Troisième journée du Hellfest. Et pas des moindres ! Beaucoup de fatigue cumulée, mais toujours autant d’enthousiasme chez les festivaliers. Côté programmation, si la deuxième journée mettait plus en avant des formations typées « Metal Moderne », notamment sur les scènes principales, la troisième, elle, revient aux fondamentaux avec la programmation des classiques Alice In Chains, Exodus, Megadeth, Arch Enemy et Iron Maiden… Scream For Me Clisson ! 

Par Axl Meu

Crédit photos : Wacken Delciotto 


MALKAVIAN – Altar – 10:30 – 11:00

C’est un groupe qui ne nous est pas inconnu qui ouvre ce dimanche. Déjà forts d’une première prestation au Hellfest (2015), les Bretons nous reviennent quelques années après, sous l’Altar cette fois-ci. Ils ont un nouvel album album à défendre, Annihilating The Shades… Difficile de remuer la fosse qui a déjà trois journées de festival dans les pattes, un dimanche matin… Mais les Bretons mettent du cœur à l’ouvrage, à tel point que leur batteur finit par briser sa caisse claire. Et musicalement, ça joue ! Le Thrash parfois ambiant des protagonistes fait des adeptes dans la fosse et parvient même à encourager ces derniers à se rentrer dans le lard dans ce qui sera pour nous le premier Wall Of Death de la journée ! Bravo ! 

FEED THE RHINO – Mainstage 02 – 11:05 – 11:35

Encore inconnu du grand public français, Feed The Rhino s’est pourtant construit une réputation sans failles chez lui en Angleterre. À vrai dire, le nouvel album, The Silence, est même passé inaperçu chez nous, bien qu’il soit sorti chez Century Media ! Cette première prestation en France (au Hellfest, quand même !), c’est un peu l’occasion pour les Britanniques de se présenter et de voir si leur Metal Alternatif de « hipster » rencontre le même succès auprès des « frenchies ». Eh bien, si le public semble timide, Lee Tobin (véritable  »hipster » des temps modernes, excusez-nous du pléonasme) assure à la fois ses vocalises et sa communication avec le public. C’est lui qui anime son public : on le voit même braver le pit photo pour se jeter dans la foule à l’issu d’un concert, ma foi, fort sympathique. 

CRISIX – Altar – 11:40 – 12:10

La rédaction ne vous l’a jamais caché, elle adore Crisix, tant bien musicalement que humainement. Souvenez-vous, les Catalans, qui avaient fait escale à Oignies dans le cadre du Gohelle Fest n’avaient pas rencontré le succès escompté, mais ils ne s’étaient pas dégonflés pour autant… Cette année, nouvelle rencontre, au Hellfest ! Alors, ils ont la niaque et l’envie d’en découdre ! C’est simple, ils ont retourné la fosse d’emblée avec des titres Thrash/Hardcore, parfois issus de leur nouvel album, Against The Odds (« Leech Breeder », « Get Out Of My Head ») et avec d’autres gros classiques comme « G.M.M. (The Great Metal Motherfucker) »… Alors rien de très surprenant là ! Mais quelle fut notre stupéfaction quand ces musiciens ont échangé leur instrument pour faire un medley de gros classiques (« Fight For Your Right » de Beasties Boys, « Got The Time » d’Anthrax, « Walk » de Pantera et d’autres encore…). Peut-être que le groupe aurait pu caser deux autres gros titres à la place ? Quoi qu’il en soit, le public apprécie ces gourmandises et finit ravi quand vient l’interprétation de l’ultra-classique du groupe : « Ultra Thrash », qui voit les Crisix se rendre dans le public pour provoquer un ultra-circle-pit. On a adoré, mais on aurait aimé voir le groupe organiser un « Football Of Death », activité absente ce matin par faute de temps. 

AU-DESSUS – Temple – 13:35 – 14:15

On voyait encore Au-Dessus se produire dans les petits clubs français en 2016… Mais les Lituaniens ont vu leur popularité monter en flèche ces derniers mois ! Il n’est donc pas si étonnant de voir les partisans du renouveau du Black Metal se produire devant une immense foule ce dimanche. En quelques minutes, les musiciens, qui ont tous le visage occulté par des capuches, captivent leurs fans avec des titres hypnotisants, dépourvus de tout patronyme (seuls des chiffres romains se contentent de les nommer) ! En fait, il s’agit d’une sorte de « post » Black Metal, au tempo évolutif, assez novateur. C’est un style mis en avant sur le premier album, End Of Chapter, exploité ce jour-même. Bref, tout comme Regarde Les Hommes Tomber l’année dernière, les Lituaniens ajoutent leur pierre à l’édifice et confortent le nouveau visage du paysage « Black » européen… Tout ça en dépassant les limites fixées par le genre. Bien à eux ! 

PRIMAL FEAR – Mainstage 01 – 12:50 – 13:30

Primal Fear est une institution en Allemagne. Qui ne connaît pas (encore) Ralf Scheepers, l’ex-chanteur de Gamma Ray ? Bref, après plus de trente années au service du Heavy Metal, Primal Fear ne se produit pourtant que trop rarement en France… Merci donc au Hellfest de nous donner l’opportunité de voir le groupe en concert. En plus, ils ont un nouvel album à défendre : Apocalypse. Bref, actualité chargée pour les Allemands, qui ont pourtant décidé de faire patienter leurs fans ! Aucun nouveau titre ne sera interprété ! Alors, pas de grosses surprises, mais un bon concert. Étonnement, c’est Rulebreaker qui a été le plus mis en avant avec « Angels Of Mercy », « In Metal We Trust », « Rulebreaker », « The End Is Near »… Bref, si la batterie reste clairement en retrait, il est toujours agréable de voir que Ralf Scheepers n’a pas perdu en voix, et que les guitares de Magnus, Tom et d’Alex se complètent toujours aussi bien ! Sans être la claque de la journée, les Allemands de Primal Fear ont fait le job, contrairement à leur équipe nationale de football qui sera éliminée du championnat quelques jours après.

THE GREAT OLD ONES – Temple – 13:35 – 14:15

Les Hauts-de-France connaissent très bien The Great Old Ones. Le Hellfest aussi, trop même. Petit problème, lorsqu’il nous faut atteindre la Temple pour aller écouter ses chants profanes, nous nous retrouvons en dehors. Ce n’est pas grave, le grand Cthulhu veille sur son public, et les Bordelais assènent un Post-Black Metal des papas, nourri par les cris expressifs de Benjamin Guerry. Pas de grandes surprises donc… Les musiciens ont tous le visage occulté par des capuches, adoptent une marche quasi-immobile sur scène et jouent des morceaux, dont la plupart tirés de E O D : A Tale Of Dark Legacy, l’ensemble est rythmé par des bandes vocales ouvertement influencées par H.P. Lovecraft. Petite surprise néanmoins, le groupe a profité de sa nouvelle prestation en Enfer pour y présenter un nouveau titre, « Dreams Of The Nuclear Chaos ». Bref, The Great Old Ones s’est aujourd’hui montré sous un très beau jour !

EXUMER – Altar – 14:20 – 15:00 

Faut-il résumer le concert d’Exumer ? Partisan de la cause du Thrash depuis presque 25 ans, le groupe continue de sortir d’excellents albums, la preuve avec Raging Tides (2017) ! Alors tout ce dont nous étions en droit d’attendre d’un tel groupe, nous l’avons eu : des mouvements de nuques en furie, des circle-pits et autres… De gros classiques comme « Journey To Oblivion », « Possessed By Fire » et autres « The Weakest Limb »… un petit hommage à Lemmy, et c’est reparti. Bref, un concert classique de Thrash ! 

ICED EARTH – Mainstage 1 – 15:50 – 16:35

On a l’habitude de voir Iced Earth, à vrai dire, aucun festival de ce nom ne peut s’empêcher de programmer la formation de Jon Schaffer. Et pourtant, ça faisait plus de 10 ans que le Hellfest ne les avait pas fait jouer ! Eh oui, en juin dernier, c’était la première de Stu Block au Hellfest… Et dire qu’il en est déjà à son troisième album avec la formation et qu’il a relancé le groupe avec Dystopia, devenu par la suite un incontournable du groupe… Alors, ici, la prestation n’a rien de spectaculaire, mais force est de constater que tout est « trve » chez eux, et que cela passe toujours par le look vestimentaire en « leather » de ses protagonistes. Et, aucune surprise en ce qui concerne la setlist, on mélange les époques du groupe et on met avant Incorruptible avec trois morceaux « Great Heathen Army », « Raven Wing » et « Seven Head Whore ». Dystopia n’est lui mis en avant qu’avec un seul titre… La setlist reste homogène, mais dommage que « The Hunter » et son mid tempo casse le rythme déjà bien lancé… À coté de ça, les allers-retours de Jon Schaffer sont terriblement bien exécutés et Stu Block est en voix. On a aimé.

ACCEPT – Mainstage 1 – 17:30 – 18:20 

Formation culte des années 80, Accept n’a pas eu une carrière des plus faciles. Entre ses splits et changements de chanteurs, le groupe a eu du mal à se stabiliser. Et c’est après une nouvelle reformation en 2010, avec Mark Tornillo au chant, que les Teutoniques sont parvenus à remonter la pente. Alors, U.D.O. peut bouder en disant qu’il ne jouera plus de morceaux issus du répertoire d’Accept si ce dernier continue de jouer du… Accept, laissons-les faire ce qu’ils veulent ! Accept et Wolf Hoffmann sont allés droit au but en cette fin d’après-midi ! Que des hits (« Metal Heart », « Princess Of The Dawn », « Balls To The Wall »…) partiellement séparés par des morceaux plus récents (« Pandemic », « Teutonic Terror », « Die By The Sword »). C’est ça que nous ont offert les Teutons, les mouvements de hanches et ces danses synchronisées en ‘V’ sur un fond métallique… Étions-nous en droit d’en demander plus ? Non, clairement pas ! 

ARCH ENEMY – Mainstage 2 – 18:25 – 19:15

Nous avions interrogé Michael Amott lors du dernier passage d’Arch Enemy à Lille. Il nous avait alors confié qu’il était satisfait de se retrouver sur la Mainstage. Une plus grosse scène pour une formation pour qui les ambitions ne cessent de croître. Alors, c’est un show foncièrement différent par rapport à celui de Lille que les Suédois nous ont proposé ici. En effet, les décors sont autres et la setlist, raccourcie, fait la part belle aux derniers albums du groupe, à savoir Will To Power et War Eternal, de quoi ravir les néophytes… Les fans d’Angela peuvent, eux, se consoler sur les quelques classiques : « My Apocalypse », « We Will Rise » et bien sûr « Nemesis »… Une absence de tubes qui n’a pas trop l’air de déranger, puisque Arch Enemy et Alissa White-Gluz (que l’on verra sûrement au Hellfest l’année prochaine présenter son projet solo) savent faire prévaloir tous leurs atouts. On passera à côté de la nouvelle coiffe de la frontwoman, mais on soulignera l’effort de scénographie avec tous les effets « pyrotechniques » qui vont avec : étincelles et autres feux divers et variés. À côté de ça, sur scène, Jeff Loomis reste toujours effacé, bien qu’il fasse le job. Bref, un très bon show, bien que d’autres incontournables auraient été fortement bienvenus !

MEGADETH – Mainstage 1 – 19:20 – 20:20

Pareil, plus besoin de présenter Megadeth. Dave Mustaine a toujours défrayé la chronique et nous a aussi, à côté, fait vivre des moments d’anthologie… Et pourtant, la conférence de presse à laquelle nous avons assisté quelques heures avec la performance ne présageait rien de bon… Un Dave Mustaine effacé, qui se plaint indirectement de son créneau de jeu « On espère que l’on sera mieux placé sur l’affiche la prochaine fois »… Certes, mais cela justifie-t-il la prestation que nous ont offert les pères du Thrash pour leur 35ème anniversaire ? Dès le début de concert, « Rattlehead » reste inaudible (des rumeurs concernant la narcolepsie de l’ingénieur-son circule toujours) et le son est loin d’être parfait. À côté, la voix de Dave Mustaine est en retrait et les décors « style Dystopia » ne sont plus là. Bref, c’est la grosse désillusion… Dommage, car à côté, on constate un effort sur la setlist (« My Last Words » – dédié à Vinnie Paul, « Take No Prisoners »…), mais c’est tellement poussif. Petite satisfaction, Dave Mustaine se montre un peu jovial. Il invite même Michael Amott, son « jumeau » à taper du riffs sur « Symphony Of Destruction ». Cependant, ça reste quand même terriblement décevant dans l’ensemble !

ALICE IN CHAINS – Mainstage 2 – 20:25 – 21:25

Douze années qu’Alice In Chains n’avaient pas posé ses flight-cases au Hellfest. Le croyez-vous ? Et pourtant, Jerry Cantrell et sa bande n’avaient pas manqué de saluer leurs fans français entre-temps. Quoi qu’il en soit, c’est dans le cadre de leur tournée mondiale que les Américains décident de présenter leur tout nouveau single, « The One You Know » (Rainier Fog à sortir le 24 août prochain), mais pas que… Les partisans de la scène Grunge nous ont préparé une petite setlist aux oignons, de quoi faire patienter les fans d’Iron Maiden dans les meilleures conditions possibles. Alors, William est toujours aussi charismatique, Mike Inez est toujours aussi gras, et Jerry Cantrell assure toujours ses parties de talk-box sur « Man In The Box ». À côté de ça, il n’y a rien de spectaculaire. Quel plaisir néanmoins d’écouter les gros classiques « Dam That River », « Them Bones », « Bleed The Freak », et « Nutshell » (dédié à Vinnie Paul)… Bref, parfum de nostalgie ou pas, tout est parfait. Et voilà qu’en fin de gig, Jerry nous lance : « On ne veut pas attendre à nouveau douze ans avant de revenir ici ». On répliquera tout simplement : « Nous non plus » ! À bientôt ! »

IRON MAIDEN – Mainstage 1 – 21:30 – 23:30 

Scream For Me Hellfest ! On se souvient tous de la dernière performance clisonnaise des Britanniques. Dickinson s’était amusé du sort des Suisses en train de se faire laminer par les Bleus ! Quatre années plus tard, Coupe Du Monde peut-être, mais un tout nouveau show, ce qui veut dire « nouvelle scénographie » pour Iron Maiden. Finie la tournée promotionnelle de The Book Of Soul, le groupe a un nouveau jeu-vidéo à défendre, Legacy Of The Beast (bien mieux qu’Ed Hunter, d’ailleurs !). Bref, une nouvelle setlist, de nouveaux décors, Iron Maiden sort le grand jeu et l’artillerie lourde dès « Aces High »… Un engin militaire recouvre l’espace scénique, et voilà que Bruce Dickinson prend la parole pour faire un discours sur la « liberté » (seule allocution de la soirée nous a-t-il confié) et enchaîne sur « The Clansman ». Ainsi, une petite odeur de « Rock In Rio » s’installe dans tout le Hellfest, le combo s’autorisant enfin à reprendre quelques titres de l’ère Bayley (« Sign Of The Cross » et « The Clansman »), la précision en plus ! Le spectacle est parfaitement agencé et chaque titre fait office de « tableau » jusqu’au final de « Run To The Hills ». Alors, inutile de faire un compte rendu des moments forts du concert, dites vous que l’apparition d’Eddy sur « The Trooper » fait toujours son petit effet, de même que les flammes sur « The Number Of The Beast », et la surprise « live » de « The Wicker Man » et « Flight Of Icarus »… Bref, si Judas Priest semble être dépassé par les événements, Iron Maiden nous a gratifiés au Hellfest d’un excellent concert. Jusque quand seront-ils encore capables de faire de telles prouesses ? 

Petite pause, et alors que nous sommes en train de nous rendre sous l’Altar, le Hellfest décide de surprendre les festivaliers en annonçant les premiers groupes qui seront à l’affiche de la prochaine édition : Slayer, Carcass, Mass Hysteria, Dropkick Murphys et enfin, Manowar ! Et pour clouer le tout, Joey DeMaio (basse/chant, Manowar) a fait le déplacement de chez lui jusque Clisson pour annoncer personnellement que son groupe sera à l’affiche l’année prochaine ! 

EXODUS – Altar – 0:00 – 01:00

La dernière prestation d’Exodus au Hellfest remonte à 2015. Steve « Zetro » Souza y faisait ses premiers pas, sur la MainStage 2. Surprenant pour un groupe qui passe son temps à casser des nuques. Bref, 2018. L’Altar. Gary Holt n’est toujours pas rentré au bercail, les Californiens n’ont toujours pas sorti le successeur de Blood In Blood Out, mais rien ne les empêche de tourner et de faire tourner le pit ! Aussi en conférence de presse, avec l’enthousiasme qui va avec, Zetro nous avait alors expliqué que la setlist avait été cependant remodelée et qu’il allait interpréter quelques autres hits de l’ère Rob Dukes. Chose dite, aussitôt faite, Exodus investit la scène de l’Altar avec « Funeral Hymn ». Mais la setlist du Zetro continue de faire la part belle à l’album culte du groupe : Bonded By Blood (paf : «  A Lesson In Violence », « And Then There Were None », « Bonded By Blood », « Deliver Us To Evil », « Strike Of The Beast »). L’ensemble est trop facilement déversé par le frontman qui retourne toute la setlist avec des circle-pits qui n’en finissent plus. Bref, comme en l’an 88, en 2018, Exodus exerce la violence avec trop de facilité. Et si Gary n’est toujours pas là, Kragen Lum assure l’intérim et excelle dans son rôle. Après un tel concert, on ne rechignerait pas devant l’annonce d’un nouvel album… Vivement ! 

Encore un Hellfest à la hauteur de nos espérances, et beaucoup de kilomètres parcourus pour assister à un petite trentaine de concerts, sous un cagnard d’Enfer. Chiche, on refait la même l’année prochaine ? 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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