donnant ainsi à sa setlist des allures de best of… Et le professionnalisme est au rendez-vous puisque le groupe n’a jamais fauté au cours de l’heure de jeu qui lui a été accordée. Les fans sont comblés et donnent rendez-vous au groupe au stand de merch, dévoré par les aficionados !

La dernière fois que la rédaction a vu l’Esprit Du Clan, c’était au Betizfest ! La formation y avait fait son grand retour dans le Nord pour y présenter son nouveau bébé, Chapitre VI. Et Arsène n’allait pas refuser la belle invitation de l’association Spits : Les Parisiens sont de retour dans le Nord, chez nous, à Douai. Alors pour marquer le coup, tous leurs fans se sont passé le mot. Conséquence, la salle est blindée et le public fait honneur au groupe. Fort d’une setlist vantant les mérites de son dernier rejeton (« Celeste », « L’Art est Grand », « Rat Des Villes », « Hymne au Silence »), les Parisiens n’ont pas eu de mal à rattacher à leur cause les retardataires. Mais ce n’est pas pour autant que le groupe n’a pas rendu justice aux autres classiques tels que « Compact » et « Révérence »… Bref, une setlist parfaite pour ce genre d’événement. On ne va pas vous faire un dessin, l’ensemble était particulièrement efficace. Le groupe va droit au but, enchaîne les riffs lourds, typés « Metalcore » à la française, et il est remarquable de voir à quel point le groupe arrive à déchaîner les passions dans le public. De nombreuses attractions voient le jour dans le pit, et on a même pu voir un jeune enfant se faire porter par le public. Lui, il était en forme, ses vers étaient particulièrement bien assimilables, et il nous a servi un concert exemplaire de A à Z au cours de l’heure de jeu accordée. C’est donc sur « Révérence » que le groupe tire sa révérence, et que nous, trempés jusqu’aux os, rentrons chez nous. Mais qui a eu la mauvaise idée de mettre le chauffage à fond au cours du concert le plus animé de la journée ?

Le festival Spits a rempli son contrat, et le public était même au rendez-vous bien que nous ayons eu quelques frayeurs en fin d’après-midi. Staif et ses acolytes ont bien raison : « Toi seul peux éviter les salles vides ». Nous ne pouvons que leur donner raison. À bon entendeur. 

Crédit photos : Sebastien Pouilly 

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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