Nous sommes donc le 10 mai 2017 et le Splendid s’apprête à accueillir l’une des références françaises et internationales du Rock Progressif, ni plus ni moins, Magma. Alors, le groupe n’est plus très jeune – il compte presque quarante années à son actif – mais il convient de souligner que l’univers du groupe suscite toujours l’admiration des fans, des mélomanes, souvent apprentis tambourineurs. En effet, ces dernières années, le public de Magma a évolué et le collectif qui a engendré son propre style, le Zeulh, et même son propre dialecte, le Kobaïen, se classe parmi les incontournables de la scène Rock française.
Magma et Lille sont particulièrement liés bien que le dernier concert de la formation remonte à 2013. C’était à l’Aéronef de Lille… Mais souvenez-vous, Magma s’était produit au Théâtre Raymond Devos de Tourcoing en compagnie du Metälik Orkestra en 2012. Une soirée, où le groupe avait transmis sa passion de la musique aux plus jeunes. Ce fut une sacrée expérience qui a été renouvelée à plusieurs reprises par la suite.
Quoi qu’il en soit, il est 19h, c’est bien au Splendid de Lille que la soirée se déroule. Rien à promouvoir, juste une tournée « The Endless Tour » et un public qui prend son temps à franchir le portail de la salle. Pas de première partie – Le groupe profite de tout l’espace temporelle qui lui est attribué pour tamiser l’ambiance du vieux cinéma à sa façon. Musique occulte, martiale, des amplis, basse et guitare, nous attendent sur scène.
Au final, lorsque les lumières s’éteignent, pas moins de 400 personnes attendent l’arrivée des musiciens. Neuf interprètes (trois choristes, un claviériste, un joueur de xylophone, un guitariste, un bassiste, un pianiste et un batteur) s’accaparent la scène. C’est bien sûr Christian Vander, le père du projet, qui est au centre de l’attention avec sa batterie très imposante. Un blanc, ils s’installent, ils s’accordent… Et voilà que les premiers coups de batterie et de xylophone de « Emehntehtt-Re » lancent le début des hostilités. Une ambiance pieuse s’installe dans la salle. Le public est silencieux et admire le groupe déverser ses poèmes.
Musique hors-norme, inclassable, mais surtout des alchimistes qui explorent toute l’étendue de leurs capacités. Alors c’est là que Christian Vander prend le micro pour y chanter quelques prières, intrigantes, mais tellement maîtrisées. L’ambiance est à son comble – Le public, souvent, s’empresse de renflouer les espaces vides des premiers rangs. C’est que ce premier gros mouvement de Magma fascine tant l’interprétation est carrée, mais tellement personnelle. Mais nous sommes avant tout là pour voir des musiciens. Christian Vander, marteleur de fûts au sein de Magma depuis 1969, continue de surprendre tant la précision de son jeu est restée intacte. Contre-temps, passages plus progressifs, rien ne lui échappe. Il est resté fidèle à lui-même et n’a jamais cessé de s’exprimer à sa façon. Son faciès ne vous aura pas laissés de marbre…
« Emehntehtt-Re » et de « Theusz Hamtaahk » (le deuxième morceau interprété) récoltent un franc succès au sein du cortège. Néanmoins, le silence est d’or, les interventions des musiciens, notamment ceux de Stella, méritent nos plus beaux éloges : « On avait joué « Emehntehtt-Re » il y a quelques années sur Lille avec des jeunes élèves, c’était une très belle expérience, et c’est bien de voir la musique se transmettre… ». Loin des préoccupations mercantiles de certaines formations Rock actuelles, Magma s’exprime en tant que doyen et précepteur d’une culture qui lui est propre. Si la moyenne d’âge des membres de Magma oscille entre les 50 et 60 ans, les changements de line-up ont eu du bon sur la configuration de la formation. Jérome Martineau-Ricotti (claviers) et Ruby Blass (guitare) lui donnent un coup de jeune. Ces derniers arrivants appliquent une touche personnelle à des pistes jazzy « post-apocalyptiques ».
À l’issue du dernier mouvement de « Theusz Hamtaahk », Magma quitte la scène. Mais le public, lui, en veut encore. C’est alors que Christian, Stella & co remontent sur scène pour interpréter une bizarrerie, « Ehn Deïss », un titre d’Offering, l’autre projet de Christian Vander, que Magma a pris l’habitude de reprendre. Alors, en toute simplicité, le batteur interprète un morceau personnel, sans fard et sans voile, particulièrement touchant, qui a la lourde tâche de mettre un terme à la messe « progo/jazzo/martiale ».
Les lumières éclairent la fosse du vieux cinéma et le public finit par s’éveiller. Néanmoins, une grosse majorité du cortège reste. On est tous convaincus que Christian Vander reviendra sur scène pour présenter un de ses solos dantesques. « Un solo ! », « Christian, reviens ! ». Mais hélas, le groupe est déjà reparti dans les loges…
1H40 de jeu, presque quarante années à son actif, un univers énigmatique, mais très attachant, Magma n’a pas fait de tort à l’excellente réputation qu’il cultive depuis toutes ces années maintenant. Pour preuve, son public ne cesse de se renouveler… Magma continue d’attirer les fans et les curieux, qui sont toujours prêts à aborder une approche nouvelle de la musique ! À bientôt au Fall Of Summer !
PS : À l’heure où nous finissions ce report, nous apprenons la mauvaise nouvelle. Christian Vander pourtant en très grande forme ces derniers jours, souffre aujourd’hui d’un hématome lui empêchant de tenir une baguette… Les concerts de Boucau et Bordeaux sont donc reportés ! Les billets seront au choix soit remboursés, soit conservés pour les dates à venir.
Crédit photos : Pierre Bialais (http://taophoto.canalblog.com/archives/2017/05/12/35276372.html)
Ce ne peut être James Mc Gaw à la guitare ( en tout cas s’il a donné un coup de jeune , c’était en 1997 quand il est entré dans le groupe), plus vraisemblablement, le nouveau guitariste s’appelle Ruby Blass. Il y a quelques lacunes cher Axl dans votre connaissance de Magma mais pour le reste l’article est bien conçu, merci.