C’est dans le cadre des Paradis Artificiels qu’Enter Shikari a fait escale à Lille le mercredi 27 mars dernier pour ce qui était la première prestation de la branche « européenne » de sa tournée Stop The Clocks. Les Britanniques étaient alors accompagnés de deux formations de moindre envergure : Structures, et As It Is… Elles ont eu la lourde tâche d’enclencher les hostilités et de se mettre dans la poche une franche du public « Rock Alternatif » de Lille, objectif plutôt délicat un soir de semaine. Car sans être forcément honteuse, l’affluence est restée toutefois faible. Au risque de se répéter, nous sommes un mercredi ! 

Par Patrice Gaches

Crédit photos : Nicolas Fournier


Comme stipulé plus haut, en première partie de concert, avant l’arrivée de Enter Shikari, les spectateurs ont pu profiter, pour une mise en bouche, des prestations de deux groupes. Le premier, Structures, formé en 2018, est un groupe français d’Amiens de Post Punk alliant la voix grave et traînante de Pierre Seguin et les sons de guitares planants et nerveux du chanteur et de Marvin Borges-Soares. Son passage sur scène, autour de cinq morceaux issus de l’album Long Life (2018) : « Long Life », « Dancers », « Satellite », « Immortals », « Arabian Knights Club », n’est pas sans rappeler celui de la Cold Wave et de Joy Division, dont on peut sentir l’influence. Sans forcément faire mouche auprès du public, les Nordistes ont saisi là une belle opportunité leur permettant de faire parler, ce qui n’est pas plus mal en soi ! 

Le second groupe, As It Is, Américano-Britannique, lancé en 2012, est de style Post Punk Rock. La voix suave, parfois Hardcore, de Patty Walters, écho du Punk Rock californien, a enchaîné, en cette soirée du 27 mars 2019, au rythme de guitares au son légèrement électrique six morceaux issus du troisième album The Great Depression (2018) : « The Reaper », « The Habdwritten Letter », « The Stigma (Boys don’t cry) », « The Fire, The Dark », « The Wounded World » (dont une version remixée avec Enter Shikari est sortie en 2019) et du deuxième album Okay. (2017) : « No Way Out ». Une belle prestation ! 

Le quatuor Enter Shikari – ex-Hybryd – issu du Royaume-Uni, est ensuite monté sur scène. Le groupe s’avère totalement éclectique, polymorphe, hétéroclite, hétérochromique et occupe tout l’espace de la scène. Plus particulièrement, le chanteur Roughton « Rou » Reynolds adopte les gestuelles et les déhanchements les plus endiablés – tel le chanteur d’Editors. Cette maîtrise de l’espace qui s’accompagne de jeux de lumières produits aux quatre coins de la scène confirme le souhait du groupe de fusionner différents styles musicaux. Leur nom « Shikari » – « Chasseur » – est lui-même issu d’un vieux Comic book des X-Men et leur symbole a évolué au cours du temps depuis le lion guerrier rouge britannique pour aller vers des lignes simples, épurées et lumineuses. Enter Shikari part ainsi à la chasse de tout ce qui peut épater le public et s’écarter des stéréotypes.

La force du groupe repose sur deux piliers assumés : le mobile Roughton « Rou » Rynolds avec sa voix hardcore et son clavier vintage et le statique Rob Rolfe avec sa batterie pêchue par les coups de caisses claires. Viennent se greffer autour la basse, le clavier et les chœurs de Chris « Batty C » Batten et la guitare de Liam « Rory C » Clewlow. L’atmosphère était plutôt celle du Techno-Electro-Metal, Metal aseptisé plus Pop que Rock. Des instruments et des sonorités insolites – la trompette, la voix plutôt aiguë que rauque – sont venus ponctuer les morceaux. Des passages ont confirmé l’héritage rap-metal d’Enter Shikari à travers des scansions et des puissances de guitare proches de celles de Rage Against The Machine et de Linkin Park.

Enter Shikari a choisi pour armature de son concert au Splendid des titres de son dernier album The Spark (2017) : « The Spark », « The Sights », « Rabble Houser », « Shinrin-Yoku », « The Revolt of The Atoms », « Airfield » (joué par Rou en solo), « Undercover Agents », « Live Outside », « The Embers » entre lesquels sont venus s’insérer des morceaux de Common Dreads (2009) : « Set Up », « Halcyon », « Hectic », « Gap in The Fence », « Havoc B », « No Sleep Tonight »,  « Juggernauts », de Take to The Skies (2007) : « Labyrinth », « Mothership » (très hardcore), « Sorry, You’re not a Winner » (très hardcore églement), de A Flash Food of Colour (2012) : « Arguing with Thermometers »,  « Gandhi Mate, Ghandi » (très electro), « … Meltdown », et de The Mindsweep (2015) : « The Last Garrison », « Anaesthetist ». Enter Shikari y a introduit de façon percutante son titre le plus célèbre : « Destabilise » (2010), emblématique de son style Electro-Metal-Hardcore, la reprise version hardcore de « Insomnia » de Faithless et son nouveau single datant de 2018 : « Stop The Clocks ».

Enter Shikari continuera sa tournée 2019 Stop the Clocks Tour en France en se produisant plus tard dans la semaine au Bataclan à Paris, le 23 juin au Complexe du Val de Moine à Clisson pour le Hellfest, le 24 juin au Rocher de Palmer à Cenon, le 26 juin au Centre culturel œcuménique Jean-Pierre-Lachaize de Villeurbanne et le 27 juin au Fort carré d’Antibes dans le cadre du festival « Les Nuits carrées » ! À bon entendeur ! 

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A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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