C’est un calvaire ! Tout le monde se souvient de la performance qu’a donnée Trust dans le cadre du Hellfest. À vrai dire, nous n’avons pas vraiment envie d’en parler. Guitare inexistante et setlist incohérente. Vraiment, malgré le remaniement de qualité qu’a connu Trust, on ne peut pas dire que ce concert à Clisson ait fait l’unanimité. Ça jase sur les réseaux sociaux, et les fans des 80’s retournent leur perfecto. Trust n’est plus l’idole qu’il était pour certains.

Report : Axl Meu
Photo Report : Lyrama Photography

Et pourtant, la tournée « Au Nom De La Rage » connaît un succès sans bornes auprès des fidèles paroissiens de la famille Trust. Néanmoins, Bernie « Bob » Bonvoisin et Norbert Krief ont mis du temps à se rendre dans le Nord. Il a fallu attendre presqu’un an pour voir le « Bulldozer » se garer dans la région. Anzin, St-Omer, Lille. Nous voilà enfin servis, trois dates en l’espace de quatre jours. Alors la rédaction ne vous cache pas son projet : suivre le groupe lors de son pèlerinage nordiste. Néanmoins, un communiqué casse nos illusions. Les dates d’Anzin et de St-Omer sont successivement annulées pour cause de maladie (Bernie aurait attrapé une angine). Mais après un week-end sombre, Trust confirme sa présence à l’Aéronef. Nous voilà rassurés. C’est complet.

Trouble ouvre la soirée à l’Aéronef. On assiste alors à un concert mené à bien par les Belges, mais qui n’a cependant rien à voir avec l’univers de Trust. Loin des provocations verbales de Bernie, on se retrouve face à un trio de Pop Rock électronique assez moderne qui n’innove cependant rien. Si l’émotion se dégage partiellement de la voix de Lalie, on ne peut que rester dubitatif quant au choix de la programmation de ce groupe. Et pourtant, cela ne semble pas déranger les fans de Trust qui s’amusent à tacler la jeune Belge lorsqu’elle fait part de ses envies de fraternité : « Le Nord, c’est un peu la Belgique en fin de compte ». Ça sera pour la prochaine fois.

Alors, nous attendons Trust, et c’est une musique « Reggae » qui nous fait patienter. Sur scène, un décorum plutôt atypique pour un groupe qui nous avait habitués à son « Bulldozer » en 1982. Remplacé par des lumières d’ambiance, et aux tapis, la scène est préparée et les roadies n’oublient pas de poser le classeur de Bernie. On ne sait jamais, avec l’âge.

Quoi qu’il en soit, il est 21H15 quand Trust entre en scène et embraye sur un nouveau morceau « L’Archange ». Ou comment assister à la performance d’un groupe, qui, malgré ses 40 ans d’expérience décide de reprendre son destin en main. Nono dégage toujours autant de classe, mais qu’en est-il de Bernie ? Il est toujours attaché à son bob, porte une veste au goût discutable et se fond dans une mentalité « baba-cool ». À vrai dire, le plaisir que prennent les protagonistes est palpable et les deux têtes pensantes de Trust, enfin réconciliées, peuvent faire le show, sans arrières-pensées, aucune. « Marche Ou Crève », « Fais Où On Te Dit De Faire » et « Au Nom De La Race » prennent le pas, et le Guitar Hero n’hésite pas à faire valser sa guitare. Si celle d’Iso reste trop en retrait, cela se fait au profit de celle de Nono qui nous livre ses plus beaux soli comme sur « Au Nom De La Race ».

« Trust entre sur scène, embraye sur un nouveau morceau ou comment assister à la performance d’un groupe qui décide de reprendre son destin en main »

Mais que serait Trust sans les frasques de Bernie. Si la maladie transparaît encore sur son visage (il reste avec son bob toute la soirée, et ne retire ses lunettes qu’en fin de gig), il n’a pas perdu de sa verve. Il n’hésite pas à provoquer son public en le comparant à celui de Toulouse. Les allusions politiques ne se sont pas fait attendre lorsqu’il présente son groupe en passant de l’extrême gauche à l’extrême droite. Les nouveaux morceaux interprétés ce soir sont également imprégnés du climat politico-conflictuel que nous connaissons. « L’Exterminateur », « Déjà Servie » et « Démocrassie », présenté comme un boogie par la bande à Nono. « Boogie » ou « pas Boogie », ce titre s’il fédère (déjà) les convaincus dans la fosse lors du refrain nous fait parfois trop penser à « Go Down » d’AC/DC. D’ailleurs, lors du break, Bernie fait allusion au morceau de Bon Scott, prouvant une fois pour toutes que le groupe n’est pas dupe. Il sait ce qu’il fait.

Et puisque AC/DC n’est jamais très loin quand on voit Trust, Bernie, entre quelques coliques, décide de rendre à la fois hommage à George YoungMalcolm Young et à leur frère, Angus « qui doit bien se sentir seul aujourd’hui… ». Et « Certitude, Solitude » est interprété sur le champ et se voit gratifié d’un accueil digne de ce nom. Néanmoins, si le groupe semble être revenu à l’âge du Rock en interprétant « Comme Un Damné », « L’Élite », « Préfabriqué », il se sert néanmoins de quelques samplers pour les morceaux « Chaude Est La Foule » et « Surveille Ton Look », un morceau cher à Bernie, qui doit subir les critiques de ses fans à propos de son look vestimentaire. Il faut dire que si le chanteur a recouvré sa voix, son allure scénique laisse parfois à désirer. Vas-y que je remonte mon baggie !

Sixième reformation pour Trust , un tout nouveau line-up, et surtout un jeune batteur, Chris Dupuy, qui est mis en lumière comme il se doit par le maître de cérémonie. Il est présenté comme un gars du Sud (une insulte pour les Nordistes restés bloqués au temps des vieilles querelles entre Nordistes et Sudistes, mais que faire ?), l’occasion pour Bernie de multiplier les appels à la tolérance, et au respect. Car le jeune batteur, qui a plus d’une baguette dans sa poche, touche extrêmement bien, ce qu’il prouve avec aise lors de l’introduction de « Préfabriqué », titre qu’il se charge de mener à bien.

Malgré un Bernie qui peine parfois à se faire comprendre, le concert semble défier les limites du temps. Car les fans qui ont voulu faire leur malin en se moquant du look de Bernie (« Vous me faites chier avec mon bob », « Le voilà qui se cache derrière son pote ») et leur intéressant en spoliant le cours des événements (« Quoi, tu as vu le morceau suivant ? Non, mais tu cherches quoi ! Le concert n’est pas réglé, si je veux me rouler à terre, je le fais ») ont vite désenchanté. Bernie n’a pas la langue dans sa poche ! On ne dérange pas Bernie, lui et son look, dont il vante les mérites sur « Surveille Ton Look ».

Alors oui, tout le monde attend « Antisocial », le titre fédérateur de la soirée, lui et ses refrains ciselés, reflets d’une époque qui semble pourtant lointaine pour la génération de « vieux » fans. Si les morceaux ne font plus l’effet d’un coup de matraque, ils ont du moins le mérite de réunir et de véhiculer un message de paix et de tolérance. À bon entendeur.

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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