Une semaine après leur prestation remarquée à Lille, en ouverture de Zeal & Ardor, les quatre Parisiens d’Hangman’s Chair remettent le couvert dans le Nord avec la promesse d’un show plus long qu’à l’accoutumée. Il faut dire cette fois-ci, Hangman’s Chair ne se produit ni dans le cadre d’une date d’ouverture, ni dans le cadre d’un festival, en headliner donc. Il fallait marquer le coup, notamment en invitant un groupe sympathique en ouverture. Et on peut dire qu’avec les Strasbourgeois de Los Disidentes Del Sucio Motel, la soirée valait vraiment le déplacement. Attention les grosses guitares, nous voilà ! Mais, il semblerait que la météo capricieuse ait refroidi un bon nombre de mélomanes. Il est à peine 18 heures que les véhicules se recouvrent de verglas, pareil pour la route, compromettant alors le ‘’plein’’ du théâtre du Poche de Béthune. 

Par Axl Meu

Crédit photos :  Axl Meu


C’est vrai qu’il n’y a pas foule et c’est dans ce climat assez particulier (toutes les dates du Théâtre du Poche auxquelles nous avons assisté se sont déroulées à guichets-fermés jusqu’à présent..) que les Strasbourgeois branchent leurs instruments ! « On va commencer, vous pouvez vous approcher de la scène ! » lance un des membres du groupe comme pour interpeler le public, alors appointé au bar. Los Disidentes Del Sucio Motel que nous découvrons en live, c’est la promesse d’un concert lourd, faisant l’amalgame entre le style des gros classiques du Stoner (Down…) et la modernité des nouvelles valeurs (certains auront pensé à Gojira sur « Departure »…). En atteste l’apport des claviers électroniques de Dany (qui mettent en relief les lourdes sonorités, non moins ‘’groovy’’, émises par Julien et Romain, respectivement à la basse et à la guitare). 

À côté, même si la distance entre les musiciens et leur public est quand même significative (le public tarde à s’approcher…), le groupe semble prendre du plaisir à exécuter ses morceaux (le tandem que forment les deux chanteurs, Dany et Nico, marche vraiment bien – on sent vraiment que le groupe a travaillé sur cet aspect). Nico, néanmoins, essaie tant bien que mal de chauffer la salle en lançant quelques interjections : « Vous avez vraiment de la chance d’avoir une salle comme ça dans le Nord ! », « Avec ce morceau, on va vous plonger dans l’air marin », mais ça ne prend pas, c’est maladroit. Ces prises de parole impromptues et non maitrisées contrastent énormément avec la musique du groupe qui – n’ayons pas de peur des mots – est excellente. 

C’est dommage, car les Strasbourgeois ont de quoi tirer leur épingle du jeu, musicalement et visuellement. En effet, le concert prenait des allures de karaoké géant, la presque intégralité des paroles étant diffusée en fond (sous forme de clip)… Autre surprise, après avoir rendu hommage aux victimes de l’attentat qui a touché leur ville, les musiciens nous gâtent avec une reprise de « Welcome To The Machine » (Pink Floyd)… Une réécriture bien sympathique qui a vu Nico briser le quatrième mur, qui séparait le groupe du public, en allant à la rencontre de son public. Peut-être aussi fallu investir la scène de la sorte pour attirer son attention dès le départ ? Ce fut néanmoins un très belle prestation. 

Après avoir couvert Hangman’s Chair un nombre incalculable de fois ces derniers mois (Motocultor, Tyrant Fest, Zeal & Ardor…), autant dire que nous avons eu du mal à renouveler notre propos. Comme d’habitude, les pionniers du Stoner/Doom à la française délivrent un show en béton, axé sur leurs dernières progénitures (Banlieue Triste et This Is Not Supposed To Be Positive). Cédric (guitare, chant) marque d’emblée son public avec son timbre plaintif sur « Naïve » semble porter sur ses épaules tous les maux et toutes les peines du monde. Oui, ce samedi, il n’avait pas l’air être dans ses plus beaux jours… Mais cela n’affecte en rien la qualité du show qui est livré. Avec Hangman’s Chair, c’est clair, on ne rigole pas, c’est tout. 

Un concert marqué du sceau de la perfection, mais trop court et un poil décevant pour finir. Car alors qu’on nous avait vendu un set sortant de l’ordinaire, Hangman’s Chair s’est contenté de jouer le même concert qu’à Lille (à une exception près). Beaucoup (notamment les fans de la première heure) s’attendaient à ce que des titres de leurs deux premiers albums, (A Lament For…) The Addicts et Leaving Paris, soient greffés à la setlist, ce qui ne fut pas le cas ce soir. Les derniers accords de « Full Ashtray » résonnent dans le théâtre, les Franciliens posent leurs instruments sans jamais revenir. Oui, avec Hangman’s Chair, on ne rigole jamais. 

C’était quand même assez court, mais gageons que ce concert sommaire poussera ceux qui ne les connaissaient pas (encore) à réitérer l’expérience encore et encore, tant qu’il est encore temps. Car signature avec Spinefarm Records oblige, les Parisiens pourraient très bien s’envoler pour les États-Unis très prochainement. 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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