AqME peut se targuer d’être devenu au fil des années une institution, aux côtés de Pleymo, tous les deux piliers de la « Team NoWhere », collectif qui fédérerait de 1998 et 2008, une partie des artistes français placés sous le signe de la musique « Neo ». Composé d’Étienne Sarthou, Charlotte Poiget, Julien Hekking et de Thomas « Koma » Thirrion dans les années 2000, le combo avait su s’offrir une seconde jeunesse suite à l’intégration du chanteur des Butcher’s Rodeo, Vincent Peignard-Mancini, en 2014, ce qui a donné cette mouture que beaucoup ont qualifié d’ « AqME 2.0. » dès la sortie de Dévisager Dieu en 2014.
Bref, tout semblait aller pour le mieux pour le combo Parisien qui nous avait pourtant gratifié d’un excellent album éponyme avant de prendre tout le monde à contre pied avec annonce-surprise qui n’a laissé personne indifférent : « Les amis, c’est le coeur lourd que nous vous annonçons que l’année 2019 sera la dernière pour AqME. ». AqME se sépare, annonce une tournée d’adieu – qui fera escale à Lille, au Splendid – et en profite également pour publier dans la foulée un album « surprise », Requiem…
Texte : Axl Meu
Crédit photos : Virgie Marescaux
C’est donc en marge de leur vingtième anniversaire et tournée d’adieux que AqME convie Black Bomb A et Unswabbed pour une petite sauterie entre amis à Lille, cette dernière étant programmée pour le jeudi 25 Avril au Splendid. Bref, sans faire dans l’originalité, cette soirée, certifiée « 100% Metal Français des années 2000 » a le mérite d’attirer notre attention. Il faut dire qu’elle revêt d’un caractère un peu particulier, d’un petit côté : « voilà que tu touches à ma corde sensible, à mes années ‘’collège’’… ». Il est 18h30 quand un petit parfum de nostalgie se répand dans le cortège qui se file devant l’entrée du vieux cinéma. Oui, les fans ont fait le déplacement, parfois même depuis Paris (!), pour assister à l’ultime représentation nordiste des protégés du label At(h)ome.
Le nom d’Unswabbed nous est bien connu. Lancée en 1996, la formation de Lille connaît un pic de popularité dans les années 2000, suite à la publication successive d’Instinct et In Situ (2006, 2007). Et après une petite baisse de régime et quelques changements de line-up, elle nous revient en 2018 plus motivée que jamais avec le très encourageant, De l’Ombre à La Lumière. Néanmoins, malgré des compositions chiadées et une certaine envie d’en découdre, Unswabbed est resté, et ce à notre plus grand regret, au stade du groupe d’ouverture, mais n’en demeure pas moins une formation à voir en live.
Ce soir, à Lille, le clan de Sebastien Simon (chanteur) bénéficie une nouvelle fois du confort de jeu de l’ancien cinéma et compte bien rallier à sa cause de nouveaux fans, plus jeunes. Épaulé par l’efficacité des coups de baguettes d’Anthony Pitiot (batteur d’Out, remplaçant de Bruno alors sur la route avec Soprano), Unswabbed alterne entre vocalises éraillées et ‘’speech’’ plutôt évocateurs (notamment sur les paranoïaques) et enveloppe dans un ensemble consistant tout ce que le Nu Metal avait de mieux à offrir dans les 2000’s : des refrains énergiques et riffs ‘’bourrin’’ qui ne font pas dans la dentelle… Et c’est que l’ambiance est à la fête puisque le leader trouve bon se frotter au public et inviter Arno (Black Bomb A) sur « Dans le Chaos » ! Une belle performance et un placement en première partie bien justifiée pour Unswabbed… Leur chanteur ne pouvait pas rêver mieux pour son anniversaire !
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Black Bomb A, encore sur sa « Riot Tour », nous revient au Splendid pour une énième prestation nordiste. Visiblement ravie de rencontrer une nouvelle fois le public des Hauts-de-France, la formation de Crossover offre à ses fans ce qu’ils veulent entendre : des titres dynamités à la fois tirés du dernier album en date, Black Bomb A, et d’autres moins connus de tous ceux nés après 1998 (on parle là des morceaux de Human Bomb, pourtant leur album de référence). En tout cas, le public est aux aguets et suit avec attention tout ce qui se passe à la fois sur scène et dans la fosse. Entre les prises de parole franchement délirantes d’Arno – qui, quand il n’invite pas ses fans à former des couples dans la fosse, se plaît à choquer les bien-pensants avec son humour païen – et l’interprétation de titres acérées accompagnés par la voix de canard de Poun sur les refrains, on ne sait vraiment pas où mettre de la tête ! Le schéma reste toutefois, et quand même, le même : un petit braveheart des familles se forme toujours sur « Police Stopped Da Way » et le tandem « Mary » et « Make Your Choice » sont toujours privilégiés pour un mettre un terme aux hostilités de tout ce joyeux bordel. En somme, si rien n’évolue du coté du clan Black Bomb A (et ce malgré une setlist qui évolue), les concerts qu’il délivre restent le meilleur moyen de se défouler après une journée de dures labeurs. C’est à dire que, plus sportifs qu’eux, tu meurs ! On peut dès lors vite comprendre pourquoi leurs fans remettent le couvert à chaque fois. Puissance, authenticité, intégrité quand tu nous tiens !
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L’énorme backdrop floqué du logo du groupe AqME couvre le fond de la scène du Splendid et le sempiternel « This Is The End » de The Doors retentit dans la salle comme pour saluer une dernière fois la famille du Nord tant chérie par Vincent Peignart-Pancini dans cette salle qu’il connaît trop peu, le chanteur nous ayant avoué en cours de soirée que c’était la première (et peut-être dernière ?) fois qu’il s’y produisait… Une raison en plus pour le frontman des Butcher’s Rodeo de faire décoller le plafond de l’ancien cinéma à sa manière avec une setlist fleurant bon la scène Metal des années 2000, souvenez-vous l’épopée Rock One, Rock Sound et MTV Pulse…
Alors, prestation des adieux oblige, la formation francilienne – qui est parvenue à faire le plein ce soir en pleine semaine à Lille (excusez-nous du peu !) – couche tout le monde à terre en tirant de son catalogue les morceaux les plus emblématiques de sa carrière (« Pornographie », « Tant d’années », « Le Rouge et le Noir » et même le dernier single en date tiré du surprenant Requiem : « Entre Les Mains »)… Enthousiaste dès les premières mesures du set, Vincent, quand il ne se fait pas porter par la fosse, nous gratifie de ses plus belles vocalises et laisse souvent les fans collés aux barrières pousser leur gueulante sur des morceaux qu’ils ne connaissent que trop bien… De même qu’Arno et Poun de Black Bomb A, qui en bons fans, s’invitent respectivement sur « Rien ne nous arrêtera » et « ‘’Si’’ n’existe pas »… Des ‘’featurings’’ bienvenus, même si la participation de Thomas « Koma » Thirrion (chant, 1999 – 2012, ndlr) et Benjamin « Ben » Rubin (guitare 1999 – 2008), membres historique du combo, aurait été franchement préférable. Quoi qu’il en soit, toujours plus chaleureux dans sa démarche, Vincent, après la pause « batterie » proposée par Etienne Sartoux et la petite séquence « promotion » du tout concert que le groupe donnera à Paris (au Trianon le 5 octobre prochain), s’est plu à faire monter la pression d’un cran notamment lors de l’interprétation de « Ce Que Nous Sommes » où chacun a mis du sien en explosant de joie avant la prestation finale de « Superstar » et le rappel inopiné de « Le Culte Du Rien ».
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Un petit « range chez toi, ta mère a fait des gaufres ! », et il est désormais temps pour Vincent et AqME de saluer une fois pour toutes leur public lillois après un concert d’anthologie dont on parlera sans doute encore dans dix ans… Une très belle communion entre le groupe et ses fans… Mais eux, ensemble, à quatre, c’est fini, pour toujours ?
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