Avant de changer de nom en septembre, Sounds Like Hell Fanzine vous propose de retrouver tout l’été des morceaux choisis de ses publications magazine. Aujourd’hui, retour sur la rubrique « Tout Ce Que Vous Direz Sera Retenu Contre Vous » avec les interviews de deux collectionneurs. C’était dans le numéro 4 publié en mars dernier.
Qui dit fan de Metal, dit parfois collectionneur ! Nous aimons tous posséder des pièces de nos groupes préférés, que ce soit des albums, des tickets de concerts ou des set-list volées sur la scène… Chez certains, c’est carrément un hobby (ou une obsession). Une partie de leur vie qu’ils cultivent dans le secret d’une pièce ou à la vue de tous. Rencontre avec deux collectionneurs des Hauts-de-France animés par la même passion de l’accumulation !
Propos recueillis par Hyacinthe Gomérieux
SHADES CROWLEY
35 ans. En couple. 1 fille. Fresnes sur Escaut (59).
Formateur pour adultes.
Comment a commencé ton histoire avec le Metal ?
En 1994, un pote m’a prêté Fear Of The Dark d’Iron Maiden. Je me souviens encore de la première écoute du titre « Be Quick Or Be Dead » !
Quand es-tu devenu collectionneur ?
Vers 1996 quand j’ai acheté des albums de Sepultura et Motörhead. Cette collection, c’est la matérialisation des sentiments que je ressens quand j’écoute la musique ou que je vois les groupes sur scène. Toutes émotions deviennent palpables et réelles grâce aux objets. C’est le lien entre l’abstrait et la réalité.
Où et comment ta collection se présente-t-elle ?
Dans mon salon ! Sur des étagères et c’est un gros bordel ! Ils sont disposés proprement mais ne sont plus classés. Cette collection fait partie intégrante de ma vie, j’ai besoin de les avoir près de moi.
Tu en parles souvent avec tes amis ?
Pas plus que ça. Le Metal est une passion presque intime. J’en parle quand on se voit en concert. J’ai un ami qui habite le Sud et qui a également une très belle collection. Avec lui j’en parle plus souvent. Il habitait ici plus jeune et nous avons souvent acheté des CDs ensemble. Avoir une passion c’est bien, c’est sain, mais ça ne doit pas devenir une obsession sinon tu te pourris la vie et également celle de tes proches.
Est-ce que tu recherches des choses en particulier ?
J’ai une attirance pour les éditions limitées, elles sont rares et belles. Puis selon mes groupes de cœur j’ai tous les albums ou simplement la partie qui m’intéresse. C’est le Metal qui me plaît dans son ensemble. J’aimerais avoir l’édition originale de Odour Of Torture de GUT ! Cette pièce est extrêmement coûteuse en occasion. Mais je ne suis pas un acheteur compulsif et encore moins drogué.
Est-ce que tu souhaites transmettre tout ça à ta fille ?
Pas forcément. Si elle aime le Metal, elle aura accès à ma collection. Mais si elle n’aime pas, ce n’est pas grave. Quand je ne serais plus là, cette collection ira à celui qui la voudra mais c’est l’œuvre de ma vie, elle ne correspondra donc pas à n’importe qui.
Pourrais-tu léguer ta collection à un musée ?
Pourquoi pas ! « Alors ici, on peut admirer la collection de Shades, sur la droite le Death, à gauche le Black, et en face de vous le Grind » ! Haha !
Est-ce que tu as « manqué » quand tu étais enfant ou ta famille était-elle aussi esthète ?
La seule chose dont j’ai manqué c’est le sentiment de passion. Mes parents et mes sœurs ne sont pas passionnés et je trouve ça triste. En collectionnant, je ressens de la joie, tout simplement. Je me dis que c’est beau, que je ne vis pas pour rien.
Un tsunami arrive jusque chez toi et tu peux sauver quelques pièces…
Sans hésiter : les Darkthrone, Paradise Lost et Dissection. J’en ai trop chié pour les avoir pour les voir se faire balayer par une vague.
TASTOUX
48 ans. Marié. 3 enfants. Dunkerque (59).
Responsable maintenance électrique.
Depuis quand aimes-tu le Metal ?
J’ai découvert le Metal chez mon tonton à 14 ans avec High Voltage d’AC/DC. Je bossais avec lui pour les vacances et j’ai adoré de suite. Il m’a emmené voir Metallica en 84 à Paris pour me remercier !
À quel âge es-tu devenu collectionneur ?
17/18 ans. Mon pote pouvait avoir des LPs « tombés du camion » ! En 2000, j’ai déménagé et j’ai mis toutes mes reliques dans une pièce, ma « garçonnière ». Tout sauf mes 600 t-shirts qui sont sous mon lit ! Je commence à en revendre car je ne rentre plus dans la taille L de l’époque.
Pas trop dur de t’en séparer ? Tes enfants n’en veulent pas ?
Au départ, tu te dis « je mets plus » et ensuite tu regrettes car le t-shirt a 25 ou 30 ans ! Mes enfants en ont récupérés mais pour faire des robes de nuit !! Mais bon, avec l’argent, tu achètes d’autres choses…
Que va devenir ta collection après ta mort ? Tu pourrais la léguer à un musée ?
Ça ira sur eBay car mes enfants savent qu’il y en a pour de l’argent mais d’ici 2/3 ans, je ne garderai que les albums qui m’ont botté les fesses ! Pour le musée, je ne sais pas. J’ai quelques potes qui ont des collections de fou aussi… Après, certaines pièces rares, pourquoi pas.
Vous vous réunissez entre collectionneurs ?
On voit les nouveautés via Facebook ou sur les groupes privés. Chez certains potes, tu peux visiter et te dire « Je ne suis pas le seul dingue » !! Quant à ma garçonnière, ceux qui y sont passés ne voulaient plus partir !
Avec quels groupes as-tu commencé ta collection ?
Avec Loudblast, Misanthrope puis Mercyful Fate, King Diamond, Benighted… Quand un groupe me plaît, j’essaye de tout avoir. Il me manque d’ailleurs la démo promo 2 titres des Louds mais j’ai les test-pressing de leurs albums qui n’existent qu’en 5 ex ! J’ai aussi des LPs de King Diamond, limités à 30 !
As-tu l’impression d’avoir une conduite addictive ?
Par moment ! À Noël, j’ai acheté 500€ de CDs avec mes étrennes alors que j’aurai pu attendre. Mais les riches sont au cimetière et moi je profite de la vie ! C’est comme les tatouages. Y’a 25 ans, je disais « juste un » et depuis c’est un par an !! J’ai collectionné aussi les timbres mais j’ai arrêté. Et là, je collectionne les bouteilles collector de Jack Daniel’s.
Tes enfants mangent des coquillettes à tous les repas ?
Non ! On a de la viande tous les jours !! La famille d’abord, la passion ensuite ! Si c’est trop cher, je passe mon tour. Quand j’étais enfant, y’avait que mon père qui travaillait. Ce n’était pas la joie ! On avait à manger mais pas tout ce que les enfants ont maintenant !
La foudre s’abat sur ta maison et tu as 5 minutes pour sauver quelque chose…
Mon appareil photo, mes King Diamond et mes Loudblast. Mais faut encore que je trouve un sac !
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