C’est à 19 heures et des poussières que le gestionnaire « presse » du Betizfest vient m’aborder ! « Te voilà enfin ! On te cherchait » me sort François Fouquemberg… Direction le parking, plus précisément le tour bus de la formation suédoise, The Haunted, qui revient du Durbuy Rock où il a fait exploser quelques tympans. Après concertations, nous nous retrouvons avec Marco Aro, un hurleur des plus décontractés, qui n’oublie pas de nous saluer avant de nous proposer de trinquer avec lui ! 

Propos de Marco Aro recueillis par Axl Meu le 10 Avril à Cambrai (Betizfest)


Salut ! Ça va ?

Oui ! Nous sommes un peu fatigués. Nous avons un peu fait la fête hier…

Vous allez vous produire aujourd’hui dans le cadre du Betizfest. Est-ce que vous connaissiez ce festival avant de vous y produire ? 

Non. Avant que l’on soit à l’affiche de ce festival, nous n’en avions jamais entendu parler auparavant. Pour l’instant, nous ne sommes pas déçus de l’accueil !

Est-ce qu’il y a des groupes dont vous êtes familiers sur l’affiche à part Arch Enemy ? 

J’avais déjà entendu parler de Loudblast, mais je connais sans plus !

Hier, vous étiez au Durbuy Rock. C’était comment ?

Génial ! Le public était très réactif ! En fait, c’était une audience très Thrash dans l’âme… Il y avait Sodom et Evil Invaders à l’affiche. On peut vite faire le rapprochement. C’était notre public !

Le groupe n’a rien à promouvoir en ce moment… 

… Oui ! Mais nous sommes en train d’enregistrer un album !

Oui, mais pour cette tournée, que jouez-vous si vous n’avez rien à mettre en avant ? 

Vu que nous allons enregistrer notre neuvième album, nous avons décidé de proposer une sorte de setlist « best-of » qui fait la synthèse de toute notre discographie !

Ce sera donc ton deuxième album depuis que tu es revenu dans le groupe en 2013. Est-ce que tu peux revenir sur ce gros changement de line-up que le groupe a connu il y a quatre ans ? 

Je ne sais pas du tout ce qui s’est passé… Tu sais, un groupe, c’est comme une histoire d’amour. Quand tu restes trop longtemps avec la même personne, ça finit par casser. Je pense que ce fut le cas pour The Haunted. Certains membres ont dû en avoir marre. Ils avaient peut-être envie de passer à autre chose. Tu sais… Quand j’ai quitté le groupe en 2003, j’étais obligé de le faire. J’ai rencontré quelques problèmes de consommation. Il fallait vraiment que je fasse une pause. Pour moi, ce n’était plus vivable.

The Haunted a été retapé, remis sur pied, il y a donc quatre ans. Pourquoi pouvons-nous dire que cela a été comme une bouffée d’air frais pour le groupe ? 

Tout simplement parce nous avons déménagé et nous avons commencé à composer de nouvelles choses, d’une autre manière… Les nouveaux membres sont arrivés avec leurs propres sources d’inspiration, et une manière autre de concevoir la musique. Le groupe est sorti grandi de cette crise. Ça nous a fait un bien fou !

Donc, j’imagine que ça va s’entendre dans le prochain album ! 

Tu peux même en être sûr !

Tu me parlais à l’instant de tes problèmes de drogue… Ça va mieux maintenant ? 

Oui, j’ai suivi un traitement. Je n’ai jamais retouché à cette merde.

C’est donc le groupe qui t’a contacté pour revenir ? 

Exactement ! On m’a demandé de revenir une première fois en 2013. J’avais refusé sur le coup… Il fallait que je demande à ma femme avant. On a dû s’arranger, poser quelques réserves et quelques limites… Mais ça s’est quand même fait par la suite !  Je leur ai dit que ce n’était pas possible pour moi de continuer si le groupe tournait à un rythme insoutenable. Franchement, je ne regrette pas d’être revenu. Ces mecs sont comme des frères pour moi. Nous prenons beaucoup de plaisir à être sur scène. Nous nous amusons beaucoup !

On va revenir sur la manière dont le groupe compose un album. Y a-t-il un compositeur principal ou tout se fait en travail d’équipe ? 

Nous composons tout ensemble. À l’heure qu’il est, tous les morceaux sont plus ou moins bien avancés. Il nous reste quelques parties à revoir. Je dois également finir quelques paroles. La semaine prochaine, nous commençons à capter les parties vocales.

Où ça ?

Chez nous, à Stockholm, dans notre studio d’enregistrement.

Votre tournée avec Arch Enemy touche à sa fin…

Oui, demain, c’est la fin ! Nous rentrons donc en studio la semaine prochaine…

Est-ce que tu peux parler de la manière dont l’album va sonner ? En quoi le nouvel album sera-t-il différent d’ Exit Wounds ? 

L’album s’inscrira dans la lignée de ce que nous avions proposé avec Exit Wounds. Mais il ne sera pas aussi agressif que ce dernier… Cette fois-ci, nous avons fait en sorte que les morceaux soient bien plus tempérés qu’à l’accoutumée.

Il sortira encore chez Century Media comme son prédécesseur ? 

Oui. Sa sortie est prévue pour le mois d’août.

La pochette n’a pas encore été révélée, il me semble…

Non, pas encore. Nous travaillons encore dessus.

Dans le dernier album, vous avez invité un musicien de prestige sur un des morceaux : Chuck Billy. Est-ce que tu peux revenir sur cette collaboration ?

C’était une idée de Patrick Jensen (guitare). Il était en contact avec lui… Ça faisait mal de temps qu’il voulait faire ça.

Est-il venu chez vous pour enregistrer ses parties ? 

Non. Nous lui avons envoyé la musique. J’ai chanté dessus pour commencer, et il n’avait qu’à compléter le morceau avec ses parties.

Est-ce qu’il y aura d’autres featuring dans le prochain album ? 

Non… Il faut encore que l’on voie ça ensemble. Mais ce n’est pas inenvisageable que nous fassions cela à nouveau. Ce fut une expérience très enrichissante !

Avec qui aimerais-tu chanter ?

Je ne sais pas… Tu sais, partager un titre avec Chuck Billy, c’était déjà un de mes rêves de gamin qui se réalisait. Il fait partie de mes principales sources d’inspiration et j’ai toujours été fan de ce gars ! Le dernier album de Testament, Brotherhood Of The Snake, est énorme.

Les techniques de captation ont bien évolué depuis la première fois que tu as enregistré un album. Comment faites-vous pour vous mettre à la page ? 

Personnellement, je n’utilise pas beaucoup la nouvelle technologie comparé à d’autres musiciens…  Ils ont Protool… Moi, mon rôle, c’est de prendre le micro et de gueuler dedans, rien de plus !

Oui, mais dans ta manière de chanter, il y a eu quelques évolutions je suppose. 

Pas vraiment. J’ai été malade durant cette tournée. C’est pour ça que l’on pourrait croire que ma voix a évolué, mais en fait non. J’ai commencé à prendre des cours de chant quand j’avais entre 20 et 25 ans et ça m’a fait un bien fou ! Il m’a appris à chanter avec l’estomac et à partir de ce moment, je n’ai plus rencontré de problèmes.

Donc tu conseilles aux jeunes hurleurs d’avoir un coach vocal…

Oui, bien sûr ! C’est une technique qui n’est pas évidente à assimiler. C’est la même que tous ces chanteurs d’opéra. Si tu ne fais pas attention, tu peux ruiner ta voix…

Le groupe est régulièrement sur les routes. Vous allez vous produire dans le cadre de quelques festivals cet été? 

Nous allons prendre une pause cet été… Certes, nous sommes à l’affiche du Sweden Rock et de quelques festivals écossais, mais nous préférons nous reposer et nous nous focaliserons sur la promotion du prochain album. Nous reprendrons la route dès septembre prochain pour le promouvoir.

Est-ce que vous savez déjà où vous allez vous produire ? 

Non, pas encore ! Nous ne savons pas encore avec quels groupes nous allons tourner. Là, en ce qui nous concerne, nous profitons pleinement avec nos amis d’Arch Enemy… Ça fait 25 ans que nous les connaissons… Ce sont de vrais amis ! C’est notre troisième tournée avec eux… Nous avons fait une tournée avec nos vieux potes de At The Gates dernièrement, et en janvier, nous étions sur les routes avec Meshuggah. Ça fait du bien de revoir tous ces amis…

Tous les membres du groupe ont beaucoup de projets à côté de The Haunted. Comment faites-vous pour vous voir, ne serait-ce que pour répéter ?

Nous avons un calendrier sur notre PC et partageons un fichier en commun. Comme ça, tout le monde peut s’y retrouver. Il faut toujours voir ce qui arrange le plus. Si At The Gates doit partir en tournée, il est évident que The Haunted ne va pas partir en même temps se produire dans le trou du cul du monde.

En ce qui concerne la composition, c’est pareil ? Chaque groupe a son emploi du temps ? 

Pour la partie composition, c’est différent. Nous utilisons le système de Dropbox et des fichiers. Les membres s’envoient des fichiers qu’ils complètent par la suite avec leurs instruments.

Arch Enemy et vous êtes tous les deux issus de la scène Metal scandinave. La culture Metal semble être plus tolérée chez vous !

Je ne sais pas pourquoi ça marche autant chez nous. Peut-être que c’est dû au climat… C’est sans doute l’une des raisons. Je pense que chez nous, nous aimons bien quand les choses vont vite, nous voulons sonner le plus lourd possible également.

Ce n’est pas comme chez nous en France où la musique Metal n’est pas très bien perçue…

Je connais quand même quelques groupes de chez vous comme Gojira !

Oui, mais à part les médias spécialisés, personne n’a parlé de leur nomination aux Grammy Awards… 

Je sais, ce n’est pas facile ! Chez nous, c’est un peu pareil en fin de compte…

The Haunted tourne souvent. C’est un métier très éprouvant car il vous demande d’être en forme tous les soirs. Ma question est donc la suivante : est-ce qu’un groupe comme The Haunted arrive à vivre de son art ? 

Non. Il n’y a plus rien à en tirer aujourd’hui. À part le fait que nous soyons fatigués, nous ne récolterons quasiment plus rien. Nous avons tous un travail à côté. Ce n’est plus aussi facile de s’en sortir quand tu fais du Metal… Avant nous y arrivions, mais aujourd’hui, c’est de plus en plus compliqué ! Tu sais, la concurrence est rude. Il y a trop de groupes aujourd’hui. Si tu ne tournes pas sans cesse, si tu ne sors pas d’album tous les ans, les gens t’oublient ! Si tu prends un mois de pause, tu es foutu.

Je vais régulièrement voir des petits groupes se produire. Je me suis rendu compte d’une chose ces derniers jours… Ils ont de plus en plus de mal à remplir. Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous retrouver devant trois personnes par exemple ? 

(rires) Bien sûr que ça nous est déjà arrivé ! Je me souviens, c’était une expérience très étrange d’ailleurs. Pourtant, nous nous étions produits dans une grande salle qui pouvait contenir 300 ou 400 personnes. Ça fait bizarre quand ça t’arrive, mais c’est comme ça ! Tout le monde, même les groupes d’envergure moyenne, rencontre ce genre de problème. Ça m’est souvent arrivé quand j’ai commencé. Mais en y repensant, c’est comme si c’était une répétition au cours de laquelle les amis sont passés écouter les nouveaux morceaux. On s’amuse quoi qu’il arrive… Ça nous importe peu au final qu’il y ait 5 ou 5000 personnes à nos concerts. Ces cinq personnes, même si ce n’est pas beaucoup, ont fait le déplacement pour venir te voir jouer et peut-être qu’ils ont payé cher pour venir te voir…

Il y a deux jours, je suis allé voir Hellyeah. Il n’y avait pas foule non plus. Il devait y avoir 200 personnes dans la salle…

Oh, le groupe de Vinnie Paul ? Ils ont quand même joué ?

Oui.

Incroyable. Vous avez eu de la chance. Le groupe n’aurait pas joué s’il y avait eu encore moins de monde.

À ton avis, est-ce parce qu’il y a trop de concerts ? 

Oui, certainement. Regarde à Hambourg, il y a des concerts tous les soirs. Tu imagines, tous les soirs. C’est de la folie !

L’interview touche à sa fin ! En tant que chanteur de Thrash, j’aimerais avoir ton ressenti concernant la scène Thrash actuelle. Est-ce qu’il y a un groupe qui te plaît ? 

Je suis plus un vieux fan de Thrash, j’écoute beaucoup de groupe « old school »… Mais je n’écoute pas que ça… En ce moment, il y a ce groupe Baroness qui me plaît énormément ! Quand je suis tout seul, j’écoute beaucoup de musique ambiante, calme…  Qui a dit que les metalheads ne devaient écouter que du Thrash ou du Death à longueur de journée ?

Dernière question. Vous vous êtes produits aux Metallurgicales de Denain il y a maintenant trois ans… C’était avec Destruction ! Est-ce que tu t’en souviens ? 

C’était un bon festival ! L’affiche était bonne, et nous avions été bien accueillis !

Le dernier mot est le tien ! 

Merci à vous de nous suivre ! Continuez de supporter les groupes, et d’aller aux concerts ! En ce qui nous concerne, nous vous donnons rendez-vous en septembre avec le nouvel album !


The Haunted, c’est : 

Marco Aro : Chant

Ola Englund : Guitare

Patrik Jensen : Guitare

Jonas Björler : Basse

Adrian Erlandsson : Batterie

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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