AT THE GATES
TO DRINK FROM THE NIGHT ITSELF
Melodic Death Metal
Century Media
3,5/5
To Drink From The Night Itself marque le retour des Suédois d’At The Gates, absents depuis 2014 et la sortie de l’album At War With Reality – un album qui leur avait permis de retrouver une place fort honorable dans la mouvance du Death metal Melodic. 2018 marque la sortie de ce nouveau cru et ce dernier marque un tournant notable dans la carrière du groupe car il est le premier à sortir et être composé sans Anders Björler (guitariste/auteur-compositeur et co-fondateur d’At The Gates) parti du groupe en mars dernier. Place donc à Jonas Stålhammar à la gratte (The Lurking Fear, God Macabre…) et ce dernier n’est pas sans connaître les musiciens d’At The Gates, ayant collaboré avec Tomas Lindberg (chant) et Adrian Erlandsson (batterie) au sein de The Lurking Fear (Death Metal) avec qui il a sorti un album Out Of The Voiceless Grave il y a peu. On reste donc en famille en quelque sorte. Jonas Björler assurera la plus grande part de l’écriture des titres, laissant à Tomas le soin de la rédaction des lyrics.
At War With Reality avait, il y a quatre ans, réussi le tour de force de réunir tous les points forts d’At The Gates. On a pu voir avec cet album une suite logique de Slaughter Of Soul avec toujours ce sens du riffing ultime pour des ambiances prenantes et une hargne de tous les instants. Anders ayant stoppé l’aventure At The Gates, qu’en est-il de ce nouvel album qui, il faut le dire, est clairement très attendu ?
L’intro « Der Winterstrand » donne le ton, cet album sera plus sombre mais pas moins percutant. Un album qui se révèle plus Death que son prédécesseur. On retrouve bien sûr de temps à autres les plans de batterie et des riffs typiquement Melo Death mais la volonté première du groupe est justement de s’en détacher pour poser des structures nettement plus lourdes, malsaines et où les parties mélodiques s’entrecroisent, répondent aux riffs rythmiques avec une grande finesse de jeu et d’écriture. En référence, jetez donc une oreille sur le final de « A Star Bound In Stone », « The Colours Of The Beast » ou sur « Daggers Of Black Haze » dont le climat oppressant est à aller chercher aux frontières de Enslaved, de Dark Tranquilty ou de Morgoth. On se régale des sonorités Black/Death franchement marquées sur « A Labyrinth Of Tombs », « The Chasm » et « In Nameless Sleep ». L’oreille se délecte de ces passages d’un grande intensité émotionnelle.
Dans la démarche globale de To Drink From… (même si stylistiquement les combos sont différents), on pense beaucoup à la dynamique artistique du Ungod de Morgoth avec ce désir évident d’aller plus loin encore dans l’association de la fureur, de l’urgence et avec un besoin quasi vital pour At The Gates d’amener des ambiances dérangeantes au travers des mélodies. Surtout ne pas les opposer mais en faire des alliés au service d’un but commun.
La production assurée par Russ Russel ( The Haunted, Dimmu Borgir, Amorphis…) est d’une justesse totale. Celle-ci est équilibrée et d’une homogénéité qui permet à chaque élément musical de trouver sa place, la légitimant d’office. Qui plus est, le groupe a tout comme sur At War With Reality fait preuve d’une grande concision dans l’écriture, les titres en ressortent plus intenses, plus urgents, présageant de lives palpitants et ultra énergiques.
Les vocaux de Tomas sont toujours aussi performants. Hallucinés et possédés, ils donnent aux compos une énergie totale, une interprétation aux confins d’une certaine forme de folie. La rage vocale est omniprésente et jamais prise en défaut. Sa tonalité fait mouche comme toujours et lorsqu’il s’aventure dans des registres légèrement différents, c’est pour mieux se mettre au service de l’ambiance du titre.
At The Gates semble avoir bien digéré le départ d’un de ses piliers en offrant un album racé, intelligent. On ne peut pas dire non plus que To Drink From The Night Itself révolutionne totalement le style du groupe mais c’est un album qui a la volonté de sortir des sentiers habituellement pratiqués par le groupe, de rompre avec les clichés du Melo Death. On retrouve ce souhait notamment avec un gros travail sur la complémentarité entre les mélodies, les climats et les atmosphères qui en découlent. L’album baigne dans une obscurité permanente qui, comme l’exprime son titre, trouve une forme d’exutoire, d’échappatoire dans la nuit et l’obscurité.
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