Aujourd’hui, le Motocultor peut fièrement se hisser parmi les festivals les mieux fréquentés durant la saison estivale. Il faut dire que le ‘’petit frère’’ du Hellfest a toujours fait en sorte de faire aussi bien que son aîné, du moins en termes de programmation, en favorisant une fois pour toutes les musiques extrêmes allant du Punk au Black en passant par le Thrash et le Death, sans oublier d’y inculquer une petite touche d’humour. Néanmoins, avant de reprendre l’exercice du « live report », remercions tout simplement les quelques centaines de donateurs qui ont permis aux éditions 2017 et 2018 de voir jour. Sans eux, aucun des groupes n’aurait franchi les sentiers de St. Nolff, et ils étaient nombreux à répondre à l’appel. Alors autant dire que couvrir l’ensemble des groupes demeure impossible lorsque l’on est seul à porter la main à l’encrier.
Nous arrivons le jeudi sur le site du camping. Même si le beau temps ne semble pas encore être arrivé à bon port, nous retrouvons nos habitudes et sommes pris par les animations organisées sur la petite scène placée à cet effet. Les petits groupes, et les musiciens du moins au plus talentueux se passent les instruments et essaient de reproduire un semblant de concert. Même si on est loin, très loin, de la performance du siècle, saluons ici l’initiative musicale du festival.
Les choses sérieuses commencent le lendemain avec la présence de The New Roses, Benighted, Ensiferum, Opeth, Candlemass et Blues Pills… C’est Alux Todolo qui embraye les hostilités avec une sorte de Black/Crust instrumental très personnel mettant en avant trois protagonistes sur scène. Musicalement, c’est très lourd, le groupe soigne sa mise en scène et fait susprendre une ampoule, dont la lumière varie en fonction de l’intensité de la musique. En fin de gig, le guitariste dépose sa hache, s’éprend de son pédalier, le prend dans ses bras afin d’en faire ressortir des sonorités grisonnantes. Une belle découverte et un groupe à suivre.
On voulait assister au concert de Nocturnal Depression… En fin de compte, nous nous retrouvons devant un autre concert, celui d’un groupe dont le nom nous reste inconnu. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas très satisfaits. On est très loin du style proposé par Nocturnal Depression. Ici, les claviers mélodiques ont remplacé les guitares criardes. Bref, nous regrettons amèrement l’absence non-justifiée des Grenoblois et rejoignons la Dave Mustage pour assister au gig des Evil Invaders.
Du « Thrash dans ton froc » (Cf : Mathieu David) encore et encore ! Ils sont partout, et nous les suivons partout où ils vont (dans le champ de nos possibilités). Ils sont Belges et comptent bien te passer un savon dans le pit, les Evil Invaders ont toutes les cartes en main pour devenir une des nouvelles valeurs sûres du Thrash/Speed « Revival ». Alors, ce concert dans le cadre du Motocultor, c’était de la rigolade. Les curieux étaient déjà disposés aux abords de la scène pour écouter le groupe faire ses balances. Une fois l’artillerie en place, le groupe tartine son public de riffs bien crus et Joe crie à l’aide de son porte-micro limé bien comme il faut. Les pépites « Pulses Of Pleasure », « Stairway To Insanity », « Raising Hell » (joué en hommage à Lemmy) se passent la main. Le groupe n’oublie pas de faire la promotion de son nouveau single, « Mental Penitenciary ». Le son n’est, certes, pas excellent et le public pend du temps avant de se rentrer dans le lard, mais force est de constater que le style des Belges, principalement axé sur les sifflements de guitares et autres cris, fait mouche. Le groupe crée la surprise en interprétant en rappel « Fast, Loud ’n’ Rude » et décide d’assister à quelques gigs afin de s’imprégner de la « french touch ».
Retour dans le Nord avec les Glowsun ! Les Nordistes prennent le temps d’arriver sur scène et ne font l’usage d’aucun artifice visuel pour attirer la foule – Juste le grondement de la basse de Ronan suffit pour arriver à leur fin. Et d’un coup, la paroisse est hypnotisée par leur Doom/Sludge. Il dessine et immortalise les délires sous amphétamines des musiciens. Les pédales d’effets sont donc de sortie et recouvrent les riffs d’une lourdeur atmosphérique. Depuis quelques années, Glowsun préfère axer ses shows sur les musiques principalement instrumentales. Johann semble avoir définitivement abandonné le chant, à en voir les morceaux proposés ce jour (« Death’s Face », « Behind The Moon », « Flower Of Mist », « Arrow Of Time »…). Bref, même si l’on peut reprocher le manque d’interaction entre les musiciens et le public, Glowsun a pu faire découvrir son art dans d’excellentes conditions. Un beau coup de force pour nos Nordistes.
Après le voyage « Glowsun », nous retournons sous la Dave Mustage où Hatesphere se prépare. Malheureusement, nous restons sur notre faim. Le groupe n’a pas pleinement répondu à nos attentes, du moins durant la première grosse moitié du concert. Quelques problèmes de coordination tâchent l’interprétation de « The Fallen Shall Rise In A River Of Blood ». La batterie est mixée de manière aléatoire, ce qui nous empêche de rentrer pleinement dans le gig. Néanmoins, tout cela s’améliore au fur et à mesure. Et nous prenons plaisir à observer les allocutions du leader, qui n’hésite pas à rappeler que son groupe vient du Danemark. Il n’oublie pas de demander au public d’imiter les mimiques scéniques du chanteur de The Black Dahlia Murder (Trevor Strnad), ce qui permet d’éponger la monotonie des riffs. En toute fin de gig, le chanteur donne rendez-vous à ses fans au stand de dédicaces et organise un maxi-wall of death ! Les fans auront certainement aimé, ce qui ne fut pas trop le cas de tout le monde.
Zornheym profite de sa programmation dans le cadre du Motocultor pour se produire pour la première fois de sa carrière. Il faut l’avouer, on ne peut rêver mieux pour faire ses premiers pas sur scène, même quand on est Suédois et que l’on doit se produire à des centaines de kilomètres de chez soi ! Bref, Zornheym peut présenter son Black Metal Symphonique dans d’excellentes conditions devant pas mal de personnes attirées par les consonances du nom du groupe. Qu’ont-ils joué ? Que des titres issus de leur premier album à venir, à savoir Where Hatred Dwells And Darkness Reigns. Constat, bien qu’il nous faille prendre en compte qu’il s’agissait de leur « première fois », l’ensemble aurait pu gagner en précision (notamment la guitare « lead » qui demeurait un peu dissonante) et en originalité (c’était du Black Symphonique mené à bien par des samplers et un chanteur qui passait régulièrement du cri au chant clair). Nous sommes en face de bons « performeurs », qui semblent avoir un bel avenir devant eux (au vu des acclamations des fans du genre), mais il en faut un peu plus pour nous convaincre. Nous quittons les Suédois un peu plus tôt que prévu pour examiner les dernières mesures de 7 Weeks, Le son était particulièrement propre et nous y avons vu un groupe qui a visiblement plu aux amateurs de Rock Alternatif. À revoir donc !
AcoD, ce sont les grands gagnants du Tremplin ! Du coup, ils peuvent se produire sur une Dave Mustage jonchée de personnes attirées par la musique du groupe. Le groupe est donc sur son « trente-et-un » et profite de ce concert pour revêtir la scène des plus beaux artifices scéniques. Et au bout des quelques mesures qui ouvrent le concert, le constat est sans appel, nous avons bien à faire à des techniciens du genre. Leur Death Metal est carré et amené comme il faut. Le concert se veut un savant mélange entre Il The Maelstrom et Inner Light. Et même si les structures sont similaires d’un morceau à l’autre, le public répond bien aux allocutions de Fred, le chanteur. Il n’hésite pas à remercier ses fans et ses amis d’avoir voté pour son groupe ! Bref, AcoD n’aura peut-être pas transcendé de par son originalité, mais nous aura servi un très bon concert de Death.
Suite à un problème et changement de running-order, nous nous retrouvons devant la Massey Ferguscene pour le concert de The Real McKenzie. Et c’est comme une bouffée d’air ! Le groupe de Punk celtique attire les perfecto « GHB » et joue en grande majorité des classiques comme « Droppin’ Like Flies », « One Day » et « Burger Off ». Les kilts sont donc de sortie et n’hésitent pas à slammer aux risques et périls de la fosse. Dono Jak et Dan Garrison assènent des riffs crus sans concession et accompagnent Paul McKenzie (chant) dans son délire. Toujours plein de charisme, il introduit toujours ses morceaux de petites anecdotes sympathiques : « Un jour, ça ne va pas, tu broies du noir, mais n’oublie pas quant tout va mal, demain peut être la meilleure journée de ta vie » (pour introduire « Good Bad Luck »), « J’ai toutes sortes de drogues sur moi, mais n’oubliez pas que la plus importante, c’est l’alcool ! » (avant de lancer « Drink Some More »). Bref, ce concert, sans être parfait, sentait la bonne humeur et la débauche à des kilomètres. Ça tombe bien, nous ne sommes pas au Motocultor pour cueillir des fleurs. À bon entendeur !
Place au concert ‘’retro’’ de la journée ! Blues Pills ! Ayant déjà tourné un peu partout en France, et sorti deux albums de très bonne facture, les Suédois véhiculent leur passion pour le vieux Rock à Papa… La fosse de la Dave Mustage est blindée. Avouons-le, le charisme d’Elin Larsson (chant) n’y est pas pour rien. Elle assène son public de vocalismes très expressifs et rencontre un succès considérable auprès de la gent masculine. Les titres issus des premiers albums s’enchaînent, mais le groupe fait l’impasse sur « Lady In Gold » (peut-être le titre le plus catchy de son répertoire). Il préfère sans doute mettre en avant le talent des instrumentistes, qui donnent une autre dimension au show en improvisant quelques jams. Elin Larsson (chant) explique que son guitariste (Dorian Sorriaux) est Breton, ce qui provoque la surprise générale dans la foule. Bref, les cinquante minutes de musique Rock Psyché s’envolent et rassurent, il y a encore une place pour une musique expérimentale sans artifices en 2017, même 50 ans après le « Summer Of Love ».
Nous ne nous voilons pas la face, le public a visiblement pris un coup de vieux de l’autre côté. Et pourtant, le Rock typé US des mecs de The New Roses est terriblement efficace sur CD et pourrait intéresser bien plus de kids que ça. Bref, encore très rares en France (hormis une grosse date au Hellfest et quelques dates ici et là…), les membres de The New Roses saisissent l’opportunité de se faire connaître du public « Metal ». Et quel son ! C’est sur fond de Le Bon, La Brute Et Le Truand que les hits finissent par se bousculer et laissent apparaître un groupe archi-pro. Timmy, le leader, prend la parole entre les morceaux et demande au public s’il était au Hellfest. Visiblement, il l’était. À quelques semaines de la sortie de son nouvel album, One More For The Road, le groupe s’amuse à faire du lobbying en interprétant un nouveau morceau « Every Wild Heart ». Bref, c’est un réel sans-faute pour les Germaniques ! Il nous tarde de les revoir dans le cadre de leur tournée promotionnelle de « One More For The Road ».
Ensiferum n’est peut-être pas la tête d’affiche de la journée, mais reçoit un accueil digne ce nom. En effet, on est en Bretagne, terre d’accueil du Folk/Pagan. Tous étaient maquillés de sorte à ressembler aux protagonistes qui s’apprêtent à se produire sur scène. Ensiferum, même s’il se fait quelque peu discret en France, reste fortement attendu par ses fans. Alors, les gladiateurs n’ont eu que très peu de mal à déchaîner les passions dès le classique « From Afar ». L’accordéon de Netta Skog, la dernière arrivée au sein du groupe, reste un peu trop en retrait. Le son de façade est toutefois acceptable. Niveau setlist, le groupe ne prend pas trop de risque en interprétant en majorité des titres issus de One Man Army et From Afar. Même le fameux « Two Of Spades », une sorte de titre de Disco-Metal a eu le mérite d’amuser les non-avertis ! En vue de la sortie de son prochain album, Ensiferum a également présenté « For Those About To Fight For Metal », un titre qui ne révolutionne rien, mais qui a le mérite d’amorcer quelques animations dans le pit. Bref, ce voyage épique n’était pas dégueulasse et nous ne pouvons qu’encourager les non-avertis à essayer d’y entrer !
Nouveau choix cornélien ! Nous devons choisir entre se faire tartiner par Benighted ou s’endormir sur les riffs de Candlemass. Ça sera Benighted. Tout simplement parce qu’il commence à se faire tard et que le Death/Grind de Benighted fait toujours l’effet d’un « Braou ». Il revigore. Et quelle claque. La Supositor Stage est prise d’assaut. La petite berceuse s’estompe, « Reptilian » ouvre les hostilités et ne laisse aucun répit aux fans présents dans le pit. Incisif, tranchant et précis, le quintet exécute ses classiques dans ses moindres détails (malgré les quelques changements de line-up consécutifs). Julien Truchan fait preuve de prouesses vocales et varie la profondeur de ses cris. Ce dernier ne cesse de remercier le public pour le « bordel » qu’il fait dans le pit et n’oublie pas de faire allusion au chanteur de The Black Dahlia Murder (Trevor Strnad) avant d’interpréter « Forgive Me Father ». Fabien Desgardins, lui, a bien endossé la casquette de guitariste et s’amuse à organiser des circle-pit… Il n’y a vraiment rien à redire. Si, remercions Kevin Verlay de dépanner une nouvelle fois un groupe qui ne cesse de nous mettre claque sur claque à chaque fois. La prestation de Death/Grind du week-end, ni plus ni moins !
Nous profitons du concert de Bloodbath pour nous ressourcer, et retrouvons The Great Old Ones. De plus en plus présent sur la scène Metal, le groupe et les thématiques « Lovecraftiennes » qu’il aborde fascinent. Et ce nouveau concert ne fera pas exception à la règle. Un présentoir de Cthulu est placé sur le devant de la scène, et le groupe à capuche entre sur scène. Le concert est nourri de passages tirés des romans de l’écrivain, et The Great Old Ones profite de ses morceaux à consonance Black atmosphérique et de ses arrangements de lumière pour faire le plus grand effet sur la masse. Ainsi, les musiques interprétées, véhiculent un songe et mystifient les abords de la scène. Difficile de rester indifférent, tout est implacable et impeccable. The Great Old Ones fait un sans-faute.
Le concert d’Opeth est le dernier auquel la rédaction assiste ce vendredi. Après une prestation d’une qualité discutable en 2015 dans le cadre du même festival, l’année 2017 a-t-elle porté chance à Mikael Åkerfeldt ? C’est une nouvelle fois discutable. En effet, un an après la sortie de Sorceress, les Suédois continuent de promouvoir leur nouveau méfait (en ne jouant qu’un seul morceau de ce dernier néanmoins…). L’entrée sur scène se fait donc progressivement avec l’arrivée de Martin Axenrot (batterie), Martin Mendez (basse) et Joakin Svalberg (claviers) sur « Sorceress », peut-être le titre le moins efficace issu du dernier album. Le groupe enchaîne donc sur « Ghost Of Perdition », mais Fredrik Åkesson rencontre des problèmes de guitare « acoustique », ce qui casse un peu l’ambiance. Dommage. Heureusement, les autres titres « Cusp Of Eternity », « Heir Apparent », « The Drapery Falls » et « Deliverance » ne connaissent pas le même funeste destin. Ces titres font le bilan de ce qu’était et de ce qu’est devenu Opeth. Le concert est donc composé d’échanges de passages growlés, parfois plus clairs, d’un clavier omniprésent et de passages atmosphériques. Niveau prestation, Mikael Åkerfeldt reste très pointilleux, même si ses interventions et le ton qu’il prend sont discutables (certaines de ses allocutions étaient plus qu’arrogantes…). Nous restons sur notre faim.
Une belle première journée au Motocultor. Malgré les bruits qui courent concernant les problèmes de gestion et le manque de point d’eau sur l’ensemble du site, les festivaliers ont pu rentrer au camp avec de belles images en tête, notamment celles des concerts de Benighted, Blues Pills, ou même Evil Invaders !
Crédit photos : Tiphaine Zanutto
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