Nous sommes le 24 février et je poste l’affiche du concert d’Avenged Sevenfold, Disturbed et Chevelle afin de savoir si quelques-uns de mes contacts sont susceptibles de s’y rendre. À vrai dire, un concert typé Hard/Metal au Zénith de Lille, ça ne se refuse pas ! Je me disais qu’une bonne soirée estomperait sans doute mes angoisses de la rentrée. Et voilà qu’une déferlante de commentaires tous plus odieux les uns que les autres insulte le groupe qui assure la tête d’affiche : comprenez là Avenged Sevenfold. Ça fait beaucoup de charges pour pas grand chose. Pourtant, nos confrères n’ont cessé de dire du bien sur le nouvel opus de la formation, The Stage. La rédaction de Sounds Like Hell Fanzine ne les contredira pas, le nouvel album des Américains mérite que l’on s’y attarde de plus près.
Curieux dans l’âme, je m’obstine et me rends aux abords du Zenith le jour J. Il est 18h, le public semble être au rendez-vous et à la surprise générale, les portes ouvrent quelques minutes après notre arrivée. Nous découvrons alors le Zenith sous un nouvel angle puisque la scène a été avancée et l’avancée scénique prévue à cet effet couvre une grosse partie de la fosse. Les pré-ventes auraient-elles fait un flop ? On ne sait pas. Pourtant, tout semble être en bonne et due forme, les enceintes font sonner quelques gros hits de Hard Rock tels que « Burnin’ For You » de Blue Oyster Cult, et d’autres titres de Van Halen ici et là… Les grands écrans, eux, arborent fièrement les couleurs du nouvel opus d’Avenged Sevenfold, The Stage… Nous patientons et les lumières s’adoucissent.
Le Power Trio de Chevelle débarque sur scène pour y assouvir sa soif de reconquête. La formation, qui a pourtant plus de vingt années de carrière à son actif, n’a jamais vraiment réussi à s’imposer sur le devant de la scène ! Gageons que ces premières parties lui permettront de se construire une réputation plus viable auprès des jeunes fans de A7X.
Mais un malaise se fait clairement ressentir – À croire que le groupe n’a pas eu droit à ses propres balances et qu’il a dû se contenter d’un simple line-check au début du gig. En quelques mots, la basse dévore tout l’espace sonore de la guitare et finit par la rendre inaudible pendant « Another Know It All ». Trop, c’est trop – Nous décidons de remédier à ce malaise sonore en nous plaçant à quelques mètres de la console afin d’y comprendre un peu plus la démarche du groupe.
Ça y est – Nous entendons enfin la guitare et discernons enfin les riffs d’inspirations Alternative/Grunge expulsés de la guitare du frontman, qui ne cesse de faire grincer les cordes de sa guitare. Bien que le Neo/Grunge des Chevelle soit des plus appréciables en studio, notamment sur son dernier opus, The North Corridor, un certain manque de rigueur se fait ressentir en live. Tout semble manquer en précision, notamment la guitare… Peut-être est-ce le Zenith qui ne permet pas au groupe de jouir d’une aisance sonore assez confortable ?
Aucune communication – Le groupe doit faire vite et enchaîne donc ses titres comme si de rien n’était – En trente cinq minutes, il a eu le temps de présenter quatre de ses albums, Hats Off To The Bull, This Type Of Thinking (Could Do Us In), La Gargola, et le tout dernier The North Corridor. Peut-être aurait-il fallu alterner les morceaux aux tempos alternatifs afin d’estomper toutes traces de linéarité… Le concert est un poil ennuyeux et nous restons sur notre faim.
Après cette entrée en matière un peu décevante, nous restons enthousiastes ! Surprise, ce n’est qu’un quart d’heure plus tard que Disturbed investit la scène du Zenith Lillois. Plutôt atypique comme entrée en matière, puisqu’elle voit Dan Donegan se charger de lancer les hostilités avec le même solo de guitare qui ouvre le dernier album du groupe en date, Immortalized.
Bien que Disturbed ne soit pas en haut de l’affiche, ce n’est pas pour autant qu’il souffre d’une restriction en termes de temps. Au contraire, le combo américain s’est vu attribuer un temps de jeu exemplaire pour un groupe de son envergure : comprenez par-là, une heure et quart. Le groupe a donc pu exposer comme il se doit une belle panoplie de morceaux extraits de ses meilleurs albums : The Sickness, Believe, Indestructible, Ten Thousand Fists et Asylum… Le dernier album en date n’est pas en reste puisqu’il a été majoritairement mis en avant ce soir avec pas moins de quatre titres.
Que faut-il attendre d’un concert de Disturbed en 2017 ? Tout simplement un show exemplaire à l’image de ce que le groupe a toujours été : explosif, dynamique et flamboyant. En effet, il n’aura fallu attendre que le premier titre « Immortalized » pour voir David Draiman, mi-Phil Collins, mi-Matrix réchauffer les ardeurs de toute une paroisse. Il faut dire qu’ils n’ont pas lésiné sur la quantité des effets pyrotechniques pour rendre le gig dynamique. En quelques mots, la prestation – tout feu, tout flamme -, proposée par le groupe avait tout pour convaincre ! Encore fallait-il avoir l’estomac accroché afin de ne pas succomber à cette représentation des Enfers !
Et c’est experts dans leur domaine que les membres se sont accaparés l’espace aménagé par l’avancée scénique pour saluer leurs fans. Toujours aussi communicatif avec son public, David Draiman demande à plusieurs reprises à son public de participer au show. Les animations, notamment celle du titre « The Light », se sont avérées être un franc succès. Le public a joué le jeu, et de nombreuses sources lumineuses ont vu le jour dans la fosse grâce aux smartphones ! Mais la palme de la surprise reviendra à cette très belle reprise de « The Sound Of Silence », malheureusement endommagée par un mix plus qu’aléatoire !
Qui ne se souvient pas du concert de Disturbed au Hellfest ? Sacré souvenir, sacré concert ! Si l’ambiance est quelque peu moins déjantée qu’au Hellfest, saluons-là l’effort, et la prestance d’un frontman qui a réussi en un temps record à mobiliser les troupes afin de former un double circle-pit au niveau des deux extrémités de la fosse. Le Phil Collins du Metal n’était peut-être pas la tête d’affiche de ce soir mais il a bien prouvé que le Neo Metal n’avait pas encore dit son dernier mot !
Le décor de Disturbed s’estompe et voilà les illustrations du dernier Avenged Sevenfold qui refont surface ! Et à croire que les Avenged Sevenfold ont mis en place leur spectacle. Les morceaux en fond sonore avaient tous un rapport avec un au-delà inconnu du commun des mortels, à l’instar du classique « Space Oddity » de David Bowie !
Grands écrans et mise en scène grandiloquente, Avenged Sevenfold a lui misé sur un show à l’américaine pour accompagner des musiques typées « Metal ». Alors, on ne va pas y aller par quatre chemins. Qui n’a pas pouffé de rire lorsqu’il a vu les musiciens écumer les nombreux clichés vestimentaires issus de la communauté Rock/Metal ? Au moins, pour la première fois de sa vie, la rédaction a pu voir un bassiste allier le mauvais goût au kitsch. Voyez par vous-mêmes : Un perfecto clouté pour faire le dur et des lunettes de soleil pour montrer qu’il a la classe, et surtout un bonnet de skieur, car il ne fait jamais trop chaud quand on joue ce genre de musique.
L’habit ne fait pas le moine. Heureusement que le groupe ne fait pas toujours confiance à son bassiste, et les morceaux relèvent quand même une once de crédibilité ! C’est en commençant par « The Stage » que le groupe a voulu promouvoir son dernier rejeton. Belle mise en scène, et nous sommes particulièrement surpris par l’efficacité des vidéos qui permettent de donner du sens aux titres qui suivent. Le spectacle est total, les fans ne savent pas où donner de la tête tant les musiciens investissent bien l’espace scénique ! En plus, Mr Shadow, toujours aussi bienveillant, s’adresse au portable de son fan pour lui lancer un : « Ce morceau, je te le dédie » avant de lancer « Hail To The King ».
Les autres, eux, semblent tout aussi comblés. Mais il faut dire qu’ils ont un avantage : leurs oreilles connaissent les titres par cœur et parviennent sûrement mieux que les nôtres à discerner les accords et les différentes nuances de jeu de la musique proposée par le combo ! Car, il faut l’avouer, en dépit d’un show particulièrement accrocheur, nous n’entendons durant le totalité du set qu’un brouhaha « basse-batterie-chant » ponctué de quelques solos de guitare qui, bien qu’étant incontestablement techniques, n’en demeurent pas moins limités en pertinence dans de telles conditions d’écoute !
Les animations diverses et variées s’enchaînent, Zacky Vengeance et Synyster Gates tapent la pause lorsqu’ils exécutent des solos notamment sur « Warmness On The Soul », toujours sweepés et lorsqu’ils proposent des riffs qui sortent du lot, notamment ceux de « Nightmare » précédés d’un solo de batterie par un batteur proclamé « meilleur batteur du monde ». Rien d’exceptionnel, Mike Portnoy n’est plus là !
Les nombreux hits de la formation se suivent et se ressemblent. Heureusement que le décor particulièrement dynamique renouvelle quelque peu le concert ! Grosse poupée gonflable emblématique du dernier album, structure trois dimensions qui se déplace… Les Américains ont su mettre à profit les revenus de leur dernier album. Grosse mise en scène pour des musiciens toujours plus superficiels dans leur démarche… Mais les fans, eux, ne voient rien ! Absorbés par le gimming des musiciens, ils préfèrent chanter les refrains typés « MTV Pulse », ou se provoquer dans un petit pit à l’occasion des titres « Bat Country », « Acid Rain »…
Bien que nous restions sur notre faim, nous avons toutefois passé une excellente soirée. Peut-être que la musique d’Avenged Sevenfold est destinée à un public d’habitués… Hélas pour nous, cela ne passe pas. Le groupe n’a su satisfaire qu’une partie de la salle. Bref, aller voir Avenged Sevenfold, pour nous, et cela n’engage que moi, c’est comme acheter un paquet de chips. L’emballage séduit, mais une fois que l’on rentre dans le vif du sujet – plus rien – le creux, le néant.
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