Quelques jours après la remarquable prestation de Venom Inc. dans le cadre du festival de Vouziers, la rédaction d’Heretik Magazine a tenu à s’entretenir avec Demolition Man, son frontman… Venom, un patronyme encore (trop) imprégné par la verve de Cronos. Ce dernier, pas toujours très sympathique à l’égard de ses ex-acolytes, Mantas et Abaddon, ne s’est pas fait attendre. De concert en concert, il explique à son public qu’il n’y a qu’un seul Venom… Cependant, cette affirmation, qui était valable il y a quelques années ne l’est plus dorénavant. Car Venom Inc. est bien là ! Et fort d’un premier excellent opus, le trio compte bien véhiculer et transmettre l’héritage de Venom, à travers une musique à la fois Old School et moderne !
Propos de Demolition Man recueillis par Axl Meu.
Salut ! Comment vas-tu depuis votre passage au Festival de Vouziers ?
Je suis pas mal occupé… Nous sommes sans arrêt sur la route ! En ce moment, nous sommes en train de travailler sur une tournée européenne qui se déroulera en mars et avril prochains. Concernant notre date à Vouziers, nous étions très contents de revenir en France sous le patronyme de Venom Inc. En fait, depuis que Mantas et moi-même sommes revenus avec Venom Inc, nous ne nous sommes pas produits tant que ça en France. Nous le faisions pourtant plus avec M: Pire Of Evil… Tu sais, quand nous partions sur la route, nous prenions le Ferry mais une fois arrivés à Calais, nous tournions en Europe sans saluer nos fans français. Je ne sais pas pourquoi… Peut-être que notre booker pensait qu’il n’y aurait pas de fans pour nous accueillir, mais je ne pense pas. Pour moi, il y a toujours un fan qui t’attend. C’était très frustrant, car les Français sont comme des frères pour nous. Quand William (Voluer, NDLR) nous a contactés pour jouer dans son festival, nous étions alors très contents. Nous connaissions déjà très bien l’équipe et l’affiche était excellente. Nous avons pris directement l’avion depuis Helsinki pour nous rendre à Vouziers. Et l’accueil fut digne de ce nom.
Vous n’aviez pas de stand de merchandising, ce qui a pu frustrer vos fans…
Oui… Malheureusement, nous venions de mettre un terme à notre tournée américaine et nous avions laissé notre merch’ là-bas. Pour les deux festivals, nous n’aurions pas pu faire venir nos t-shirts à temps ! Tout était au New-Jersey, et ça ne l’aurait pas fait. Je sais que les fans auraient bien voulu se procurer un t-shirt, mais ce n’est que partie remise ! Pour notre future tournée européenne, il y aura de quoi contenter tous nos fans ! Je m’excuse vraiment… Quand nous reviendrons, il y aura des tonnes de merch’ !
Revenons au tout début de Venom Inc. Je me souviens qu’on en avait parlé lors de la venue de M: Pire Of Evil au Gohelle Fest : Venom Inc était encore tout nouveau ! Le management de Cronos ne vous a pas mis des bâtons dans les roues ?
Au départ, c’était un accident ! Tu sais, Mantas et moi-même avions déjà M:Pire of Evil. Néanmoins, nous nous étions produits à trois avec Abaddon dans le cadre de quelques morceaux au Keep It True, le 25 avril 2015 ! On aurait très bien pu reprendre nos projets, mais la réponse des fans fut telle que tout le monde à savoir les fans, les journalistes et les labels, nous ont demandé de continuer ! À vrai dire, ils pensaient que nous allions continuer, mais ce n’était pas le cas. Pareil pour le nom, les organisateurs de l’événement ont décidé que l’on s’appellerait comme ça, que ce serait une sorte d’hommage à Venom. Ce sont nos fans qui nous ont poussés à le faire ! Donc on a ajouté le « Inc ». Venom fait partie de notre vie et il faut savoir que c’est Abaddon qui a dessiné le tout premier logo de Venom. Après, je comprends certains fans qui doivent se demander pourquoi on fait ça alors que Cronos joue toujours avec Venom aujourd’hui ! Nous, nous continuons de notre côté. Je pense qu’une seule personne ne peut pas interdire les fans de voir ce qu’ils veulent. Cronos a très mal réagi quand il a appris qu’un autre Venom avait fait surface… Mais il n’y a pas de quoi être en colère. Nous ne sommes que des musiciens et la seule chose qui doit nous préoccuper, c’est la musique et nos fans. C’est la musique qui nous inspire. Tant que les fans nous suivent, nous continuons. Cronos a consulté son avocat, mais il ne peut rien faire car le patronyme « Venom » ne lui appartient pas. Quoi qu’il en soit, j’espère que Cronos fera la musique qu’il aime aussi longtemps que possible, car les fans le méritent. Quant à nous, nous avons un nouvel album et il fonctionne bien ! Les fans sont gagnants en fin de compte. Que ce soit Venom ou Venom Inc, nous faisons partie de la même famille et les gens ne sont pas dupes, ils savent très bien qui joue dans Venom Inc et qui joue dans Venom.
Avec Venom Inc, vous avez sorti votre premier album, Avé, cet été. Quelles différences en termes de composition y a-t-il entre M:Pire Of Evil et Venom Inc ?
Il y a quelques différences. Mantas et moi travaillons ensemble, parfois je donne mes riffs, parfois nous combinons nos paroles. Nous complétons tout ensemble au studio, c’est comme ça que nous avons fonctionné pour ce nouvel album. Pour Avé, Mantas s’est occupé de la grosse majorité des riffs, je l’ai aidé uniquement lorsqu’il se trouvait dans une impasse. J’aimais tout ce qu’il proposait, donc je l’ai laissé faire ! Nous avons réalisé les maquettes à deux puis nous avons envoyé tout cela à Abaddon pour qu’il puisse enregistrer ses parties chez lui à Newcastle. Ensuite, nous avons retravaillé l’ensemble au Portugal avec Mantas. En ce qui concerne M:Pire Of Evil, il faut savoir que nous avons un autre batteur. Il y a eu Marc Jackson, maintenant, il y a Francesco, celui qui était au Gohelle Fest. C’est ça qui fait la différence entre nos deux groupes. Le jeu de Francesco est totalement différent. Abaddon est très « Old School » dans sa démarche. Ça aurait été une erreur de demander à Francesco de sonner comme Abaddon… Quand Mantas et moi composons pour Venom Inc, nous anticipons le jeu d’Abaddon. Nous nous sommes posés les bonnes questions en ce qui concerne le style d’Abaddon et l’avons consulté de sorte qu’il s’y reconnaisse. Après, libre à lui de proposer sa propre interprétation. Nous avons pris tout cela en compte pour Avé.
À la première écoute, votre nouvel album, Avé, est surprenant. Si le style de Venom est reconnaissable entre mille, la production reste, elle, un peu trop moderne.
Tu sais, à l’époque de Welcome To Hell, Black Metal, le groupe n’avait pas forcément les moyens de louer un studio de qualité. Il faut dire que le groupe était pauvre et que le matériel laissait parfois à désirer. Question « timing », le groupe devait également faire vite. Tout se faisait à l’arrache et clairement, c’était beaucoup plus difficile d’avoir un meilleur rendu. Depuis, la technologie a évolué et tous les musiciens enregistrent chez eux. Ça n’aurait aucun sens de vouloir sonner comme avant d’autant plus que le matériel que nous avons à notre disposition est très stimulant. J’estime que tant que le musicien joue avec son âme, ça le fera. Aujourd’hui, tout ce matériel nous permet d’avoir de la clarté, d’être plus modernes. Je pense que si nous avions décidé de sonner comme en 1981, les fans n’auraient pas aimé l’album. Nous nous devons d’utiliser le matériel qui est à notre disposition, en fonction de l’époque à laquelle on vit. Il faut se mettre à jour !
Tout cela me fait penser à Destruction. Schmier a décidé de sortir un deuxième volume de Thrash Anthems. Cette compilation regroupe de vieux morceaux de Destruction mis à la sauce 2017. Est-ce que Venom Inc en fera de même avec ses morceaux ?
C’est un long débat. Tout le monde pourrait le refaire. Enregistrer ses vieux titres une nouvelle fois, les améliorer, pour ainsi effacer toutes les imperfections. On pourrait le refaire pour le deuxième album que j’ai sorti avec Venom (Temples Of Ice, NDLR). Le premier album que j’ai enregistré avec Venom, Prime Evil, était très bon, mais le deuxième, moins. La production n’était pas parfaite… Sur le dernier album de M:Pire Of Evil, Crucified, nous avions revisité quelques titres que nous avions faits avec Venom, à savoir « Temples Of Ice » et « Parasite ». J’adore cet album et j’adore ces nouvelles versions. Néanmoins, je ne pense pas que les puristes aimeraient que l’on touche à leurs vieux albums. Oui, on peut toujours faire mieux, mais tu ne peux pas prendre un album datant de 1986 et le faire sonner comme en 2017. Un album est le reflet d’une époque et les fans sont attachés à tout cela. Si tu cherches à transformer un album, tu perds quelque chose, tu perds son esprit, tout ce que tu aimes sur ce disque. Après, je ne dis pas que l’on ne le fera jamais, mais il y a certains albums que tu ne peux pas toucher. D’ailleurs, ça m’a l’air un peu compliqué de le faire puisque c’est Universal qui possède ces albums. Les labels protègent leurs droits, et nous ne pouvons pas travailler dessus. Mais ce n’est pas grave, si nous ne pouvons pas ressortir ces albums, ni sortir de coffret, nous ferons ce que nous avons fait sur Crucified : nous réenregistrerons tous ces morceaux, en situation live…
Est-ce que tu as quelques anecdotes à partager à propos du morceau « Forged In Hell » ? Il ressemble fortement à « Welcome To Hell ».
« Forged In Hell » a été écrit par Mantas, de A à Z. Que ce soit l’approche, les paroles, le riffing, c’est Mantas qui s’en est chargé ! Quand il a écrit ce morceau, il m’a demandé s’il prenait la bonne direction ou pas. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de bonne direction. Il ne fallait pas qu’il se dise : « Il faut que je sonne comme en 1981 ». Penser peut bloquer un musicien. Il fallait qu’il se concentre sur son style, sur son jeu et surtout sur ce qu’il est devenu avec le temps. C’est Mantas qui a écrit « Forged In Hell » donc je trouve ça normal que ce titre soit imprégné de sa patte.
Quand tu as intégré Venom, les albums que tu as sortis avec le groupe n’ont pas reçu un accueil digne de ce nom, surtout Temples Of Ice et The Wasteland. Cette fois-ci, c’est l’inverse. Les retours sont unanimes pour Avé ! Penses-tu que les fans n’étaient pas prêts à te voir prendre le micro ?
Oui, je pense. Quand tu aimes beaucoup un groupe ou un chanteur et qu’il y a un changement important au sein du line-up, tu peux décider de ne plus suivre le groupe. Néanmoins, il ne faut pas oublier que c’est Cronos qui a décidé de quitter le groupe après la sortie de l’album Calm Before The Storm pour y fonder son propre groupe. Les gens pensaient que c’en était fini pour Venom, mais non ! Mantas qui n’était plus dans le groupe depuis quelques années a décidé de revenir lorsque Cronos est parti. Puis j’ai rejoint Venom. Nous avons sorti Prime Evil qui, contrairement à ce que tu dis, a très bien fonctionné ! Nous sommes partis en tournée défendre l’album, les salles étaient blindées et nous avons capté un live. C’est surtout ensuite que cela s’est essoufflé quand sont sortis les albums Temples Of Ice et Wasteland. Nous n’avons pas assez défendu ces albums. Je pense que c’est à cause du climat musical qui régnait en ce temps. L’industrie musicale a été totalement bouleversée dans les 90’s avec l’arrivée de tous ces groupes de Grunge comme Nirvana et Pearl Jam. Les groupes de Metal n’intéressaient plus trop… Plus personne n’écoutait Venom en ce temps. On a pris les bonnes décisions et je me suis reconverti ! Dans les années 2000, le Metal est revenu, et est sorti plus fort de cette crise. Regarde, ce genre est connu un peu partout dans le monde, il y a des millions de fans à travers le monde. Nous nous retrouvons aussi bien devant un public de jeunes que de « vieux ». C’est parfait, car plusieurs générations de fans rentrent en communion ! Regarde, il y a Judas Priest, Metallica, Slayer, Obituary, mais également tous ces jeunes groupes de Thrash. Aujourd’hui, tu as tout ! Ça nous fait un bien fou de pouvoir mêler nos vieux classiques à nos nouveaux morceaux ! Que ce soit « Countless Bathory » ou « Avé Satanas », nous prenons le même plaisir !
Ce qui doit être très encourageant pour toi, c’est le fait d’avoir réussi à signer avec Nuclear Blast pour un premier album !
Rien n’était planifié. On ne s’attendait pas à ce que notre musique intéresse Nuclear Blast. Quand nous avons commencé à jouer ensemble, nous ne voulions pas sortir d’album. C’était seulement l’envie de nous produire devant nos fans qui nous motivait. Nous ne voulions pas avoir de pression, ni de manager. Le but était alors de se faire plaisir. Mais l’idée de sortir un album a toutefois mûri, et les fans le réclamaient. Nous avons envoyé une démo de 4 titres à Nuclear Blast et il se trouve que le label nous a répondu dans la semaine. Il nous ont dit d’enregistrer un album ! Nous sommes restés très humbles et avons travaillé d’arrache-pied afin de surprendre. Nous ferons tout ce qui est en notre possible pour honorer notre contrat. Nous sommes très honorés !
Tu me disais en début d’interview que le groupe partirait en tournée européenne dès le mois de mars. Penses-tu que Venom Inc figurera sur l’affiche des plus gros festivals d’Europe ?
Nous sommes très occupés pour le moment. En janvier, nous allons nous rendre au forum NAMM pour y faire quelques démonstrations. Nous allons en profiter pour nous produire en Californie. En février, nous tournerons en Asie, et nous prendrons une petite pause pour repartir de plus belle en Europe en mars et en avril. Nous retournons ensuite en Amérique Latine… Je pense que nous nous produirons dans le cadre de quelques festivals à la fin de l’été 2018, mais rien n’est sûr. Nous pensons cependant sortir le successeur d’Avé en 2019 !
Est-ce que tu connais des groupes français ?
Je connais bien Witches ! Nous avons tourné ensemble avec Vader et Divine Chaos… Sybille et son frère, Alex (Agressor, NDLR) sont des proches. C’est comme s’ils faisaient partie de ma famille ! Je connais également GanG, ils vont d’ailleurs sortir un album prochainement ! C’est du lourd !
Venom Inc, c’est :
Demolition Man : Chant/basse
Mantas : Guitares
Abaddon : Batterie
Discographie :
Avé (2017)
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