Première escapade de la saison à l’Aéronef pour la rédaction d’Heretik Magazine, et pas des moindres, puisqu’Anathema fait son grand retour dans la région pour y promouvoir son dernier album, The Optimist. Surprise, ce sont nos compatriotes d’Alcest qui ont été conviés à la tournée. Une opportunité saisie, qui aura permis d’initier les fans de Rock Prog’ au Shoegaze des Français. Quoi qu’il en soit, l’affiche, pas si éclectique que ça, en fin compte, aura permis de réunir plusieurs générations de mélomanes, en partant des plus jeunes aux plus avertis, des générations qui ne partagent peut-être pas le même engouement pour les deux groupes présents à l’affiche.
Il est 19 heures quand la rédaction investit les abords d’Euralille et son Aéronef. Mais le public ne semble pas motivé ! Il n’y a pas foule ! La salle n’est pas comble, et les fans de Rock semblent prendre leur temps. Il faut attendre une bonne demi-heure pour voir le public pointer le bout de nez, juste avant le début du concert d’Alcest.
Est-il encore nécessaire de présenter Alcest et sa musique ? Aujourd’hui, Neige (chant, guitare) est une figure incontournable du Post/Black Metal, plus couramment dénommé par le terme « Shoegazing », un sous genre du Rock Alternatif. Pas la peine de se perdre dans ces dénominations quelque peu superficielles ! Alcest est un concept à lui tout seul et impose une philosophie de vie propre par l’intermédiaire de sa musique : la quiétude, l’ésotérisme, le voyage de l’âme, l’onirisme et surtout l’émotion. Peut-être qu’il est là le rapport avec Anathema.
Alors quand Alcest entre sur scène, les avis se bousculent et les non-initiés ne comprennent pas forcément ce qui se passe. Les quatre musiciens déversent une musique pleine de mélancolie qui demande beaucoup d’attention pour être assimiler comme il se doit. Naturellement, le groupe embraie son show avec le titre éponyme de son dernier méfait Kodama et continue de nous déverser un torrent d’émotion par l’intermédiaire des titres « Oiseaux de Proie », « Autre Temps », « Eclosion » et « Delivrance ». Et là, c’est le frisson !
Alors, impossible de ne pas s’immerger dans l’univers bucolique d’Alcest, où se côtoient sublime, grotesque, lyrisme et autres thématiques littéraires. Car, quand Neige branche sa lyre des temps modernes, il en ressort les plus belles mélodies, celles capables de charmer toute une audience. Ses cris évoquent à la fois une puissance et une tranquillité d’esprit qui dépaysent, et qui font rêver.
Une mise en scène presque sommaire, mais une expressivité sans précédent pour un groupe qui fait dans le minimalisme scénique… Neige va à l’essentiel, prend des petites pauses, reste naturel et n’hésite pas à remercier ses fans lillois ainsi qu’Anathema pour l’avoir convié sur cette tournée de deux mois. Il finit par expliquer en toute humilité que sa dernière date à Lille remonte à la Chimère (en 2011, NDLR) et qu’il ne s’attendait pas à se retrouver propulsé à l’Aéronef quelques années après. La simplicité d’esprit pour une musique, pas si simple à aborder pour finir.
Néanmoins, le concert, bien qu’il soit excellent, est loin de satisfaire tous les fans du combo britannique qui trouvent le temps long. Il faut dire qu’Alcest n’est pas une première partie comme les autres. Traitement de faveur ou pas, Daniel Cavanagh et le management d’Anathema ont laissé Alcest se produire pendant une heure, permettant à Neige de faire découvrir toute l’étendue de son art. Le tout demande une ouverture d’esprit, une quiétude d’esprit. La rédaction a adoré.
Avec Anathema, on nourrit l’espoir de se prendre une nouvelle claque, non pas parce que ça joue vite et que les tempos ne laissent aucun répit aux spectateurs. Non, ce genre de claque quand tu éprouves frisson sur frisson tant la qualité du show frôle la perfection… Ce qui fut le cas avec Anathema ce soir-là, à l’Aéronef de Lille. Et ce n’est pas pour rien que The Optimist a été nommé meilleur album de Prog Rock de l’année par le magazine britannique Prog. Il condense à lui tout seul l’essence du genre : des mélodies gracieuses et surtout un morceau d’âme à chaque mouvement…
Chaque spectacle d’Anathema est unique. Les musiciens cependant restent fidèles à eux-mêmes, authentiques et au contact d’un public – vraiment enthousiaste à l’idée de revoir le groupe. Quiconque ne connaît pas le groupe dans ses moindres détails est même susceptible de passer un agréable moment. Pourquoi ? Dès que les lumières s’éteignent et que le rétroprojecteur se met en marche, on se retrouve entraînés dans un autre monde, et Anathema se fait le guide de nos plus belles escapades mentales. Alors, même si la mise en scène ne sort pas de l’ordinaire, les morceaux eux, très Pop dans l’âme dégagent une atmosphère particulière et réchauffent les cœurs des plus téméraires sur « Untouchable, Part 1 » et « The Lost Song, Part 1 ». Il fait vraiment chaud, et pourtant, le concert n’est qu’à son début.
Car Anathema a délivré un concert très copieux ce jeudi. Pas loin de 2 heures de musique progressive teintée de guitares chaleureuses et expressives. Daniel Cavanagh joue les fines bouches, et laisse son frère, Vincent Cavanagh, l’accompagner et se charger du reste. L’émotion, ni plus, ni moins, et un nouvel album défendu comme il se doit avec pas moins cinq titres « Can’t Let Go », « Endless Ways », « San Francisco », « The Optimist » et « Springfield » en toute fin de gig.
Les berceuses rythment le concert, Vincent Cavanagh et Lee Douglas (épisodiquement présente sur scène) poussent la chansonnette de la manière la plus raffinée possible et dégagent un sentiment de plénitude par l’intermédiaire de leur souffle, notamment sur le titre « The Beginning And The End » et « The Lost Song, Part 1 » mis en phase par un clavier lunatique, « performé » par le chanteur guitariste.
Mais les choses ne se passent pas forcément comme prévu pour les Britanniques, notamment pour le guitariste soliste, Daniel Cavanagh, qui souffre du dos, faisant perdre ainsi pas mal de temps. Cependant ses interventions, souvent décalées, amusent la galerie et les fans qui n’ont d’yeux que pour lui. Quelques interlocutions ironiques et une chaise lui auront permis de reprendre le concert… Le guitariste tient le coup, mais semble vraiment être mal en point. Dans la douleur, il nous offre toutefois de très bons moments, notamment ces arpèges sur « The Lightning Song » et cette improvisation finale de « Shine On You Crazy Diamond » (Pink Floyd) avant d’embrayer sur l’ultime « Fragile Dreams ».
Plus on approche du terme de ce concert, plus le concert gagne en intensité, notamment lors du rappel, ce très long rappel, au cours duquel le groupe a surpris le public en interprétant « Distant Satellites » (marqué par un bel interlude de batterie entre Vincent Cavanagh et Daniel Cardoso), « Deep », « One Last Goodbye », puis « Springfield » et « Fragile Dreams ». Cinq rappels précédés par la concertation des membres, qui ne veulent pas quitter la scène. Ils continuent de promettre encore plus de morceaux, et s’expriment, surtout Daniel. Dans la douleur, il nous annonce qu’il fêtait son anniversaire le lendemain, et nous fait part de son attachement pour la France. Le groupe a d’ailleurs joué au Bataclan la veille, et Daniel ne manque pas de rendre hommage à ses victimes.
Bref, nous étions peut-être loin, loin, loin de nos styles de prédilection avec Anathema, mais il nous faut avouer que le Rock atmosphérique des Britanniques nous a transportés, loin, loin, loin. Qui a dit qu’un Webzine hérétique ne pouvait pas être bercé par de douces et pieuses mélodies ? On reviendra !
Crédit photos : Cédric « Slaytanic » Cambien
Bonsoir Axl, j’adore ton report, mais je crois qu’il y a erreur sur le batteur, John Douglas a arrêté la tournée le 4 après le Bataclan, c’était Daniel Cardoso pour distant satellites 🙂