Alors qu’une seule année séparait Youngblood (2013) et Pure Heavy (2014), les Norvégiens ont préféré attendre trois ans pour délivrer une suite, Blackout. Peut-être que la bande norvégienne avait besoin de se retrouver, et penser autrement pour travailler. Nous ne sommes pas encore en 2018, mais croyez-le ou non, bien que nos « Top » en tous genres ne soient pas encore établis, Audrey Horne revient en force avec Blackout et il se peut que ce nouveau méfait fasse déjà de l’ombre aux sorties « Hard » de cette année…

Propos de Toschie recueillis par Axl Meu le jeudi 30 novembre 2017


Salut ! Est-ce que tu peux revenir sur l’album Pure Heavy ? Penses-tu qu’il vous a permis d’atteindre une nouvelle étape ? 

Je pense, oui. L’’album a été très bien reçu. Nous n’avions attendu qu’un an avant de le sortir. Nous avons sorti Youngblood en 2013, puis dans la foulée, nous avons mis en boîte Pure Heavy. Pure Heavy est vraiment très bon, mais avec le temps, je pense que Youngblood est peut-être plus efficace, plus envoûtant. C’est peut-être dû au fait que tout est allé très vite entre ces deux albums. Nous étions très inspirés ! Cette fois-ci pour Blackout, nous avons pris notre temps et ça se ressent à l’écoute. C’est peut-être le meilleur que l’on ait jamais fait. Je sais que tous les artistes disent ça, mais je le pense réellement.

À l’écoute de Blackout, je me suis aperçu que vous n’aviez pas renié votre principale source d’inspiration, à savoir Thin Lizzy. Ça saute aux yeux quand on écoute « California ». À ton avis, pourquoi ai-je pensé à ça ? 

C’est parce qu’il y a ces « twin-guitars ». Après, c’est pareil pour mon chant, il est assez mesuré. Je ne crie pas et je ne vais pas dans les aigus. Je pense que c’est pour cette raison que les fans ont pris l’habitude de me comparer à Phil Lynott. Je me focalise sur les mélodies, et non pas sur les cris. Aujourd’hui, dès que les fans découvrent un groupe, ils essaient de le rapprocher de tel ou tel groupe qu’ils connaissent déjà. C’est sûrement une façon pour eux de se rassurer. Les gens aiment mettre les groupes dans des cases… Ils se disent alors : « Je peux aimer ce groupe, car il me fait penser à ce groupe que je connais déjà ».

Sur Blackout, vous surprenez également… Je pense à ce morceau « Sattelite ». C’est limite de la Pop… Pour vous qui jouez essentiellement du Hard, ce n’était pas trop difficile de changer le temps d’un morceau ? 

À chaque fois que nous composons, nous faisons en sorte de penser autrement. Quand une mélodie nous traverse l’esprit, nous ne réfléchissons pas, nous l’immortalisons, c’est aussi simple que cela. Oui, « Sattelite » ne nous ressemble pas, mais nous avons eu le pressentiment qu’il s’agissait d’un bon morceau lorsque nous l’avons composé. Notre bassiste (Espen Lien, NDLR) en est à l’origine. Il est arrivé avec cette ligne de basse, et je dois t’avouer que nous étions sceptiques au départ… Mais il a mis au clair son idée et il a fini par nous convaincre. En fin de compte, nous avons composé ce morceau ensemble, il est très « Faith No More » dans l’âme. Nous l’avons réécrit plusieurs fois et avons modifié les guitares à plusieurs reprises afin de les rendre plus Heavy. J’aime beaucoup la tournure que prend le morceau, et oui, il a des passages très « funky » dans l’âme comme tu dis (sourire). Pour parvenir à composer ce genre de morceaux, il ne faut pas penser comme un groupe de Hard Rock, mais comme Michael Jackson ! (rires) On essaie de ne pas se répéter, et ce morceau est bien la preuve que Audrey Horne évolue. Ça nous ennuierait si on faisait pareil à chaque fois. Il y a des gens qui disent que Iron Maiden ou même les Ramones font et faisaient toujours la même chose. Mais je ne suis pas d’accord, ils ont également évolué, et proposé des choses nouvelles au fil de leur carrière. Nous, nous avons cherché de nouveaux angles à explorer, mais il faut nuancer. Nous ne nous forçons pas à composer sous tel ou tel style, on essaie de voir là où nous ne sommes jamais allés, ensuite nous composons. Nous avons pris beaucoup de plaisir à composer ce morceau, il nous aide à rester « frais » en quelque sorte.

Est-ce que tu peux revenir sur le processus d’enregistrement de ce nouvel album ? Il me semble que votre producteur vous a bien aidés ! 

On avait comme objectif de faire produire Blackout par le même producteur, celui qui avait produit Pure Heavy, mais il s’avère qu’il était déjà très occupé. On a dû chercher un nouveau producteur, Kato Ådland, qui est également un excellent musicien. Ce fut très enrichissant de travailler avec lui car bien qu’il soit fan de Hard, il ne produit pas beaucoup d’albums de ce style. Il travaille régulièrement avec des groupes de Pop… Mais il connaît ses classiques ! Son expérience a été primordiale pour l’album. Nous lui soumettions régulièrement nos idées et il n’hésitait pas à nous remettre en question. Par exemple, pour le morceau « This Man », il n’était pas du tout convaincu par notre premier enregistrement. Au départ, c’était un morceau plus court et bien plus vif ! Il n’était pas d’accord avec nous et il voyait le morceau autrement. Il nous a invités à le retravailler. Ce que nous avons fait. Quand nous l’avons revu lors d’une nouvelle session d’enregistrement, il nous a expliqué qu’il avait composé une partie pour nous. Tu sais, le passage où les guitares sont seules, puis rejointes par la batterie. Nous avons travaillé ensemble, dans son propre studio situé à Borgen. C’est un très beau studio, situé près de la côte. Il dégage une belle atmosphère et propose des conditions optimales.

Ice Dale joue également dans Enslaved. Comment fait-il pour varier les styles. Hard Rock et Black Metal font rarement bon ménage lorsque l’on est musicien…

Iil réfléchit). Pour lui, si. En fait, il arrive à s’adapter. C’est un musicien avant tout, il ne faut pas l’oublier. Il peut très bien jouer du Black un jour, puis repasser au Hard Rock le lendemain. Ça ne le dérange pas.

Vous avez révélé un premier single dernièrement, c’est « This Is War ». Il a fait l’objet d’un clip ! Pourquoi lui ? 

Nous avons choisi « This Is War », tout simplement car c’est le titre qui ouvre l’album. C’est un morceau très large qui brasse pas mal de styles différents. Ce n’est pas forcément un titre taillé pour passer à la radio à cause de sa longueur, mais c’est une très bonne entrée en matière, notamment pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe. On voulait tout simplement ouvrir l’album avec quelque chose de gros ! La deuxième vidéo que l’on doit sortir est celle qui doit mettre en avant « Audrevolution », c’est un titre plus court cette fois-ci !

La pochette est particulière. C’est une photographie… Qu’as-tu fait à ce poulpe ? 

Je suis sur la pochette. On voulait quelque chose qui se détache de nos autres pochettes. Elle marque les esprits… On voulait quelque chose qui puisse retranscrire notre mentalité. Nous avons travaillé avec un photographe… Au départ, il ne devait pas y avoir de poulpe, mais un stylo qui dégage de l’encre à la place. Tu sais, quand tu travailles beaucoup ton stylo fait des tâches, mais on n’a pas trouvé cela très intéressant. Nous avons préféré le remplacer par un poulpe de sorte qu’il puisse remplacer le stylo métaphoriquement. Nous avons pris ce poulpe et nous l’avons mis dans ma poche de chemise. C’est vraiment moi sur la photographie, rien n’a été retouché !

Vous venez de Norvège. On associe régulièrement votre pays à la culture « Black Metal ». Penses-tu que Audrey Horne est une exception ? 

Non, je ne pense pas. Il y a d’autres bons groupes de Hard Rock. Je pense que c’est à cause des médias que tu crois que la Norvège est un pays de « Blackeux ». C’est vrai que le Black Metal est le genre de musique extrême auquel tout le monde pense quand on parle de Norvège, mais je peux t’assurer qu’il y a une autre poignée de bons groupes de Hard Rock. Nous ne sommes pas les seuls, tu peux te rassurer.

Oui, il y a aussi Kvelertak qui commence vraiment à gagner en notoriété en ce moment, notamment grâce à cette fameuse tournée en compagnie de Metallica. 

Ce groupe est tout simplement énorme. Ils ont vraiment travaillé dur pour arriver où ils en sont aujourd’hui. Ils sont uniques dans leur genre, ils sont parvenus à associer le Hard et le Black dans une et seule musique, la leur. Ils sont vraiment géniaux, que ce soit musicalement ou humainement. Ils sont arrivés au bon moment, je pense. Ils répondent à une attente et incorporent une souffle nouveau à cette scène. Beaucoup de monde les aime, les Foo Fighter, Mastodon, Metallica… Ils sont agressifs, mais assez mélodieux, et en plus, ils chantent dans notre langue d’origine, ce qui est une plus-value à mes yeux.

Vous, vous êtes plus branchés Hard. Son public commence à vieillir…

Tout le monde nous le dit ! (rire) Les gens pensent que le Hard va mourir dès que les fans de la première heure vont commencer à partir à la retraite, mais quand tu vas à un concert d’Iron Maiden ou de Metallica, tu te rends compte qu’il y a énormément de jeunes. Souvent, ce sont les parents qui les ont initiés… C’est carrément cool que ce genre de renouvellement et partage s’opère. Puis, tu sais, nous vivons dans un monde où les fans veulent revenir à un style plus simple, plus honnête. Regarde tous ces groupes modernes, leurs pistes de batterie ne sont pas naturelles. On a l’impression que c’est une machine qui joue à la place des batteurs. Or, nous sommes des êtres imparfaits, donc par définition, notre musique doit l’être également. On ne peut pas être parfait, surtout lorsque l’on joue cette musique. À mon avis, d’une manière ou d’une autre, les fans reviendront aux fondamentaux. Puis, après, nous ne pouvons pas choisir l’âge de nos fans, mais j’estime que notre musique intéresse aussi bien les fans de 18 ans que ceux qui en ont 60. Nous écrivons et jouons la musique qui nous plaît, après, peu importe l’âge de nos fans.

Vous allez entreprendre une nouvelle tournée. Malheureusement, vous ne passez qu’au Petit Bain à Paris…

C’est peu, et j’avoue que j’étais un peu déçu lorsque j’ai appris que nous nous produirions qu’une seule fois en France dans le cadre de cette tournée. C’est dommage car j’ai de très bons souvenirs des moments passés en France. On a visité pas mal de villes françaises, même Marseille. Si tu m’avais dit que nous nous produirions à Marseille, je ne t’aurais pas cru il y a dix ans. Marseille est tout sauf une ville qui transpire le Rock ’n’ Roll, et pourtant… nous avons des fans là-bas. D’où viens-tu, toi ?

Du Nord de la France, vous vous êtes produits au Raismes Fest il y a quelques années…

Je vois ! Nous ne sommes jamais venus à Lille encore. J’espère vraiment que l’on passera chez vous prochainement. Peut-être que ça se fera au cours de la deuxième partie de notre tournée. Je ne comprends pas pourquoi nos prestations en France sont si rares, pourtant nous nous sommes produits au Hellfest à plusieurs reprises et nos albums se vendent bien chez vous…


Audrey Horne, c’est : 

Torkjell Rød/Toschie : Chant

Arve Isdal : Guitare

Thomas Tofthagen : Guitare

Kjetil Greve : Batterie

Espen Lien : Basse

Discographie : 

No Hay Banda (2005)

Le Fol (2007)

Audrey Horne (2010)

Youngblood (2013)

Pure Heavy (2014)

Blackout (2017)

 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.