Anneke Van Giersbergen n’a jamais été aussi active depuis son départ de The Gathering en 2007. Multipliant les projets divers et variés, la chanteuse hollandaise trouve toujours un moyen de faire parler d’elle. Dorénavant, quand elle ne sera pas avec sa guitare acoustique ou n’enregistrera pas avec un musicien de renom, elle jouera désormais avec Vuur, son tout nouveau groupe de Metal progressif, qui vient juste de sortir son premier opus, In This Moment, We Are Free – Cities. Un opus que nous aurons l’honneur de découvrir ‘live’ le dimanche 3 décembre prochain à l’Aéronef de Lille.
Propos d’Anneke Van Giesbergen recueillis par Axl Meu.
La dernière fois que je t’ai vue sur scène, tu chantais avec Devin Townsend. C’était à l’occasion du Dynamo Fest à Eindhoven. Je suis malheureusement arrivé trop tard et n’ai pas assisté au concert de Vuur. C’était un des premiers concerts que tu donnais avec ton nouveau groupe, c’est ça ?
Oui ! C’était un de mes premiers concerts avec ce tout nouveau groupe. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point nous étions stressés. Notre public ne nous connaissait pas encore, nous, ni nos morceaux. Mais tout s’est très bien passé, et pas mal des personnes qui me suivent ont aimé le concert. J’étais ravie !
Il faut dire que c’était dans la poche. En Hollande, tout le monde te connaît ! C’est ton pays, ton public en fin de compte !
Oui… Mais tu sais, des moments, ils sont un peu plus durs, un peu plus critiques vu que je suis « l’enfant du pays ». Heureusement, je suis chanceuse, tout s’est bien passé !
Cet été, lors des tournées estivales, quand tu croisais la route de Devin Townsend, tu te permettais de le rejoindre sur scène… Est-ce que tu peux revenir sur cette expérience ?
C’est toujours un réel plaisir de monter sur scène avec lui et c’est quelque chose que je fais régulièrement. Nous faisons ça de manière très spontanée, rien n’est calculé d’avance. Quand il était de passage en Hollande, on s’est appelés et on a mis ça en place. Quand je ne suis pas en tournée et qu’il est dans la place, on s’appelle et on s’accorde pour faire le show. Pour cette tournée estivale, nous n’avions que trois/quatre festivals où nous nous produisions le même jour…
Avec Vuur, tu sembles être revenue à tes fondamentaux… Tu y distilles des sonorités plus lourdes, plus Metal !
Tu sais, j’ai toujours plus ou moins été dans le Metal. J’ai participé à de nombreux « projets » Metal comme Ayreon, The Gentle Storm et aux albums de Devin Townsend. Quand nous avons travaillé avec The Gentle Storm, nous avons formé un groupe pour partir en tournée. J’ai toujours adoré les gars qui nous accompagnaient. Quand j’ai voulu par la suite enregistrer un album plus « Heavy », j’ai tout de suite pensé à eux. Je me suis alors dit : « Si tu veux le faire, il faut que ça soit avec ces gars-là ».
Pourquoi n’as-tu pas tout simplement choisi de continuer sous le patronyme d’Anneke Van Giersbergen ?
Je vois où tu veux en venir. C’est un album solo… Et j’ai été impliquée dans beaucoup de projets ces dix dernières années. J’ai rencontré du monde, j’ai sorti énormément d’albums. C’est mon truc, j’aime ça. Il fut un temps où j’avais trois projets en cours de réalisation, et ce, en même temps. Mais quand je bossais sur Vuur, quand je cherchais à rassembler mes musiciens et quand j’y suis parvenu, je me suis rendue compte qu’il était plus judicieux pour moi de créer un groupe. Par la suite, tout ce que je ferai de plus « Heavy » sera sous le nom de Vuur, tandis que je garderai le nom d’Anneke Van Giersbergen pour le reste. Ça sera plus clair pour tout le monde !
Tu as donc sorti ce nouvel album. Il a pour nom In This Moment We Are Free – Cities. Quelle est la symbolique de ce titre ?
Tu sais, nous vivons dans un monde où il se passe autant de choses horribles que de choses belles. La Vie est une dualité, de même pour la Nature, au sein de notre société. Je pense que l’on retrouve toutes ces dualités dans la Ville, et elles sont associées à ce milieu. C’est pour cette raison que mon album a un lien avec ces villes. Toutes les villes ont une histoire particulière à partager.
Il y a donc plusieurs villes qui sont représentées dans cet album. Tu en as sélectionné onze, elles sont toutes représentées par un morceau. Mais j’imagine que tu as dû faire un choix. Quels étaient tes critères de sélection ?
J’ai sélectionné celles que je préférais, tout simplement. Tu sais, au cours de ma carrière, je suis allée visiter de nombreux lieux. Il y a encore énormément de villes sur lesquelles j’aimerais écrire… Leurs environnements m’inspirent beaucoup !
Tu t’inspires donc de l’atmosphère qui s’en dégage pour écrire ?
Oui. Quand tu tournes sans cesse, ce n’est pas comme si tu étais en vacances, loin de là. Quand tu tournes, tu changes de pays tous les jours et ainsi tu ressens une énergie différente à chaque fois ! On ressent vite la différence qu’il y a entre chaque ville.
Une part de la mentalité du public, selon les villes, a trouvé sa place dans l’album, j’imagine, non ?
Pas nécessairement. Certes, nous allons toujours à la rencontre de notre public où que nous soyons. Mais c’est surtout les villes qui permettent de nous les figurer. Ces villes sont pleines de culture, et toutes les sociétés sont différentes. Elles ont une histoire différente à partager, c’est de là que je tire mon inspiration… Quand tu te ballades à Paris, tu peux vite deviner ce que ces gens-là aiment dans la vie de tous les jours.
Tu me parles de la conception de l’album… Il faut savoir que ton producteur, Joost Van Der Broek, t’a pas mal aidée sur la conception de l’album !
Oui, on l’a composé ensemble. Mark Holcomb (Periphery), Esa Holopainen (Amorphis) et Daniel Cardoso (Anathema) nous ont également aidés lors de sa conception. Je suis très satisfaite de ces échanges et de notre façon de procéder. Ça a marché du tonnerre !
Tout ce beau monde t’a proposé quelques idées de riffs, mais est-ce qu’ils interviennent dans l’album ?
Non. C’est le groupe qui a enregistré l’album !
Chaque morceau dégage une énergie particulière, très positive. Pourtant, tu m’expliquais tout à l’heure que rien n’allait dans la société actuelle. Je pense notamment à tous ces attentats…
Oui… Aujourd’hui, l’humanité est capable du meilleur comme du pire. Tu sais, cette violence, et ces gens qui perdent la tête. Il y a toujours des enjeux politiques et financiers derrière tout ça. Mais les gens ne se laissent pas faire et continuent de vivre quoi qu’il arrive. C’est un message très fort qu’ils nous envoient ! Bien sûr, quand nous avons écrit ce titre sur Paris, nous avons directement pensé au Bataclan. Mais cette épreuve a réuni les gens. Malgré tout cela, il y a quand même du positif à tirer de cela. Les gens se sont entraidés. Il faut se concentrer sur ces belles choses et se focaliser sur la lumière.
In This Moment We Are Free – Cities comporte des morceaux qui sont plus agressifs que d’autres. Je pense notamment à ce titre « Days Go By – London »…
J’en avais discuté avec Joost. Notre projet était de faire un album énergique, qui ne contienne pas trop de moments d’accalmie. Ce n’était pas le but ici… Quand nous avons commencé à composer les morceaux, ils prenaient une tournure plus « Metal Prog ». Concernant « Days Go By – London », il est vrai qu’il est peut-être le plus vif de l’album. Il entretient un rapport direct avec les incendies qu’a connus la ville de Londres en 1666. Les paroles ont un rapport avec le feu…
Drôle de coïncidence, Vuur veut dire « feu » en hollandais…
Oui ! C’est une drôle de coïncidence ! (rires)
Tu vas bientôt repartir en tournée avec Vuur. Ton groupe et toi allez accompagner Epica et Myrath ! Tu feras même escale à Lille (le 3 novembre prochain à l’Aéronef, NDLR) ! Tu sais que les fans Lillois t’attendent de pied ferme !
J’adore venir me produire en France, et surtout à Lille. Je garde de bons souvenirs de cette salle, tu sais, Le Splendid. C’est un vieux théâtre, il y a une belle énergie qui s’en dégage. Ce qui est formidable quand je viens jouer en France, c’est que je suis sûre de bien manger. Je suis donc très heureuse de revenir à Lille, à l’Aéronef cette cette fois-ci, pour y présenter mes nouveaux morceaux !
C’est le management d’Epica qui t’a proposé d’accompagner le groupe ?
Tu sais, nous sommes de la même nationalité et de bons amis ! On se prend des nouvelles régulièrement et on avait même comme projet de tourner ensemble bien avant Vuur. Malheureusement, nous n’étions pas disponibles au même moment. Mais le temps a fini par passer, et il se trouve que la sortie du nouvel album de Vuur coïncidait avec la tournée d’Epica !
Tu ne vas jouer que 30 minutes aussi…
35 minutes pour être précise ! Mais je serai en tête d’affiche le 7 décembre prochain au Trabendo (Paris) ! Une belle date en perspective !
Rassure-moi, Vuur n’est pas un « one-shot », il y aura d’autres albums qui vont suivre…
Oui ! Ce n’est pas un projet éphémère. Nous sommes là pour rester. Comme je t’ai dit, je continuerai mes activités « Metal » avec Vuur et garderai mes musiciens, car ils sont tout simplement géniaux. D’ailleurs, j’ai déjà commencé à écrire quelques titres pour le prochain album !
Parlons un peu de The Gathering à présent ! J’aimerais savoir ce que tu penses de la compilation Blueprints qui a été réalisée cette année. Elle contient quelques vieux enregistrements, des démos…
Je trouve ça intéressant ! Les fans adorent, et moi, ça me permet de me remettre en mémoire de très bons souvenirs ! Je me souvenais des endroits où nous étions quand nous avions composé tel ou tel titres.
Je te laisse le mot de la fin !
Merci beaucoup ! On se voit à Lille !
Discographie :
In This Moment We Are Free – Cities (2017)
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