L’Alcatraz Festival est un rendez-vous assez spécial pour les membres de Life Of Agony. C’est à Courtrai qu’ils avaient décidé de faire leur grand retour sur scène en 2014. Souvenez-vous, c’était la première date avec Mina au chant… Il était donc judicieux de les programmer en 2017 pour le dixième anniversaire de l’événement, car les Américains font partie de l’histoire du festival. Ça tombe bien, ils ont un nouvel album, A Place Where There’s No More Pain, à promouvoir, et c’est un Joey Z particulièrement loquace que nous avons rencontré. 

Propos de Joey Z recueillis par Axl Meu (Alcatraz Festival)


Hello, ce n’est pas la première fois que vous jouez à l’Alcatraz…

Oui ! C’est une histoire assez intéressante… Nous avions fait une petite pause à l’époque entre 2010 et 2013. Nos performances étaient rares. Quand nous avons annoncé notre retour, Filip nous a contactés afin d’assurer ce show de reformation à l’Alcatraz Festival ! Cette date était très spéciale. Nous étions avec Hellyeah et Marilyn Manson ce jour-là. Je pense que ce concert nous a aidés à nous remettre sur les rails…

Votre deuxième prestation remonte à quelques heures maintenant. Avec le recul, est-ce que tu peux comparer ces deux concerts ? 

Ils se ressemblent énormément, notamment en termes d’ambiance et de setlist. À l’époque, nous étions très enthousiastes pour le concert de 2014, nous l’étions également aujourd’hui. Tu sais, ce n’est pas rien de reprendre les concerts. Commencer par un tel festival nous a certainement donné confiance !

Vous deviez ressentir une pression énorme quand même…

C’était surtout de l’excitation ! Nous voulions donner un excellent concert, et aujourd’hui, c’était similaire. Le public belge est toujours très dynamique, voire fantastique… Ils connaissent toutes les paroles, d’où on est, on peut les entendre chanter. Vraiment, quand on est musicien, on ne peut pas demander mieux. C’était comme ça en 2014, et ça l’était également aujourd’hui !

C’était également le premier concert avec Mina ! 

Oui, nous avons décidé de nous reformer, mais nous nous sommes quand même posé les bonnes questions. Car nous ne savions pas comment les fans allaient réagir face au changement de Mina. Au final, le bilan reste très positif. Nous nous sommes libérés des idées reçues. C’est ce qui faut faire… Il faut libérer son âme. Il faut surpasser tout ça ! Il faut se libérer et jouer avec ses tripes. Avant de monter sur scène, les questions resurgissaient, mais une fois que nous avons branché les guitares… On a tout oublié et donné le meilleur de nous-mêmes !

C’était également le sentiment que j’ai eu aujourd’hui. Peu importe ce que les gens pensent, vous allez droit au but et vous jouez avec vos tripes. 

Toujours ! Tu joues les morceaux parce que tu les aimes. Tu écoutes les paroles, ça te parle, ça te construit !

Est-ce que vous avez un quelconque rituel avant de monter sur scène ? Ça se passe comment chez vous ? 

Avant, nous avions quelques rituels. Maintenant, on reste ensemble, on parle, on fait les choses ensemble. À l’époque, on restait dans notre coin à part et on se retrouvait uniquement sur scène. C’est du passé, maintenant, nous sommes tous très soudés.

C’est la dixième édition de l’Alcatraz cette année…

C’est passé très vite ! Il y a deux scènes maintenant… C’est Dr Living Good qui s’est produit sur l’autre scène avant nous. Le festival est toujours très bien organisé, il est très agréable ! En ce qui nous concerne, on est toujours très bien accueillis… Il y a un effort qui a été fait sur le décor. Ceux qui sont investis dans le projet se débrouillent très bien !

Revenons maintenant à votre actualité ! Il y a un nouvel album qui a vu le jour dernièrement, c’est A Place Where’s No More Pain… C’est un patronyme très symbolique. Quel est cet endroit ? 

Quand nous avons commencé à composer cet album, nous avons senti que notre musique dessinait un endroit pour nos fans… Tu sais, ce genre d’endroit qui est très confortable, qui épargne de tous les problèmes de la vie. Notre musique est une sorte de pièce, où les gens sont invités d’où qu’ils viennent. C’est pour les personnes qui ont des problèmes que nous avons construit cette pièce. En écoutant cette musique, en rejoignant cette pièce, tu seras en sécurité ! Tu vois ce que je peux dire ?

Oui, tout le monde serait accepté… Les fans ont dû attendre douze ans pour ce nouvel album… En 25 ans de carrière, vous n’avez finalement que cinq albums. Ça fait un album tous les cinq ans si on ne prend pas en compte les coupures. Ce n’est pas beaucoup ! 

Non (rires). Nous préférons prendre notre temps… Ça dépend de nos vies. Nous avons tous une famille, des enfants. Nous sommes mariés… Il y a eu de gros changements dans nos vies, on a dû affronter quelques problèmes… Après avoir traversé tout cela, nous avons pu nous retrouver dans de bonnes conditions…

Et j’imagine que vous prenez le temps pour sortir un album qui dépote…

Oui. Je trouve le nouvel album très bon, très frais. La production est très lisse, et ce sur tous les morceaux. La conception de cet album nous a demandé beaucoup de concentration, notamment en ce qui concerne notre manière de jouer nos morceaux. La qualité de l’interprétation du morceau en studio fait clairement la différence sur ce nouvel album.

Tu peux m’éclairer sur la production ? 

C’est Matt Brown et moi-même qui avons travaillé sur le son. Je suis également producteur de mon côté… Matt, c’est un peu le cinquième membre de Life Of Agony. Son rôle a été primordial en ce qui concerne la conception de l’album. C’est à lui que l’on doit cette production très claire, très travaillée. Matt a une très bonne oreille… On se concertait très régulièrement…

Vous avez signé chez Napalm Records pour ce nouvel album. Je pense que vous connaissez bien Mona (Miluski)…

Oui, bien sûr ! Elle joue dans un groupe ! Elle chante même !

Tu connaissais ce label avant de signer chez eux ? 

Oui ! J’en avais entendu beaucoup de bien !

C’est un label très différent par rapport à ceux avec qui vous avez collaboré à l’époque. Il y a eu Roadrunner et Epic/Sony…

Pour résumer l’histoire, Napalm Records nous a contactés et nous a proposé un contrat assez intéressant. Nous avons lu l’ensemble, et c’était parfait pour nous… Aujourd’hui, les contrats ne sont pas si bons, si intéressants, si avantageux. Il y a certains labels qui se gavent derrière le dos des artistes… Ce qui n’est pas le cas avec Napalm Records, le contrat était très juste, très honnête. Nous sommes vraiment sur la même longueur onde…

Napalm Records est donc le premier label européen sur lequel vous signez… Que penses-tu de l’évolution des structures européennes ?

Les labels américains sont très différents des européens. Les labels européens essaient de signer des choses nouvelles, j’ai le sentiment qu’ils saisissent mieux ce qu’est le Metal aujourd’hui… Aujourd’hui, aux États-Unis, tout est fait pour passer sur les grandes ondes. Tout est fait pour être consommé, ce qui n’est pas forcément le cas ici en Europe. En Europe, on s’intéresse plus au format physique (il dit cela en palpant un des albums de Life Of Agony qu’il a sous la main). Aux États-Unis, tu n’as même plus de fanzine papier (il prend dans ses mains le dernier Sounds Like Hell Fanzine). Tout ce que tu as aux Etats-Unis, c’est un stupide écran ! Les gens ne consomment que des MP3… C’est bien, certes, mais tout va très vite. Les Américains ne prennent pas le temps d’apprécier. Un album est vite périmé. Ici, en Europe, les labels s’investissent plus dans le projet et dans les intérêts du groupe, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis. Il y a des gens qui n’achètent plus de CD et qui se contentent d’aller sur Itunes… Quand tu es fan de musique, tu te dois d’acheter des CD, des vinyles…

J’imaginer que tu collectionnes toute sorte de vinyles…

Oui ! Les Européens aiment également acheter des vinyles, ça commence à revenir chez nous aux États-Unis.

Oui. Les gens se procurent des vinyles, car ils sont nostalgiques ou peut-être parce qu’ils veulent suivre une mode particulière… 

Oui, c’est ça… Ça sonne bien mieux. Tu as un meilleur son que sur ton portable, et l’objet t’appartient… C’est ton CD !

J’aimerais revenir à votre musique, plus particulièrement parler du changement de sexe de Mina. J’imagine que cela implique un changement de tonalité de voix. Comment cela fonctionne-t-il ? 

Mina suit un lourd traitement hormonal. Sa voix a évolué certes, mais elle a gardé une tonalité propre à elle. Elle a gardé sa hargne et peut toujours chanter les classiques de Life Of Agony. D’un autre côté, je suis totalement convaincu par le travail qu’elle a accompli sur le dernier disque ! Sa voix est toujours très puissante, elle porte bien ! Tu as aimé son jeu de scène ?

Oui ! Surtout quand elle est allée à la rencontre de ses fans en moitié de gig. C’est ce dont les gens ont besoin aujourd’hui, que leurs artistes préférés soient proches de leurs fans !

Il y a trop d’espace entre le public et le groupe… Il y a des groupes qui n’adressent pas la parole aux gens, qui n’ont pas le sens du contact. Ça m’est encore arrivé tout à l’heure, certaines personnes ne s’arrêtent pas pour dire bonjour. (rires) Nous sommes peut-être des musiciens, mais nous nous devons de nous comporter comme des êtres normaux envers les autres. Tu as beau être un artiste, un éboueur, nous sommes des êtres. Soit juste cool envers les autres. C’est notre philosophie de vie.

Pour promouvoir le nouvel album, vous avez sorti deux clips, dont un pour le titre « World Gone Mad ». J’imagine que vous faites un constat sur tout ce qui se passe aujourd’hui dans le monde… 

Nous l’avons joué aujourd’hui ! Oui, c’est un constat… Il y a des choses affreuses qui se produisent. Il n’y a qu’à voir le Bataclan, en France. Tu es Français, c’est ça ?

Oui…

Ce n’est pas parce que nous sommes Américains que nous avons été insensibles face à ce qui s’est passé à Paris. C’est terrible. Nous nous sommes peut-être produits devant des personnes qui étaient au Bataclan ce soir-là… Nous envoyons nos plus sincères condoléances à ces familles qui ont perdu un proche…

Nous arrivons à la fin de l’interview. Est-ce que tu peux nous dire quand sortira le prochain album de Life Of Agony ? Dans dix ans également ? 

Non ! (rires) Plus tôt je l’espère !

Vous avez quelques dates de prévues en France ? 

Pas encore ! Mais les Français nous reverront bientôt !

Je te laisse le dernier mot ! 

Merci de nous suivre depuis tant d’années ! Continuez de vous rendre aux concerts, faites-vous plaisir !


Life Of Agony, c’est : 
Mina Caputo : Chant
Joey Z : Guitare
Alan Robert : Basse
Sal Abruscato : Batterie
Discographie : 
River Runs Red (1993)
Ugly (1995)
Soul Searching Sun (1997)
Broken Valley (2005)
A Place Where There’s No More Pain (2017)
 https://youtu.be/Dkf9qkopB_0

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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