C’est à l’occasion du dixième anniversaire du festival Du Metal A La Campagne que nous sommes allés à la rencontre des membres de Mercyless, présent à l’affiche, afin de revenir sur la sortie du très acclamé, Pathetic Divinity. C’est donc autour d’un bon digestif et de quelques cacahuètes que nous abordons quelques sujets aussi sérieux que délicats avec Max Otero, le boss de Mercyless…

Propos de Max Otero recueillis par Axl Meu et Hyacinthe Gomérieux.


Ça fait vraiment du bien de vous revoir dans la région ! Vos performances chez nous restent très rares ! Je pense notamment à la fermeture du El Diablo qui vous avait empêchés de revenir cette année… Comment expliques-tu que Mercyless soit si rare chez nous ? 

Ce n’est pas une volonté de notre part. Il y a des années où nous sommes plus présents. Néanmoins, notre dernière performance dans le Nord datait d’avril 2016. C’était à l’occasion d’un concert programmé au Bistrot de St So à Lille. Il n’y avait que des groupes du label Kaotoxin à l’affiche… The Lumberjack Feedback, Otargos, et c’était gratuit ! On y a passé un excellent moment !

Il y avait Mass Hysteria le même soir à Lille et pourtant, même si le Splendid était complet, cela n’a pas joué en votre défaveur ! C’était archi-blindé ! 

Oui ! Beaucoup de monde s’y était rendu. Quel bon souvenir !

Ça fait maintenant un an que Pathetic Divinity est sorti. L’album a bien circulé. On imagine que tu es satisfait de l’accueil que tes fans lui ont réservé ! 

On peut toujours faire mieux ! Mais concernant cet album, on ne s’attendait pas à recevoir tant d’éloges. Pathetic Divinity est le deuxième album que nous avions sorti après notre pause. Il s’inscrit dans la suite logique d’Unholy Black Splendor, qui lui était le premier album que l’on enregistrait en plus de dix ans.

Vous avez collaboré avec Phil Reinhalter (Psykron Studio) pour ce nouvel album. C’était la première fois !

Ça faisait pas mal de temps que je le connaissais. Avant, j’étais juste en contact avec lui. Nous avions déjà partagé quelques dates ensemble avec Forlorn Emotion dans les années 90. On s’est retrouvés par hasard. C’était avant qu’il ne reforme Putrid Offal. Quand il m’a annoncé que le groupe allait sortir un album, je les ai guidés vers Nicolas Williart de Kaotoxin.

C’est toi qui es à l’origine de cette signature ? 

Oui, plus ou moins. Suite à mes conseils, il m’a appelé le lendemain pour me dire que c’était bon. Mature Necropsy est donc sorti via Kaotoxin dans les quelques mois qui ont suivi. On se connaît très bien musicalement parlant. On a pas mal de points communs. Ça fonctionne bien.

Frédéric Motte a masterisé l’album…

Voilà… Lui, c’est un peu comme la dernière pièce manquante du puzzle quand tu enregistres un album en France. Il nous a mastérisés, et a travaillé en étroite relation avec Phil Reinhalter. Pathetic Divinity est le fruit d’un sacré travail d’équipe pour finir.

C’est le premier album que tu sortais via Kaotoxin juste avant que Nico ne rencontre ses problèmes de santé…

Ça faisait longtemps qu’on était en discussion. Je le regardais de loin et je ne l’avais jamais approché. Il est venu vers moi pour me dire qu’il voulait rééditer les anciens albums de Mercyless. Je me suis donc renseigné sur la personne et sur ses motivations. Tous les retours étaient unanimes. Nico fournit le même travail que les grosses majors. Certes, il n’a pas les moyens qui vont avec, mais il fait preuve d’une extrême rigueur.

Ce qui était intéressant avec ce label, c’est qu’il ne se limitait pas seulement à l’album en lui-même. Kaotoxin parvenait à sortir du lot en proposant des vrais coffrets.

Oui ! C’est ça aussi qui m’a convaincu. Je lui ai expliqué que je voulais faire quelque chose de grand pour les trente ans de Mercyless. Tu sais, le genre de produits qui tient la route. Il était tout simplement emballé par mon projet. Nico a donc mis la main à la pâte pour faire quelque chose de très sympathique. Franchement, je ne pense pas que d’autres labels auraient pris le risque de faire ça.

Ces fameux coffrets extrêmement limités sont partis comme des petits pains. Il faut dire qu’ils n’étaient pas très chers ! 

Oui… Il n’a été tiré qu’à 100 exemplaires. On est également satisfaits de la promotion qu’a assurée le label. Nico est en étroite relation avec Replica Promotion. Ça faisait au moins vingt ans que je n’avais pas travaillé avec une boîte de promotion aussi sérieuse.

Pour promouvoir Pathetic Divinity, Mercyless est parti en tournée avec Putrid Offal, puis cette année avec Savage Annihilation et Avulsed. Avec Putrid Offal, vous étiez passés par l’Espagne. J’ai entendu dire que vous étiez allés de surprise en surprise…

On a beaucoup roulé ! Il y a eu une salle qui a annulé notre date sans nous prévenir. C’était à Bilbao. Le mec nous a alors sorti qu’il avait reprogrammé la date dans un squat ! En fin de compte, c’était une soirée de dingue, il y a avait pas mal de monde, et j’y ai fêté mon anniversaire comme il se doit. Comme quoi, par moments, il n’en faut pas plus pour passer une excellente soirée ! Les Metalheads qui sont venus nous voir étaient des connaisseurs, ils savaient très bien à quoi ils avaient affaire !

On m’a parlé de la réédition de votre deuxième album, Coloured Funeral. C’est pour quand alors ? 

La sortie est prévue pour fin octobre, début novembre. Il sortira via Xenokorp (le nouveau label de Nicolas Williart, NDLR).

Je me demande bien ce qu’il vous prend à tous, groupes issus des 90’s, à vouloir rééditer tous vos albums. Je pense notamment à Loudblast, Agressor et vous ! C’était quoi votre projet ? 

(Parlant de Coloured Funeral) Il n’était pas question de rééditer l’album en CD au départ. On voulait juste l’éditer en vinyle, ce qui n’avait pas été fait à l’époque. Nico a encore vu les choses en grand… Je voulais juste l’éditer en vinyle ! Ça a mis un temps fou pour se mettre en place puisqu’il a fallu racheter la musique à Century Media, notre label de l’époque. Il ne cède pas un album facilement là-bas ! (rires) On a le droit d’exploiter le contenu deux ans, et après il redevient le leur. Tu sais, on ne jamais ce qu’un label comme lui serait capable de faire avec notre musique.

C’est Listenable Records qui est en train de rééditer pas mal d’albums en ce moment…

Oui, j’ai vu ça ! Incantation, Malevolent Creation, Immolation… Tout le monde va y passer.

C’est dû au fait que personne n’arrive à trouver les albums, tu crois ? 

Je pense que c’est surtout dû au fait qu’à l’époque, c’était essentiellement du petit tirage, et pas forcément de qualité. Aujourd’hui, la qualité est nettement supérieure, notamment en termes de pochette.

Que ce Coloured Funeral 2.0. contiendra-t-il en plus ? 

Il y aura l’album remasterisé, quelques pistes « live » et un morceau de l’album enregistré avec le line-up actuel !

Y aura-t-il un coffret ? 

Non ! Ce ne sera qu’une version en digipack.

L’album sortira donc via Xenokorp. Le tout nouveau label de Nico de Kaotoxin. C’est quand même assez surprenant qu’il veuille tout reprendre tout depuis le début. C’est une sacrée entreprise de fonder un tout nouveau label à partir des cendres d’un autre.

Oui, Nico est vraiment reparti de zéro. Je pensais tout simplement qu’il n’allait pas reprendre ses activités…

La situation devait clairement être délicate. Dès que Kaotoxin a commencé à rencontrer des problèmes, les groupes ont commencé à partir voir ailleurs. De même pour les commandes non-délivrées à temps, on pouvait voir sur les réseaux sociaux que les gens n’étaient pas forcément tendres…

À l’époque, on n’avait pas le choix. L’album était dans les bacs, et nous étions en pleine promo de l’album. Il fallait juste envoyer quelques commandes. On ne pouvait pas aller voir ailleurs. Ça n’aurait eu aucun intérêt.

Nous parlons de musique, certes, mais il n’y a pas que les rééditions que les fans achètent. Il y a également les t-shirts. Vous avez réédité via Valour Music des t-shirts. D’ailleurs, ils ne sont pas même pas encore arrivés ! Je ne comprends pas ! 

On en parlera, car ces Indonésiens n’ont pas été très honnêtes. Agressor aussi l’a fait. En fait, c’est extrêmement délicat, car ces Indonésiens ne sortent que quelques modèles pour le groupe, et une poignée d’autres, et c’est tout. Il n’y a en pas beaucoup, j’en aurais quelques-uns un pour moi, c’est tout. Je ne les ai toujours pas reçus. Je lui ai envoyé un message il y a quelques jours, car il y a des personnes qui commencent à réclamer leur t-shirt. Que tu sois Philippins ou pas, tu as une commande, c’est tout, tu dois envoyer le t-shirt. J’espère que tout se passera bien. Si je ne suis pas satisfait de leur travail, je pense m’en occuper personnellement. J’ai les fichiers, je peux très bien faire les t-shirts moi-même.

Mercyless a donc fêté ses trente ans dernièrement. vous avez fêté ça comment du coup ?

On a fêté ça chez nous en avril dernier. C’était super. Il y avait Post-Mortem, et des petits groupes locaux. On ne voulait pas trop en faire. On a retrouvé pas mal d’amis.

Mercyless a du mal à trouver des dates aujourd’hui ? 

Il faut cravacher, même plus que les autres. On doit souvent se débrouiller par nous-mêmes. C’est pas évident. On arrive à s’en sortir. Il y a Nao Noise qui nous donne un sacré coup de main dans la région !

Vous vous êtes produits au Hellfest en 2014, mais jamais au Motocultor ! 

On ne nous a jamais répondu… On espère que ça se concrétisera l’année prochaine !

Mercyless, c’est : 

Max Otero : Guitare & Chant

Laurent Michalak : Batterie

Matthieu Merklen : Basse

Gautier Merklen : Guitare

Discographie :

Abject Offerings (1992)

Coloured Funeral (1993)

C.O.L.D. (1996, 1999)

Sure To Be Pure (2000)

Unholy Black Splendor (2013)

Pathetic Divinity (2016)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.