C’est dans la grotte de Cambrai que nous avons pu nous entretenir avec Ludo, la tête pensante de S.U.P.. Après avoir commencé à rééditer leurs albums via leur nouveau label, Overpowered Records, les frères Loez ont décidé de soulager leurs fans en annonçant que le nouvel album de S.U.P. sortirait cet été et bien sûr, partisans que nous sommes, nous avons essayé de soutirer le plus d’informations lui concernant. Un entretien qui a débouché sur les revendications du groupe.
Propos de Ludo Loez (growl, guitare) recueillis par Axl Meu au BetiZFest
Que le BetiZFest t’inspire-t-il ? C’est la première fois que vous vous y produisiez. C’est un festival de musiques alternatives… Les styles sont quand même éclectiques et S.U.P. est un peu l’O.V.N.I. de la journée. Certains ont pu se demander : « Mais que fait S.U.P. en ouverture d’Ultra Vomit ? ».
Aussi surprenant soit-il, je me rends tous les ans à ce festival. Pas forcément pour travailler, pour voir des amis que je connais par rapport à ma profession… Après, on nous a proposé de jouer là. On ne va pas refuser. C’était plutôt : « très bien, on arrive ». Ça nous rôde un peu pour ce qui va suivre. Avant la date de Lievin, ça faisait un moment qu’on ne s’était pas produits. Après, on ne va pas cracher dans la soupe. Il y a du monde, donc c’est bien.
Vous venez donc de vous produire devant un public totalement différent du vôtre devant des fans d’Ultra Vomit.
C’est bien fait Ultra Vomit, mais c’est vrai que ce n’est pas ce que j’écoute. C’est comme pour Psykup, ce n’est pas mon style, mais il en faut pour tout le monde. Après, c’est clair, les gens ne sont pas venus pour nous voir nous, ça, c’est sûr !
Vous aviez fait des t-shirts exclusifs pour cette date.
Oui, c’est Arno Geenens, un proche du groupe qui les a faits. L’idée était de rappeler S.U.P. par rapport à Supuration, maintenant que la trilogie est terminée. Du coup, on a repris le graphisme du bootleg que nous avons sorti dernièrement.
Tout à l’heure, tu me parlais de votre date dans le cadre du Liévin Metal Fest. Là aussi, vous aviez joué avec des groupes totalement différents : Oddism et Betraying The Martyrs…
Ce sont des groupes qui font de la musique qui est destinée à un public beaucoup plus jeune que le nôtre. Ceci dit, ces gars sont vraiment cool ! Tant que ça marche, il faut faire les choses à fond !
C’est Stéphane Buriez qui accompagnait Betraying The Martyrs à leurs débuts !
Oui ! Il y a une paire d’année maintenant… J’en avais parlé à Stéphane, il y a quelques années. Ils ont bien évolué depuis !
Vous avez joué un nouveau morceau ce soir (« The Chasm And Chronograph », NDLR). Le nouvel album va donc bientôt sortir !
Oui ! On doit le sortir avant l’été. Il est en cours de mixage !
Comment expliquez-vous le fait que le S.U.P. n’ait pas sorti d’album en 10 ans ?
On a tout simplement été pris par nos activités annexes, puis il y a Supuration, l’autre alias du groupe qui a sorti plusieurs choses entre temps. Il y a eu CU3E pour commencer, puis Reveries…, une sorte de compilation comprenant des vieux titres sortie en 2015. Il fallait également que l’on travaille nos concerts. On a quand même fait trois Hellfest entre temps ! Ça se prépare tout ça, et vu que notre planning est un peu chargé, les sorties s’espacent. En tout cas, on essaie d’en faire le plus possible. Pour S.U.P., oui, ça fera dix années que nous n’avions pas sorti d’album…
Quelle sera la thématique principale de l’album ?
Ça va être difficile à expliquer. C’est une nouvelle histoire de science-fiction. Je ne peux pas encore te communiquer le nom de l’album, mais il sortira avant l’été. Je peux juste te dire que l’histoire sera un peu plus « gore » que d’habitude.
D’où les idées te viennent-elles ? Tu t’inspires de livres que tu lis ?
C’est vraiment dans ma tête que ça vient. Ça a un lien avec la théorie des cordes et la physique quantique. C’est très difficile à expliquer… Ça fait pas mal de temps qu’on est dessus, au moins trois ans ! On l’a enregistré en trois semaines, tout a été très échelonné !
Vous avez enregistré chez vous.
Oui, c’est ça. C’est plus simple. C’est un « huit clos » de science-fiction !
Comment composez-vous au sein du groupe ? Tu consultes ton frère (Fabrice, guitare, chant clair, NDLR) ?
Je compose tout seul, et ça arrange tout le monde ! J’écris la basse et je programme la batterie. Et après, on enregistre tout. Bien sûr, avant, je fais écouter tout ça aux autres… On se concerte et on voit s’il y a des choses à modifier. Mais tout va vite. On ne s’éternise pas à donner notre avis. On fonce. Il faut que ça soit dans la boîte en trois semaines.
« Nous, on ne cherche pas à plaire à tout prix. Si ça plaît, tant mieux. Si ça ne plaît pas, tant pis. »
Votre style est resté identifiable au fil des années. Le groupe a été toujours été influencé par ce qui se faisait de mieux en termes de New Wave. Aujourd’hui, ce style est un peu passé de mode…
Oui, mais je continue car j’aime bien. Ce style a évolué au fil des années. Aujourd’hui, c’est surtout de l’Electro, tu sais, le fait de travailler avec les sons. Après, d’un autre côté, il y a toujours eu des groupes de New Wave, des vrais. Il y a des groupes, ce n’est pas vraiment du Gothique. Tout ce qui se faisait dans les années 80, c’était plus mélodique. Après, je m’inspire de tout cela, après, il faut trouver le mélange, le bon mélange… Tu sais, si ça marche, on prend. Le cas contraire, non.
Le nouvel album sera-t-il synonyme de tournées pour S.U.P. ?
Ce qui est sûr, c’est qu’on ne tournera pas dans les bistros ! Avec notre nouveau label, Overpowered Records, on va peut-être partir en Allemagne, puis aussi un peu en France.
Vous aviez tourné avec Anathema dans les années 2000. Ce genre de tournée est-elle encore envisageable en 2018 ?
Je pense qu’ils sont un peu trop gros pour nous aujourd’hui. Et d’un autre côté, ça collerait moins qu’à l’époque.
Peux-tu revenir sur les rééditions de vos albums qui sont sorties via Overpowered Records ? Ce label les a édités en vinyle, pour la première fois !
C’est Arnaud Bondelu (le label manager, NDLR) qui nous a contacté. On s’est vite bien entendu… J’ai vu les vinyles pour la première fois tout à l’heure… Après, ceci-dit, je ne suis pas trop fan des vinyles, mais je trouve que l’objet est beau. Arnaud fait du bon boulot. On avait dû racheter les droits de nos musiques à Holy Records. C’était un peu la galère d’ailleurs.
Aujourd’hui, il y a une toute nouvelle génération de fans de musiques extrêmes. Quels conseils donnerais-tu à ces jeunes qui voudraient voir S.U.P. en concert ? Peut-être qu’ils ne comprendraient pas votre approche de la musique…
C’est normal de ne pas comprendre S.U.P. directement. Pour commencer, la musique, ça s’écoute chez soi. Puis, tu vas voir un concert si ça te plaît. Nous, on ne cherche pas à plaire à tout prix. Si ça plaît, tant mieux. Si ça ne plaît pas, tant pis.
Vos concerts sont également axés sur le visuel.
Oui, normalement, c’est Arno Geenens qui s’en occupe. Ça fait deux fois qu’il n’est pas là et qu’il laisse un autre proche s’en charger ! Après, c’est facile, il suffit d’avoir les codes pour avoir les mêmes tableaux.
Ça fonctionne un peu comme au théâtre, donc.
Oui, c’est ça. Après, ça reste du live !
On associe souvent S.U.P. et Arno Geenens, le régisseur général de Vérone Productions. Quelle fut la part de contribution de ce dernier dans l’évolution du groupe ?
Il a été le manager. Il s’occupe également de nos lumières. On peut dire que c’est le cinquième membre du groupe. Même quand il a des impératifs, il fait en sorte de venir nous aider. C’est vraiment comme un grand frère pour nous. Ça fait un moment qu’il est là à nous aider.
Jérémie Grima, votre biographe, a sorti un livre sur l’histoire du Thrash/Death en France. Il a pour nom Enjoy The Violence. Y a-t-il une partie sur vous ?
Je ne sais pas… Je n’ai pas encore vu le livre ! Néanmoins, je pense qu’il parle des débuts de Supuration. Je sais qu’on est différent par rapport à tous les autres groupes que ce livre évoque.
Et à ton avis, quel fut l’apport de S.U.P. dans cette fameuse scène ?
Il n’y a pas vraiment d’apport. On était surtout là pour montrer qu’il était possible des choses, qu’on pouvait les bien faire. J’ai toujours pensé qu’on ne jouait pas dans un groupe pour s’amuser. Après, il faut quand même prendre du plaisir sur scène, mais jamais il n’a été question de faire S.U.P. pour tourner dans les bars pour ensuite s’arrêter. Après, on a fait des choses qui ont fonctionné, d’autres, moins. Du coup, on continue sur cette lancée. Un jour, un arrêtera. C’est tout.
Pour le moment, il n’y a aucune autre date d’annoncée.
Ça ne se fera pas avant la rentrée ! On va déjà finir l’album. On va faire en sorte de bien le finir. Les dates tomberont au fur et à mesure.
Et le release party de l’album ? Vous y avez pensé ?
Ça se fera sûrement au Splendid de Lille. Il faut que j’en parle à Arno d’ailleurs ! (Rires)
S.U.P., c’est :
Ludovic Loez : Clavier, basse, guitares & chant
Fabrice Loez : Sampler & guitares
Thierry Berger : Batterie
Frédéric Fiévez : Basse
Discographie :
The Cube (1993) (Supuration)
Anomaly (1995)
Room Seven (1997)
Chronophobia (1999)
Angelus (2002)
Incubation (2003) (Supuration)
Imago (2005)
Hegemony (2008)
CU3E (2013) (Supuration)
Reveries… (2015) (Supuration)
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