AKROMA

APOCALYPSE (REQUIEM)

Black Metal Symphonique

Fantai’zic

5/5


« La Bible n’est qu’un prétexte pour écrire » m’avoue Matthieu Morand mardi dernier lors de notre entretien. Et s’il y a bien une chose que nous ne pouvons pas reprocher à son groupe, c’est de ne pas exploiter en profondeur toutes les possibilités engendrées par ce livre. Que ce soit Le Nouveau Testament ou L’Ancien Testament, les membres d’Akroma offrent à leurs auditeurs de véritables tableaux. 

C’est suite à l’expérience réussie de La Cène que Matthieu Morand décide de mettre en musique « l’Apocalypse » à l’aide de différents requiems, une forme particulière de prière latine. Le cas échéant, il s’agit ici des sept morceaux, sept hymnes liturgiques, qui rendent hommage à cette perdition du monde.

Une fois n’est pas coutume, Akroma voit les choses en grand et recrute Dirk Verbeuren, avant que ce dernier ne rejoigne la bande à Mustaine, afin qu’il se charge des pistes de batterie. Dès lors, on ressent durant l’écoute globale de l’album qu’un énorme travail en amont a été effectué pour rendre l’album le plus efficace possible, notamment en ce qui concerne les pistes de batterie, de guitare et les nombreuses orchestrations. En outre, Akroma nous offre ici sa propre définition du Black Metal Symphonique.

Les quarante minutes de musique sont mises en mouvement par de nombreuses alternances entre chants criés, grognements divers et variés, et de nombreux chants lyriques comme sur « Offertorium » et « In Paradisium ». Ainsi, vous l’aurez compris, le duo entre Alain et Laure fonctionne à merveille ! La délicatesse des prières de cette dernière entre souvent en communion avec le souffle d’Alain.

L’ensemble est particulièrement solennel sur les titres « Agnus Dei » et « Lux Aeterna ». Les deux morceaux piègent les auditeurs avec deux introductions douces, souvent marquées par des pistes de clavier. Elles dégagent une ambiance pieuse qui finit par s’assombrir par la suite. Et si c’était cela qui caractérisait l’ensemble du disque ? Deux forces antithétiques sont en perpétuel conflit ! Elles sont souvent symbolisées par de nombreuses alternances de tempos qui figurent sur chacun des titres.

Qui dit plusieurs types d’orchestration sous-entend d’emblée que le producteur, en l’occurrence, Matthieu, a dû travailler sur sa pièce pour rendre l’ensemble organique. Succès ! L’agencement des guitares effrénées, de la batterie et des nombreuses programmations symphoniques mettent en exergue un savoir-faire particulier. Tout a été mené à bien afin de ne pas dénaturer le propos du groupe. Branchez votre casque, fermez les yeux, imaginez – l’Apocalypse n’a jamais été aussi proche !

Peu de musiciens peuvent se vanter de réussir à faire voir la musique. Arthur Rimbaud dans sa Lettre du Voyant disait que le poète devait « se faire voyant ». Le poète voit autrement, c’est un fait. Le cas échéant, celui d’Akroma, même s’il se distingue sensiblement du travail du jeune poète, peut se vanter de réussir la même prouesse. Par l’intermédiaire d’une musique extrêmement travaillée, Matthieu Morand, Alain Germonville et ses collègues nous ont montré que la musique n’était pas qu’un exutoire. Elle permet de faire voir ce que nous ne réussissons pas à assimiler, ici : l’Apocalypse.

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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