Pas toujours évident de revenir sur le devant de la scène lorsque son dernier album date de 2011… Et pourtant, ça avait l’air si simple pour les Rouennais de Superscream. En effet, The Engine Cries, leur nouvel opus, promeut un groupe qui a réussi à renouer avec les plus grands du Metal Progressif tout en renouvelant l’approche d’une musique trop dominée Dream Theater & Co ! 

Propos de Phil Vermont recueillis par Axl Meu


Salut ! Vous avez deux albums à votre actif : Some Strange Heavy Sound et le tout nouveau The Engine Cries. Presque six ans séparent les deux albums… Comment avez-vous fait pour maintenir l’attention de vos fans ?

Salut ! En effet, nous avons eu peur que nos fans nous oublient… Après constat, nous sommes ravis de voir que ce n’est pas le cas ! Six ans entre deux albums de nos jours, c’est long ! Nous avons dû assurer notre promotion notamment sur les réseaux sociaux… Il faut savoir qu’à l’époque de la sortie de Some Strange Heavy Sound, nous n’avions pas anticipé que les médias l’accueilleraient aussi bien. Au départ, ce projet n’était qu’un « one shot ». Il nous a fallu trouver un vrai groupe, travailler le show, écrire des morceaux, enregistrer l’album et expérimenter ! Étant donné qu’Eric et moi-même sommes très demandés dans la vie de tous les jours, on a dû prendre notre temps pour donner suite à ce premier album. Après, quand je suis derrière mon ordinateur, je suis un vrai psychopathe ! Je ne peux pas m’empêcher de travailler des heures et des heures. Je suis toujours à la recherche du bon son, de la bonne intention et du bon placement… Je voulais vraiment que ce nouvel album soit meilleur ! La perfection requiert un certain temps d’appréhension.

Cela explique pourquoi le line-up a évolué depuis le premier album… 

Les musiciens qui jouaient sur le premier album étaient des amis « sidemen ». Ils étaient venus me donner un coup de main pour enregistrer. À part Eric et moi, il n’y avait pas réellement de groupe au départ… Nous avons créé une première mouture de la formation live avec Stéphane Lescarbotte à la basse, Romain Greffe aux claviers, Damien Train à la batterie, et David Foudrinoy aux percussions ! Nous avons défendu le premier album avec cette formation. Malheureusement, David est parti vivre à l’autre bout du monde… Ensuite, Damien et Romain ne s’y retrouvaient pas sur le plan artistique. Ils ont préféré quitter l’aventure. Lorsqu’ils sont partis, on s’est dit qu’il fallait faire évoluer la formation « live » pour mieux retranscrire les arrangements de Some Strange Heavy Sound. Daniel Sminiac nous a donc rejoints à la guitare. Aujourd’hui, il remplace les claviers. Nous avons pris plus de temps pour trouver un nouveau batteur, car il y a pas mal de parties de double-pédale dans notre musique. Nous avons fini par rencontrer Martin Mabire qui avait 19 ans à l’époque. Il semblait avoir tout le potentiel et l’ouverture musicale nécessaires pour rejoindre Superscream !

En général, les albums de Progressif ont ce côté redondant qui peut rebuter les fans de Heavy traditionnel. Or, chez vous, c’est l’inverse. Vous arrivez à rendre vos compositions attractives. Comment faites-vous pour mêler attractivité et technicité ?

Pour moi, si un album est redondant, c’est qu’il n’est pas réussi ! En fait, il y a peut-être plusieurs réponses à cela. Je ne cherche pas à être technique. Ce n’est pas ce que je recherche… D’ailleurs, j’écris juste avec un papier et un crayon, à l’ancienne quoi ! Du coup, je ne sais pas toujours d’avance ce qui va donner du fil à retordre à tel ou tel musicien ! De toutes façons, beaucoup de gens se moquent de savoir si un morceau est difficile à jouer ou pas ! Autant te dire que ça ne pèse pas dans la balance. L’important, c’est que ça sonne… Après, pour le côté attractif, j’essaie juste de faire en sorte d’écrire ce que j’estime être de bonnes chansons avec des refrains mélodiques et fédérateurs. Cela faisait vraiment partie du « cahier des charges » que je m’étais imposé pour cet album !

Vous parlez d’« expérimentation » pour qualifier votre musique. Pourquoi ?

Tu touches au point central du côté composition dans Superscream ! Nous ne nous cantonnons pas qu’au Metal. Tu sais, nous écoutons beaucoup de styles. J’adore faire des mariages contre-nature ! Après avoir écouté un disque de Polka, il est tout à fait envisageable que je me dise : « Tiens, et si on faisait un titre de « Polka Metal » avec Superscream ? ». À partir de là, il me faudra apprendre les bases de la Polka et expérimenter afin de voir comment je pourrais marier les deux styles et composer une chanson cohérente et attractive à l’arrivée !

Parmi vos influences figure Electric Mary. C’est quand même étonnant de considérer un groupe de Hard comme influence lorsque l’on joue du Prog. En quoi pouvons-nous dire que Superscream véhicule la même folie que ce groupe ? 

Là-dessus, Eric serait mieux placé que moi pour répondre car c’est un fan inconditionnel de ce groupe ! Ceci dit, je ne trouve pas cela si étonnant. Dans le groupe, nous sommes tous fans de Hard Rock. Personnellement, des groupes comme AC/DC, Guns N’ Roses, Led Zeppelin et Deep Purple sont des sources d’inspiration constantes tant dans nos albums que sur scène.

Le titre le plus surprenant de l’album est sûrement « Where’s My Mom ? ». Ce sont carrément des parties Jazzy qui flirtent avec des chants growlés… 

J’avais l’idée de ce morceau depuis le premier album. Comme je te l’ai dit, je suis aussi fan de Jazz et j’ai pas mal écouté Chet Baker, Miles Davies, Charlie Parker, Coltrane et les disques de Big Band de Count Basie à une époque. Ça m’a donc semblé logique de composer un morceau qui fasse ressortir ces influences-là !

La production de l’album est très claire. Toutes les pistes sont sublimées par un travail acharné… Ça se ressent notamment sur « Ways Out » avec ces parties de sitar qui se fondent parfaitement dans le mix…

Oui, il y a eu aussi beaucoup de boulot de ce côté-là. À vrai dire, quand j’écris les morceaux, le mixage fait partie intégrante de ma vision. D’ailleurs, je peux te dire que Flavien et Brett ont dû s’armer de patience car je me suis impliqué à fond dans le mixage et le mastering. Ils ont passé de longues heures à faire des modifications pour réussir à retrouver cette vision que j’avais au départ…  On a parfois travaillé à 0.1 db près ! Quand j’y pense, ils ont vraiment dû me maudire !

Vous allez sortir un nouveau clip bientôt. Quel morceau vous semble le plus approprié pour faire l’objet d’un clip ?

À vrai dire, si tout se passe comme nous le voulons, il y a aura plusieurs clips pour cet album. Le premier qui devrait sortir d’ici quelques jours sera « The Engine Cries ». On voulait que le premier clip soit représentatif de notre côté Prog « World ». C’est Eric qui a écrit le scénario et qui s’est impliqué à chaque étape du processus. Nous avons aussi fait un scénario tous ensemble sur un autre titre, mais c’est tout ce que je peux te dire pour l’instant !

Quelques mots sur la pochette ? En quoi pouvons-nous dire qu’elle correspond bien au titre de l’album ?

Stan (W Decker) a fait un super boulot ! Nous voulions une vraie pochette « Prog » typée un peu Surréaliste/Steampunk avec un côté paradoxal. Après pas mal de recherches, nous avons décidé de nous inspirer d’un artiste qui s’appelle Caras Ionut. Après s’être mis d’accord avec Eric sur le « cahier des charges », c’est lui qui a bossé avec Stan afin d’obtenir ce résultat. Le rapport avec le titre « The Engine Cries », il est simple ! Tu ne crois pas que tu ferais hurler le moteur si tu prenais la mer dans ce genre de baignoire par un temps de tempête ? (rires)

Le groupe a également l’intention de réaliser un DVD ! Quand verra-t-il le jour ? Vous dites également que votre intention est de proposer plus qu’un simple show…

Je ne peux pas te donner de date de sortie pour l’instant… Tout ce que je peux te dire, c’est qu’on n’attendra pas six ans pour le sortir ! Sinon, effectivement, nous avons aussi travaillé l’aspect live de ce DVD. J’ai écrit des musiques d’ambiance pour relier les morceaux. On a essayé de concevoir notre show comme un spectacle !

Quel est votre plan promo pour promouvoir l’album ?

Il va y avoir encore pas mal de vidéos rapport à l’album, des clips aussi. Replica Promotion, Domino Media Agency et Send the Wood s’occupent de la promotion du groupe en France, mais aussi en Europe. Nous avons aussi prévu de concevoir des T-shirts, des goodies et même la boule à neige qui est dans la pochette du disque. Et bien sûr, nous comptons tourner pour défendre l’album en live ! 

Pensez-vous venir jouer sur Lille prochainement ?

On l’espère ! Il y a un gros vivier de Metalheads à Lille, donc on serait ravis de venir chez vous ! À vrai dire, il y a déjà quelque chose dans les tuyaux à Lille, mais je ne peux pas t’en parler pour l’instant car rien n’est encore sûr ! Wait & see ! 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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