Comme vous le savez, Heretik est un média qui promeut exclusivement la scène des Hauts-de-France… Mais il nous arrive de nous égarer et de partir loin, loin, loin… Et nous nous sommes retrouvés à Bordeaux en compagnie de Guillaume. Actuellement programmateur au Void, il a bien voulu nous parler de l’Interceptor Festival, un festival Metal qui se déroule sur trois jours à Bordeaux et qui propose une affiche et un concept des plus ambitieux. 

Propos de Guillaume recueillis par Axl Meu le mardi 5 septembre.  


Ma première question est basique. Je vais tout simplement te demander de te présenter, et de nous expliquer ce que tu as à nous présenter.

Je m’appelle Guillaume et je suis chargé de communication pour le festival que nous organisons à Bordeaux : l’Interceptor Festival. C’est un festival qui a été organisé par deux associations distinctes, le RockSchool Barbey et le Void (deux salles de concert bordelaises), pour qui je travaille à l’année.

Oui, votre festival Interceptor est organisé par deux organismes. Ce qui n’est pas le cas de tous les festivals. Est-ce que tu peux revenir sur le pourquoi du comment de cette affaire ? 

En fait, les deux associations ont deux approches différentes de la vie musicale. Le Void est une salle de musique associative qui fait vivre la scène Punk/Rock/Metal de Bordeaux. Pour l’autre, le RockSchool Barbey, c’est différent. La salle peut accueillir jusqu’à 600 personnes, mais est plus centrée autour du Rock/Hip-Hop. On a cependant un tronc commun, on se connaît bien. En effet, la plupart des personnes qui travaillait à la Rockschool Barbey gérait également l’Heretik qui a été rebaptisé « Le Void » par la suite. On a décidé d’associer les deux salles pour créer un événement unique et faire revivre la scène Metal bordelaise. On a eu le feu vert et maintenant on souhaite que tout se passera bien.

C’est le premier festival que tu organises…

Oui. À l’époque, je n’avais pas les moyens d’organiser un tel événement… Aujourd’hui, on a rassemblé nos forces pour y parvenir ! Il y a beaucoup de différences entre ces deux salles, mais on était persuadés qu’il était envisageable d’organiser quelque chose ensemble, un festival de qualité avec une affiche assez pointue. On en a parlé aux médias et aux quelques acteurs de la scène de Bordeaux. Ça a vite plu, du coup, on s’est laissé emporter par l’enthousiasme des gens. C’est motivant, car malgré le fait que ce soit notre première édition, on ne nous a mis aucune embûche. On nous a vraiment lassé carte-banche !

Vu qu’on vous a donné carte-blanche, j’imagine que vous vous êtes fait plaisir niveau « programmation ». Vous avez fait venir les groupes que vous aimez. C’est une affiche très « Old School », avec beaucoup de groupes typés « Thrash », « Death », « Heavy »… Comment êtes-vous parvenus à créer une affiche cohérente tout en vous laissant une petite part de liberté ? 

C’est notre première édition… J’imagine que ça se passe comme ça pour les festivals. On s’est retrouvés, on a fait de notre mieux pour pondre une telle affiche. Il y a beaucoup de « vieux » loups dans l’équipe. Ils ont une crédibilité, indirecte ou directe. Soit les groupes nous connaissaient, soit les tourneurs connaissaient l’organisation. Les groupes ont également été touchés par le projet et ont décidé de prendre part à ce dernier. Ça s’est vraiment concrétisé quand on a signé notre première « tête d’affiche », Dead Congregation. On a reçu des propositions, on a évalué les demandes, et c’est allé crescendo quand nous avons commencé à avoir de gros noms. Après, il est évident que nous sommes tous différents au sein de l’équipe, mais c’est vrai qu’on a une sensibilité peut-être plus « old school ». On a quand même réussi à faire venir Angel Witch… Ils ne sont pas issus de la dernière pluie. Ce qui est intéressant avec ce festival, c’est qu’il propose des groupes rares, qui parlent à tous ceux qui connaissent bien le style.

Oui, justement, vous parlez d’une programmation exigeante. Vous ciblez donc les « connaisseurs ». Il y en a beaucoup sur Bordeaux ? 

Oui, quand même ! Il y a pas mal de monde qui se rend au Void quand nous programmons des concerts. Les mercredis et jeudis, nous arrivons à rentrer dans nos frais… Ce sont ces gens qui ressentent le besoin de sortir de chez eux pour soutenir la scène. On en est extrêmement touchés. Par le biais de ce festival, on voulait également leur faire plaisir.

Vous commencez d’emblée avec un festival de trois jours. C’est ambitieux, non ? 

C’est un festival de trois jours, qui ne l’est pas pour finir. Disons que l’on est ici sur trois gros concerts. Il y a plusieurs actes… On a toujours une première partie de soirée avec des concerts de 16h à 19h (pour les vendredi et samedi), et on enchaîne à 20h dans l’autre salle. Pendant cette heure de « trou », les festivaliers pourront se rendre à l’autre salle. Il fait encore très bon à Bordeaux en octobre. Le cadre est agréable, il n’y a pas beaucoup de touristes au cours de cette période. Les festivaliers qui ne connaissent pas la ville dans ses moindres détails pourront également visiter.

Quand j’ai vu votre affiche, je me suis réjoui de la présence des Evil Invaders. Ils ont programmé une tournée pour défendre leur nouvel album. Mais cette fichue tournée ne passe pas par la France. C’est une sorte d’exclusivité pour vous…

Oui ! Surtout qu’ils sont en train d’exploser. J’ai vraiment hâte de les voir. Je me fais une joie de les revoir. On les avait déjà eus il y a quelques années; il y avait également Striker à l’affiche. Autant dire qu’on s’est très vite très bien entendus ! C’est cette bonne entente qu’on a voulu mettre en avant dans ce festival. On ne voulait pas forcément que les groupes viennent jouer uniquement pour jouer… L’important est qu’ils puissent passer du bon temps avec leurs fans, autour d’une bière.

Parmi les groupes que vous avez programmés, y en a-t-il un dont tu es le plus fier ? 

Je n’arrive pas à choisir… En fait, j’ai découvert, la moitié, si ce n’est les 2/3 des groupes qui sont sur l’affiche au moment où j’ai dû mettre à jour le site web. J’ai dû me renseigner et écouter. À chaque fois, je me prenais de belles claques, que ce soit les groupes de Grind ou de Black. Ce ne sont peut-être pas mes styles de prédilection, mais j’y ai découvert pas mal de bons groupes !

Tu me parlais donc de trois scènes, de trois endroits différents. Comment êtes-vous parvenus à dispatcher les groupes ? 

Tout naturellement. Il y a deux profils différents, deux salles différentes, deux atmosphères différentes. Le Void programme les groupes plus intimistes, la RockSchool Barbey, les têtes d’affiche, et enfin la place Dormoy sur laquelle on fait venir les groupes locaux. On leur a proposé de jouer sur la place en accord avec le voisinage. Ils étaient partants… Tout le monde est content, se sent à l’aise. Personne n’aura de mauvaise surprise.

Votre festival s’inscrit en dehors des festivités d’Été mais est-ce que tu t’en es inspiré afin de tirer ton épingle du jeu ?

Notre but n’est pas de concurrencer les autres festivals. Ce n’est qu’un mélange de circonstances si nous avons réussi à caler ce festival début octobre. On ne tenait pas à s’inscrire dans la période « juin, juillet, août ». Le but de l’Interceptor Festival est d’adoucir la rentrée, ce fameux « blues d’après rentrée ». Tout le monde est un peu déprimé pendant cette période. Nous proposons donc de profiter de l’été indien. Il n’y a pas de gros festivals dans notre coin, je pense clairement que les gens seront séduits par le cadre, et la programmation, notamment ces groupes qui sont en quasi-exclusivité.

Aujourd’hui, les festivals de musiques extrêmes sont confrontés à un problème d’envergure nationale, le manque de subventions et de soutien de la part des collectivités locales…

Oui, on connait ça aussi chez nous. On est confrontés à pas mal de restriction. On ne peut pas prolonger les soirées. Il y a également les riverains qui viennent se plaindre alors qu’ils ont eux-mêmes choisi d’habiter à proximité des salles. Néanmoins, la ville de Bordeaux nous a bien aidés dans notre démarche. Aujourd’hui, nous pouvons joindre Bordeaux depuis Paris en deux heures ! Et on a su tirer profit de la campagne de publicité lancée par la SNCF et la ville de Bordeaux. Le festival figure parmi la sélection officielle de la saison culturelle de la ville. Ça nous a permis de gagner en confiance. La ville nous a également donné un petit coup de pouce financier. On les en remercie vivement d’ailleurs !

Heretik est un média du Nord/Pas-de-Calais/Picardie. On ne connait pas trop la scène bordelaise… Personnellement, il n’y a que le groupe Mars Red Sky qui me vienne en tête…

Il y a également Monarch!. On les connaît bien… C’est ça qui est beau avec cette scène. Avant, par le passé, on a eu du mal à nous faire connaître. Il y a pas mal de groupes Punk, il y a même des formations de Thrash, de Stoner… Cette scène ne connaît pas le succès qu’elle devrait connaître. C’est navrant. Ce sont des activistes qui se donnent corps et âme pour que la scène existe. En retour, nous les remercions et nous les faisons jouer. C’est eux qui m’ont fait naître cette passion. Ils ne pensent pas au fric. Chez eux, c’est « la musique avant toute chose ! ». Ils savent qu’ils ne vont pas en vivre, mais ils le font avec tellement de hargne que c’est tout à fait saluable !

Tu connais des groupes nordistes ? 

Bonne question… À vrai dire, non. On a dû en recevoir, mais ma mémoire me fait clairement défaut…

Aujourd’hui, les gens se plaignent du tarif des festivals. C’est quoi votre plan à vous ? 

On avait la volonté de le rendre accessible, avec un tarif abordable. On a commencé par proposer un tarif préférentiel, 50€ les trois jours, puis 25€ la journée, sauf le jeudi (qui est une sorte de « before »). Le but étant que les gens puissent dépenser leur argent ailleurs, le mettre dans le transport. Autre argument de taille, nos bières ne coûtent pas cher.

Au fait, pourquoi avoir nommé le festival « Interceptor » ? 

C’est une référence directe à Mad Max. On y a réfléchi pendant pas mal de temps.  On voulait quelque chose qui fédère, et qui mette en avant notre attirance pour la rouille, ce côté « crust », un peu « cradingue ». On nous a proposé ça, et ça a tout de suite collé !

Un dernier mot ? 

Vivement le 5 octobre !

Les groupes à l’affiche : 

Angel Witch

Swans

Tsjuder

Dead Congregation

Ravencult

Dead Sovereign

Evil Invaders

Funeralium

Gadjet

Lust For Death

Daby Dee

Hyrgal

Fall Of Seraphs

Looking For an Answer

Hexecutor

Whoresnation

Greyfell

Entrails Massacre

Trois scènes, trois ambiances : 

– RockSchool Barbey –

18 cours Barbey / 33800 Bordeaux

– Void –

58 rue du Mirail / 33800 Bordeaux

– Place Pierre Jacques Dormoy –

3800 Bordeaux

Pour plus d’informations : http://interceptorfest.com

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