Un an après leur passage au feu-El Diablo, les lituaniens d’Au-Dessus étaient de retour en terres nordistes et se produisaient dans le cadre du Tyrant Fest, véritable festival noir où s’est côtoyée une partie du roster du label Les Acteurs de L’Ombre. La musique d’Au-Dessus récoltant un franc succès auprès des Français, nous sommes allés à la rencontre du groupe pour lui soumettre notre petit interrogatoire.
Propos du groupe recueillis le 11 novembre par Axl Meu
Crédit photos Anne-Laure Deylaud (Les Acteurs de L’Ombre)
Vous venez de quitter la scène du Metaphone ! Alors, heureux ? Que pensez-vous du Tyrant Fest ? Est-ce que le public a répondu à vos attentes ?
Nous avons été surpris quand nous avons appris que nous avions été invités à nous produire dans le cadre de ce festival. Le line-up est juste superbe ! C’est un honneur de figurer aux côtés de pointures comme Shining, Wiegedood et Regarde Les Hommes Tomber. On s’attendait à ce que ce soit un festival très pro. Il l’était. Le son était juste énorme. C’était peut-être le meilleur public devant lequel nous nous sommes produits !
Les Français aiment beaucoup Au-Dessus. Le savez-vous ?
Oui, maintenant nous le savons, puisque tu nous le dis ! (rires) Si c’est vraiment le cas, c’est vraiment gratifiant. On ne savait pas trop avant de partir en tournée, et là, maintenant, on se rend compte que les Français nous ont adoptés. Nous rencontrons également beaucoup de succès en Pologne !
Vous voulez une preuve ? Il n’y a presque plus de vinyles à votre stand…
Oh ! Pour te rassurer, nous en avons encore plein dans notre fourgon. On a juste épuisé le stock qu’on avait amené pour le Tyrant Fest. C’est rassurant, car même si le groupe ne vit pas de sa musique, vendre tous ces vinyles lui permet de rentrer dans ses frais. Le cas inverse, il aurait été in-envisageable de se rendre ici. Tu sais, louer le fourgon, amener le matériel… Tout ça, ça coûte un bras !
En off, vous m’expliquiez qu’il s’agissait de la dernière date de votre tournée. Hier, vous étiez avec nos concitoyens de Heir. C’était comment ?
Comme nous, ils adorent se produire sur scène. C’est un fait. Nous avons partagé plusieurs dates avec eux dernièrement. Quand on les a rencontrés, il nous ont expliqué qu’ils venaient de changer de chanteur. Au fil des dates, on sentait que le groupe évoluait.
Ma question est peut-être idiote… Mais pourquoi « Au-Dessus » ? Vous auriez pu être moins originaux et choisir un patronyme anglophone ! (rires)
Votre langue est esthétiquement plus belle. En lithuanien, ça sonne très mal ! « Au-Dessus » retranscrit bien ce que nous ressentons sur scène lorsque nous nous produisons. C’est comme si nous étions dans un autre monde, nous sommes « Au-Dessus » ! (prenez l’accent lithuanien, NDAM).
Pour la sortie de votre premier EP éponyme, vous étiez sous contrat avec Witching Hour. Il me semble que nous n’étiez pas pleinement satisfaits de l’implication de son label manager…
Oui, voilà. Au départ, tout allait bien entre le label et nous. Le label manager (actuellement frontman de Batushka, NDLR) nous aidait bien. Et c’est un peu grâce à lui si nous en sommes arrivés là aujourd’hui, mais il y a eu de gros problèmes en ce qui concerne la distribution. Batushka est arrivé et en fin de compte, Batushka est devenu le groupe du label, et les autres groupes passaient en deuxième. Nous avons donc rejoint l’écurie de Les Acteurs de L’Ombre pour End Of Chapter. C’est une structure bien plus professionnelle, notamment en ce qui concerne la communication et la promotion. Que ce soit les petits webzines, les gros magazines, tous les médias européens ont pu entendre parler d’ Au-Dessus. On s’est fait connaître grâce au boulot qu’ont fourni Gérald et son équipe ! C’est très encourageant pour la suite.
Vous avez changé de batteur entre la sortie de l’EP et End Of Chapter. Que s’est-il passé ?
Disons que notre ancien batteur était plus dans le Death Technique et que son style ne correspondait plus trop au style que nous jouons. Tu sais, notre musique est axée sur les atmosphères sombres. On dégage beaucoup d’émotions, ce que nous ne trouvions pas dans son jeu. Puis, il avait également son autre groupe de Death dans lequel il était plus impliqué. Nous avons donc passé quelques auditions et sommes tombés sur Šarūnas. Il s’est avéré que c’était le batteur qu’il nous fallait…
Votre musique est sombre, je trouve qu’elle est plus axée sur les parties instrumentales que sur ses cris…
Oui, il y a un peu de ça. Quand nous composons, nous assemblons nos idées d’une manière très instinctive lorsque des sessions de répétition. C’est assez spontané, on s’écoute, on écoute et on discute. Parfois, ça convient, parfois non. Des moments, ça prend plus de temps à se mettre en place. Des moments, on se dit qu’il manque quelque chose. Si tu veux que ta musique dégage des émotions, il faut qu’elle soit faite à base d’émotions. Nous n’utilisons pas d’ordinateurs, ni de boites à rythme. Nous allons tout simplement à l’essentiel et jouons avec nos instruments.
Si je me souviens bien, vous avez décidé de proposer une version alternative de votre premier EP éponyme. Pourquoi ?
Oui… Quand nous avions sorti notre EP, nous nous étions dits qu’il serait bien d’ajouter les parties orchestrées que nous utilisons lors de nos concerts. En fin de compte, nous les avions retirées à la dernière minute, mais nous avons décidé de les inclure sur une nouvelle version. Ça change… Les fans auront donc une version alternative.
Elle n’est pas disponible « physiquement » cependant.
Non. Nous devions sortir End Of Chapter à l’époque. Peut-être que nous le sortirons en physique un jour.
Avez-vous des projets après cette tournée ?
On va partir en vacances ! Et ensuite, nous allons nous produire dans le cadre de quelques festivals cet été. Je ne peux pas encore te dire lesquels… Nous allons également composer de nouveaux morceaux et prendre le temps nécessaire pour aboutir à un objet qui nous convienne… J’espère que nous entreprendrons une grosse tournée l’année prochaine. Nous voulons écrire un « nouveau chapitre ».
Un petit commentaire sur votre aspect scénique ?
En fait, si nous nous produisons avec cet accoutrement, c’est pour faire en sorte que personne ne nous reconnaisse. Dans Au-Dessus, le physique ne doit pas l’emporter sur la musique. C’est important pour nous. Au-Dessus, c’est quatre personnes, quatre individus, qui sont là pour partager la même chose sur scène. Nous ne voulons pas qu’un musicien prenne le dessus sur un autre. Néanmoins, si tu fais bien attention, tu peux t’apercevoir que nous ne cachons pas pleinement notre visage. Quand on fait nos balances, nous ne mettons pas nos costumes de scène. Ça fait tout simplement partie de l’identité visuelle du groupe.
Oui, un peu comme les cartouchières pour les groupes de Thrash Oldschool…
Oui, il y a un peu de ça. Pour les groupes de Black, avant, c’était le « corpse painting ». Maintenant, c’est ça… Ça nous aide à transposer une ambiance particulière.
Oui, le corpse-painting ne vous correspond pas… Tu penses que vous faites parties d’une nouvelle ère de Black Metal.
Oui, bien sûr. Nous faisons notre truc à nous et nous nous forgeons notre propre identité. Nous ne jouons pas avec les clichés des anciens groupes de Black, bien que nous les respections. Si Au-Dessus veut prendre quelques gimmicks tirés du Blues, il le fera. Je pense que nous pouvons qualifier cette ère de « New Wave Of Black Metal »…
J’ai exactement le même sentiment. Vous devez également être familiers de groupes comme The Great Old Ones… Ça vous branche ?
Oui ! Il étaient chez Les Acteurs de l’Ombre, maintenant Season Of Mist. (rires) J’ai l’impression que Season Of Mist veut piquer tous les groupes des Acteurs de l’Ombre. Tu sais, ils font le sale boulot et une fois que le groupe rencontre du succès, Season Of Mist arrive et propose au groupe de rejoindre son écurie.
Peut-être que vous serez chez eux dans deux ans…
Nous ne sommes pas si sûrs. Pour le moment, nous profitons de tout ce que notre label peut nous apporter. Je pense qu’il est préférable d’être un groupe reconnu dans un plus petit label que d’être un petit groupe parmi des centaines d’autres dans un plus gros roster….
Vous pensez que les labels prennent des risques aujourd’hui ?
Oui. Season Of Mist vient de signer un jeune groupe lituanien ! C’est une grande première pour notre pays (il s’agit du groupe Erdve, NDLR). Après, regarde, il y a également Sólstafir, qui n’était pas très connu avant. Depuis qu’ils sont chez eux, ils explosent !
À part vous, je ne connais aucun groupe d’origine lituanienne…
C’est triste à dire, mais nous avons l’impression qu’ Au-Dessus est le seul groupe lituanien à prendre des risques et à tourner un peu partout en Europe. Il y a des bons groupes, mais je pense qu’ils attendent qu’on vienne les chercher pour jouer. C’est au groupe de se démener ! Le problème est que l’on rabaisse les groupes de Black qui essaient d’assurer leur promo. On s’amuse à les cataloguer de « vendus » s’ils se montrent, mais comment veux-tu faire autrement ? Après, en ce qui nous concerne, c’est un peu différent parce que Witching Hour nous a quand même bien aidés. Aujourd’hui, nous commençons à être rodés, et c’est plutôt encourageant pour la suite !
Au-Dessus, c’est :
Mantas – Vocals/bass
Simonas – Guitar
Jokūbas – Guitar
Šarūnas – Drums
Discographie :
Au-Dessus (2015, EP)
End Of Chapter (2017)
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