Pourtant presque inconnu sur le territoire français, Furia n’a pas eu de mal à convaincre le 13 janvier dernier lors de sa prestation au In Theatrum Denonium. Alors la rédaction d’Heretik Magazine s’est intéressée au phénomène « Furia », sa musique et sa philosophie, qui se veulent bien plus complexes qu’elles n’en ont l’air ! 

Propos de Nihil (guitare, chant) et Scars (basse) recueillis par Axl Meu le 13 janvier à Denain (In Theatrum Denonium)

Crédit photos : Cédric Cambien (Slaytanic)


Salut, vous venez de Pologne et le groupe a maintenant plus d’une dizaine d’années à son actif. Vous proposez une sorte de Black Metal, assez personnel. Pouvez-vous nous donner plus d’informations sur le groupe ? 

Nihil : On a commencé courant 2001. Au départ, c’était un « one-man band » que j’avais créé, mais le besoin de se produire s’est vite fait ressentir. Tout est allé très vite, et ces gars ont rejoint le groupe. Il n’y a eu qu’un changement de line-up. Ce groupe est un morceau de notre vie. Nous nous exprimons par l’intermédiaire de notre musique.

Furia veut dire « Furie ». Comment parvenez-vous à retranscrire cette « furie » sur scène ? 

Je ne sais pas. Ça arrive, c’est aussi simple que cela. C’est comme lorsque l’on commence… Tout vient de manière spontanée, et c’est l’inconscient qui parle. Au départ, il n’y avait rien, c’était le néant, et au fil des années, notre entité a commencé à se remplir. Furia est vraiment le nom qui nous convient le mieux… Je ne sais pas si je réponds bien à ta question, mais la « furie » nous caractérise bien.

Vous venez à l’instant de faire vos balances. À votre avis, pourquoi pouvons-nous dire que le Théâtre de Denain correspond bien à votre univers ? 

Je pense que le style des groupes qui sont à l’affiche ce soir est très imagé. Je comprends pourquoi ces organisateurs ont tenu à faire jouer ces groupes dans ce théâtre. Leur style correspond extrêmement bien à l’endroit. L’ensemble est très grandiloquent, très sombre, très imagé et très mystique.

Aujourd’hui, Furia reste un groupe en marge. Pour trouver des informations vous concernant, il ne sert à rien d’aller sur les réseaux sociaux, vous ne vous en servez pas. 

Ça n’a rien à voir avec Furia. Nous n’aimons pas les réseaux sociaux, nous n’aimons pas le système. Nous ne nous y sentons pas à notre aise… Et nous ne voulons pas de profil. Je sais que c’est étonnant… Tous les groupes en ont un aujourd’hui. Commercialement parlant, c’est assez étonnant de notre part, mais ce serait mal. Ce serait nous mentir à nous-mêmes que de nous inscrire sur ce genre de sites.

Parlons à présent de votre musique. Vous êtes sous contrat chez Pagan Records et vous avez sorti sept albums. Le dernier en date s’intitule Księżyc Milczy Luty. Comme son « nom » l’indique, vous chantez en polonais…

Oui, c’est important pour nous. On pense en polonais. Pourquoi devrions-nous nous forcer à chanter en anglais ? Nous pensons en polonais… Encore une fois, ce serait mentir que de chanter en anglais.

Vous vous êtes déjà essayés à l’anglais ? 

Scars : Non, je ne vois pas l’intérêt de faire ça pour Furia, dans d’autres projets, nous le faisions, mais c’était il y a bien longtemps. Si nous devions enregistrer de nouveaux titres avec ces vieux projets, nous ne chanterions pas en anglais.

Nihil : En fait, les concepts ne sont pas les mêmes pour tous les albums. Massemord (le deuxième projet des protagonistes, NDLR) ne reflète pas notre âme, nous expulsons beaucoup de choses grâce à ce projet, mais la musique de Furia est plus introspective. Les énergies dégagées sont totalement différentes.

Les thématiques abordées par Furia renvoient à la misanthropie, au genre humain… Que dénoncez-vous avec votre musique ? 

Ça parle de nous, de notre vie… Tu sais, nous ne sommes pas des mecs très sociaux. Nous avons beaucoup de problèmes avec nous-mêmes et nous sommes assez antisociaux… Ça a évolué, aujourd’hui, nous sommes bien plus ouverts qu’il y a dix ans… A l’époque, nous étions contre tout. Ça a changé.

« Nous ne sommes pas des putains de rockstars… Nous détestons le show-business ! »

Comment commenteriez-vous l’évolution de votre style ? C’est en rapport avec l’évolution de votre mentalité ? Suivez-vous les courants ?

Nous ne sommes pas le genre de groupes à suivre les modes. Nous suivons nos personnalités, je suppose. Mais ce serait quand même mentir que de dire que nous ne portons pas un regard attentif à l’égard de tout ce qui se fait en termes de Black Metal. Nous cherchons, nous explorons. Nous faisons tout cela par rapport à nous-mêmes. Notre but n’est pas de suivre la direction d’un autre groupe, mais plutôt de trouver la nôtre. Notre dernier album (Księżyc Milczy Luty, NDLR) était plus lourd, et comprenait des tempos plus lents. Peut-être que notre nouvel album contiendra plus de blast, à voir !

Vos artworks sont de vraies pièces d’art qui développent plusieurs concepts métaphoriques et renvoient directement à vos musiques…

Nous élaborons nos artworks. Ils sont en rapport avec ce que nous sommes, et sont le reflet de ce que nous souhaitons faire. Les artworks ont pour but de représenter notre personnalité. En fait, pour tout résumer, nous nous chargeons de tout dans le groupe. Que ce soit la production, le mixage, l’artwork, les compositions… c’est nous qui faisons tout.

Sars : On sait que tout n’est pas parfait, mais ces albums nous représentent ! Ça ne servirait à rien de mentir… Concernant les pochettes, nous ne sommes pas des artistes-peintres, mais on le fait ensemble. Aujourd’hui, on expérimente toujours et on s’interroge toujours sur la manière dont devrait sonner Furia.

Le background musical de la Pologne évolue en ce moment. Avant, quand on me parlait de la Pologne, j’avais plutôt tendance à penser à Decapitated, Vader, Behemoth… Aujourd’hui, je pense à Batushka… Pourquoi ne faites-vous pas partie de l’écurie « Witching Hour » ? 

Sars : Nous sommes satisfaits de Pagan Records. On est conscients que ce n’est pas un très gros label, et qu’on ne peut pas trouver nos disques partout, mais Thomas, le label-manager est un de nos amis, et il est fan de notre musique. Nous ne voulons pas aller ailleurs, et surtout, nous ne voulons pas qu’on nous impose quoi que ce soit. On veut rester libres dans notre démarche, et Thomas nous offre cette liberté avec Pagan Records. Nous travaillons ensemble, et cette démarche « amicale » me plaît. Par exemple, ce soir, c’est un de nos amis qui s’occupe du son. Quand nous sommes sur la route, nous voulons être rassurés et, surtout, être en bonne compagnie.

Nihil : Nous ne sommes pas des putains de rockstars… Nous détestons le show-business, nous ne voulons pas de compromis, et c’est pour cette raison que nous restons avec Thomas.

Que pensez-vous de Batushka ? C’est un groupe qui monte…

Qu’en pensons-nous ? Oui… ils montent. Question suivante ! (rires)

Les prestations de Furia sur le territoire français sont très rares. La dernière fois que la rédaction vous a vus, c’était au Motocultor Festival, en 2016. Il pleuvait…

Sars : Oui, et en fait, nous nous y sommes produits à deux reprises pour finir. Un groupe n’était pas à l’heure, du coup, l’organisation nous a sollicités et nous a demandé si nous voulions bien nous produire une nouvelle fois. Ce que nous avons accepté. Nous avons donc joué sous une des plus grandes tentes du festival.

Que pensez-vous du Motocultor ? 

J’ai aimé. J’ai été convaincu par l’ensemble de nos prestations… Surtout la première ! C’était assez spécial, avec ces intempéries, et nous sommes torse-nu, le visage grimé de maquillage ! Même notre backdrop était trempé, tout, tout, tout était trempé… On aurait pu se défiler, mais on a adoré, et personnellement, ça m’a fait plaisir de voir Nevrosis sur scène.

Le Black Metal a connu plusieurs mouvances et des groupes comme Au-Dessus, Mgła proposent quelque chose de nouveau. Est-ce que vous appartenez à ce mouvement ? 

Non, pas vraiment. Tu sais, nous avons commencé dans les années 2000, et nous avons beaucoup écouté de groupes de Black norvégien, mais les groupes comme Au-Dessus, eux, ont commencé il y a quatre ans, et ont un « background » totalement différent du nôtre. Nous ne sommes pas pareils que ces groupes.


Furia, c’est : 

Namtar : Batterie

Sars : Basse

Voldtekt : Guitare

Nihil : Chant, Guitare

Discographie : 

I Spokój (Demo – 2004)

I Krzyk (Demo – 2005)

Martwa Polska Jesien (2007)

Plon ! (2008)

Grudzien Za Grudniem (2009)

Halny (2010)

Marzannie, Królowej Polski (2012)

Nocel (2014)

Księżyc Milczy Luty (2016)

 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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