Après une nuit au camping très mouvementée où il nous a été possible d’expérimenter plusieurs animations burlesques, notamment le Brutal Poubelle (des bruits courent qu’une fédération sportive pourrait être mise en place) et le ch’nille au Macumba Open Air (la véritable réplique de la boîte de nuit so 80’s), il est l’heure pour la rédaction d’Heretik Magazine de revenir sur le site du festival pour cette deuxième journée. Il fait cruellement chaud, mais rien ne nous empêchera de profiter comme il se doit des performances de Tagada Jones, de Shining, de Cannibal Corpse et de Behemoth. Bref, des noms à faire pâlir les fans de musiques extrêmes… On y revient ! 

Par Hyass Gomérieux et Axl Meu

Crédit photos : Tiphaine Zanutto


HEART ATTACK – Dave Mustage – 12h45/13h25

Heart Attack nous vient de Cannes, et comme les formations Metal ne sont pas légion dans le sud, il ne nous en faut pas plus pour titiller notre curiosité. Nous sommes donc devant la stage de bonne heure (13h en festival, c’est comme 7h en semaine, non ?), à peine remis de notre nuit mouvementée. C’est devant un public hagard que le quatuor démarre un set énergique : tout se passe comme si nous étions déjà en soirée, avec un groupe dans les starting-blocks ! Et il faut reconnaître que l’illusion fonctionne : la fougue et l’envie que déploie Kevin Geyer, chanteur du combo, est très communicative. Et puisque le reste des musiciens est au diapason, le Groove Thrash Metal qu’ils déversent, prend racine et a vite fait de nous réveiller les jambes et la nuque. C’est bien simple, Heart Attack est l’un des seuls groupes de ces trois jours à réussir à faire faire au public toutes les figures du style : Braveheart, circle-pit, jump… Une prouesse ! (Hyass)

MONOLITHE – Massey Ferguscène – 13h35/14h15

Monolithe prend le relais à quelques encablures et propose un tout autre genre de réjouissance. Ici, il n’est plus question de se désarticuler dans tous les sens, mais d’écouter presque religieusement le Doom de ces Parisiens qui montent, qui montent. Avec un univers bien à eux (leur musique est conceptuelle, à  l’image de Nebula Septem, leur dernier opus qui comporte 7 pistes de 7 minutes et dont les titres commencent chacun par l’une des 7 premières lettres de l’alphabet…), le groupe mise tout sur ses ambiances musicales pour nous remuer le cerveau. Malgré une imagerie sur album très soignée, il ne sera question ici ni de décor, ni de costumes. C’est très simplement (trop ?), que la formation prendra petit à petit possession de la Massey Ferguscène. Si l’ensemble manque un peu de « spectacle » et de pêche, la force tranquille de Monolithe aura convaincu néanmoins les fans du genre. (Hyass)

MÖHRKVLTH – Supositor Stage – 15h10/15h50

Les locaux de l’étape (ils sont de Plougonven, en Bretagne) sont bien décidés à se faire connaître du plus grand nombre. Malgré des problèmes de son, une batterie qui couvre les finesses de jeu et quelques larsens, le groupe ne se laisse pas démonter et enchaîne les titres de son répertoire Black Metal. On est surpris de constater que, sous le masque blanc de leurs visages enfarinés, se cachent en fait des musiciens pas si jeunes que cela. Peu importe, les supporters de la première heure sont présents et font la balance avec les curieux qui restent en retrait. Il faut dire que nous-mêmes, nous nous attendions à autre chose après avoir écouter A-dreñv Ar Vrumenn, leur dernier opus prometteur. A revoir dans d’autres circonstances. (Hyass)

HANGMAN’S CHAIR – Massey Ferguscène – 15h10/15h50

Ils ne sont plus à présenter. Hangman’s Chair continue de faire parler de lui, même quatre mois après la sortie de Banlieue Triste. En effet, l’album en question a bénéficié d’une réédition sur le prestigieux label Spinefarm Record, signe que tout va dans le bon sens pour la formation parisienne ! Alors, cette prestation dans le cadre du Motocultor, c’est l’occasion de découvrir « live » Banlieue Triste… Et comme sur disque, les lourdes musiques aux tonalités sabbatiennes de Cédric Toufouti bercent les abords de la Massey Ferguscene. Et si les musiciens minimisent leurs interventions, ils misent sur la mise en place d’un climat limite religieux. Bref, lourd, névrosé, et surtout vrai… Hangman’s Chair dépayse ! Le rendez-vous est déjà pris à Oignies, au Tyrant Fest ! (Axl)

SUICIDAL ANGELS – Dave Mustage – 15h55/16h40

Enfin notre petit dose de Thrash quotidienne ! Suicidal Angels, que l’on voyait encore à l’Alcatraz Festival, poursuit sa tournée estivale et découvre le Motocultor. En dépit d’un son qui se veut très capricieux (c’était sacrément bas pour un groupe de cette envergure…), les Grecs remuent toutefois la fosse avec un set en partie composé de son album (désormais) culte au sein de la « thrashosphère », Division Of Blood. Ça tourne, ça tourne, ça tourne encore, à un tel point que l’air devient irrespirable (à cause de la poussière !) dès les premiers morceaux. Et c’est ça que l’on veut : des tignasses qui volent en l’air, des gens qui font des tours, et une pastèque en l’air, une ! Opération menée à bien pour les partisans du vrai « Thrash ». (Axl)

BLOCKHEADS – Supositor Stage – 16h50/17h35

Blockheads, et enfin un petit concert de Grindcore à se mettre sous la dent ! Il fait très chaud au niveau de la Supositor Stage, et les Nancéiens ont décidé de faire monter la température à leur manière à l’aide de brûlots « express » comme « Final Arise », « Greed » et autres « Horned Totem »… Comprenez par là que les titres sont extrêmement courts, hyper vifs, et qu’ils déclenchent l’émeute dans le pit à un tel point que la barrière qui donne accès au pit-photo vole en éclat ! À la fin du gig, les Français invitent même leurs fans à se rendre sur scène ! Bref, pas besoin d’en dire plus, le Grindcore des Blockheads pue toujours la sincérité et a brisé quelques nuques en cette fin d’après-midi. Bravo !

ESBEN AND THE WITCH – Massey Ferguscène – 16h50/17h35

Le groupe de Berlin a rejoint l’affiche du Motocultor après que le groupe Les Discrets ait déclaré forfait pour problème de santé. Esben And The Witch, c’est avant-tout un groupe au chant féminin. Un chant puissant et clair qui vient ponctuer une musique tantôt martiale, tantôt épique. Un univers froid et une formule simple qui alternent musique de chambre pour ballerine tourmentée et Doom plus sombre, écho d’une ballade en forêt. Bien que les montées soient parfois très Pop Rock, nous ne boudons pas notre plaisir devant cette formation qui ne minaude pas. Un anti Myrkur en quelque sorte et une bonne découverte qui appelle à en connaître davantage. (Hyass)

NECROWRETCH – Supositor Stage – 18h30/19h20

Ce n’est pas la grosse foule devant la Supositor Stage quand débute le set de Necrowretch. La faute à Tagada Jones, dont les aficionados attendent déjà fébrilement la venue sous la Dave Mustage. Néanmoins, la réputation du groupe dans le paysage Death Français n’est plus à faire et les connaisseurs sont présents. Le son dans son ensemble est un peu écrasé, mais le set, lui, défile sans temps mort. « C’est comme ça et pas autrement » semble nous dire en filigrane Vlad, le frontman de la formation. C’est brut et c’est brutal.  C’est Old School, mais toujours terriblement efficace. Bref, un moment sans concession avec une énergie live que l’on peut désormais retrouver dans Welcome To Your Funeral, l’album live sorti en septembre dernier. (Hyass)

TAGADA JONES – Dave Mustage – 19h25/20h15

Pour certains, Tagada Jones était le groupe à ne pas rater ce samedi. Pourtant, le groupe de Niko est sans celui le plus présent sur les routes de France ! Ils sont partout ! Mais d’un côté, pourquoi se priveraient-ils de jouer, surtout chez eux, alors que leur public est toujours au rendez-vous ? Certains de leurs fans n’hésitent pas à faire des kilomètres suivre tous les faits et gestes de son frontman. Et puisque fanbase il y a, c’est blindé sous la Dave Mustage – et l’ambiance est explosive dans le pit ! Si rien ne semble avoir évolué dans la setlist, ni sur scène (oui, les gros classiques étaient au rendez-vous, « Mort Aux Cons » en tête de liste, complété de très près par les revendicatifs « Je suis Démocratie » et « La Peste et Le Choléra »), le drapeau continue de flotter en l’air jusque la fin du concert, marqué par les prises de parole solennelle du « camarade » Niko… Encore une très belle opération com’ prônant l’ouverture d’esprit pour Tagada Jones ! (Axl)

NOSTROMO – Supositor Stage – 20h25/21h15

La bande de Nostromo est heureuse d’être là et le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe communique son énergie au public et communie avec lui. Toujours ces problèmes de son sur la Supositor Stage mais peu importe, son Metal Hardcore fait mouche. Les fans du quatuor sont présents, les autres découvrent. Nul doute que le groupe genevois aura conquis quelques oreilles de plus et que sa reformation il y a deux ans (après une pause de onze ans tout de même) lui a été salutaire. Nous ne sommes pas très sensibles à l’univers proposé par le groupe mais pour autant Nostromo semble être en passe de quitter les sphères de l’Underground. La suite le confirmera peut-être ! (Hyass)

CANNIBAL CORPSE – Dave Mustage – 21h20/22h10

Personne n’arrête Cannibal Corpse et son chanteur mi-homme, mi-cou : George Fischer (alias Corpsegrinder)… Oui, programmer Cannibal Corpse, c’est s’assurer de repartir chez soi le bras dans le plâtre. Alors, comme à leur habitude, les Américains vont droit au but, ne font pas dans la demi-mesure et jouent quelques nombreux classiques dont le fameux « I Cum Blood ». Le nouvel opus, Red Before Black, n’a pas non plus été laissé-pour-compte, mais avouons-le, ce sont surtout les mouvements de nuque du frénétique chanteur et son featuring avec Trevor (The Black Dahlia Murder) sur « Stripped, Raped And Strangled » qui surprennnent ! … Une prestation coup de poing, une prestation coup de massue, à vous de choisir ! C’était tout simplement un très bon concert ! (Axl)

SHINING – Supositor Stage – 22h20/23h10

La dernière prestation de Shining dans le cadre du Motocultor avait fait couler beaucoup d’encre. Entre le « featuring » surprise de Julien de Benighted et le coup porté sur un des photographes du pit, il y avait de quoi faire. Alors, Shining, c’est un peu un jour sans et un jour avec… Et même si Niklas continue de sortir des albums sympathiques (X – Varg Utan Flock, le dernier en date, était intéressant à plusieurs égards), s’il continue de susciter la passion chez ses fans, nous ne pouvions que rester assez déçu devant la tournure qu’a prise la prestation, assez décevante dans l’ensemble… Le son n’était pas top et les musiciens semblaient parfois trop enivrés pour assurer leurs partie… Il nous arrivait même de voir le frontman, le bandana fixé sur le front, forcer ses acolytes à se bourrer la gueule entre deux ballades « Black Metal ». Bref, une prestation assez gênante, qui en a poussé plus d’un à aller voir ce qui se passait sur l’autre scène. (Axl)

CELESTE – Massey Ferguscène – 22h20/23h10

On ne présente plus Celeste, même si on ne sait pas vraiment qui se cache derrière les lampes frontales rouges du combo. Comme à son habitude, la formation offre un show où le visuel est plus prégnant que la musique. Derrière une épaisse fumée qui s’emprisonne sous le toit de la Massey Ferguscène et la ferait passer pour le ciel de la salle de banquet de Poudlard, le groupe prend place et fait résonner un show qui rendra captif son auditoire dès les premières notes. Les basses traversent les corps et la magie opère : les têtes dodelinent d’avant en arrière donnant au set des allures de Grand Messe. Malgré tout, un petit coup de mou se fait ressentir quelques titres avant la fin, mais pas de quoi leur en tenir rigueur. Nous avons passé un très bon moment. (Hyass)

BEHEMOTH – Dave Mustage – 23h15/00h10

Place à l’un des shows les plus attendus de ce Motocultor : Behemoth en terres bretonnes vient préparer la venue de son nouvel opus I Loved You At The Your Darkest. La tente est donc pleine à ras bord et répondra avec plaisir aux appels de Nergal qui exhorte la foule. Pas de doute, Behemoth sait comment tenir une scène et un show de bout en bout. Le visuel est soigné (même si on aurait aimé en prendre encore plus plein la vue) et les confetti sont noirs. Avec Behemoth, Satan est à la fête, version boîte de nuit pour metalheads très classes. Une reprise de « A Forest » plus tard (The Cure), en compagnie de Niklas de Shining et le groupe fait carton plein. Alors oui, c’est mainstream et c’est à l’opposé de ce que nous a proposé Belphegor la veille, mais Bartzabel que c’est bon ! (Hyass)

PUNISH YOURSELF – Supositor Stage – 00h20/01h10

On les attendait moins, et pourtant… Punish Yourself prend place au fond de la clairière et nous assistons à un très bon concert. Alors du fluo, oui, il y en a ! Et puis aussi cette touche « happening » qu’apporte les chorégraphies à coups de meuleuse. Le groupe est survolté et son énergie est communicative. Très vite, le public se lâche, l’ambiance est tendue et les rythmes martiaux. On peut réellement dire que c’était la guerre. Une guerre aux allures futuristes mais dont les racines sont belles et bien ancrées dans les problématiques de notre époque. Un tour de force et un coup de maître pour Punish Yourself, qui a clairement franchi une étape avec Spin The Pig sorti l’année dernière. Vite, la suite ! (Hyass)

TURISAS – Massey Ferguscène – 00h20/01h10

Turisas, c’est un peu le groupe de Folk un peu passe partout qui, a défaut de sortir des bons albums, peut se targuer de mettre l’ambiance. Et le Motocultor ne fait exception à la règle… Les musiciens grimés font oublier le Black Metal grandiose de Behemoth avec des hits « Pagan », mis en rythme par des violoncelles et autres instruments folkloriques… Quoi qu’il en soit, s’il n’y a rien d’original à se mettre sous la dent (le groupe met toujours un terme à son concert avec la reprise de « Rasputin » de Boney M.), notons que les Finlandais ont saisi là une belle opportunité de faire parler de la future tournée qu’ils entreprendrons dès février prochain dans toute l’Europe en compagnie de Korpiklaani et de Trollfest. (Axl)

ABBATH – Dave Mustage – 01h15/02h15

Encore une autre formation qui prend du retard ! Et décidément, Abbath n’a pas fini de faire parler de lui. C’est un musicien particulièrement éméché qui investit la scène pour y interpréter quelques-uns de ses hits et d’autres tirés du répertoire d’Immortal (« Tyrants », « All Shall Fall »)… Alors, le musicien est fidèle à l’image qu’il renvoie : c’est un fêtard qui n’hésite pas à imiter Lemmy Kilmister dès son entrée sur scène et qui crache du feu… Mais plus le concert passe – et même si les morceaux sont assez bien exécutés – plus l’odeur d’alcool se repend dans la foule, et le concert qui avait déjà pris pas mal de retard s’éternise. Beaucoup d’entre nous étaient déjà partis se préparer pour faire la fête au Macumba Open Air. (Axl)

Des hauts, des bas, de belles révélations, des prestations à oublier : la deuxième journée du Motocultor Open Air a toutefois répondu à nos attentes ! L’ambiance est joviale, le public répond à l’appel, et nous sommes quasiment sûrs que le festival sortira la tête de l’eau. Mais avant de faire le bilan, il reste encore une journée de festival et pas des moindres : Sepultura et Municipal Waste sont de la partie !

 

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