Tout fraîchement installé sur le territoire musical du Doom/Psyché, DDENT, formé par Louis et Marc, a posé ses flight-cases il y a quelques jours au Rock In Bourlon pour y partager ses envies de dépaysement et sa mélancolie. La rédaction d’Heretik Magazine, toujours à l’affût de quelques nouveautés, est partie à la rencontre des Parisiens.

Propos de Louis (guitare) et Vincent (guitare) recueillis par Axl Meu.

Crédit photo : Immortalizer


DDENT est encore un projet récent. Il me semble que vous vous êtes formés en 2015 ! La vie musicale parisienne étant riche, j’aimerais savoir quel est votre plan pour vous démarquer…

Louis : Au départ, quand Marc et moi-même avons lancé ce projet, il n’y avait pas de plan. Notre projet, c’était juste de faire de la musique… Marc chantait même, alors qu’aujourd’hui, il n’y a plus personne qui chante. Ce n’était pas vraiment un groupe, c’était juste pour jouer ensemble. Je voulais faire de la musique instrumentale, et je ne connaissais même pas la scène dans laquelle on évoluait donc… Je ne connaissais même pas Dead Pig Entertainment, chez qui on est maintenant. Je n’avais jamais écouté de groupes de Sludge et de Doom. Je ne viens pas de ce milieu, donc, non, il n’y avait pas vraiment de plan ! 

Pas de plan, mais vous avez dû trouver des musiciens ! 

En fait, j’ai rencontré un gars au bar qui faisait de la musique dans d’autres groupes. Il nous a rejoints, on a joué en trio. À force de répéter, ça commençait à ressembler à quelque chose. Et vu que ça prenait forme, on a décidé de passer à l’étape supérieure, c’est-à-dire, faire des vraies dates ! En fait, j’ai envoyé un tas de mails, et il y a celui de Dead Pig Entertainment qui est tombé dans la liste, pour un tourneur potentiel. Je visais large : Rock, Metal, ça m’allait ! Puis une fois, j’ai invité Nico de Dead Pig à un de nos concerts, c’est comme ça que ça s’est fait ! Il a beaucoup aimé notre concert, on a décidé de travailler ensemble. C’est pour cette raison qu’on nous a assimilés à cette scène ! Ce n’était pas prémédité ! 

Vous avez commencé à jouer dans des caves ? 

Eh bien, non ! Ça a été assez vite ! Notre partenariat avec Dead Pig a été conclu à partir de notre quatrième concert. On a déjà été à l’initiative de plusieurs groupes – on n’est pas à notre tout premier projet ! Marc, notre batteur, par exemple, est dans beaucoup de groupes ! Nico, notre bassiste, est sans doute la personne qui a le plus de projets au sein de DDENT. Pour DDENT, on a fait des concerts dans des salles comme La Mécanique Ondulatoire et le Silencio (sur Paris, ndlr). On fait partie de ces musiciens qui ont fait des centaines de dates dans des caves, mais pas pour DDENT ! Peut-être qu’on aurait dû les faire… Je ne sais pas ! On les a faites avec nos autres groupes néanmoins ! 

Vous avez donc deux albums à votre actif. Le premier porte un nom arabe, c’est آكتئاب (Ektiheb), le deuxième, c’est Toro. J’imagine qu’il y a un concept derrière chaque album. 

« Ektiheb », ça veut dire « Mélancolie »… Comment dire… Je suis allé faire des recherches. J’ai fait des études de philosophie et je me suis toujours intéressé à la théologie. J’ai pas mal étudié Le Coran, sous tous les angles, même tout ce qui englobe la calligraphie ! J’ai toujours adoré l’Art Islamique ! C’est pour cette raison que j’ai voulu faire un album et l’illustrer avec une thématique arabe. J’ai travaillé sur cet album à un moment où la mélancolie faisait partie de mon quotidien. Je la ressentais, je l’écoutais, je la regardais… L’album dure une heure, et j’essaie de dépeindre la mélancolie à ma façon. 

« La France est certainement le pays où il y a le moins de clientèle pour nous… On m’a toujours dit qu’on aurait plus de fans en Allemagne et même en Belgique ! »

Tout cela me fait penser à Charles Baudelaire, et ses Fleurs Du Mal.

Bien sûr ! Les Fleurs Du Mal… Je veux dire, quelle belle métaphore ! C’est sans doute la plus belle expression que tu puisses trouver au sujet de la mélancolie. C’est un peu comme rendre beau ce que tout le monde décide de rejeter, tu sais, le mal, la mélancolie… Tout ça, le mal, ça peut donner lieu à de très belles choses. C’est surtout le cas pour la mélancolie. Pareil pour la haine… Elle est le fruit de très belles choses. Mais pour le cas de DDENT, c’est surtout la mélancolie qui me permet de composer. Et il a fallu trouver des noms pour composer l’album, trouver une trame, une logique. Un de mes amis, Sébastien, m’a aidé à trouver les titres. On a été cherché des mots arabes. Chacun de ces mots sonnent comme des psaumes d’un poète imaginaire. Par exemple, le premier morceau de l’album, « Habouz » renvoie directement à la prison. C’est la prison intérieure dans laquelle le poète se trouve…

Votre deuxième album, Toro, est sensiblement différent. On peut noter l’apparition d’un deuxième guitariste…

En fait, Vincent, le deuxième guitariste, nous a rejoints juste avant la sortie officielle de آكتئاب. En fait, en studio, je me suis mis à faire des choses, plus classiques, où la guitare rythmique et la guitare lead s’agençaient tellement bien que j’ai dû faire appel à un nouveau guitariste ! C’est l’inverse de ce que j’avais fait avec Chien Noir, notre premier EP. En tout cas, quand on jouait à trois, il manquait quelque chose, du coup, Vincent apporte cette texture ! 

Vincent : Oui, j’apporte cette texture de son, plus brute ! 

Quelques mots au sujet de Toro ? Ça parle d’expériences personnelles ? D’hypnose ?

Louis : Pas vraiment… Chaque album est le fruit d’un travail personnel intense. Enregistrer, c’est un travail de tous les jours. Je travaille à domicile dans mon studio d’enregistrement. Disons que l’album Toro m’a demandé un an et demi de travail. C’est cinq jours par semaine, et ce dernier album reflète tout ce que je ressens – tout le temps – c’est de l’immersion en permanence, c’est moi tout seul… Quand je ne dors pas, je compose, j’enregistre… C’est ça mon immersion ! 

Vous sortez vos albums de manière indépendante. Vous n’avez pas de label ! 

En fait, on n’a jamais eu de propositions sérieuses. Ce n’est pas qu’on n’a pas envie de signer, au contraire, c’est le moment de notre carrière où il faut qu’on le fasse ! Je veux dire, c’est moi qui finance tout : les t-shirts, les CDs et autres ! En tout cas, si on doit signer, je tiens à continuer de financer l’enregistrement des albums. Ce que je veux, c’est d’un label qui puisse distribuer notre musique en Europe. La France est certainement le pays où il y a le moins de clientèle pour nous… On m’a toujours dit qu’on aurait plus de fans en Allemagne et même en Belgique.

D’ailleurs, il n’y a pas d’édition du Desert Fest en France. 

Oui, en plus. Si on signe et que je garde la main sur le financement de l’enregistrement, ça me va.

Hier, vous vous êtes produits dans le cadre du Rock In Bourlon. Ce n’était pas votre première dans les Hauts-de-France ! 

On s’était déjà produits dans votre région, le 11 octobre dernier, à la Malterie (Lille). C’était organisé par Cerbère Coryphée ! 

Que penses-tu du Rock In Bourlon ? 

J’y avais déjà participé avec un de mes autres projets, NNRA, l’année dernière ! Personnellement, c’est l’un des meilleurs festivals où il m’a été donné de me produire. Humainement, c’est énorme… Il n’y a pas trop de monde, donc ce n’est pas oppressant. Puis, les groupes qui sont à l’affiche sont très bons ! Pareil en ce qui concerne le son, on voit que l’organisateur a mis les moyens, ce qui n’est pas toujours le cas pour un festival de cette envergure ! 

Y aura-t-il un autre album pour l’année prochaine ? 

Eh bien, non ! J’ai fini de composer le nouvel album de NNRA. D’ailleurs, je pars bientôt en Angleterre pour l’enregistrer, comme j’ai fait pour DDENT, au Skyhammer Studio, chez Chris Fielding (Conan)… Ensuite, je le remixe tout seul chez moi, donc ça va me prendre six mois de plus… Donc, le prochain album de DDENT, il sortira sûrement dans deux ans ! 


DDENT, c’est :

Louis : Guitare

Marc : Batterie

Nico : Basse

Vincent : Guitare

Discographie : 

(آكتئاب (2017

Toro (2018)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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