À peine remis de notre tournoi de ‘’Brutal Caddy’’, nous retournons sur le site du Motocultor Festival et pas des moindres puisque Kreator est à l’affiche. Obituary et Paradise Lost le sont aussi. Mais tout d’abord, il convient simplement de s’intéresser aux formations d’envergure moindre qui se sont passé le micro avant le final tant attendu. Je veux bien sûr parler de Interment, Insanity Alert ou Malignant Tumor…

C’est Interment qui ouvre tant bien que mal les hostilités. Il est midi passé et les festivaliers tardent à fouler les sentiers du festival ! C’est dans les années 90 que les Suédois réalisent leurs premières démos, mais il aura fallu attendre 2010 pour que ces derniers ne sortent leur premier album, Into The Crypts Of Blasphemy. Six ans plus tard, Scent Of The Buried confirme les ambitions du groupe. Les Suédois ont donc deux albums à défendre dans le cadre de leurs concerts, ici le Motocultor. Une fois n’est pas coutume, ils assènent au public un gros Death/Thrash qui permet au public de se remettre de sa sale gueule de bois de la veille. S’il n’y a rien de neuf à se mettre sous la dent, l’ensemble est de qualité. Johan Jansson pousse des cris honorables et le tandem Allan/Kennet fonctionne à merveille. Rien à dire à ce niveau, tout est en ordre. Peut-être que l’originalité n’était pas de mise, mais les Suédois nous auront mis en pied pour cette journée qui s’annonce aussi torride que palpitante.

Deluge ou Insanity Alert ? Nous favorisons la découverte et nous nous rendons aux abords de la Supositor Stage. Grosse surprise, Insanity Alert ouvre le feu dans le public avec des artifices et un concept unique en son genre.  »Heavy Kevy » (chant) entre sur scène les étincelles à la main et quelques pancartes bien à lui. Pendant les quarante minutes de jeu qui sont accordées au groupe, ils développent un savant mélange de Thrash/Crossover mis à la sauce ‘’fun’’. Et ça marche, le pit se réveille et répond aux allocutions grandiloquentes du frontman. Ce dernier donne pas mal d’anecdotes sur sa vie personnelle et amuse la galerie avec des titres rappelant l’humour de la série South Park. Une fois la bande sonore  »les hommes crabes » évaporée, le chanteur s’empare de pinces pour interpréter « Confessions Of A Crabman » avant de mettre en avant son soliste avec le panneau « This Guy » pendant que ce dernier interprète l’introduction de « Am I Evil » (Diamond Head). Les chansons fantaisistes et les animations se bousculent (« Arac Attack », « Macaroni Maniac ») et le concert se termine sur le désormais classique « Run To The Pit » (Mosh For Your Life), le morceau clin d’œil à « Run To The Hill » d’Iron Maiden. Et c’est toute une foule qui se met en chanter et à mosher sur le refrain engagé par le chanteur… Très belle découverte, en espérant qu’il y en ait d’autres de la sorte.

Wiegedood est une formation fascinante. Formée en 2014, elle a déjà deux très bons albums à son actif, De Doden Hebben Het Goed et De Doden Hebben Het Goed II. Distillant une musique Black Metal, les Belges ont réussi à attirer une foule de partisans aux abords de la Dave Mustage. Et bien que le groupe ait la particularité de ne pas avoir de bassiste, il parvient à faire oublier cette lacune en interprétant des musiques lourdes, sombres aux guitares sous-accordées qui invitent régulièrement au songe. Les allocutions sont donc bannies du champ d’exploitation scénique du groupe. Malgré une prestation de bonne facture, tous s’accorderont pour dire que Wiedgedood ne parvient pas à faire le même effet sur scène que sur CD. Disons que la magie n’était pas au rendez-vous, du moins en ce qui nous concerne.

Nous nous rendons au bord de la Suppositor Stage pour assister de près au concert de Alea Jacta Est. « C’est nous qu’on est les méchants » lance Vincent, le chanteur. Non, sérieusement ? On aurait préféré une meilleure entrée sur scène. Pour un groupe de Hardcore qui semble se prendre au sérieux, ça reste très douteux. Bref, on a droit quand même à un Hardcore  »archimoderne », motivé à « bommer » les fans (comprenez par cela que la bassiste frappe sa basse afin d’en faire ressortir un son extrêmement lourd). Malheureusement, nous ne sommes pas très convaincus par l’ensemble de la prestation. L’ensemble des morceaux sent le réchauffé. Bref, au bout de trente minutes, nous finissons par nous lasser et assistons aux dernières mesures de l’autre concert. Sofy Major lui de l’autre côté, propose un Noisecore pas trop dégueulasse. Ils sont trois, la basse est bien mise en avant, mais leur style leur impose trop de limites. Conséquence, c’est assez efficace, mais nous sommes toujours à la recherche de la claque du siècle.

À l’aube de sa tournée européenne en compagnie d’Implore, Vallenfyre a quand même pris le temps de rendre visite à quelques festivals européens. Dès lors, la qualité semble être revenue au bercail ! On assiste ici à la performance d’un groupe de Doom/Death qui n’est pas sans nous rappeler celui de Paradise Lost. Ça tombe bien, ils sont également à l’affiche (d’ailleurs, Gregor Mackintosh officie dans les deux groupes). Vallenfyre présente ici quelques titres issus de son dernier recueil, Fear Those Who Fear Him, accueilli comme il se doit par les fans du genre. Le pit est déjà bien animé, et ce sont surtout les allocutions du meneur de jeu, Gregor Mackintosh qui font mouche « Nous dédions ce morceau à toutes les victimes des attentats de Manchester et de Paris », « C’est un morceau sur les prêtes qui passent leur temps à baiser les enfants, ce n’est pas bien, ni très intelligent ». Même si ce dernier s’aide de quelques antisèches (on l’a vu tourner son parolier de temps à autre), il faut avouer que les consonances et les riffs « sabbathiens » nous ont convaincus de la pertinence de ce projet « doom ».

Direction la Supositor Stage pour assister au concert de Malignant Tumour. Avec un logo essentiellement composé de typographies des plus grands groupes de Hard et de Thrash, nous avions déjà pu nous faire une idée sur le style du groupe. Et nous avons tapé dans le mille. Les Tchèques débarquent sur scène sur leur ‘’trente-et-un’’ et jouent une sorte de Thrash teintée de touches de Hard. L’humour semble de mise à voir les accoutrements de ces derniers. Martin porte une jolie perruque et « Koral », lui, une magnifique fausse barbe. Musicalement, ça envoie un beau boulet par la poste, un bon vieux Hard Rock à papa, teinté aussi bien d’influences « motörheadienne » et Thrash. Bref, les titres catchy se prennent la main, le public en fait tout autant et un valeureux  »crowsurfer » blesse un agent de sécurité. Peut-être pas original pour un sou, les Tchèques nous auront tout de même fait passer un excellent moment. Au suivant !

Toter Fisch se produit sur la grande scène. Il joue du Folk Metal, du Pirate Metal comme Alestorm, et c’est le genre de groupes qui rencontre un énorme succès au Motocultor. Les cornes d’abondance sont donc dans les starting-blocks et suivent de près la performance du groupe. Beaucoup d’artifices scéniques occupent la scène. Tout est fait pour qu’un semblant de bateau-pirate soit érigé sur scène. Dans le cadre de ce concert, le groupe interprète pas mal de titres de Yemaya, son premier opus. Même si la musique ne sort pas des sentiers battus, il convient d’insister sur l’ambiance, qui était au beau fixe. Sa musique est particulièrement festive, de rigueur pour ce genre de festivals. Romain Nobileau (chant) s’en donne à cœur joie pour festoyer avec ses fans : « Séparez-moi ça en deux », mais n’oublie pas de rendre hommage à son ami décédé, celui qui a concocté le logo du groupe. Rémy prend également la parole à son tour en lançant : « Je veux vous voir bouger comme si c’était le dernier concert de votre vie » avant d’interpréter un titre issu de Blood, Rum & Piracy. Bref, le public est heureux et le groupe aussi. À la leur !

Nous continuons avec les chansons à boire de Son Of O’Flaherty, un combo français de Rock Irlandais. Bref, ça parle de joie de vivre, et les Bretons n’hésitent pas à sortir les guitares acoustiques et autres mandolines pour recouvrir le festival d’une couleur locale. Leur musique, faisant régulièrement allusion à Dropkick Murphys et Flogging Molly, a amusé les partisans du genre. Bref, c’est la joie dans le pit, et pendant ce temps-là, les Parisiens de Providence assènent au public des titres Hardcore qui ne font de concessions à personne aux abords de la Supositor Stage. Même si les titres se ressemblent tous, et que le chanteur aboie plus qu’il ne chante, il faut avouer que leur Hip Hop/Metal fait mouche. Le frontman, ne cesse de marteler des punchlines à la : « Est-ce que vous êtes prêts les gars, est-ce que vous êtes prêts les gars de la sécu’ » ?, « Foutez-moi un putain de bordel, toi aussi-là, avec les lunettes jaunes », « Salut Hellfest… Euh, Salut Motocultor, elle est petite comme ma bite celle-ci » et la sauce prend d’emblée. Une petite reprise d’Agnostic Front et une explosion de flyers promotionnels et c’est dans la boîte. Au-delà des préjugés que l’on pouvait avoir sur les Parisiens, il s’avère qu’ils en ont surpris plus d’un avec leur Hardcore tonique.

Igorrr est LA curiosité des temps modernes. Pourtant formé en 2005, ce n’est qu’en 2017 que le public Metal semble lui porter de l’attention. Il faut dire que le concept est assez unique en son genre. Ils sont quatre et proposent une musique expérimentale, dépassant les frontières du genre. Ainsi, une batterie, une boîte à rythmique et deux chanteurs lyriques se partagent l’espace scénique. Compilant ainsi leurs albums au cours du concert, ils ont pu présenter au Motocultor toute l’entendue de leurs capacités, à savoir ce mélange savoureux entre musique extrême, électro et musique baroque. En effet, Laure Le Prunenec fait profiter de son chant lyrique, un chant qui se combinent parfaitement aux cris de Laurent Lunoir (les deux finiront par rencontrer le public à la fin du concert). Derrière, Sylvain assure les parties rythmiques vivement complétées par les machineries de Gauter, le metteur-en-scène du projet. Ne cessant d’allier sublime et grotesque, l’intemporalité de la musique d’Igorrr en a surpris, en a envoûté et en a repoussé certains. Mais personne n’a remis en question l’intérêt musical et culturel de cette entreprise. Merci au Motocultor de nous avoir permis de vivre un tel moment.

UK Subs… Même si le groupe affiche 40 années au compteur, ne comptez pas sur lui pour ranger ses instruments ! C’est donc dans le cadre de cette tournée « anniversaire » que nous retrouvons sur les Britanniques sur la Supositor Stage. Charlie Harper inspire toujours la bonne humeur et délivre un Punk authentique, qui n’est sans rappeler celui de The Damned et des Sex Pistols. Mais comment synthétiser une carrière de 40 ans en 50 minutes ? C’est bien le défi que se sont lancé les Britanniques. Prenons les morceaux plus catchy, ceux qui vont motiver les vieux punks-à-chiens à se rentrer dans le lard. Bref, tout est en ordre, et UK Subs nous a peut-être donné le concert « Punk » le plus mémorable du week-end. Eh oui… !

À peine remis de son concert avec Bloodbath, Nick Holmes peut remettre le couvert avec Paradise Lost. Alors, rien n’a véritablement changé depuis la dernière fois que la rédaction a vu Paradise Lost (c’était à l’Alcatraz Festival, report complet dans le prochain numéro, NDLR). Le groupe de Gothic Metal en profite pour faire découvrir quelques extraits de son nouvel opus Medusa dont la sortie est prévue pour le 1 septembre. Nick Holmes semble s’être concentré à nouveau sur un chant plus guttural qu’à l’accoutumée comme le soulignent « Blood And Chaos » et « The Longest Winter ». Même s’il a dû amputer « The Last Day » par manque de temps, la setlist offerte par la formation nous permet de faire le bilan sur le parcours du groupe. La setlist a repoussé tout soupçon de lassitude. Les riffs mélancoliques de « Faith Divides Us – Death Unites Us » remplacent les lourdeurs de « The Enemy » et « Pity The Sadness ». C’est un très bon concert.

Un énième concert d’Obituary pour la rédaction ! À vrai dire, les Floridiens sont partout et nous ne pouvons pas nous empêcher de les voir partout où ils passent (Lille, Alcatraz, Hellfest, maintenant Motocultor…). Bref, aller voir Obituary en 2017, c’est s’assurer de se faire tartiner les tympans à coups de gros décibels ! Conséquence de la chose, on laisse les hippies se charger du cas  »Radio Moscow » pendant que les « vrais de vrais » se rendent aux abords de la Supositor stage (petite scène pour l’événement…) pour aller à la rencontre des Frères Tardy ! Nouvel album oblige, ils l’ont défendu comme il se doit avec ses titres les plus marquants « A Lesson In Vengeance », « Sentance Day » et « Ten Thousand Ways To Die » (déjà présent sur l’EP portant le même nom). Les autres classiques tels que « Dying » (Cause Of Death), « Don’t Care » (World Demise) et bien sûr « Slowly We Rot » (Slowly We Rot) ne sont pas laissés-pour-compte. Mais quand l’acoustique était irréprochable à l’Alcatraz, ce ne fut pas pleinement le cas ici. La basse de Terry Butler est trop mise en avant et bouffe le jeu de Donald Tardy (batterie). Mais les égorgeurs du pit s’en moquent et slamment comme si de rien n’était. Bref, on reste tout de même très satisfaits de ce moment.

Kreator ! De retour du Summerbreeze où ils se sont produits la veille, ils ont laissé une partie de leur matériel en Allemagne pour éviter quelques frais de déplacement supplémentaires. Voilà la raison pour laquelle il n’y avait aucun figurant, ni écran comme ce fut le cas pour le concert du Hellfest. Néanmoins, Mille Petrozza et sa bande assurent leur concert et font monter la température quand sont interprétées « Satan Is Real » et d’autres missives issues du dernier album, Gods Of Violence. Alors, une fois n’est pas coutume, ne comptez pas sur les Teutons pour qu’ils interprètent le répertoire qui vient d’être réédité. Seuls deux gros classiques « Pleasure To Kill » et « Total Death » ont été revisités. Bien que joués un peu plus lentement, ils font naître quelques animations dignes de ce nom. En fin de compte, Kreator, avec ses artifices modernes, ne répond peut-être plus au standard du groupe de Thrash, mais nous fait passer un sacré bon moment, tant les orchestrations et le jeu de scène méritent nos plus beaux éloges. À bon entendeur.

Nous laissons les fans de 1349, Discharge et Primordial entre eux et nous retournons au campement, où les festivaliers tous aussi festifs les uns que les autres, s’amusent à semer la pagaille en organisant un nouveau tournoi de « brutal caddy ». En fin de compte, quelques gueules cassées, une jambe fracturée et quelques sirènes en guise de bande sonore.

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