Formé à Troyes en 1994, Embryonic Cells est plutôt le type de groupe à privilégier la qualité à la quantité. Horizon, son quatrième album, est sorti six ans après The Dead Sentence. Il faut dire qu’une partie de ses membres ont une vie bien remplie et qu’ils enchaînent projet sur projet. Néanmoins, cela ne l’empêche de saisir de belles opportunités : Horizon, leur nouvel album, a vu le jour via Apathia Records et le groupe se produira sur la Altar du Hellfest en Juin prochain ! 

Propos de Max Beaulieu (chant/guitare) recueillis par Axl Meu


C’est la première entrevue que nous passons ensemble ! Il faut dire qu’Heretik Magazine n’existait pas il y a six ans… Pourquoi avez-vous attendu six années pour sortir Horizon ? Il n’y a pas eu de changements de line-up pourtant, si ? 

Si, il y a eu un petit changement de line-up il y a un an et demi, on a intégré un nouveau bassiste, mais ça ne justifie pas les six ans qu’il y a entre The Dread Sentance et Horizon. En fait, entre ces deux albums, on a beaucoup tourné, on s’est vraiment concentrés sur l’aspect « live » du groupe. Après, il faut savoir que les autres membres du groupe ont d’autres projets et que ce n’est pas du tout facile d’agencer nos emplois du temps. Surtout que certains projets sont très chronophages ! Mais bon, encore une fois, ça ne justifie pas le fait que nous avons pris six ans pour enregistrer l’album… En vérité, on n’a pas vu le temps défiler et on s’est un peu réveillés en sursaut, surtout qu’on avait beaucoup de choses à dire, beaucoup d’idées sur la table… Tardivement, mais sûrement, on présente notre nouvel album, Horizon, abrité chez Apathia Records !

Il y a eu un changement de logo entre les deux albums. J’imagine que ça symbolise quelque chose en particulier, comme si c’était une nouvelle étape pour vous ! 

Je dirais que chaque album du groupe marque une évolution. Before The Storm était un album cru, sorti de la cave, ensuite, dans la foulée, on a publié Black Seas qui a eu un bon retentissement et qui nous a ouvert pas mal de portes. Grâce à lui, on a bien tourné ! Après, pour ce qui est du changement de logo, il faut savoir qu’à l’époque de The Dead Sentence, qu’il avait déjà été retravaillé… Puis, là, au cours de ces six dernières années, il y a eu de l’évolution et du changement en ce qui concerne la production, le mode de composition… On évolue naturellement au sein d’Embryonic Cells !

Peut-on dire d’Horizon qu’il est un concept-album ? J’ai comme l’impression que tous ses morceaux forment un bloc, un ensemble commun ! 

Ce n’est pas un concept-album, mais c’est vrai qu’il y a une sorte de fil rouge narratif qui lient tous les morceaux. À travers l’album, on suit un personnage que l’on retrouve dans des tableaux différents. Par le biais d’Horizon, on évoque le sort des réfugiés, de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui sont obligés de fuir leur pays contre leur gré. Dès lors, ils sont obligés de traverser les océans, les déserts, les montagnes pour survivre… Pour arriver à leurs fins, ils doivent alors transcender leur horizon. Bien sûr, cela fait écho à l’actualité morbide de ces derniers mois…

Vous avez travaillé au Studio de la Forge pour capter Horizon. Quelles en sont ses particularités ? 

On a été guidés dans ce studio par Pierre Schaffner qui est derrière les manettes. On était déjà fans de tout ce qu’il avait déjà produit, notamment au travers de son propre groupe, Phazm

… qui sera sans doute amené à prendre une pause, Pierrick étant bien impliqué dans son autre projet, Skáld…

Oui, tout-à-fait, absolument. En termes de résultat, on était plutôt confiants… La deuxième chose qui nous a plu chez Pierre, c’est sa culture musicale. Quand tu lui parles d’un album particulier, de tel ou tel larsen, de tel ou tel courant, que ce soit le Heavy Metal ou le Black Metal, il s’y connaît. Et c’est un plus pour un groupe comme Embryonic Cells, dont la musique est forte en influences diverses et variées ! Travailler avec Pierre était donc de tout confort, puisqu’il est sensible à toutes les esthétiques musicales.

Ce que j’ai bien aimé sur votre album, ce sont les ambiances, les atmosphères que vous y développez…  Est-ce que vous vous reconnaissez dans la nouvelle vague de Black Metal ? 

C’est vrai que, lorsque je surfe sur le net, on voit souvent l’intitulé « Black Metal Old School » au sujet de notre album, et tu me parles d’un autre mouvement, ce que je trouve très intéressant pour finir, mais pour te dire, je ne sais pas vraiment ce que l’on fait. Je n’éprouve pas le besoin de catégoriser notre musique, surtout que je manque cruellement d’objectivité vis à vis de ma musique ! Après, de toute évidence, nous sommes tous de gros fans de Doom, Thrash Old School, Heavy Metal et même de Synth-Wave au sein du groupe. Il est normal que cette diversité accouche d’un album « multi-dimensionnelle ».

Combien de temps avez-vous pris pour sortir album ? 

On ne s’est pas vraiment pressés. Comment on dit, on a vraiment étalé la confiture sur la tartine et la conception de l’album nous a pris un peu plus d’un an…

« …tu fais imprimer des affiches, des flyers, et tu es présent sur les réseaux sociaux… Pour finir, tu te retrouves avec 80 pèlerins pour une affiche dotée d’une programmation exceptionnelle »

Horizon est sorti dernièrement via le label Apathia Records comme tu me le soulignais tout à l’heure. Comment la signature avec le label s’est-elle goupillée ? 

Le plus naturellement et le plus simplement possible. Horizon était déjà dans la boîte et on a envoyé quelques morceaux à Apathia Records, et il s’avère que Jehan Fillat, son label-manager, était intéressé par l’idée d’introduire ce genre de Black Metal dans son catalogue. On était alors en confiance, car Apathia Records est un très bon label et à notre échelle, on ne pouvait pas rêver mieux !

J’imagine que cette signature va vous aider à reconquérir une partie de votre public et même répandre un peu plus votre musique ! Vous allez bénéficier d’une promo’ et d’une distribution plus conséquentes ! 

Tu as tout à fait raison. Les raisons que tu viens d’évoquer sont celles qui nous ont poussés à accélérer les choses avec le label, surtout qu’on avait déjà l’impression de parler le même langage quand on échangeait. 

L’année dernière, vous vous êtes produits au Outch Festival. J’ai vu qu’il y avait eu quelques problèmes en ce qui concerne l’affluence de ce festival… Pour la prochaine édition, ils ont dû revoir les choses. L’événement se déroulera dans un cadre plus intimiste, à la Niche du Chien à Plumes (Dommarien), les 24 et 25 mai prochain. C’est vraiment dommage, car l’affiche de la première édition valait son pesant de couronnes ! 

On garde un excellent souvenir de notre passage au Outch… Et ce genre de cas de figure est un peu injuste, car comme tu l’as dit, la programmation du festival était juste sublime, de même que les conditions de jeu… Mais voilà, ils ont subi quelques désagréments, la météo était un peu capricieuse, ce qui a mis à mal une des journées du festival. Après, l’organisation d’un festival, c’est un peu une science inexacte. J’ai organisé pas mal de dates, une centaine, et parfois tu mets tout en place pour que le public soit au rendez-vous : tu fais imprimer des affiches, des flyers, et tu es présent sur les réseaux sociaux… Pour finir, tu te retrouves avec 80 pèlerins pour une affiche dotée d’une programmation exceptionnelle. Parfois, tu organises un concert un peu à l’arrache avec trois groupes pour lesquels tu ne prends pas le temps d’assurer la promotion, et en fin de compte, la soirée se déroule à guichets fermés. En tout cas, c’est bien injuste pour le Outch, car l’équipe avait déployé les grands moyens. Elle ne méritait pas ça, il faut vraiment que ce festival trouve la force et les moyens de continuer !

Est-ce que, selon toi, cela ne serait pas dû au trop-plein de concerts qu’il y a en ce moment ? Les fans n’ont pas forcément les moyens de se déplacer et d’acheter son ticket. 

C’est tout à fait possible. Il y a beaucoup de paramètres en prendre en compte. Il faut se déplacer, ça coûte cher, il faut se restaurer sur place et surtout résister à la tentation d’acheter un t-shirt et trois albums (rires). Il y a tous ces paramètres économiques à prendre en compte, c’est sûr !

Une autre date pour vous pour laquelle j’imagine qu’il y aura plus de monde : le Hellfest ! Cette année, vous allez vous produire, le dimanche, sous la Altar et non pas la Temple, ce qui est plutôt surprenant compte tenu de votre style… 

Oui, tout à fait ! Notre participation au Hellfest est un peu due au hasard. On va dire que j’étais là au bon endroit au bon moment ! Il se trouve qu’un des bookers du Hellfest avait un besoin particulier et qu’Embryonic Cells correspondait bien à cette demande ! On est vraiment lucides sur notre chance de pouvoir se produire au Hellfest. On est très attachés à ce festival, car même si le festival propose des blockbusters comme Kiss et ZZ Top, il continue de programmer des groupes à la réputation plus confidentielle. Tout le monde est libre de voir ce qu’il veut !

Quelles sont les dates à venir ?

Le 18 mai prochain, nous nous produisons à La Chapelle Argence de Troyes avec nos amis de Misanthrope ! Ça pendra la forme d’une release-party, on en profitera pour jouer des morceaux qu’on n’a jamais joués avant ! Actuellement, nous sommes sur un projet de tournée hexagonale, maintenant, il nous faut assembler tout ça. En tout cas, nous tenons défendre notre musique sur la route !


Embryonic Cells, c’est :

Max Beaulieu : Chant/Guitare

Djo Lemay : Batterie

Pierre « Mamuth » Touzanne : Basse

Pierre Le Pape : Clavier

Discographie :

Before the Storm (2007)

Black Seas (2008)

The Dread Sentence (2012)

Horizon (2018)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.