C’est devenu une tradition, situé à une centaine de kilomètres de Lille, le Lokerse Feesten attire les Metalheads de la région des Hauts-de-France le premier dimanche d’août. En quelques années, se sont produits moult pointures du genre, à savoir Rob Zombie, Slayer, Limp Bizkit, Suicidal Tendencies, Motörhead et d’autres… Alors, cette année encore, l’organisation du festival a tapé dans le mille et a récupéré quelques artistes revenant du Wacken Open Air, les programmant ainsi avec d’autres artistes en vogue. La première salve de noms avait fait languir les plus téméraires. Alice Cooper, Marilyn Manson et Megadeth, rien que ça ! Alors, il était évident que la deuxième salve, plus classique, composée des frères Cavalera (Return To Roots), Apocalyptica, The Amity Affliction et Fleddy Melculy n’allait pas remettre en cause le choix des festivaliers. Il fallait prendre ses places, point à la ligne. Conséquence, l’événement affiche sold-out la veille des hostilités !

Fleddy Melculy… Ne vous fiez pas aux apparences, le groupe n’entretient aucun lien avec le groupe de Freddie Mercury. Il n’y avait là que le patronyme qui pouvait tromper les fans du combo britannique. Ils se sont vite rendu compte qu’ils faisaient faute-route. Alors qui sont les Fleddy Melculy ? Un combo belge qui joue du Hardcore ! Rien que ça. Mais ils ont leur truc à eux, leur concept diront les autres. Ce dernier les a amenés à se produire un peu partout, sur les plus belles scènes du Benelux. On compte déjà le Graspop (2016) et le Rock Werchter (2017). Les fans sont donc dans les starting-blocks et accueillent Fleddy Melculy comme il doit. Il entre sur scène avec un gros caca dans les mains. S’en suivent d’autres musiciens qui sont tous sur leur « trente-et-un ». Décidément, le show s’annonce décalé et, comme prévu, quand sont interprétés les titres de leur unique album Helgië, les animations s’enchaînent. « Il n’y a que trois seuls mots à répéter pour le refrain » sort le frontman pour présenter « Ik Haat Jazz », ou bien ces lancers de nourriture traditionnelle (les saucisses volaient) sur « Brood » (les fans ont même pris du pain pour le balancer dans la foule). Bref, c’est une très belle performance pour une formation qui compte déjà beaucoup de fans rattachés à sa cause. Maintenant, gageons que la formation arrive à percer outre-Flandres. Car un sentiment de malaise s’est clairement fait ressentir tout au long du concert. À part un petit « Merci aux Francophones d’avoir fait le déplacement », le public francophone a totalement été laissé-pour-compte, donnant l’idée d’un concert donné par des Flamands pour des Flamands. Ce fut tout de même excellent.

The Amity Affliction… La fosse se vide et laisse un public plus féminin prendre possession des barrières. Changement de registre, et malheureusement, un groupe qui peine à faire comprendre ses ambitions musicales se produit. Il convient néanmoins de présenter le groupe. Les Australiens oscillent dans un registre Metalcore assez classique, très faible musicalement parlant, qui n’a rien à voir avec celui de leurs compatriotes des Parkway Drive ! En effet, le constat est affligeant, il n’y a définitivement rien à retenir de ce concert, si ce n’est que le groupe a fait le strict minimum pour contenter ses fans. Joel Birch gueule dans son micro et laisse son pote, le BC/BG, Ahren Stringer, se charger des parties vocales claires. Ce sont également de bons acteurs, Joel Birch simule un mal-être personnel… The Amity Affliction a fait sourire les fans de musiques extrêmes et a suscité la passion chez ses fans, le tout sans interaction. Dommage que ce fût si creux…

Apocalyptica… Nous étions revenus pas très satisfaits du concert d’Apocalyptica au Hellfest. Les fréquences sonores ne nous avaient pas permis d’apprécier le concert des Finlandais à sa juste valeur. Il y avait trop de basse, et ça ressemblait plus à un « brouhaha » sonore qu’autre chose. Alors, séance de rattrapage, nous les revoyons donc à Lokeren. Apocalyptica continue de fêter les 20 ans de son premier album, Plays Metallica By Four Cellos ! Chance ! Les fréquences sont bien agréables et nous comprenons mieux l’intérêt de sa musique, vous savez, les tubes de Metallica repris par des musiciens qui ont suivi une formation de musique classique. Voyant que son concert se déroule superbement bien (malgré un petit plantage sur « Master Of Puppets », Eicca Toppinen ne tarde pas à montrer sa gratitude envers ses fans qui font vivre le projet depuis tant d’années, et nous explique qu’une version remasterisée de l’album en question va voir le jour et qu’elle comprend quelques bonus qu’il associe à une sorte de revanche personnelle, notamment en ce qui concerne « Battery », un titre qu’ils interpréteront. En quelques mots, ça passe bien, ça repose les tympans et les violoncellistes prennent du plaisir à être sur scène. Ils n’hésitent pas à faire tourner leur crinière et à demander aux fans de contribuer à leur façon pendant l’interprétation de tubes tels que « Seek And Destroy ». Pendant ce temps, Dave Mustaine se prépare, et nous, nous nous demandons ce qu’il peut bien penser d’une telle entreprise.

Max & Iggor Cavalera (Return To Roots)… En 1996, la « Planète Metal » a été secouée par la sortie d’un album, Roots, le dernier album sur lequel officie Max. Il a par la suite fondé Soulfly. Son frère, Iggor est parti de Sepultura en 2006… Désormais, et ce depuis des années, il est possible de voir ce bon vieux Max tous les ans. Une fois avec Soulfly, une fois avec Cavalera Conspiracy. Et chaque festival qui se respecte est bercé par l’hymne « Roots, Bloody, Roots ». Les années passent, et la qualité des interprétations laisse parfois à désirer, mais le bonhomme rencontre toujours autant de succès. Alors pourquoi ne pas enfoncer le coup en conviant son frère à une tournée anniversaire ? Et si on ne jouait que des morceaux de Roots pour ses vingt ans ? Ça le ferait, non ? Oui. Bref, Max est de retour à Lokeren deux ans après son dernier passage (c’était avec Soulfly). Max et Iggor, accompagnés de leurs fidèles acolytes Marc Rizzo et Tony Campos, interprètent ces titres (l’album n’est pas joué dans son intégralité néanmoins…). Max fait le minimum, mais met l’ambiance en créant des maxi circle-pits. Max reste un musicien sympathique, il communique avec ses fans et montre comme à l’accoutumée sa passion pour le football en portant un t-shirt de l’équipe de Lokeren (Il a été hué pour ça !), Iggor, lui, affiche les couleurs de l’équipe nationale. On retiendra ce petit clin d’œil à Black Sabbath (quelques riffs de « Iron Man » ont été interprétés), mais également ce bel hommage à Lemmy marqué par cette interprétation revigorante de « Ace Of Spades », suivie de cette reprise sur le final « Roots, Bloody Roots » (joué deux fois, au début et à la fin du gig). Le fils de Max jette les baguettes et l’équipe des frères rangent la cartouchière et le drapeau brésilien. Ce fut un concert classique, mais efficace.

Megadeth… Autre formation à avoir fait le voyage de Wacken à Lokeren, Megadeth ! Après fait oublier la terrible trahison de Super Collider avec Dystopia, Dave Mustaine peut se vanter d’avoir un nouveau line-up en ordre de marche. Voilà un peu plus d’un an que Dirk Verbeuren a été officialisé au sein du groupe, et que Kiko Loureiro a laissé de côté Angra pour servir Megadave. Mais aucune prise de tête. Le Megadeth de 2017 est serein, et c’est ce que l’on a pu voir dès l’interprétation du classique « Hangar 18 ». Certes, le décorum est moins attractif que l’année dernière (où sont passés les édifices rappelant Dystopia ?), mais les morceaux sont très bien interprétés. Mais c’est au niveau du son façade que cela se gâte, la voix de Mustaine est en retrait (était-ce le mixage ou sa voix ?), et la batterie de Dirk est sur-mixée. Bref, en dépit de ces fâcheux petits détails (on peut aussi rajouter ces quelques problèmes au niveau de l’écran), le concert reste de bonne facture, et la setlist du Megadave fait l’amalgame de ses nouveaux morceaux (« Dystopia », « Conquer Or Die »…) et autres classiques (« Peace Sells », « Mechanix », et « À Tout le Monde »). C’est un bon concert, on a aimé l’allusion au pays d’origine de Dirk : « Do you that our drummer is a belgian people ? ». Bref, même si le public n’était pas trop motivé dans le pit, Megadeth rassure quant à sa santé, et sa forme.

Alice Cooper… Un énorme drap recouvre l’espace scénique, et laisse les fans imaginer le spectacle qui va se produire. « Je suis comme un gosse qui s’apprête à ouvrir ses cadeaux de Noël » me sort un fan. L’entrée fut digne des plus grands maîtres et le concert qui l’a suivie le fut tout autant. Car ses shows ne sont peut-être pas novateurs, mais qu’est-ce qu’ils plaisent ! Bourré d’artifices en tous genres (pétards, étincelles…), le charismatique chanteur visite sa discographie avec classe, et joue de son charme auprès de sa guitariste Nita Strauss. Niveaux setlist, Vincent Fournier joue ses plus gros hits (« No More Mr. Nice Guy », « Cold Ethyl », « Feed My Frankenstein », « Poison ») mais ne se contente pas de les reprendre : il les orchestre de sorte que l’histoire soit cohérente. Ce n’est pas pour rien si Alice Cooper se transforme en monstre « Feed My Frankenstein », joue les paranoïaques sur « Ballad Of Dwight Fry » et s’il se fait guillotiner sur « Killer ». Tout est prévu, prévisible, mais tellement envoûtant. Bref, les meilleurs coups, les meilleures farces et attrapes rythment le show et le bougre en profite quand même pour promouvoir un nouveau titre, « Paranoiac Personality », intégré au show comme il se doit. Le temps passe très vite, et les premiers accords de « I’m Eighteen » se bousculent provoquant sur son passage une frénésie ! Marilyn Manson est sur scène ! Qui l’eut cru ? Pas nous. Il assure quelques parties vocales et là toute une symbolique : Marilyn Manson est bien le fils illégitime d’Alice Cooper et ce dernier l’adoube comme il se doit. Unique. Quelques artifices, un « School’s Out » interprété à la sauce « Another Brick In The Wall » (Pink Floyd), un « bonnes vacances, profitez bien » et l’illusion prend fin.

Marilyn Manson… Étant donné que l’Américain est monté sur scène avec Alice Cooper, va-t-il une nouvelle fois surprendre ses fans ? Vous savez, Marilyn Manson, c’est bien une fois sur deux. Le digne héritier d’Alice Cooper n’a rien à promouvoir (du moins, son nouvel album, Heaven Upside Down, n’est toujours pas sorti, mais il a quand même joué « Say 10 »), et tourne pour répondre aux besoins de ses fans. Et ils sont présents. Bien que l’on eût pu croire que les fans d’Alice Cooper auraient préféré déserter après le show de leur idole, ce ne fut pas le cas. Ils sont là, curieux. Alors, il se fait attendre et un drap sombre comble la scène enfumée, et la bande sonore de Morrison « The End » occupe les festivaliers. Il se fait attendre, et « Revelation #12 » ouvre les hostilités. On y voit comme d’habitude un Marilyn Manson assez névrosé qui interprète ses morceaux « The Dope », « No Reflection » sans réelle conviction. Le bonhomme prend de grandes pauses entre les morceaux et troque son micro « coup de poing américain » pour un couteau quand est venue l’heure de jouer « Sweet Dreams (Are Made Of This) ». L’acteur continue de faire part de son scepticisme notamment lorsqu’il chantonne un air des Beatles (celui de « Revolution 1») et fait preuve de nonchalance envers ses musiciens et roadies. La folie n’est pas de mise, mais c’est une ambiance assez malsaine qui se propage. Elle est en totale contradiction avec la frénésie des jeunes fans qui lui lancent leur soutien-gorge. Le chanteur balancera son porte micro à plusieurs reprises, ce qui finit par annoncer la fin des hostilités après « The Reflecting God ». Musicalement, la pilule a du mal à passer… Néanmoins, cette pauvreté artistique est au service de la philosophie « Manson » et à en croire la ferveur de ses fans, ses détracteurs ont encore du souci à se faire.

Il est déjà très tard, et le DJ fait tourner les classiques du Hard. Nous gardons un excellent souvenir de ce nouveau Metal Dag. Avec un prix défiant la concurrence, cette journée a encore de beaux jours devant elle. À l’année prochaine ! 

Crédit photos : Coralie & Jessyca Descamps

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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