Déjà bien connus des fidèles du Rock In Bourlon, les membres de Death Alley, groupe de Stoner/Psychedelique, continuent leur petit bout de chemin, avec classe et détermination. Conséquence de la chose, c’est lors de leur performance au Freak Valley Festival que les Hollandais se sont fait repérer par Century Media, le label qui éditera leur nouvel album, Superbia ! Entretien ! 

Propos de Douwe Truijens (chant) recueillis par Axl Meu le 13 février.


Salut ! J’aimerais dans un premier temps que tu te présentes… Je sais que Death Alley vient de Hollande et que le groupe a sorti ses premiers splits en 2013… 

Et après ? Nous sommes partis en tournée. On a mis beaucoup d’énergie dans ces dates, et après avoir tourné, nous nous sommes rendus compte qu’on avait pas mal de morceaux en réserve. Ces titres, ce sont ceux qui figurent sur notre premier album, Black Magick Boogieland. Et là, nous sommes sur le point de sortir notre deuxième album, Superbia

Ce qui est quand même incroyable, c’est qu’après avoir sorti Black Magick Boogieland, vous avez été repérés par l’écurie Century Media. Tout est allé super vite pour vous… Explique-nous le pourquoi du comment de cette affaire ! 

Eh bien, je pense que lorsque tu joues beaucoup, lorsque tu montres que tu en veux, ce genre d’opportunités finit par se présenter. L’année dernière, une partie de l’équipe de Century Media est venue nous voir au concert que nous avons donné dans le cadre du Freak Valley Festival, et il se trouve que nous étions en train de travailler sur notre deuxième album. Néanmoins, nous sommes très heureux d’avoir sorti notre premier album sur TeePee, un label géré par des fans de Rock ’n’ Roll ! Pour le deuxième, on sera donc chez Century Media, le courant passait très bien entre nous, et nous ne nous sommes pas trop posés de questions.

Il y a eu un gros changement de line-up entre la sortie du Blackmagick Boogieland et celle de Superbia. Vous avez notamment recruté Uni, l’ancien batteur de In Solitude. Pourquoi Mind s’en est-il allé ? 

Eh bien, je pense que lorsque tu commences à jouer, à intensifier les concerts, lorsque tu veux partir dans une certaine direction, il faut prendre des décisions. Quand il nous a fallu trouver un nouveau batteur, nous avons laissé les choses se faire, et il se trouve que Oeds Beydals (ex : The Devil’s Blood), notre guitariste, connaissait très bien Uni. Il faut dire que Devil’s Blood et In Solitude avaient tourné ensemble. Uni est un superbe batteur, il est très créatif et surtout très moderne dans ses démarches. Quand nous avons joué ensemble pour la première fois, nous avons vite compris qu’il était le batteur qu’il nous fallait !

Oui, et il ne faut pas oublier que Death Alley est né sur les cendres de The Devil’s Blood, et que tu es fan de The Devil’s Blood et de In Solitude…

J’adore ces groupes. Quand j’ai appris qu’ils s’étaient séparés, j’ai été dévasté. Après, nous drainons derrière nous l’héritage de The Devil’s Blood. Mais, je tiens à insister sur le fait que nous ne voulons pas être leur copie conforme. Il y a quelques ressemblances, c’est sûr, mais nous avons posé nos bases là-dessus. C’est vraiment ce qui se passe avec Death Alley. L’expérience de chacun a forgé le son du groupe !

Quelles sont tes sources d’inspiration en termes de chant ? 

Quand j’étais gamin, j’écoutais beaucoup de Punk Rock. J’ai été influencé par Johnny Rotten des Sex Pistols, de H.R. des Bad Brains, mais mes goûts ont évolué avec le temps. Aujourd’hui, mes principales sources d’inspiration en termes de chant sont Ozzy Osbourne et Iggy Pop. Ce sont vraiment eux qui m’inspirent. J’essaie de mélanger leur tonalité vocale afin d’en faire ressortir quelque chose d’unique.

« Fire Of Unknown Origin ? Ce disque est carrément fou. Je veux dire : « Wahou ! ». »

Tu es également fan de Blue Öyster Cult… 

Oui ! Ce qui est fantastique par rapport à ce groupe, c’est que tu as beau essayer de les décrire et de les caser dans une catégorie, tu n’y arrives jamais. Tu ne sais pas s’il s’agit de Rock, de Heavy Metal, de Prog ou de Psychedélique. Tout est différent chez eux ! Et le pire, c’est qu’ils excellent dans chacun de ces styles. Et avec Death Alley, c’est ce à quoi nous aspirons. Nous ne voulons pas nous cantonner à un seul style, mais plutôt tous les frôler !

Fire Of Unknown Origin, quel album ! 

Oui… Ce disque est carrément fou. Je veux dire : « Wahou ! ».

Cette influence, on la retrouve sur ce nouvel album, notamment sur le titre « Headlights In The Dark » avec ces petits chœurs ! Autre titre intéressant de Superbia : « Shake The Coil ». Quel était le final attendu pour ce titre ?

J’ai quelques anecdotes sur ce morceau. En fait, « Shake The Coil » est une référence directe à cette phrase que j’avais en tête pendant des journées entières : « You can’t shake, shake the coil »… Il fallait que j’écrive un morceau dessus ! C’était vraiment une obsession ! D’ailleurs, on m’entend marmonner ces phrases au tout début du titre ! Il sonne un peu comme les Stooges, il est vraiment cool !

Le groupe est encore extrêmement jeune, et certaines personnes peuvent être tentées de dire, vu votre style, que vous appartenez à la mouvance « Rock ’n’ Roll Revival ». Tu sais, ces groupes qui donnent un nouveau souffle au Rock ’n’ Roll… 

Je suis d’accord avec ça. C’est une bonne chose d’ailleurs ! Ça signifie que notre musique dégage beaucoup d’énergie, les gens recommencent à s’intéresser au Rock ’n’ Roll… ! Néanmoins, nous ne nous considérons pas pour autant comme un groupe « revival », car comme je t’ai dit, nous ne nous focalisons pas sur un seul style de musique. Nous assemblons plusieurs styles. Même si au premier abord, ce n’est pas trop conventionnel, ça nous reflète. Notre but n’est pas de faire dans le « rétro », mais de dégager l’esprit du Rock ’n’ Roll !

Pour promouvoir Superbia, vous avez décidé de mettre en images le titre « Murders Your Dreams »… C’est votre premier clip !

Ce titre parle de la désillusion, tu sais, des rêves et des ambitions que tu as quand tu es plus jeune… C’est un morceau assez agressif ! Et la vidéo est vraiment magnifique, car elle retranscrit bien l’atmosphère du titre ! Cette vidéo, c’est plus ou moins un clin d’œil au style de David Lynch ! Tu sais, dans le sens où il y a une tension, une atmosphère particulière, une sorte de menace, un danger, dont tu ne connais pas trop l’origine !

Vous avez donc à votre actif deux albums, et à chaque fois, vous avez pris l’habitude de les conclure avec très long morceau. Pour Superbia, c’est « The Sewage ». Il y a des parties plus progressives, différents mouvements… Te sens-tu proche de groupes comme Rush ? 

Je n’écoute pas trop Rush, mais oui, je suis plus ou moins proche du mouvement Rock Progressif ! Personnellement, je me sens plus proche de groupes comme King Crimson. Après, on trouve également pas mal d’éléments progressifs dans les albums de Blue Öyster Cult ! Et si j’aime conclure nos albums avec de longs morceaux, c’est parce que quelques parties sont totalement improvisées. Il y a des parties spontanées ! C’est non seulement un moment fort de notre album, mais aussi de nos vies respectives ! On commence avec une idée simple, on la joue et on voit où ça nous mène. Concernant « The Sewage », la deuxième partie a été écrite lors de la première session d’écriture avec notre nouveau bassiste, Sander Bus. On a commencé à prendre de l’acide, et on a jammé…

Donc, si j’ai bien compris. Quand vous composez, vous ne réfléchissez pas, vous vous laissez aller. C’est votre subconscient qui parle et vous le laissez prendre le dessus…

Tu te laisses aller, tu arrêtes de penser et tu laisses une autre partie de toi s’exprimer ! C’est ça qui nous unit dans le groupe. Dans Death Alley, nous ne planifions rien et ne songeons jamais à sonner d’une quelconque manière. Et c’est comme ça que ça marche. En fonctionnant ainsi, nous nous rapprochons de ce que nous sommes réellement dans la vie. Pareil pour les sujets que nous abordons. Nous n’allons pas écrire sur les dragons ou la Seconde Guerre Mondiale. Ça n’aurait aucun sens pour nous. Notre musique reflète notre vie… Tu sais, quand nous avons collaboré avec Sander Bus pour la première fois, nous étions si contents que nous avons pris de l’acide. C’est comme ça, c’était très étrange. Si nous sommes frustrés ou tristes, peut-être écririons nous quelque chose là-dessus. Bref, la musique est une façon pour nous de refléter notre vie. Je veux dire, quoi, on a un groupe, il est génial, on était tous très enthousiastes à l’idée d’avoir ce nouveau groupe. Bon, nous sortons notre deuxième album et nous sommes un peu moins innocents, mais ça marche !

« Dans Death Alley, nous ne planifions rien et ne songeons jamais à sonner d’une quelconque manière »

Vous prenez de l’acide et fonctionnez donc comme des groupes comme Black Sabbath… (rires) Vous êtes également fans de The Hawkwind et de Motörhead. Vous avez même repris le titre « Motorhead »… Vous sentez-vous plus proches de Motörhead ou de The Hawkwind ?  

C’est difficile ! En fait, cette reprise, on l’a faite pour rendre hommage à Lemmy. On a fait quelques arrangements, plutôt psychédéliques, puis nous sommes arrivés à quelques chose de plus énergique, de plus Punk au fil des mesures, le but étant de nous approprier ce morceau, tout en rendant fidèlement hommage à Lemmy.

Death Alley est associé au Desertfest. Vous êtes programmés aux prochaines éditions de Berlin et de Londres !

Nous nous y étions déjà produits avant, à plusieurs reprises. C’est vraiment un chouette festival, comme l’ensemble des festivals auxquels nous avons participé en fait. On s’y sent très léger ! Il y a ces autres festivals qui proposent différents styles, et à côté il y a le Desertfest… Je suis vraiment content de m’y produire à nouveau !

Une fois Black Magick Boogieland dans les bacs, vous étiez partis aux États-Unis. C’était comment ? Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?  

Incroyable ! Et ça a été au-delà de nos attentes. C’était notre première fois là-bas, et nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre. Nous avions pris l’avion et nous nous sommes rendus à New-York… Le groupe s’est également produit à Los Angeles… C’était vraiment l’aventure pour nous ! Pareil pour Las Vegas ! Un souvenir ? Il y en a tellement, mais je me souviens de cette date où nous étions sur la même affiche que Blue Öyster Cult… Je les regardais jouer, mais j’ai dû me barrer pour assurer mes soundchecks ! C’était carrément frustrant !

Vous vous êtes également produits au Hellfest (en 2016) grâce à ce premier album !

Oui ! On avait dû prendre l’avion et ne dormir qu’une heure et demi, et puis, ensuite, jouer tôt, sous la tente La Valley, qui était pleine à craquer ! Vraiment, ça nous a mis du baume au cœur ! Puis, c’est quand même incroyable de se produire au Hellfest et d’aller voir Black Sabbath le même jour ! C’était carrément surréaliste pour nous !

Vous êtes très proches de Kadavar, vous avez tourné avec eux et même réalisé un split ensemble ! 

En effet, nous avons tourné deux fois avec eux ! C’est sûrement quelque chose que l’on pourrait reconduire à l’avenir ! Nos groupes se complètent à merveille !

Vous allez partir en tournée pour présenter Superbia ! 

Oui ! On tournera un peu partout en Europe ! Nous allons passer par Clermont-Ferrand, Nantes (le Ferrailleur, le 9 mai) et Paris (le Gibus, le 8 mai) !


Death Alley, c’est : 

Douwe Truijens : Chant

Oeds Beydals : Guitare

Sander Bus : Basse

Uno Bruiniusson : Batterie

Discographie : 

Black Magick Boogieland (2015)

Superbia (2018)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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