SYLVAINE
ATOMS ALIGNED, COMING UNDONE
Season Of Mist
Blackgaze / Post-Black Metal
5/5
On ne va pas se le cacher, vous le savez tout aussi bien que moi, le paysage musical a bien évolué ces dernières années. Beaucoup d’artistes ont commencé à rejeter la dure loi des étiquettes musicales, revendiquant ainsi de nouvelles esthétiques – d’autres esthétiques – Post-Black Metal, peut-être, mélange entre musique ésotérique et Black Metal : Blackgaze, Shoegaze, voilà, on y est. On y compte désormais une belle paire d’artistes proches de ce courant : Agalloch, Alcest, Sólstafir et même Myrkur (vous en connaissez sûrement d’autres). Dernièrement, au sein de la rédaction, on y a découvert Sylvaine. Et disons-le clairement, cette multi-instrumentiste, de son vrai nom Kathrine Shepard, s’inscrit dans la lignée de son grand frère spirituel : Neige (Alcest). Après, Silent Chamber, Noisy Heart (2014), après Wisful (2016), elle revient avec un nouveau recueil de chansons : Atoms Aligned, Coming Undone, dont la sortie est prévue début novembre via Season Of Mist.
Autant le dire d’emblée, Atoms Aligned, Coming Undone est un album puissant qui se doit d’être découvert religieusement. Seul chez soi, le casque sur les oreilles. Seul. Personne pour déranger. C’est surtout un disque qui requiert plusieurs écoutes attentives pour être compris. Atoms Aligned, Coming Undone renferme six pistes, six morceaux (plus ou moins longs) hauts en couleur qui ne suivent pas de règles. Aucune ! Liberté ! Quand on écoute Sylvaine – on laisse aller et on se laisse aller – en fait, les guitares d’Atoms Aligned, Coming Undone favorisent le dépaysement et le voyage de l’âme. Et surtout, Sylvaine allie éléments progressifs et émotifs (« L’appel du Vide » qui ne cesse d’évoquer l’héritage musical de Neige d’Alcest). Bref, un bien beau programme ! Mais concrètement, ça donne quoi ?
Cet album, c’est la représentation auditive de la fracture des sens, des éléments… Les atomes s’alignent, et voilà que tout craque. L’humanité s’auto-détruit, c’est un fait ! Donc, pour rendre compte du déclin de l’homme, Sylvaine nous a composé six titres qui font l’état du monde dans lequel nous vivons (cf: « Worlds Collide »). Quelques mélodies lunatiques, quelques moments plus « catchy » ici et là… Et surtout des parties de guitare éraillées, crues, qui offrent de vrais boulevards à la jeune chanteuse (qui s’exprime en français sur « L’Appel Du Vide » et dans sa langue maternelle sur « Mørklagt »). On est rarement dans la passivité, souvent dans l’émotion… Maintenant, place à l’obscurité avec les cris typés « Black Metal » qui prennent le dessus sur les passages lyriques de la chanteuse (notamment sur la piste éponyme, « Mørklagt » et « Abeyance »). Mais concrètement, ça donne quoi ?
Atoms Aligned, Coming Undone n’en fait jamais trop, tout est mesuré à l’image du soin qui a été apporté à la production. Quelques effets sur les guitares (« Abeyance », « Worlds Collide »…) et une voix arrangée comme il faut. C’est tout. En bref, chez Sylvaine, tout est authentique. À noter également l’apport de Neige (concrétisant une fois pour toutes les liens qu’entretiennent les deux musiciens) à la batterie sur quelques pistes de l’album (sur « Atoms Aligned », « Coming Undone », « Morklag », « Abeyance », et « Severance ») et celui de Benoît Roux au son ; les deux ont tout simplement sublimé les compositions de la jeune Norvégienne. Et voilà, vous savez !
Atoms Aligned, Coming Undone est un morceau d’art à lui seul. Alliant à la fois qualité sonore, émotivité et plaisir des yeux (rappelons que la pochette est un gros clin d’oeil à « La Mer de Glace » du peintre romantique Caspar David Friedrich), Sylvaine nous sort peut-être à ce jour l’album le plus abouti de son répertoire !
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