Parfois, on manque d’inspiration, on sèche quand il nous faut préparer une interview, ce qui ne fut pas le cas pour Dreamcatcher. En effet, en plus de délivrer une musique qui ravira aussi bien que les fans old school que les néophytes sur Blood On The Show, le groupe y aborde des thématiques qui lui sont propres etr auxquelles il est terriblement attaché. Nous sommes donc revenus sur la conception de l’album, avec Chris, le père de l’entreprise « Dreamcatcher ». 

Propos de Chris recueillis par Axl Meu.


Salut ! Comment te portes-tu à une semaine de la release party de Blood On The Snow ? 

Chris : Salut ! Je suis en pleine forme et surtout impatient de défendre ce nouvel album sur scène et de faire la fête avec mes amis !

Cette release party se déroulera au Dr Feelgood les Halles… C’est un peu le passage obligé quand on va à Paris. Néanmoins, n’avez-vous pas peur de la concurrence pour cette soirée ? 

On ne réfléchit pas en termes de concurrence. Si tu commences à penser à ça, tu deviens fou et tu n’organises plus rien… À Paris, l’offre en concerts Metal est telle que tu peux quasiment assister à un concert chaque jour de la semaine. Il se peut que tu aies le choix entre plusieurs concerts le même jour… La date est annoncée depuis un moment. Ça fait six mois qu’on n’a pas joué sur Paris, et comme je te le disais, ça sera l’occasion de passer une belle soirée avec notre public au Dr Feelgood.

D’ailleurs, c’est là que vous avez passé votre journée à promouvoir ce disque ! 

Oui. Le lieu est devenu incontournable. Nous avons été impressionnés quand nous avons vu le planning promo… C’était plein comme un œuf de dix heures du matin à dix heures du soir. Nous n’avons eu que dix minutes pour manger le midi ! Beaucoup de journalistes ont répondu à l’appel et se sont montrés intéressés par l’album et voulaient en discuter avec nous. C’est encourageant !

Parlons à présent de l’album, Blood On The Snow. La pochette illustre un « attrapeur de rêves » et l’introduction de l’album fait relativement penser au peuple indien avec cette partie de batterie. Était-ce intentionnel ? 

Totalement. Je suis un passionné de culture amérindienne. J’ai formé le groupe en 2001 et lorsqu’il s’est agit de trouver un nom pour ce nouveau projet, c’est celui de Dreamcatcher qui s’est imposé naturellement. Le titre de l’album et la chanson éponyme sont fortement ancrés dans cette culture. Lorsque j’ai présenté le texte de cette chanson aux autres membres du groupe, Nico, notre batteur a eu l’idée de cette introduction avec des tambours amérindiens. Ça collait parfaitement aux paroles et à l’ambiance que nous voulions donner à ce morceau. L’artwork de la pochette est le résultat d’une co-création entre la photographe/graphiste Chloé Bazaud Garrel et nous. Si nous avons choisi une photo plutôt qu’un dessin, c’était pour rester dans l’esprit des premières photos d’Amérindiens de la fin du XIXème siècle.

Pourquoi cette fascination pour cette culture et cet objet qu’est l’attrape-rêve ? On imagine que Blood On The Snow est directement lié au destin tragique de cette civilisation… 

Certains groupes de Metal utilisent des symboles violents, maléfiques ou à connotation épique. Ce n’est pas notre démarche. L’attrape-rêve est un objet bienfaisant et protecteur. J’aime cette idée d’un objet qui, comme le raconte la légende, filtre les bons et les mauvais rêves. Tu l’auras compris, j’ai énormément de respect pour tout ce qui concerne les Amérindiens et à titre personnel, c’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur.  Sur l’album, nous traitons ce sujet de trois manières différentes. Tout d’abord l’aspect historique avec « Blood On The Snow », qui est le récit du massacre par le Septième de cavalerie des Sioux Lakota à Wounded Knee en 1890. Ensuite, le disque aborde le respect de la terre tel que l’enseigne la sagesse amérindienne avec « Mother Earth »… Et enfin l’aspect symbolique du titre « Dreamcatcher » évoque les difficultés que rencontrent les Amérindiens d’aujourd’hui pour s’intégrer dans la culture nord-américaine tout en conservant leurs croyances et leurs coutumes ancestrales.

Je ne connaissais pas votre groupe avant que l’on ne m’envoie l’album. J’y ai pu découvrir une formation qui est clairement liée avec ce vieux Heavy/Thrash old school, un peu à la Iced Earth…

J’ai découvert Iced Earth en 1995 avec l’album The Dark Saga. J’ai tout de suite accroché à cette musique qui allie la mélodie d’un Iron Maiden à la puissance des groupes Thrash de la Bay-Area. Depuis, je guette avec impatience chaque sortie d’un nouvel album et je vais les voir en concert dès que j’en ai l’occasion. J’apprécie également la manière dont Jon Schaffer a su créer un style de guitare si caractéristique et sa détermination pour imposer son groupe et maintenir le cap contre vents et marées. Malgré ses problèmes de santé, les nombreux changements de line-up, il est toujours là. Leur dernier album Incorruptible est d’ailleurs excellent !

C’est moi ou il y a un gros clin d’œil à Ozzy Osbourne sur le titre « Curse Of The Vampires » ? 

Oui ! Je suis content que tu l’aies remarqué ! L’éclat de rire au début du morceau est bien en effet un clin d’œil au Madman. Et la comparaison ne s’arrête pas là puisque « Bark At The Moon » et le titre précédent « The Werewolf » partagent la même source d’inspiration, à savoir le mythe du loup garou. Mais pour en revenir à « Curse Of The Vampires », c’est, tout comme « The Werewolf », une référence aux films de la Hammer. Cette société de production britannique a totalement renouvelé le genre des films d’épouvante à la fin des années 50 et dans les années 60 grâce à l’apport de la couleur et d’une atmosphère gothique très particulière. Elle a redonné une seconde vie aux créatures légendaires telles que Dracula ou Frankenstein. Cet album comporte trois chansons qui sont liées par un même concept, la mythologie des monstres dans la littérature et les films fantastiques. « The Werewolf », « Curse of The Vampire » et « Dark Is My Soul » forment ainsi le triptyque horrifique de l’album.

Oui, horrifique, comme Black Sabbath, et d’ailleurs l’influence de Black Sabbath est également présente. Les riffs, quand ils ne sont pas dopés à la Red Bull, se veulent particulièrement lourds…

En effet, ces atmosphères sombres et pesantes font partie de l’ADN de Dreamcatcher. Geoff, l’un de nos deux guitaristes, adore composer ce type de longues pièces aux ambiances lourdes et épiques et ça colle parfaitement avec les paroles que j’écris. On s’inspire les uns les autres en quelque sorte. Dans nos chansons, on souhaite raconter des histoires où la musique et les paroles sont étroitement liées et font progresser le récit. Ces éléments étaient déjà là sur Emerging From The Shadows, notre premier album, avec par exemple un titre comme « The Soul Can’t Rest ». On a juste poussé le bouchon un peu plus loin sur ce nouvel album.

Souvent, avec un premier album, on se découvre, et on fait parfois pas mal d’erreurs. Qu’avez-vous tiré de l’ère « Emerging From The Shadows » ? 

Je reste très fier des morceaux de ce premier album, vraiment. Sur Blood On The Snow, on a composé en étant vraiment à l’écoute des uns et des autres. Même si ce nouvel album présente différentes facettes du groupe, il y a peut être plus d’unité que le précédent. On a beaucoup bossé sur le son des guitares et sur la voix. On a joué sur les tonalités. On a progressé également dans les techniques d’enregistrement.

L’enregistrement s’est déroulé aux côtés d’Axel Wursthron au Walnut Groove Studio…

Exactement, ça a été une belle rencontre. Ça a fonctionné super bien entre nous. On parle le même langage. Il a tout compris à Dreamcatcher. On est vraiment très contents du boulot qu’il a effectué sur cet album.

Vous avez un nouveau bassiste, Vincent. Il officie également au sein de Wormfood. Il avait également enregistré le dernier Wormfood chez Axel… 

Vincent est un ami de longue date et un super bassiste. Quand la place de bassiste est devenue vacante, c’est tout naturellement que j’ai fait appel à lui. C’est lui qui nous a présentés à Axel. Il ne tarissait pas d’éloges sur son travail. Il avait raison et ça s’entend !

Aujourd’hui, c’est Replica Promotion qui gère votre promotion, mais vous n’avez signé sur aucun label. Pourquoi ? 

Parce qu’on pense qu’aujourd’hui un groupe comme Dreamcatcher peut tout à fait s’en sortir en distribuant sa musique sur internet. On vend également pas mal à nos concerts et on s’appuie sur un réseau de magasins locaux et indépendants pour distribuer le nouvel album.

Tu trouves que les labels ne prennent plus de risques aujourd’hui ? 

Cette situation n’est pas récente. De nos jours une grosse partie des albums et des tournées sont autofinancés par les groupes. Les labels ne prennent que rarement des risques et cherchent à rentabiliser leur investissement sur le court terme. Ça ne s’est pas arrangé avec le désintérêt progressif du consommateur pour le support physique au profit du téléchargement. Du coup, la taille des rayons Metal des grandes surfaces diminue alors qu’étrangement l’offre en nouveaux groupes et nouveaux albums continue à être toujours aussi forte. Ca devient compliqué pour tout le monde et personne n’est épargné.

Le titre qui a fait l’objet d’une lyrics video est celui qui ouvre l’album. Pourquoi n’avoir pas choisi de réaliser un vrai clip ? 

Cette lyrics video avait avant tout pour but de donner un avant-goût du nouvel album pour patienter avant sa sortie. Rassure-toi, le tournage d’un clip est bien prévu. Il arrivera dans un second temps.

Parlons « live » à présent ! Qu’avez-vous de prévu pour la suite ? 

Il y aura donc déjà la release party au Dr Feelgood Les Halles à Paris le 21 octobre avec Bömberhead de notre ami Speedos également batteur chez Thrashback, puis une date avec les Anglais de Seven Sisters et nos potes de Silverstage au Candy Shop à Paris le 12 novembre. On finira 2017 avec un concert au Barde Atomique à Equevilly (78) le 09 décembre avec Mentalist un trio Thrash Metal instrumental prometteur. On travaille actuellement sur d’autres dates en 2018, en France et à l’étranger.

Passerez-vous dans le nord de la France ?

On aimerait bien ! On avait joué à Compiègne et à Gondecourt pour le précédent album et ça s’était super bien passé. On y travaille.

Connaissez-vous des groupes du Nord ? 

Malédiction avait marqué de son empreinte la scène nordiste et nationale dans les années 90.  En Picardie vous avez Irminsul qui porte haut les couleurs du Metal français. On a joué avec Thorgen, également, un super groupe.

Le dernier mot est le tien ! 

Merci beaucoup à toi pour cette interview. Elle m’a permis notamment d’évoquer dans le détail les textes et les thèmes que nous abordons sur Blood On The Snow. Personnellement, j’y attache beaucoup d’importance.  Nous sommes très  fiers de ce nouvel album et nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l’écouter que nous en avons eu à le réaliser !


Dreamcatcher, c’est : 
Chris : Chant
Geoff : Guitare 
Djo : Guitare
Vincent : Basse  
Nico: Batterie
Discographie : 
Emerging From The Shadows (2012)
Blood On The Snow (2017)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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