Expatriées depuis quelques années aux États-Unis, les deux têtes allemandes de The Picturebooks, formation de Blues ’n’ Roll, Fynn Claus Grabke (chant, guitare) et Philipp Mirtschink (batterie) continuent de vivre leur rêve américain à eux en s’offrant quelques dates « de luxe » ici et là. À quelques semaines de la sortie de leur cinquième album, The Hands Of Time, et quelques heures de leur nouvelle tournée en compagnie de Monster Truck, c’est un Fynn Claus Grabke, totalement rincé, mais on peut plus loquace, qui nous parle de sa philosophie de vie et de son nouvel opus.

Propos de Fynn Claus Grabke (chant, guitare) recueillis par Axl Meu


Comment te sens-tu à quelques semaines de la sortie de The Hands Of Time ? Je pense que c’est un album important pour toi…

Oui, c’est toujours très important ! En ce moment, j’ai un peu le « jetlag », car nous venons juste d’arriver au Canada depuis Los Angeles où nous avons filmé un nouveau clip ! Nous considérons The Hands Of Time comme notre troisième « vrai » album. À l’époque, nous étions avec un bassiste et la musique que l’on proposait était sensiblement différente. Cet opus représente beaucoup pour nous, c’est comme une nouvelle ère, et nous avons hâte de savoir ce que les gens en pensent. 

Vous êtes au Canada pour ces fameuses dates que vous allez donner en compagnie de Monster Truck… 

Oui, c’est ça ! Nous allons commencer une nouvelle tournée avec Monster Truck. Nous avons déjà joué avec eux en Europe, et ils sont vraiment géniaux ! À l’époque, Jer (guitare, chant, ndlr ) et les autres nous avaient promis de remettre le couvert au Canada, et ils ont tenu leur promesse. Nous leur en sommes vraiment très reconnaissants ! 

J’ai découvert votre musique grâce à Century Media… Pour moi, ce label est connu pour ses signatures « Metal » de qualité et on peut dire que votre style est à des kilomètres de ce que le label a l’habitude de signer… Pensez-vous que votre musique plaira aux fans de musique Metal ? 

Je ne sais pas ! Quand tu te rends à un concert de The Picturebooks, il y a vraiment de tout, et même des metalleux ! Après, j’ai toujours eu le sentiment de ne pas appartenir qu’à une seule scène. Je pense que, si tu ne te limites qu’à un seul style de musique, ça peut vite finir par devenir lassant… Après, il est sûr qu’il y a des gens qui nous détesteront, et c’est tout à fait leur droit. Nous sommes en train de parler d’art, et il n’y a rien de plus subjectif que l’appréciation d’une œuvre d’art !

La musique de The Picturebooks transpire la liberté et la sincérité. Mais vous sentez-vous aussi libres quand vous entrez au studio pour enregistrer vos morceaux ? 

On enregistre dans un studio totalement isolé du monde, dans un endroit il nous est possible de nous poser les questions essentielles : « Que ressens-tu à ce moment précis ? », « Comment tu veux faire part de tes émotions et sensations ? ». The Hands Of Time développe plusieurs idées au sujet de la vérité et des problèmes que tu peux rencontrer. Dans la vie, tu peux faire le choix de ne pas faire face à tous ces problèmes, de ne pas en parler et de préférer te mettre des races tous les soirs, ce qui est loin d’être la meilleure solution. Agir ainsi ne te mènera nulle part ! Par moments, il est bon de regarder la vérité en face et dès lors, la joie revient, peut-être ensuite, l’amour…

« Nous ne faisons que nous exprimer, et les seuls outils dont nous disposons sont une guitare, ma voix et une batterie, rien de plus ! »

Vous vivez aux États-Unis, à Los Angeles… Mais il faut savoir que tu es né en Allemagne. En jouant ce style de musique, tu t’es plus ou moins approprié une culture qui n’est pas la tienne… 

Je vois ce que tu veux dire… La musique Bluegrass, le Blues sont vraiment des styles qui nous influencent beaucoup. Et pour être honnête, nous n’avons pris aucun cours de musique pour faire ce que nous faisons là. Avec The Picturebooks, nous ne faisons que nous exprimer, et les seuls outils dont nous disposons sont une guitare, ma voix et une batterie, rien de plus ! Concernant le Blues et la Country, je suis convaincu qu’ils peuvent être plusieurs cultures, chose importante pour moi puisque ma mère vient de Serbie et ma grand-mère d’Italie ! Je vis à la fois aux États-Unis et en Allemagne, et on passe notre temps sur la route à découvrir de nouveaux pays. C’est génial ! Les pays n’ont pas tant d’importance pour finir, nous sommes tous pareils, nous voulons juste prendre du bon temps et écouter la musique qui nous plaît !

Ceci-dit, votre musique reste très liée avec la culture des États-Unis, la route 66, les bikers, la vallée de la mort… En atteste notamment la pochette de Home Is A Heartache, votre anvant dernier album. D’où tirez-vous votre inspiration ? Sur la route ? 

Parfois sur la route, oui. On n’est pas du genre à jammer comme les autres groupes. En général, je collecte mes morceaux sur mon iPhone, ensuite, on parle de l’artwork, des videos… Dis comme ça, c’est un peu bizarre, mais on travaille comme les artistes « Hip-Hop » dans le sens où on s’attarde beaucoup sur le « beat ». Pour les textes, on parle beaucoup et de notre expérience… Aujourd’hui, nous passons notre vie sur la route, ce n’était pas le cas quand le groupe était encore basé en Allemagne. À l’époque, nous avions essayé à maintes reprises de nous faire un nom, en vain. Dès qu’on disait qu’on était allemands, ça n’allait pas. C’étaient toujours des réponses du genre : « Oh, vous êtes allemands ? Ça ne pourra pas marcher ». On est donc partis faire notre nid aux U.S.A.

Les U.S.A. est le seul pays à nous avoir tendu la main ! On s’est installé à Los Angeles. On s’est produit à Los Angeles et du jour au lendemain, les bookers et labels ont commencé à s’intéresser à nous. Ici, ils se moquent d’où tu viens ! Et contre toute attente, quand nous sommes revenus en Europe pour assurer quelques dates, les promoteurs et les labels avaient retourné leur veste, comme quoi ! (rires)

Il y a une « guest » sur l’album, c’est Chrissie Hynde (de Pretenders). Elle intervient sur le morceau « You Can’t Let Go »… 

… Ah, ce morceau… On traînait sur Santa Monica, pas loin de la plage. Avec Philipp (Mirtschink, batterie), on s’y rend régulièrement pour écrire des morceaux… Je me souviens du disquaire du coin qui vendait des disques d’occasion pas loin de cette plage, et je lui avais acheté un album des Pretenders. On l’écoutait en boucle ! Quelques années plus tard, on nous a proposé de nous produire dans le cadre de l’Euro Festival Harley-Davidson à Monaco (en 2017, ndlr), et il s’avère que les Pretenders étaient en tête d’affiche. Et j’ai encore cette image de Chrissie Hynde en train de taper du pied pendant que nous faisions nos balances. Par la suite, nous avons fait connaissance et échangé nos numéros histoire de rester en contact. Quelques semaines après, j’avais composé ce titre « You Can’t Let Go » et, au fond de moi, je savais que la voix de Chrissie Hynde collerait parfaitement sur cette chanson ! Je lui ai alors envoyé un message pour savoir si ça l’intéressait de chante dessus. La réponse, tu la connais ! J’en suis hyper reconnaissant, car c’est tout simplement la meilleure, mec !

« Les U.S.A. est le seul pays à nous avoir tendu la main ! (…) Du jour au lendemain, les bookers et les labels ont commencé à s’intéresser à nous. »

La piste introductive de l’album, « Horse Of Fire », est plutôt surprenante. Il n’y a qu’une seule voix, la tienne, aucun d’instrument…

En fait, c’était un poème au départ. Quand je l’ai composé, je ne me sentais pas trop bien… et écrire, pour moi est une façon de trouver de me purger. Dans ce morceau, je parle d’un « cheval de feu » auquel je faisais déjà allusion sur l’album Imaginary Horse. Pour la petite anecdote, ce fameux cheval est un ami imaginaire que je m’étais fait quand j’étais môme… et par moments, j’ai l’impression qu’il est encore là, à mes côtés. En chantant ce morceau, je me vois en train de le chevaucher…

La production de The Hands Of Time est très crue ! 

C’est du Rock’n’Roll, mon gars ! The Hands Of Time est un album très brut. Pour ne pas les citer, je trouve qu’il y a des groupes qui en font trop… Il y a des morceaux qui contiennent trop de guitare, avec tout cet orchestre derrière… Ça ne m’a jamais trop parlé ce genre de titres… Quand tu joues ce style de musique, tu n’as pas besoin d’en faire trop. Plus la formule est simple, mieux c’est ! Et si ça ne sonne pas trop, on oublie et on passe à la suite !

Pour l’instant, il n’y a qu’une seule date Française d’annoncée pour le nouvel album, à la Boule Noire, à Paris, le 11 mai 2019. Y aura-t-il d’autres dates ? 

Où habites-tu ? 

Dans le Nord de la France.

On s’est déjà produit à Lille, à la Péniche ! 

Elle est fermée aujourd’hui…

Oui, j’en ai entendu parler, c’est vraiment triste… Quoi qu’il arrive, on adore venir par chez vous ! La France est un pays tellement grand ! Nous sommes déjà partis sur la route en compagnie d’un groupe de chez vous qui marche pas mal, The Inspector Cluzo. Et je ne te cache pas qu’on aimerait bien s’imposer un peu plus en France ! Je parle un peu français, mais je n’ai pas trop envie de te le prouver, ça serai trop marrant. J’aime beaucoup votre culture : Lille, Nantes, Bordeaux, Marseille, Biarritz, Dunkerque… Ce sont des villes où nous nous sommes bien amusés ! D’ailleurs, nous avons pas mal d’amis sur Biarritz…

En début d’interview, tu m’avais annoncé le tournage d’un clip. Pour quel titre ? 

La piste éponyme de l’album. Ce titre est très important à mes yeux, car il parle plus ou moins de moi. J’ai eu la chance de m’être rendu compte de certaines ces derniers temps. Et depuis, je me sens très bien aujourd’hui. Faire la fête est une très bonne chose, mais si tu abuses, tu oublieras sans doutes les moments les plus importants de ta vie. Sinon, pour le clip, il est très simple. On a juste filmé des personnalités et des proches en train d’écouter le concert en question. D’ailleurs, il y a Dennis Lyxzén, le chanteur de Refused, et des skateurs bien connus qui figurent dedans. 


The Picturebooks, c’est :

Fynn Claus Grabke : Chant, Guitare

Philipp Mirtschink : Batterie

Discographie :

List of People to Kill (2009) (ANCIENNE FORMATION)

Artificial Tears (2010) (ANCIENNE FORMATION)

Imaginary Horse (2014)

Home Is a Heartache (2017)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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