C’est à l’occasion du passage de Malemort au Biplan ce samedi que nous sommes allés causer avec Xavier, le frontman du groupe. Et il était temps que Malemort revienne dans le Nord ! Après avoir marqué les esprits au Raismes Fest l’année dernière, le groupe compte bien réitérer cet exploit en se confrontant au public lillois, et ce, en interprétant quelques pépites issues de Ball Trap, son dernier album en date !
Propos de Xavier (chant) recueillis par Axl Meu.
Tu reviens de ton concert avec 6:33 et Acyl. C’était comment ?
Grosse soirée ! La salle était blindée. Nous avions déjà rempli le Divan du Monde à Paris avec la même affiche. Acyl et 6:33 sont deux groupes que nous aimons beaucoup, qui ont eux aussi une notion large du Metal et une musique personnelle. Il faut croire que le public aussi aime la diversité de nos trois groupes.
La rédaction d’Heretik avait chroniqué Ball Trap à sa sortie, l’année dernière. Comment allez-vous depuis ? Nous ne sommes pas le seul média à avoir apprécié Ball Trap…
Merci encore à vous, et félicitations pour le changement de nom ! Rock Hard a propulsé le disque double album du mois, puis l’a fait figurer dans son top 10 de 2016 ! MyRock, Metallian et Hardforce l’ont également trouvé très à leur goût, de même que pas mal de webzines. Et puis naturellement, nous avons repris la route des salles de concerts. Cet été, nous avons pu ouvrir pour Crowbar, et ça, c’était de la soirée ! Excellente ambiance.
Ball Trap a reçu un succès tel que Season Of Mist a décidé de le distribuer. Pourtant, vous n’avez pas signé chez eux. Vous cherchez toujours un label…
Nous ne cherchons pas. Nous nous méfions comme de la peste des deals qui engagent plus le groupe que le label. Or, en ce moment, c’est la recette qui pullule. Nous sommes distribués, édités et nous faisons des concerts, ce qui est l’essentiel.
Contrairement à la grande majorité des groupes français, vous avez fait le choix de chanter en français. Est-ce que c’est une des raisons qui pourrait vous empêcher de trouver un label aujourd’hui ?
Je ne pense pas, et si c’était le cas, ce serait complètement crétin. Actuellement, un des problèmes du Metal réside justement dans le manque de différenciation entre les groupes. La personnalité est une vertu.
C’est toi qui écris les textes. Il faut savoir que tu es professeur de français. On imagine que les thématiques abordées ont un lien direct avec ta profession, et surtout avec ta passion pour la littérature et la culture générale…
Je ne sais pas si les gens doivent savoir que je suis professeur, même si je suis très fier d’exercer ce métier. Ma démarche n’a rien de pédant. J’aime simplement la langue française. C’est vrai qu’elle est particulièrement exigeante, notamment avec le chant Metal… À l’époque du premier album, tout le monde avait été surpris que ça ne sonne pas ringard !
Si je résume bien votre concept. Vous voulez véhiculer une certaine culture, la nôtre, par le biais d’une musique assez libre, qui n’a pas vraiment d’étiquette en fin de compte ?
Nous ne le voulons pas : c’est notre vérité. Nous ne sommes ni des rednecks ni des vikings et nous ne trichons pas. Nous faisons avec ce qui nous constitue, nous puisons dans nos racines. Musicalement, même chose : pas question de grillager notre musique. D’ailleurs, cette diversité nous permet d’ouvrir aussi bien pour UFO que pour Death Angel !
Y’a-t-il un texte dont tu es particulièrement fier ?
Plusieurs ! « Brûle », « Cabaret Voltaire », « Carnaval Cannibale » ou le « Domaine » me viennent en tête comme des petites victoires sur moi-même.
Je pense que quand on compose comme toi, lorsque l’on veut créer de la cohérence dans ses chansons, notamment celles de Ball Trap, il est difficile de prendre du recul, surtout que Ball Trap conte l’histoire d’un jeune homme… Qui est-il ? Où vit-il ? Que veut-il ?
C’est un gamin des années vingt, qui grandit au sein de l’élite artistique avant gardiste parisienne, aussi passionnante que destructrice. Jazz noir américain, dadaïsme puis surréalisme, photo, peinture : le monde de la création hante à l’époque les cabarets de Paris.
Comment es-tu parvenu à coller tes paroles sur ce « free style » Metal ? Il faut dire que la décadence se ressent à leur écoute, mais aussi à l’écoute de ces parties de guitare quelque peu « folles »…
C’est justement là que se situe tout le boulot pour que le français ne sonne pas « cheesy » (hé ! hé !) Travail à la syllabe par rapport au phrasé nécessaire au morceau… Impossibilité d’utiliser certains sons qui ne sortent pas du tout dans un contexte Metal… à ce prix, tu obtiens une langue percussive ! Quant aux guitares, elles ne s’interdisent rien ! Nous sommes les enfants bâtards d’une joyeuse copulation entre les différentes chapelles Metal…
Votre musique se veut moderne et est très bien produite. Est-ce que tu peux revenir sur le travail accompli par votre ingénieur-son ?
C’est le Conkrete Studio de Mobo, connu pour son travail sur des groupes comme Gorod, Mercyless, Eths ou Otargos, qui s’en est chargé. L’idée était d’associer le savoir-faire « Metal contemporain » du studio et la facette plus Rock de Mobo. Je crois que ce devait être la première fois qu’il mixait une batterie Metal sans une once de trigg.
D’ailleurs, French Romances ne sonne pas du tout de la même façon. Quelles questions vous êtes-vous posées quand il a fallu attaquer la production de Ball Trap ?
Nous voulions combiner puissance… et naturel ! Pas de trigg, pas de retouche chant, pas de copier-coller : le travail s’est fait sur le sérieux des prises. Somme toute, l’inverse de ce qui se pratique en ce moment, et qui produit des milliers de disques au son identique et au rendu froid. Nous avons également beaucoup soigné les arrangements qui, s’ils restent discrets, sont bien plus nombreux et réfléchis que sur le premier.
Ce qui est intéressant, et bien vu d’ailleurs, c’est que votre pochette, votre style vestimentaire, coïncident bien avec votre musique et vos clips… Vous ne laissez rien au hasard !
C’est notre petit plaisir, que veux-tu… Dans ce monde de bouchers dans lequel nous vivons, je ne supporte plus vraiment l’imagerie Metal classique. Elle n’a bien souvent rien à dire. Il s’agit d’un réflexe facile, d’un conservatisme. Il faut croire que l’âge me rend sensible. Je préfère les images étranges qui combinent puissance, nostalgie et ailleurs… tout en proposant une réflexion.
Le 28 octobre, vous revenez enfin dans le Nord, au Biplan… Bien que vous soyez Franciliens, quel regard portez-vous sur la scène des Hauts-de-France ?
Nous avons pendant une période autant joué dans le Nord et l’Est qu’en région parisienne. Pour être tout à fait honnête, j’ai toujours associé le Nord au Metal. Mon groupe français de cœur depuis l’adolescence est Loudblast ! Quelle fierté de savoir, des années après, que Stéphane Buriez aime nos deux disques ! Lille, pendant longtemps, a fait rêver… Tous ces bars, tous ces lieux, qui malheureusement ferment les uns après les autres… Il faut que le Biplan tienne le coup !
Gardez-vous un bon souvenir de votre passage au Raismes Fest ?
Jouer entre Diamond Head et Myrath, ça n’a pas de prix ! Et puis, nous avons pu apprécier l’énergie dingue des Overdrivers !
Je te laisse le dernier mot !
À samedi, au Biplan… Malemort, c’est aussi de la grosse pulsion live : Venez constater par vous-mêmes !
Malemort, c’est :
Xavier Malemort : Chant
Sébastien Berne : Guitare
Sébastien Lafaye : Guitare
Jean-Christophe Tassin : Basse
Vicken Chidoyan : Batterie
Discographie :
French Romances (2012)
Ball Trap (2016)
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