Le Tyrant Fest c’est ce week-end au Métaphone de Oignies. La programmation de ce Festival Noir a prévu un temps d’échanges sous la forme d’une conférence/débat. C’est Corentin Charbonnier, auteur d’une thèse sur le Hellfest mais aussi activiste de la scène depuis de nombreuses années, qui sera aux commande de ce temps fort. Avant de le retrouver le samedi 11 novembre à 15h sur le site minier, nous lui avons posé quelques questions sur son parcours et ses activités afin de vous présenter le bonhomme.

Propos de Corentin Charbonnier recueillis par Elise Formanczak.


On te connaît surtout pour ta thèse sur le Hellfest «  Hellfest: un pèlerinage pour metalheads ». Peux-tu nous présenter ton parcours universitaire ainsi que ce choix de thèse ?

Bonjour Heretik, bonjour les lecteurs ! Alors oui, effectivement la thèse c’est un premier aboutissement. Pour reprendre, j’ai commencé mes études de Sociologie en 2003. J’avais déjà l’envie de travailler sur des sujets peu ou pas traités dans les sciences sociales. À l’époque, j’ai donc abordé dans ma Licence la communauté Geek et la communauté Metal. Puis, j’ai fait un Master Sociologie appliqué au développement territorial sur des sujets comme « l’enfant et le centre de loisirs » ou « le rapport marque/mode/enfant » dans la région de Cholet. En parallèle, j’avais déjà mon émission radio Throne Of Thanatos… Fin 2008, j’ai donc décidé de me lancer dans la thèse. Le cœur du sujet, je le connaissais, c’était la musique Metal. Après, je ne voulais pas faire un livre que sur un style de Metal, mais plutôt sur le fait de se réunir. De manière tout à fait logique, le festival qui réunissait les metalheads, au-delà de leur appartenance au Death/Black/Hardcore/Heavy/Thrash ou même Neo… c’était le Hellfest. J’y étais déjà depuis l’époque du Fury et allais au Hellfest depuis 2006, pour y faire des photos et des interviews de groupe. L’accès au terrain était facilité. Sept ans après, car avec ce sujet, je n’avais pas espéré de financement (et il fallait bien travailler à côté), la thèse a été validée en décembre 2015 avec un amphi blindé de metalheads et avec le soutien du Hellfest. Face au soutien de la communauté Metal et au nombre de sollicitations pour que le livre naisse, j’ai monté mon activité pour éditer le livre tout en restant sur une tarification raisonnable par respect pour le public : 17€. Bref, le but n’est pas d’en vivre, mais de le rendre accessible au plus grand nombre. Le Hellfest m’a fait la joie de participer en relayant la campagne de financement et en apposant le logo sur l’ouvrage, ça a été parfait ! Je ne peux que les remercier sincèrement.

Sur quoi travailles-tu en ce moment?

Alors, je suis du genre un peu hyper actif. Entre le travail de formateur et les conférences un peu partout, j’ai lancé un questionnaire avec le Motocultor Festival le mois dernier… Là, je suis dans les résultats, mais déjà, je remercie la communauté Metal, car avec plus de 2700 réponses, c’est absolument top pour travailler. Et puis, j’effectue des recherches pour des festivals, des organisateurs de concerts ou d’évènements, en privé. Qui sait, j’espère bien avoir le temps de faire un autre livre d’ici quelque temps ! Ah oui, je rêve de faire une enquête quantitative de taille sur le Hellfest en 2018. 

En dehors de l’analyse des comportements de metalleux, est-ce que tu t’investis autrement dans le milieu Metal?

Oui, je m’investissais avant et je continue de m’investir, même si j’ai des fois l’impression de ne pas tout pouvoir faire. À Tours, on a l’émission et association Throne Of Thanatos avec l’équipe, qui fait la promotion des évènements Metal, des groupes, des festivals qu’ils soient locaux ou non. Je suis photographe de concerts depuis une décennie environ, plutôt dans le secteur de la musique Metal avec quelques partenaires récurrents : la super salle du Chato’do à Blois, le Metal Culture(s) de Guéret, les festivals locaux : le super RiipFest, le Mfest…

(galerie flickr :https://www.flickr.com/photos/[email protected]/albums)

J’ai fait du booking et du management, mais j’avoue, j’ai pratiquement arrêté cette activité, par manque de temps. Et puis, il nous reste un projet annuel, la Tours Metal Week, en partenariat avec une autre asso de Tours plein de qualité : Riipost. Le but n’est pas d’être un festival de taille, mais bien de remettre la musique Metal où les liens se sont formés : dans les bars de la ville. Nous avons la chance d’avoir d’excellents patrons de bars qui soutiennent le projet et une petite équipe efficace dans l’association.

Comment es-tu « tombé » dans le Metal ? As-tu un style de prédilection ?

Si je te dis que j’ai commencé dans la musique classique, je pense qu’il n’y a rien de surprenant ! Je suis harpiste celtique au départ, je suis tombé sur un album de Metallica (Ride The Lightning) vers 12 ans, et depuis je n’ai jamais lâché cette musique.
Un style de prédilection… je ne sais pas… c’est tellement vaste la musique Metal, j’adore le Thrash de mes frangins brésiliens de Kamala, le Death Metal de Dark Tranquillity, le Death Black de Behemoth, même du Hardcore (Fat Dead Shit/Beyond the Styx…). Là, je suis super content de voir Batushka au Tyrant Fest, je ne sais pas exactement où les classer, ce sera une première et j’adore leur son. Grosso modo, pas de styles, mais plein d’influences… J’écoute sûrement moins de Grind… à part quand ce sont des connaissances, comme Nostalgicle

Lors du Tyrant Fest, tu viendras nous présenter une conférence. Peux-tu nous dire quelques mots sur les thèmes abordés ?

Ah, j’ai l’impression que le Tyrant Fest est vraiment une de ces petites pépites françaises : un festival ultra spécialisé, ultra stylisé, organisé par des passionnés pour des passionnés ! Donc la conférence, qui repart des naissances des styles de Metal jusqu’aux représentations sociales liées à notre musique, je vais la remettre dans un contexte sociohistorique pour expliquer quelques mécanismes de socialisation, de ritualisation des concerts, et casser les représentations sociales à l’aide d’une réalité du terrain. Bref, sans spoiler, je ne vais pas faire l’inventaire des quelques cas extrêmes dans la musique Metal, ni faire un simple historique. On a une super diffusion du film Bleu Blanc Satan derrière, l’intérêt sera de nous faire un peu réfléchir sur comment le Metal est encore représenté pour le mass public (dès que l’on aborde autre chose que The Hellfest), et comment les metalheads jouent avec ces représentations. J’espère qu’on aura l’occasion d’en échanger ensemble ce samedi !

A propos de l'auteur

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.