Le Gohelle Fest et ses ambitions… Mettre en avant le patrimoine régional en essayant à la fois de faire plaisir à un large public et aux copains, en programmant des groupes d’envergure et des groupes locaux. Après deux premières éditions audacieuses avec Kreator (pour la première), Obituary et Carcass (pour la deuxième), il a fallu revoir les aboutissants du projet. Malheureusement, le « coup de grisou » est passé par là et l’événement souffre de la concurrence directe du Fall Of Summer forçant les organisateurs à se remettre en question. 70€ les deux jours, n’était-ce pas un poil trop cher ? L’édition « Open Air » de 2016 est donc annulée et remplacée par un « Warm Up » au Métaphone de Oignies trois mois plus tard. Alors, on appelle à la mobilisation. On accueille Benighted et bien d’autres qui ont pour but de nous « chauffer ». Après ce premier « Warm Up » des plus rassurants, on espère, on reste optimiste pour l’année 2017.
Crédit photos : Cédric Cambien
Car le festival le mérite. Et pourtant, rien n’est encore gagné. Délaissant l’étiquette « Warm Up » le temps d’une soirée, les organisateurs parviennent à faire comprendre que le Gohelle Fest est de retour, que le projet de faire venir les plus grosses pointures (Metallica, Rammstein…) au pied des terrils est toujours d’actualité. C’est une idée qui a notamment été martelée à plusieurs reprises sur une émission de radio, Killing Machine, pour ne pas la citer. Et, en guise de quatrième édition, on a droit à deux valeurs locales (W.I.L.D. et Morpain), deux valeurs hexagonales (Phazm et Gorod) et deux bons groupes d’envergure internationale (Crisix et Hatesphere). Il s’agit, selon les organisateurs, du combo gagnant, celui qui pourrait faire venir le plus de monde, même si Anaal Nathrakh n’a pas pu se libérer.
Alors, il n’est point à douter que les groupes invités sont de qualité, mais encore aurait-il fallu trouver des groupes qui fédèrent, ou même d’autres particulièrement rares mais appréciés, pour faire venir les spectateurs. Surtout que la concurrence est rude en ce samedi 16 décembre. Non seulement il y a Channel Zero et Evil Invaders à Courtrai, mais aussi le Eindhoven Metal Meeting avec Venom en tête d’affiche, rien que ça. Et là, c’est le « coup de grisou », une nouvelle fois. Et pourtant, les organisateurs ont pris en considération les critiques qui leur avaient été faites, notamment pour ce P.A.F. trop élevé pour la deuxième édition. Malgré un P.A.F. raisonnable, les préventes ne sont pas fameuses, mais du côté des bénévoles, on s’organise, on se mobilise et on accueille comme il se doit les festivaliers.
Il est 18 h, et une poignée de festivaliers investit le Métaphone. Il n’est pas encore trop tard, peut-être que le public viendra après. Seuls les vrais de vrais, ceux que l’on voit à tous les concerts, tous, sans exception, étaient là. Ce sont eux qui ont accueilli la nouvelle mouture de Morpain, la première formation à se produire sur scène. Rien à redire sur la performance des Lensois. Gio, le petit nouveau, est à l’aise et a pleinement digéré le répertoire de ses aïeux. Se produire au Métaphone de Oignies pour Morpain, c’est surtout une belle opportunité pour présenter dans des conditions optimales Fueled By Anger, leur nouveau méfait. Et le public est intéressé, bien que trop peu réactif. Le constat est plutôt positif, même si un petit manque de présence s’est fait ressentir en ce qui concerne la guitare. Il faut dire qu’elle devait à elle-seule digérer les algorithmes basse/batterie/chant.
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Alors on passe à la suite. Et c’est W.I.L.D.. On les connait bien W.I.L.D.. Le Dreamer Fest, le Bistrot de St So, le festival Du Metal A La Campagne, le Betizfest, vraiment, on les voit partout ! W.I.L.D. s’était même produit dans le cadre dans la deuxième édition du Gohelle Fest. Bref, la bande de potes à Fred Patalas est dans les starting-blocks. Et c’est tant mieux. Purgatorius, sorti il y a quelques mois, met en avant une formation dans la fleur de l’âge. Les titres très Thrash/Death sont exécutés dans leurs moindres détails, et Jérôme n’hésite pas à prendre la parole pour remercier le public et l’organisation du Gohelle Fest. Et puisque W.I.L.D., c’est la famille, le groupe invite son ex-batteur à se produire sur scène avec eux. Ce fut un bon concert, à l’image de ce que le groupe a toujours été. Dommage que le public soit resté statique.
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Pour un groupe comme Phazm, ne pas bénéficier de soundchecks complets peut engendrer de nombreux problèmes. Alors, oui, on connait bien Pierrick Valence : lui et ses musiciens font extrêmement attention à l’agencement de leurs morceaux. Il faut dire qu’ils sont souvent accompagnés de samplers. Les reproduire en live, ça demande à ce que la rigueur et la précision soient de mise. Mais en dépit des quelques petits problèmes qu’a rencontrés le groupe pendant sa performance, Pierrick Valence, lui et ses cris, s’en sont très bien sortis en faisant découvrir un univers Black ’n’ Roll. Vous savez, son son si particulier à la frontière du Death, du Black et du Rock ’n’ Roll mis en exergue sur Scornful Of Icons le dernier album en date de la formation. Cependant, malgré ses nombreux efforts de communication, le public du Gohelle Fest ne semble pas trop réagir – peut-être qu’il préfère observer avec minutie le guitariste qui n’hésite pas à sortir sa nyckelharpa afin d’inculquer une petite dose de lyrisme en fin de gig. Quoi qu’il en soit, pour beaucoup, Phazm était la découverte de la journée.
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Gorod est un habitué du Métaphone de Oignies. Souvenez-vous, les technocrates de la guitare y avaient ouvert pour ETHS et Dagoba en 2016. Et quand on aurait pu croire que le quintet allait donner le même concert, ce ne fut point le cas. Si le line-up reste inchangé, la setlist, elle, a évolué et fait la part belle à quelques nouveaux titres et d’autres classiques dont les dansants « Carved In The Wind » et « Disavow Your God ». Et tout de suite, lorsque l’on allie la technique, à la subtilité de l’interprétation, le public se montre un poil plus réactif (à vrai dire, la fosse s’est vidée après cette performance). Se sont donc enchaînées les parties tapping raffinées à d’autres plus mélodiques, notamment sur le titre « Disavow Your God ». Le peu de public qui surplombe la fosse se bouscule, et Julien, hurleur de talent, se fait plaisir en introduisant ses titres de façon décalée. Bref, c’est la débandade, et les Toulousains nous prouvent par A + B qu’ils sont bien plus qu’une valeur sûre.
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Crisix… Bien qu’amputé de son batteur, le combo espagnol décide quand même d’assurer ses deux dernières dates de l’année, dont le Gohelle Fest. Alors, les jumeaux d’Angelus Apatrida montrent leur bonne foi en proposant un set axé sur la bonne humeur, la convivialité et des animations en tout genre. Malheureusement, la ferveur que le public assigne à ce genre de groupe y joue pour beaucoup dans ce genre de concerts. C’est clair : un concert de Crisix sans public, ça ne marche pas ! Et malheureusement, il y a des jours avec et des jours sans, et ce sera un jour sans pour Crisix car le public n’a pas accueilli comme il se doit les Espagnols. Pourtant, les connaisseurs animent la fosse. Les classiques « Bring’em To The pit », « G.M.M (The Great Metal Motherfucker) » et « Ultra Thrash » rencontrent un petit succès, mais nous sommes loin de la débandade du siècle. Parmi les animations figuraient le « Football Of Death », une activité destinée à faire débrancher la PS4 d’un Metalhead boutonneux… mais ils n’étaient que 10 à vouloir éclater les ballons dans la fosse. Alors, absence de batteur oblige, le groupe la joue « cool », prend son temps, consulte son public en deuxième partie de gig et lui demande ce qu’il aimerait entendre. Ils ont alors jammé sur Metallica (« Creeping Death ») et « Whole Lotta Rosie » (AC/DC). Oui, l’essence de Crisix, c’est la scène et ils nous l’ont bien prouvé, mais que faire lorsque le public est aux abonnés absents ? (bis)
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C’est enfin au tour de Hatesphere, la tête d’affiche, de se produire. Les balances se font longues, très longues mais le son est pourtant loin d’être irréprochable pour un groupe de cet envergure. C’est carrément dommage. Car en dépit de ces quelques défauts, le groupe, qui a pris l’avion depuis le Danemark, a donné un concert exemplaire devant une poignée de fidèles qui a fait l’effort de rester jusqu’au bout. Etait-ce vraiment la tête d’affiche que tout le monde attendait ?
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L’ensemble est plutôt décevant, car les efforts déployés par les organisateurs pour faire vivre la scène Metal des Hauts-de-France n’ont pas porté leurs fruits. Problèmes de communication ? Non. Les groupes n’étaient pas trop évocateurs ? Peut-être. La concurrence ? Sûrement. La fatigue ? Oui. Les fêtes de Noël ? Oui. Beaucoup de causes ont été évoquées… Et malheureusement, il faudra bien plus de « Warm Up » que prévus pour que Gohelle Fest sorte la tête de l’eau.
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