Nous avions raté le concert de Black Label Society au Bataclan au mois dernier. Heureusement pour elle, la rédaction a pu assister à la dernière branche de la tournée promotionnelle du nouvel album de Zakk Wylde and Co, Grimmest Hits. Et comme elle, le public nordiste, n’ayant pas pu descendre à la Capitale, s’est majoritairement tourné vers le Trix d’Anvers en ce week-end de Pâques.

Et pourtant, le spot que l’on croyait prisé par le public belge nous a donné quelques sueurs froides. La Belgique ne serait-elle pas fan de Black Label Society ? En aurait-elle assez de Zakk Wylde et de ses cordes sifflées ? Personne à 19h ! Fausse frayeur. Car les Belges se rendent à un concert un peu comme un cinéphile se rend au cinéma… Et ce fut le cas pour ce Belgium Chapter. On évite de passer trop de temps devant la porte, et surtout, on ne prête pas trop attention à la première partie. Le public est clairsemé lorsque le trio de Monolord branche ses guitares. 

Report : Axl Meu

Crédit photos : Eric Meuriche


Monolord nous était encore inconnu avant que nous nous rendions au Trix… Néanmoins, il fut facile de se faire une idée globale de la musique proposée par les Hollandais dès le premier morceau. C’est gras, et surtout, le classique Welcome To Sky Valley (Kyuss) n’est jamais très loin. En bref, pas trop de surprises : les trois musiciens, épaulés par des amplis Orange mettent en exergue un savoir-faire propre – surtout le bassiste (Mika Häkki) qui ne cesse de marteler les cordes de sa basse pour en faire ressortir des tonalités criardes, souvent transformées par son pédalier bourré d’effets ! 

Les musiques fleuves, parfois interminables, ne donnent au groupe que l’opportunité de présenter quatre morceaux : « Where Death Meets The Sea », « Lors Of Suffering », « Rust » et « Empress Rising ». Et plus les riffs s’entassent, plus une odeur de marijuana s’installe dans la salle. Il faut dire que La Hollande n’est pas très loin… Bref, le concert de Monolord, parfois monolithique, prend au trip – et c’est après avoir immortalisé quelques scènes avec son portable que le guitariste/chanteur,  Thomas V Jäger, véritablement conquis par l’accueil réservé par le public, quitte la scène. 

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Un énorme backdrop Black Label Society, orné du fameux slogan « Strength, Determination, Merciless, Forever, » occulte la scène de Zakk, et le désormais classique « Whole Lotta Sabbath » se charge de chauffer les (h)ardeurs des amateurs de guitare. Black Label Society entre sur « General Junkies », puis s’offre le luxe d’enchaîner sur d’autres classiques comme « Funeral Bell », « Suffering Overdue » et « Bleed For Me »… L’entrée sur scène se fait sans entrave, bien que le mix guitare/voix ne soit pas des plus convenables. Souvent trop en retrait, les parties de chant de Zakk Wylde sont mangés par la guitare saturée de ce dernier. Néanmoins, tout semble en ordre : le sympathique John DeServio (basse) est dans les starting-blocks et répond aux tempos poussifs de Jeff Fabb (batterie). Pendant ce temps, Dario Lorina accompagne le taulier à la guitare…

Zakk Wylde est incontestablement le maître des lieux (et il le prouvera une fois pour toute en fin de gig). Accompagné d’un pied de micro en forme de bouquet de crânes, il ne se met pas souvent en avant sur l’élévateur prévu à cet effet. L’homme mi-guitariste, mi-bûcheron, les rangers au pied, est photogénique – et c’est une vraie aubaine pour les photographes belges présents ce soir (pour qui le plaisir sera de courte durée, puisqu’ils seront expulsés après avoir fait leurs clichés, incompréhension, quand tu nous tiens !) – Néanmoins, l’homme reste classieux aux yeux de ses fans – et communique avec le public par le biais de quelques « pinch’ harmoniques », son style de fabrique, notamment mis en exergue sur « Funeral Bell » et « Suicide Messiah » (qui voit, comme à l’accoutumée, un des régisseurs monter sur scène pour assurer une partie du refrain de ce dernier).

Chaque changement de guitare est un événement. L’arrière de la scène vantant les mérites de sa marque « Wylde Audio », Zakk Wylde joue désormais au professionnel de la communication en présentant quelques uns de ses modèles (qu’il était possible de se procurer à condition d’accepter de payer le prix fort pour à la fois rencontrer le Guitar Hero et acquérir la guitare). Bref, le show se veut autant visuel qu’auditif, et Zakk Wylde prend parfois la parole pour demander au « Belgium Chapter » de participer comme il se doit à la sauterie, et n’oublie pas de présenter ses « almighty » musiciens de façon décalée. 

Le show est parfaitement millimétré, et la setlist a été finement fignolée de sorte à rythmer les tempos. Ainsi, après « Suicide Messiah », le Guitar Hero décide d’embrayer sur trois nouvelles pépites, les trois interprétées d’affilée « Trampled Down Below », « All That Once Shined » et « Room Of Nightmares », de quoi donner du fil à retordre à tous ceux qui ne s’étaient pas encore mis à jour. Néanmoins, ces nouvelles pépites se fondent parfaitement aux vieilleries du groupe, certaines d’entre elles, notamment « All That Once Shined », très sabbatienne, font déjà office d’incontournables ! Seul le temps nous dira si Zakk Wylde reprendra ces dernières régulièrement… 

Le show, construit sur mesure, a également fait la part aux plus belles ballades du barbu. Dès que les hauts-parleurs « Wylde Audio » sont recouverts d’une illustration commémorant Dimebag Darrel, le combo gagnant se met en marche. Un piano est installé, le guitariste s’y installe et joue, de quoi permettre à Dario Lorina de montrer, un temps soit peu, toute l’étendue de ses talents ! 

D’affilée, « Bridge To Cross », « Spoke In The Wheel » (pendant lequel quelques couples se sont amusés au jeu des accolades), l’incontournable « In This River » (le titre « hommage » au guitariste de Pantera assassiné sur scène, en 2004)  puis « The Blessed Hellride », une ballade de Rock sudiste (à l’image de ce que Zakk Wylde nous propose sur Book Of Shadows) sont interprétés. L’occasion pour nous de reprendre notre souffle, car le meilleur est encore à venir ! 

Lors des derniers rappels, Black Label Society ne se fait pas trop attendre : « Fire It Up », « Concrete Jungle » et « Stillborn » ont pour tâche de mettre un terme aux hostilités de la meilleure des façons possibles. Si Zakk Wylde nous avait déjà bien gâtés en mettant en exergue tout son talent, il n’en fut rien lors du long « solo » qu’il s’est permis pendant « Fire It Up ». Les stage-managers font voler quelques ballons à l’effigie du groupe, et Zakk Wylde s’engouffre dans la fosse (avec un jack à rallonge) pour y interpréter un solo pendant plus de 10 minutes. Alors, on ne passera pas en revue toutes ses acrobaties « guitaristiques », mais il convient d’insister sur le fait que Zakk sait comment maintenir l’attention de son public.

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En presque deux heures de jeu, Zakk Wylde et Black Label Society ont prouvé qu’ils étaient à la tête d’une famille, et ce fameux « Belgium Chapter » a répondu à toutes nos attentes. Claque sur claque, Zakk Wylde rassure – il existe encore des légendes du Rock en pleine forme en 2018 ! À bon entendeur ! 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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