C’est dans le cadre du Motocultor Festival que nous avons pu rencontrer Uli Jon Roth, illustre ex-tête pensante de Scorpions, à l’origine de quatre albums et un live aussi marquants les uns que les autres. Alors, on s’est permis de déranger le Guitar Hero, lui et sa guitare, afin de revenir sur ce projet qui lui tenait à cœur, revisiter du Scorpions et lui demander ce qu’il comptait faire par la suite. Et malgré son âge avancé, le « Jimi Hendrix allemand » compte bien prouver qu’il a encore pas mal de cordes à sa lyre.

Propos de Uli Jon Roth recueillis par Axl Meu au Motocultor 2017.

Crédit photo : Gaël Mathieu (Motocultor)


Salut ! Comment vas-tu ?

Je me porte bien, ça va très bien même.

Tu as quitté la scène du Motocultor il y a une heure maintenant. Tout s’est bien déroulé ?

Oui ! Vraiment, le public était très réactif. Je pense que nous avons été à la hauteur. Je ne suis pas toujours satisfait de mes concerts, mais ce soir, si, ça a été !

Quand tu joues, tu donnes l’impression d’être très attaché à ta guitare…

Oui, nous sommes très proches.

C’est un peu comme ton enfant, non ? (rires)

Oui et non. Pas vraiment en fait. Ma guitare est comme un cheval pour moi. C’est un peu une guitare avec des ailes, un pégase, ce genre d’animal que tu dois dompter pour en faire sortir un son, et c’est à moi de le dompter. Mais j’entretiens une relation particulière avec ma guitare, vraiment. La guitare est un instrument formidable, c’est un très bel instrument. Aujourd’hui, j’ai apporté ma White Sky Guitar. Ça faisait trois ans que je ne m’en étais pas servi, je ne savais pas si elle était encore en état de marche avant de me produire et il s’avère que oui, en fin de compte. Jai été surpris par les sons qu’elle a dégagés. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir ce soir.

Nathan James n’était pas là…

Non, il a son autre groupe, Inglorious !

C’est donc ton bassiste et toi qui vous êtes occupés des parties chantées.

Oui, de temps en temps, il passe également à la guitare. C’est un excellent musicien, il peut s’adapter à toutes les situations.

Parlons un peu de ton actualité. Il y a trois ans maintenant, tu as décidé de reprendre tes vieux morceaux de Scorpions. Ils ont trouvé place sur Scorpions Revisited.

Je ne dirais pas « reprendre ». Tu sais, ce sont mes propres morceaux, ceux que j’ai composés quand j’étais encore dans Scorpions. Ce sont plutôt des réinterprétations de morceaux que j’ai enregistrés. Ce fut très intéressant pour moi de revisiter mon propre passé !

Les critiques ont été élogieuses à l’égard de cet album, et même si tu proposes des versions alternatives, il est intéressant de voir que l’on reconnaît toujours ton style. Est-ce que ces versions sont une façon comme une autre de montrer qu’un musicien peut évoluer avec le temps tout en restant le même ?

Oui, et non. Avec le temps, on change, c’est sûr. Mais prends par exemple le morceau « The Sails Of Charon », il contient une base très fixe. Tu peux l’interpréter de façons différentes. Pour moi, c’est important de ne pas modifier les passages les plus importants du morceau, mais je peux m’offrir quelques libertés en improvisant quelques passages qui n’étaient pas sur la version d’origine.

Comment avez-vous mis en boîte Scorpions Revisited ?

Nous avons enregistré les morceaux façon « live », mais sans public. Nous étions dans une grande salle, et nous avons joué les morceaux tels que nous les jouons sur scène !

As-tu quelques idées pour le futur ? Les fans aimeraient réentendre les classiques d’Electric Sun avec ton line-up actuel. C’est envisageable ?

Absolument. Tu sais pourquoi ? L’année prochaine, on fête le quarantième anniversaire du premier album d’Electric Sun (Earthquake, NDLR). Nous allons tourner pour fêter ça et le projet aura pour nom Electric Sun Reborn. On jouera les meilleurs morceaux d’Electric Sun. Ça sera une longue tournée mondiale, et nos concerts seront assez denses, découpés en deux parties. Nous ferons une heure et demi d’Electric Sun et après un petit entracte, nous continuerons et jouerons une heure de classiques de Scorpions. Car tu dois sans doute le savoir, on fêtera également les quarante ans de Tokyo Tapes. Il y aura donc plusieurs anniversaires à fêter. Je suis vraiment très impatient.

Tu as également fêté Tokyo Tapes dernièrement en sortant le fameux Tokyo Tapes Revisited – Live In Japan. Quel en était le projet ?

En fait, quand nous étions en train de travailler sur Scorpions Revisited, nous devions à la fois sortir un CD et DVD. Nous avons enregistré l’album et nous nous sommes produits en concert pour capter le fameux DVD, mais il s’avère que je n’ai pas été convaincu par les prises vidéos. Après réflexions, je me suis dit qu’il serait bon de sortir les choses séparément. Dans un premier temps, nous avons sorti le CD Scorpions Revisited, et nous sommes partis en tournée. Nous sommes partis au Japon et nous avons interprété nos morceaux dans le même ordre que l’album live Tokyo Tapes. Le résultat est sur le dernier DVD.

« Si tu joues un morceau en y mettant beaucoup de feeling, ça passe, même devant un public de Metalleux ! »

Uli, tu es considéré aujourd’hui comme le Jimi Hendrix allemand. Tu as l’habitude de reprendre quelques-uns de ses hits sur scène. Ça fait quoi d’être considéré comme l’alter-ego de son modèle ?

Oui, je reprends quelques-uns de ses morceaux. Même ici dans le cadre du Motocultor, j’ai proposé quelques-uns de ses morceaux, car je sais que les Français aiment bien Jimi Hendrix. Si tu joues un morceau en y mettant beaucoup de feeling, ça passe, même devant un public de Metalleux ! À la fin du show, nous l’avons fait et ça a marché !

Parlons à présent de l’actualité de Scorpions, celui des temps modernes. Le groupe a annoncé en 2010 que la tournée de Sting In The Tail serait la dernière, et pourtant, nous sommes en 2017 et ils continuent de tourner en masse. Que penses-tu de tout cela ?

C’est assez simple en fait. Quand ils ont annoncé leur tournée d’adieu, ils voulaient, dans un premier temps, s’arrêter. Mais les réactions ont été telles que de plus en plus en monde voulait les faire jouer. De plus en plus de promoteurs sont allés à leur rencontre et leur ont proposé toujours plus de shows. Donc d’un coup, ça a suivi, les fans ont été au rendez-vous. Même aujourd’hui, la demande reste très forte. Il n’y a rien de très grave, car ça permet aux jeunes qui n’ont jamais vu Scorpions de les découvrir sur scène. Ce n’était pas trop dans leur intérêt de continuer, tu sais, ils ne savaient pas que le réaction serait ainsi. Qui sait jusqu’où ils iront ? Personnellement, je ne sais pas.

Est-il envisageable que tu reviennes de temps en temps partager la scène avec eux ?

Nous avons déjà partagé la scène quelques fois avant qu’ils annoncent leur tournée d’adieu. Aujourd’hui, dans le cadre de leur tournée « anniversaire », ils jouent quelques passages issus des premiers albums de Scorpions, et personnellement, leur show est tellement millimétré que je pense que ça poserait problème. Je ne pense pas que ça serait une bonne idée. Pour le moment, après… Je ne sais pas.

As-tu songé à composer de nouveaux morceaux ? Ton dernier album de compositions, Under A Dark Sky, remonte à 2008 !

Oui, j’y travaille en ce moment. Je suis en train de composer un nouvel album. Je sais que la sortie de mon dernier album remonte à quelques années… J’ai commencé à enregistrer, mais tu sais, il n’est pas facile d’enregistrer un album de nos jours. Ça prend énormément de temps. J’ai commencé, et pour l’instant, je suis satisfait du résultat !

Comment expliques-tu que les albums que tu as enregistrés avec Scorpions soient devenus des classiques avec le temps ?

Eh bien, je pense que nous avons proposé des choses qui étaient inhabituelles à ce moment précis. On a apporté quelque chose de nouveau. Nous avons composé de belles mélodies, et les gens ont aimé… Je trouve que c’était très intéressant, car on a proposé d’un côté des mélodies assez commerciales et d’un autre côté, d’autres moins commerciales. C’est difficile à expliquer. À mon avis, il n’y avait pas d’autres groupes comme Scorpions dans les 70’s.

Merci beaucoup, je te laisse le dernier mot.

Merci à toi. Je suis très impatient de vous retrouver l’année prochaine avec Electric Sun Reborn !

Lors de cet entretien, Uli Jon Roth n’a pas évoqué sa participation au sein du prochain G3. En effet, le Guitar Hero accompagnera John Petrucci et Joe Satriani dans le cadre d’une tournée exceptionnelle qui passera à Lille (Le Zenith) le 23 avril prochain.


Uli Jon Roth, c’est : 

Uli Jon Roth : Tous les instruments, Guitare, Chant

Jamie Little : Batterie

Nathan James : Chant

Niklas Turmann : Basse

Corvin Bahn : Clavier

David Klosinski : Guitare

Discographie : 

Avec Scorpions : 

Fly To The Rainbow (1974)

In Trance (1975)

Virgin Killer (1976)

Taken By Force (1977)

Tokyo Tapes (1978)

 

Avec Electric Sun : 

Earthquake (1979)

Firewind (1981)

Beyond The Astral Skies (1985)

 

En solo : 

Aquila Suite – 12 Arpeggio Concert Etudes for Solo Piano (1991)

Sky of Avalon (1996)

Transcendental Sky Guitar Vol I and II (2000)

Legends of Rock at Castle Donington (2002)

Metamorphosis of Vivaldi’s Four Seasons (2003)

Under a Dark Sky (2008)

Scorpions Revisited (2015)

Tokyo Tapes Revisited – Live in Japan (2016)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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