Ce n’est pas tous les jours que l’on peut chopper Justin Pearson, le bassiste de Dead Cross (la nouvelle formation de Dave Lombardo et de Mike Patton, mine de rien) en interview ! Et Heretik Magazine, dans le cadre du Hellfest, a saisi l’opportunité qui s’est offerte à elle… Bref, c’est quelques heures avant la prestation des Americains sous la Valley que nous retrouvons le bassiste qui, hélas, a le doigt fracturé. Cela ne l’a pas empêché de se confier sur la genèse et le futur de son projet.

Propos recueillis par Axl Meu le 23 juin dernier.


La semaine dernière, Dead Cross s’est produit pour la deuxième fois de sa carrière en France. C’était dans le cadre du Download Festival… Comment était-ce ? 

Dans ce genre de festival, on ne sait jamais si les gens aiment ou pas. On est tellement déconnectés des fans contrairement aux clubs où on peut échanger de l’énergie. Je ne sais pas ! Peut-être que je devrais aller sur Google pour voir si les gens ont aimé ou pas ! (Rires) Après, on s’est quand même bien amusés ! 

Ce soir, vous êtes au Hellfest. Vous vous produisez sous la Valley, ce qui est surprenant. Cette scène fait jouer des groupes plus « branché » Stoner/Sludge…

Ah ? À ton avis, où devrions-nous être ? 

Sur la Warzone ? (on regarde le running-order ensemble)

Bah, je ne sais pas… Regarde, sur le running-order, tu peux voir qu’il y a Modern Life Is War, Terror, Madball, Hatebreed et Crog-Mags sur la Warzone. Je trouve qu’on est quand même assez loin de ces groupes, et ce n’est pas mon style. Personnellement, je trouve que Dead Cross va mieux avec Ho99o9, ou même Dälek et bien sûr Neurosis ! Nous voulons être assimilés à ces groupes ! Après, ça dépend de ce que tu veux voir en festival… Tu veux voir des groupes qui ressemblent tous à Black Flag ou d’autres groupes qui sonnent tous de manière différente ? C’est parfois une bonne chose de mélanger ! Regarde, hier, nous nous sommes produits après Van Morisson et avant MC50, le groupe des gars de MC5

Tu as pu voir MC50 ? C’était comment ? 

Non ! Je suis dégouté ! Leur concert était bien trop long, et on devait partir. Mais avant, il y avait Van Morrison, et j’avais pensé que les gens nous détesteraient tellement nous sommes différents !

Le premier album de Dead Cross ne dure que 27 minutes. Vous devrez jouer pendant une heure ce soir… Comment allez-vous faire ? 

On va jouer de nouvelles chansons et quelques reprises ! Il y aura de l’animation ! 

Est-ce que tu peux revenir sur l’historique du groupe ? Je sais que Dead Cross a été lancé par Dave Lombardo, lorsqu’il a quitté Philm… Au départ, Mike Patton ne devait pas chanter dans le groupe.

Au départ, nous avions lancé le groupe pour ne faire que trois seuls concerts. C’était Gabe Serbian qui tenait le micro, et nous avons fait cinq show supplémentaires, mais Gabe n’était plus si motivé, donc Mike Patton a rejoint le groupe. Patton connaissait déjà le groupe, car il avait déjà écouté quelques morceaux. Il nous avait demandé de nous dépêcher de sortir un album… Il était dans le groupe, sans y être pour autant. Quand Gabe est parti, nous avons tout simplement demandé à Mike de rejoindre le groupe. 

Je sais que Dave Lombardo est fan de tes autres projets comme Retox et The Locust. Comment l’as-tu rencontré ? 

Je pense que j’ai rencontré Dave Lombardo quand The Locust était en tournée avec Fantomas (la tournée, de 2005, avait pour nom « Geek Tour », ndlr). Je pense qu’on s’est déjà rencontrés dans le cadre d’une date des Retox… Quand le groupe a pris forme, Dave nous connaissait déjà bien, que ce soit moi ou Mile Crain (également membre de Retox, ndlr)… 

Est-ce que tu peux revenir sur ta contribution pour le premier album de Dead Cross. Qu’as-tu fait concrètement ? 

La situation était un peu absurde car nous n’avions eu que douze jours pour écrire un album, mettre en place un set pour les shows que l’on devait assurer, donc, beaucoup des compositions que nous avons mises en place n’étaient pas très réfléchies et aurait pu être meilleures… Mais quand on est entrés en studio avec Ross Robinson, on a pu développer l’ensemble, donc, ça s’est amélioré, mais rien n’était réellement réfléchi. D’un coté, c’était cool, c’est resté authentique, mais d’un autre côté, on aurait pu prendre plus de temps pour cet album… En fin de compte, je pense que ce premier album des Dead Cross était très authentique et très organique ! 

Le premier album est sorti sur un label indépendant, Ipecac Recordings. Est-ce que tu peux revenir sur ce partenariat ? 

Je connais bien les types de ce label… En fait, j’avais déjà sorti des albums via ce label avec The Locust et Retox. Avant que Patton ne rejoigne le groupe, le label était déjà intéressé par l’idée de travailler avec nous. Tout était sur la table. Quand Patton a rejoint le groupe, il a également voulu travailler avec ce label… C’était la chose la plus évidente que nous puissions faire ! C’est un très bon label, et je trouve qu’ils sont très esthétique. Ce label est très éclectique, et c’est très important pour nous ! 

Tu m’as parlé tout à l’heure du nouvel EP du groupe. Quand est-il sorti ? 

Il est sorti de manière digitale, et il me semble qu’il sort physiquement la semaine prochaine… Dans cet EP, il y a deux nouveaux morceaux : « Skin Of A Redneck » et « My Perfect Prisoner », et deux remixes :  «Shillegah » par Panicker et « Church Of The Motherfuckers » par Planet B ! 

« Nous sommes conscients que Dave a un emploi du temps de dingue, mais Dead Cross lui tient tellement à coeur, donc nous allons nous adapter ! »

Quelques commentaires sur votre musique… Dès que j’ai écouté le premier album, je me suis pris une claque… C’est très énergique. Est-ce que la musique est une façon de vous purger ? 

Je ne sais pas…  Dans le Punk/Hardcore et même le Heavy et le Thrash, je pense qu’il y a beaucoup d’amour dégagé, pas que de la haine ! L’opposé de l’amour, c’est l’empathie, donc s’il y a de l’énergie dégagée, c’est tout ce qui compte ! Il y a une sorte d’énergie agressive, qui est un peu absurde. Mais bon, c’est directement lié au monde dans lequel nous vivons… 

Mike Patton a toujours été un homme très occupé, pareil pour Lombardo qui vient de sortir un nouvel EP avec Suicidal Tendencies… N’as-tu pas trop peur que cela leur demande trop de temps ? 

Eh bien… Nous ne nous attendons à rien et nous sommes conscients que Dave a un emploi du temps de dingue, mais Dead Cross lui tient tellement à cœur, donc nous allons nous adapter. On fera en sorte de nous rassembler quand nous pourrons nous rassembler ! C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il n’y a que deux nouveaux morceaux dans le nouvel EP de Dead Cross… Nous étions tellement occupés, mais nous l’avons fait… Nous avons déjà quelques idées de morceaux, donc on verra… En tout cas, nous avons commencé à travailler sur le nouvel album ! 

Dans le premier album, il y a une reprise de Bauhaus, c’est « Bela Lugosi’s Dead ». Pourquoi ? C’est assez surprenant ! 

Nous avons repris cette chanson, car, pour commencer, nous n’avions que douze jours pour construire un set, et nous nous sommes dit qu’il fallait inclure une reprise. Tout le monde était là à proposer des morceaux de Hardcore, de Thrash… Mais j’ai proposé une autre alternative, ce morceau de Bauhaus. Il est facile à reprendre, il n’y a que deux riffs. Nous avons dopé ce morceau ! Je sais que beaucoup de monde ne s’attendait pas forcément à nous voir reprendre ce genre de morceau, mais en réalité, ça colle bien avec notre personnalité. En vérité, c’est un excellent morceau ! 

Tout à l’heure, tu m’as rassuré concernant le futur du groupe… Il y aura un nouvel album… Souvent les « supergroupes » ne sortent qu’un album et s’arrêtent… 

Oui, mais tout le monde aime notre musique, et pareil pour nous au sein du groupe ! On passe beaucoup de bons moments ensemble, et il n’y a pas beaucoup de pression. On va faire d’autres albums, et on ne se force pas trop ! On veut faire ce qui nous semble bien d’être fait ! 

Quel rapport entretiens-tu avec le Hellfest ? 

Un très bon ! Retox avait joué ici il y a quoi ? 5 ans ?! 

Que penses-tu de son évolution ? 

C’est géant ! Je veux dire, la dernière fois que je m’y étais produit, c’était un peu bizarre. Il pleuvait et il y avait de la boue partout ! Pour moi, c’était étrange d’être sur la même affiche que ZZ Top par exemple. En fait, pour la petite histoire, je m’étais déjà produit dans un festival aux Etats-Unis qui avait pour nom… Hellfest ! C’était un festival de Punk/Hardcore. Je m’y étais produit en 2003 avec The Locust, avec des groupe comme Cro-Mags, Walls Of Jericho et Terror. Quand je me suis produit au Hellfest français avec Retox, c’était très particulier, très bizarre !

Tu veux ajouter quelque chose ? 

Eh bien… Que dire à part que les temps qui courent sont très étranges ! Nous vivons dans un monde de fous ! Je suis très heureux d’être d’ici et de pouvoir partager des choses avec vous, donc merci !


Dead Cross, c’est :

Mike Patton : Chant

Dave Lombardo : Batterie

Justin Pearson : Bassiste

Mike Crain : Guitare

Discographique : 

Dead Cross (2017)

Dead Cross (EP – 2018)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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