Les vieux fans de Metal Church se souviennent encore très bien de l’année 1986, de l’époque où « Watch The Children Pray » passait en boucle sur les ondes de MTV. 22 ans plus tard et après deux séparations, les Californiens ont peut-être pris quelques rides, mais nous reviennent en force avec Damned If You Do, un opus qui, s’il ne changera pas la face du Metal, ravira à coup sûr les fans de Heavy/Thrash traditionnel. Avant de retrouver les Américains dans le cadre des plus gros festivals cet été (notamment à l’Alcatraz Festival), la rédaction a pu écouter leur nouvel album en exclusivité et sympathiser avec Mike Howe, son chanteur, décidément bien heureux depuis son come-back au sein du groupe !
Propos de Mike Howe (chant) recueillis par Axl Meu
Damned If You Do est le deuxième album que tu enregistres avec Metal Church depuis ton retour au sein du groupe. Comment les fans t’ont-ils accueilli quand tu es revenu en 2015 ?
Vraiment, je ne pouvais pas rêver mieux. À croire qu’ils m’attendaient de pied ferme. C’était super. Les deux dernières années que j’ai passées avec le groupe sur la route étaient tout simplement géniales. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, ils m’ont fait part de leur joie de me retrouver. Comme une soudaine impression d’être le gars le plus chanceux au monde !
Qu’as-tu fait quand tu n’étais plus dans le groupe ? Tu ne t’ennuyais pas trop ?
Non, non, j’en ai profité pour élever mes deux fils et m’occuper de ma famille. Une vie normale, quoi !
Damned If You Do est donc le nouvel album de Metal Church. J’ai lu que c’était Kurdt Vanderhoof (guitare) qui avait composé la majorité des titres… Comment vous y êtes-vous pris ?
On a travaillé ensemble pour la conception de ce nouvel album. Tout se fait de manière assez spontanée. Kurdt compose les morceaux bruts et les enregistre chez lui. Les chansons ne sont alors qu’à l’état de démo. À la fin, il en avait presque vingt. Il me les a envoyés et j’ai travaillé les paroles chez moi. C’est simple, on fait tout au feeling. Si on estime que ça ne marchera pas, que ce n’est pas assez bon, on ne garde pas.
D’où as-tu puisé ton inspiration pour ce nouvel album ? De ta vie de tous les jours ? Des livres que tu lis ?
Un peu de tout ça. Mais j’ai toujours pensé que le Heavy Metal était un exutoire. Je me sers du Heavy Metal pour faire ressortir une certaine frustration. Que ce soit pour les fans ou pour les musiciens, le Heavy Metal nous fait l’effet d’une ‘catharsis’. Je pense que nos paroles peuvent être traduites par nos fans de sorte que chacun y propose une interprétation personnelle. Il est important pour nous qu’ils se reconnaissent dans ce que nous disons à travers nos chansons.
Ta voix n’a pas perdu de sa superbe après toutes ces années. On reconnait ton grain…
Merci pour le compliment ! Mes références restent et resteront Rob Halford (Judas Priest) et Bon Scott (AC/DC). Quand j’étais jeune, je jouais dans un coverband, on reprenait leurs titres. J’ai toujours essayé de m’imprégner du style de ces chanteurs, surtout Bon Scott, pas seulement la voix, mais aussi son attitude et son style de vie. Ce sont de vraies sources d’inspiration.
Metal Church a connu un changement de line-up dernièrement avec le départ de son batteur, Jeff Plates. Est-ce que son départ est lié avec son implication au sein de Trans-Siberian Orchestra ?
Oui, voilà. Son choix lui appartient. Ce projet lui prend beaucoup de temps. Et il était à un point où les deux n’étaient plus conciliables. Cette situation ne lui convenait pas. Après, Jeff reste un bon gars, un de mes proches quoi qu’il arrive. Si cette situation ne lui allait pas, il a bien fait de partir. Et jamais je ne lui en voudrai d’avoir quitté le groupe.
Vous avez donc engagé Stet Howland qui est notamment connu pour avoir joué avec W.A.S.P.. D’où le connais-tu ?
Notre bassiste le connaissait depuis un moment déjà. Ils ont joué ensemble dans le groupe Where Angels Suffer. C’est un de ses potes, donc il l’a contacté pour savoir s’il était libre. Il l’était. Par chance, Stet était là au bon endroit au bon moment. Ça s’est bien passé lors de l’audition, on l’a engagé !
Y a-t-il un thème commun qui lie tous les morceaux de Damned If You Do ?
Pas vraiment, non. Ce sont des titres que l’on peut écouter séparément. Après, comme je t’ai dit plus tôt au cours de cette interview, ce sont des morceaux qui ont trouvé source dans la frustration que nous ressentons au quotidien. Damned If You Do… Ce titre est tellement évocateur !
Damned If You Do sortira via Nuclear Blast en Europe, mais c’est Rat Pak Records qui s’occupe de vous aux U.S.A.. On ne connait pas trop ce label en Europe. Peux-tu nous le présenter ?
Ce label a conclu un ‘deal’ avec Nuclear Blast. Le représentant de Rat Pak Records croit dur comme fer à tout ce que nous faisons. On peut toujours le consulter. Il est bassiste à côté, il est vraiment impliqué dans la sphère Metal. Il gère tout ce qui a un rapport avec la publicité… En tout cas, c’est important pour nous d’avoir ce genre de gars à nos côtés. À l’époque, dans les années 80, on travaillait avec des gens qui ne nous connaissaient pas forcément et humainement parlant, ce n’était pas trop ça. Pour finir, c’était assez frustrant. Pour Rat Pak Records, c’est l’inverse, et c’est très agréable de travailler dans ces conditions.
« Si je n’aime pas ce que nous faisons, je ne vois pas ce qui me pousserait à continuer »
Quand je me rends sur votre page Facebook, je me rends compte que vous êtes très attachés à votre passé. Vous êtes nostalgiques de vos anciennes gloires ?
Nous appartenons aux 80’s. Les années 80 nous ont forgés… Et oui, nous restons très proches de notre passé. Avec le temps, Metal Church restera Metal Church. Tous les membres, que ce soit ceux qui constituent le line-up actuel ou les anciens, forment ensemble une même famille, même si je me suis absenté pendant plus de vingt ans… Nous aimons beaucoup montrer des vieilles photos de nous… Il ne faut pas oublier d’où l’on vient !
Metal Church va prochainement participer à la première MegaCruise, la croisière montée par Megadeth. Qu’attendez-vous de cette croisière, vous qui êtes déjà habitués à ce genre de séjours avec les 70. 000 Tons Of Metal…
La croisière 70. 000 Tons Of Metal était vraiment chouette ! Nous sommes vraiment très reconnaissants envers Andy Piller, l’organisateur de la croisière. C’était une expérience inoubliable ! Puis, il y avait tous ces fans d’un peu partout du globe. Ça a vraiment apporté quelque chose en plus. On verra ce que ça donnera pour cette première MegaCruise ! Il y a pas mal de groupes avec lesquels nous avons évolué dans les années 80, comme Anthrax, Overkill, Testament et bien sûr Megadeth. Je pense qu’on va bien s’amuser !
Vous faites des croisières, mais je me rends compte que Metal Church ne s’est pas produit tant que ça en France. C’est dû au manque de bookers ?
Metal Church se rend là où il est réclamé et aujourd’hui, il n’est pas évident de mettre en place des tournées… D’un point de vue financier, il faut que ça soit viable pour le groupe et ça n’est pas toujours facile. En clair, il faut que ça fasse sens. En tout cas, une chose est claire, Metal Church aimera se produire partout, toutes villes confondues. C’est juste que la scène est compliquée, et qu’il faut parfois se montrer astucieux…
On se souvient toutefois de ce super concert que vous avez donné l’année dernière dans le cadre du Hellfest !
Oui ! Cette performance a été filmée et postée sur Youtube… Je ne sais pas si tu l’as vue ! Nous avons hâte de revenir au Hellfest. Tu sais, on a fait pas mal de concerts, on me demande souvent si je me souviens de telle ou telle dates – il y en a qui m’échappent – mais comment oublier le Hellfest ? Ce festival est particulier… Avec ses décors, ses flammes, on avait vraiment l’impression d’être en Enfer. Même que le groupe avait assuré ce jour-là ! (Rires) Non, je n’oublierai jamais cette date !
Donc ce Metal Church est fait pour durer et ne se séparera pas une nouvelle fois ?
Nous sommes plus forts que jamais ! Nous avons sorti, je pense, de très bons morceaux sur Damned If You Do. D’ailleurs, tout ce que nous faisons vient du plus profond de nous-mêmes et si je n’aime pas ce que nous faisons, je ne vois pas ce qui me pousserait à continuer.
Ma dernière question portera sur la Californie. Les nouvelles n’ont pas l’air très rassurantes. J’ai appris concernant les nombreux incendies qui ont une nouvelle fois ravagé votre état… Rassure-moi, tout va bien de ton côté ?
C’est vraiment terrible tout ce qui se passe ici. Heureusement pour moi, je n’habite pas dans la zone concernée par ces incendies, je suis épargné, mais j’ai des amis, de la famille, non loin de Los Angeles, qui ont dû être évacués par précaution. J’ai vraiment eu peur. C’est grave. Des maisons ont pris feu, certes, mais dans ces épreuves, le plus important est de retrouver ses proches sains et saufs ! Merci beaucoup de prendre de nos nouvelles. Merci mille fois.
Metal Church, c’est :
Mike Howe : Chant
Kurdt Vanderhoof : Guitare
Rick Van Zandt : Guitare
Stet Howland : Batterie
Steve Unger : Basse
Discographie :
Metal Church (1984)
The Dark (1986)
Blessing in Disguise (1989)
The Human Factor (1991)
Hanging in the Balance (1993)
Masterpeace (1999)
The Weight of the World (2004)
A Light in the Dark (2006)
This Present Wasteland (2008)
Generation Nothing (2013)
XI (2016)
Damned If You Do (2018)
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