Organiser une tournée 100% Metal Français ? Voilà le défi ambitieux qu’a relevé le label nordiste Overpowered Records. Conviant trois formations bien connues des habitués (Gorod, Psykup et S.U.P.), la tournée, programmée sur dix jours, aspirait à visiter toutes les métropoles Françaises, dont celle de Lille, ce qu’elle a fait le 13 mars dernier, au Splendid.
Texte : Axl Meu
Photos : Wacken Delciotto (Shooting Metalheads)
Mais la soirée ne semble pas faire mouche – et les préventes, sans remettre en cause le bon déroulement de la soirée, sont loin d’être folles – C’est d’ailleurs peut-être (et sans doute) pour booster les ventes que les locaux de W.I.L.D. ont été conviés, malgré une annonce qui est presque restée inaperçue… Il faut dire qu’il y a une salle à la jauge importante à remplir et que, malgré une affiche assez prometteuse dans l’ensemble, beaucoup d’internautes ont regretté ne pas s’y retrouver : la faute à un certain manque d’originalité et de cohérence (le fan de Psykup n’est pas forcément fan de S.U.P., le fan de S.U.P. n’est pas forcément fan de Gorod, etc…) et surtout à un P.A.F. assez élevé. Voilà bien les reproches qui circulaient sur le net… En gros, seuls les habitués, les vrais de vrais, ceux qu’on voit à tous les concerts ont mis la main à la poche et sont venus soutenir ces groupes, et amis, qui se produisaient ce soir au Splendid.
Et c’est qu’il fallait scruter, consulter attentivement les réseaux sociaux pour ne pas se faire avoir. Contrairement à l’horaire indiqué sur les billets, les portes ouvrent à 18h30 pour un début des hostilités à 18h50 (et non pas à 20h). La fosse est donc presque vide lorsque les gars de Béthune investissent la prestigieuse scène de vieux cinéma… Néanmoins, il en faut plus pour refroidir les ardeurs des W.I.L.D., qui défendent avec panache leur musique et leur nouvel album, The Domination Chronicles dont la release party se déroulera au Carré des Halles (Lille) le samedi 30 mars prochain. Malgré une prestation en béton armée – même si Fred Patalas, le guitariste, rencontre des problèmes de guitare sur « Jeff Warden » – le peu de public reste cruellement statique, peut-être trop attentif (?) et ne réagit pas tant que ça aux prises de parole de Jérôme Thilly… Pourtant, le plaisir du riff Thrash/Death est palpable sur scène, les vocalises (aussi bien growlées que claires) sont très bien exécutées, mais cette prestation qui devait servir de « coup de com’ » pour la sortie du nouvel album s’est finalement transformée en répète « améliorée ». Dommage.
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Contrairement aux autres dates de la soirée, c’est Gorod qui inaugure la deuxième partie de la soirée, un choix sans doute justifié par le fait que S.U.P. est le groupe le plus attendu ce soir… Quoi qu’il en soit, les Bordelais et leur Death Metal technique, habitués du grand nord, font leur grand retour au Splendid de Lille neuf années après leur date en compagnie de Loudblast et Betraying The Martyrs (avril 2010, Paradis Artificiels). Depuis, le line-up de Gorod a considérablement évolué, mais l’enthousiasme est toujours le même. La preuve en est avec cette nouvelle performance marquée par les prises de parole décalées de Julien Deyres (Nutz) (qui s’amuse du climat instable des Hauts-de-France), le groove caractéristique du groupe et les parties de « tapping » assurées par les sections « corde » (sur « Aethra », « Bekhten’s Curse » et « Wolfsmond », les trois tirés du nouvel album, Aethra…) Même si le son est un peu trop inégal (surtout en ce qui concerne la guitare de Nicolas Alberny), un concert de Gorod reste un gage de qualité quoi qu’il arrive. Car, bien que toujours précis dans l’interprétation de leurs parties techniques, les Bordelais ne tombent jamais dans le piège de la démonstration exacerbée jusqu’au final de « Disavow Your God », aujourd’hui considéré comme un classique du genre.
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« On est Psykup, et on vient de Tokyo ! ». Oui, Psykup est un peu l’O.V.N.I. de la soirée, la petite touch’ de Metal Alternatif dont on se serait pas privés au sein de la rédaction. Habituée des scènes ‘moyennes’, la formation, revenue sur le devant de la scène en 2014, profite de cette tournée atypique pour se faire connaître auprès des fans de Gorod et S.U.P.. Toujours plus décalé, le clan de Julien Cassarino (guitare/chant) et de son acolyte, Matthieu Miegeville (chant) déborde d’énergie, lance les hostilités avec un petit « Crisis Of Today » des familles et enchaîne avec quelques autres pépites comme « We Will The War » et « Love Is Dead », titres au cours desquelles la voix de Julien complète à merveille celle de Matthieu dans ce style qu’eux-mêmes qualifient d’« Autruche Metal » – comprenez par là un mélange de Rock et de Metal en fusion, qui n’est pas sans rappeler les extravagances d’un certain Mike Patton (Faith No More, Fantômas, Mr. Bungle, Dead Cross…). Les lights sont superbes, le show particulièrement soigné et l’usage des panneaux électriques demeure toujours plus rigoureux, notamment sur « Love Is Dead » : un des titres qui amène David à prendre la parole de la façon la plus ironique possible au sujet de la journée internationale des droits de la femme (à l’honneur, comme tous les soirs, leur merch’ étant à prix cassé). Bref, les minutes s’envolent, et malgré une faible participation des partisans du pit, Psykup nous fait passer un bon moment…
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S.U.P. est une institution en France. Fondée en 1990 par les frères Ludovic et Fabrice Loez, sous le nom de Supuration, la formation nordiste n’a presque plus rien à prouver, si ce n’est qu’elle est encore capable d’assurer une tournée de plus d’une semaine, chose qu’elle n’avait pas faite depuis des lustres (la formation préférant se produire ici et là dans le cadre de festivals…). Quoi qu’il en soit, après plus de onze années d’attente, les Valenciennois nous reviennent avec Dissymmetry, une nouvelle palette de titres tendant à la fois vers le Death et la Cold-Wave. Pourtant coutumiers des prestations obscures nappées par des effets de brume en tous genres, c’est à visage découvert que les gars du nord se produisent ce soir. En outre, toujours très peu communicatif avec son public, Ludovic, recroquevillé sur lui-même, nous présente son nouvel album avec pas moins de trois titres : « Cathedra », « Exicision » et « The Chasm and Phonograph ». Ces derniers, mêlant à la fois histoires de Science-Fiction et malêtre ambiant, s’imbriquent avec aise dans la playlist du groupe et ne forment alors qu’un ensemble pertinent, terriblement froid – une sensation amplifiée par la reprise finale de « The Cube » (Supuration) – Oui, l’engouement qu’il y a autour de la formation est resté intact après toutes ces années, et cette nouvelle prestation nordiste en est bien la preuve formelle.
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Malgré quelques couacs ici et là liés à l’organisation de la soirée, un tarif excessivement élevé (presque 30e) et un créneau visiblement pas très attractif (un mercredi soir…), toutes les prestations méritaient que l’on s’y attarde… Dommage cependant que nous n’étions que très peu dans la salle…
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