Le quatre mai dernier, c’était la quatrième du Dreamer Fest ! Après une troisième édition gâchée par le manque d’affluence, le jeune festival audomarois monté par le Dream’s (bar de St-Omer) a revu sa copie et a décidé de revêtir une couleur plutôt Death/Grind pour sa quatrième édition (avec à l’affiche les excellents Cryptopsy, les cultes de Sinister et bien d’autres groupes sympathiques des Hauts-de-France…), considérée pour beaucoup comme celle de la dernière chance.

Alors, les organisateurs – qui pour certains ont mis la main à la poche pour que l’événement ait eu – n’y sont pas allés de main morte pour faire parler d’eux. Une grosse opération de com’, un peu trop poussive d’ailleurs, a été déployée sur les réseaux sociaux et sur les radios locales… Mais il s’avère que les efforts ont porté leurs fruits. Disons-le d’emblée, la barre a été redressée, et bien leur fasse. 

Par Axl Meu

Crédit photos : Eric Meuriche


Initiative locale oblige, c’est à Lung Of Chicken que l’on a attribué le premier créneau de la journée. Pour beaucoup inconnus au bataillon, les gars de St-Omer ont misé sur un humour signé « Kentucky Fried Chicken » et une scénographie plutôt originale pour se démarquer. Après l’introduction longuette compilant les slogans des spots publicitaires de ces vingt dernières années et quelques jets de Pom’Potes dans le public, le quintette – assume un Death/Grind 100 % « fait-maison » et est bien conscient de la chance qu’il a de se produire dans de telles conditions, même si son batteur semble un peu dépassé par les événements… D’ailleurs, dommage qu’un problème technique – lié à la batterie justement – ait cassé l’élan de cette jeune formation, assez prometteuse, qui ne jure que par Jean-Pierre Coffe et les gros stroboscopes…

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Après quelques prestations remarquées dans les Hauts-de-France, notamment dans le cadre du Tremplin Play’n’Rec organisé par l’équipe du BetiZFest, Breakhead est parvenu à se constituer sa propre fan-base et monter un public qui n’hésite pas à frotter à la scène (ça tombe bien, il n’y a pas de barrière entre la scène et le pit). Cela dit, pourtant forte de la prestance de Loïc (qui jouera au zombie en fin de partie), le concert n’était exempt de tous défauts. Les parties de guitare étaient assez inégales et les parties de tapping pas forcément exécutées comme il se doit. Néanmoins et heureusement, ces petits problèmes de cohésion sont pour beaucoup passés inaperçus… Il faut dire que la formation Death/Thrashcore a su mettre l’ambiance, et c’est tout ce qui compte aujourd’hui. Encore un peu de travail, et ils parviendront peut-être à littéralement casser des têtes ! Autant dire qu’on a tout de même hâte de se procurer leur nouvel album (dont la sortie est prévue pour la fin de l’année) !

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Ça fait 20 ans qu’ils font du Death Metal, et ils n’ont toujours pas de t-shirts, ni aucun album à vendre… Non mais allô, quoi ! Alors, certes, les gars de Putrid Inbred n’ont pas inventé la soupe aux cornichons et leur scénographie ne paie pas de mine, mais ils auront marqué les esprits avec un concert où humour et rigueur ont été les maîtres-mots. Fleurant bon la scène Death Floridienne (Cannibal Corpse, Deicide…), le concert est mené à bien par l’humour grinçant de Peutie qui introduit chaque morceau par une petite punchline à l’humour grinçant… Lisez-nous ça : « On fait du curling avec des têtes de mort », « on fait de la natation dans les fosses sceptiques »… Bref, les morceaux s’enchaînent (et se ressemblent un peu) jusqu’au final inattendu, un lâcher de micro et puis s’en vont. Sans ambition et sans prétention particulière, Putrid Inbred se fait et, par la même occasion, nous fait plaisir. Belle mentalité ! 

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« Tout le monde, tout le monde, tout le monde ! ». Morpain, que nous voyions encore dans le cadre du Chaulnes Metal Fest, il y a deux semaines, revient en Terres Audomaroises avec l’envie d’en découdre. Seule formation de Hardcore à proprement parler à se produire aujourd’hui, Morpain, dont la particularité repose sur le fait qu’il y a deux chanteurs dans le groupe, nous assène de riffs exécutés par un guitariste remonté à bloc. Il s’invite même dans la fosse, qui s’embrase trop facilement dès que sont interprétés les classiques – et quelques titres de Fueled By Anger – trop bien connus des amis et fans du groupe ! Bref, une prestation très convaincante pour une formation qui gagnerait tellement à s’exporter hors des frontières des Hauts-de-France, comme au bon vieux temps ! 

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Balance Of Terror est sans doute la formation dont on parle le plus quand il s’agit du Dreamer Fest ! Pour cette quatrième édition, les locaux de Balance Of Terror se sont offert une troisième chance dans la salle Vauban. Cela-dit, qui serions-nous pour bouder une énième performance de ce combo, qui commence franchement à faire parler de lui en dehors de nos sentiers ? Bref, ils montent, montent, montre – et n’ont toujours pas prévu de faire dans la dentelle. Flo (ex-Lappalaïnen) et sa bande se mettent en branle – et remettent les ‘’poings’’ sur les I – avec les titres tirés de leur premier album, World Laboratory (aux thématiques on ne peut plus évocatrices, on a là affaire à des histoires de sang et de guerre !). Bref, les Audomarois nous offrent un nouvelle prestation musclée – sans être originale – honorable. Un petit avant goût du prochain opus, et voilà que leur batteur, Mathieu, peut enfin aller reprendre son souffle et remettre le couvert avec son autre groupe : Darkall Slaves

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Darkall Slaves est quand même la sixième formation à se produire ce soir et l’attention des mélomanes commence à prendre un coup dans l’aile ! Mais il nous faut constater que malgré les atouts de leur Brutal Death Metal – parfait pour décaper le mur de tata Gilberte -, la prestation en elle-même était franchement décevante. D’ailleurs, elle est marquée par un gros manque de fluidité (et peut-être d’assurance ?). En fait, chaque titre était séparé par un « blanc » de quelques secondes qui semblaient durer une éternité… Bref, après la compétition de lancée de parpaings organisée par Balance Of Terror, nous attendions que Darkall Slaves en fasse tout autant. Malheureusement, ce ne fut pas le cas ce soir… Nous sommes déception.

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Sans doute la formation de Death la plus moderne de la soirée, Ingested parvient toutefois à attirer l’attention des fans de Sinister, qui commencent tout doucement à pointer le bout du nez. Alors, avec Ingested, c’est s’assurer d’assister à une performance ficelée de bout en bout, agencée par une paire de samplers ambiants qui donneraient même l’impression qu’elle est structurée en plusieurs étapes (peut-être trop ?). Alors, ce soir, le combo axe essentiellement son propos sur son dernier album, The Level Above Human, mais en profite également pour promouvoir une nouveauté (« Mouth of the Abyss ») d’un EP, Call Out The Void, dont la sortie est prévue pour juin prochain. Sans forcément être la ‘’claquounette’’ de la soirée (le côté ‘’Deathcore’’ – marqué par d’innombrables parties de « dropbass » – est trop présent…), Ingested fait le job et remporte dans la foulée un paquet de nouveaux adeptes ! Bien joué ! 

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On les attendait de pied ferme ! Sinister plombe l’ambiance avec un Death Metal Old School aux gimmicks cruellement identifiables. Sortez les muscles, le pit se met en colère quand sont exécutés les titres cultes du combo (« Levianthan »…) et voilà que la rigueur dont fait preuve le combo hollandais impressionne tous ceux qui ont préféré se poser avant le final attendu de Cryptopsy… Cela dit, c’est carré, c’est gras, c’est net et la formation nous livre en presqu’une heure de set un petit condensé de sa carrière… Dommage cependant qu’un certain manque d’envie soit à déplorer ! En effet, la communication avec le public est presque inexistante, comme si Sinister n’avait plus faim… Mais ça ne freine pas les ardeurs des vrais de vrai qui, eux, continuent de casser du hipster dans la fosse ! 

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Adulé par une frange des fans de musiques extrêmes, Cryptopsy – à l’instar de nos compatriotes de Benighted – continue de scorer à chacune de ses prestations. D’ailleurs, les tournées à succès en compagnie de la bande à Julien Truchan (Hell Over Europe II, Hell Over America…) n’ont fait que confirmer la bonne forme du combo canadien, alors une nouvelle fois sur les planches pour défendre The Book Of Suffering. Ce soir, Cryptopsy est peut-être privé de son bassiste alors en studio avec Cattle Decapitation (qu’il a rejoint l’année dernière), mais s’est toutefois offert les services d’un autre excellent basseux, Dominic Grimard (Ion Dissonance). Donc, pas de grosses différences en somme ! En piochant les meilleurs morceaux de son catalogue (surtout ceux de l’album None So Vile…), le combo réveille tous ceux qui s’étaient assoupis sur le comptoir du bar et font bon usage des sections rythmiques martelées par le coup de baguette de Flo Mounier qui éclate sans discontinuité les tympans des fans placés aux abords de la scène, quand Matt McGachy ne s’essaie pas au français ! Bref, c’est banco pour Cryptopsy !


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En 2019, il semblerait que le Dreamer Fest s’est posé les bonnes questions… Aujourd’hui, le festival aspire à rester un festival à taille humaine, et la rédaction d’Heretik y retournera volontiers les années à venir. Car toutes les petites erreurs qui avaient mené à mal la troisième édition semblent avoir été corrigées. Bref, le 4 mai dernier, le Dreamer nous a offert une remontada à faire pâlir tous ceux qui n’y croyait plus ! Et pour plus d’efficacité, pourquoi ne pas reprendre goût au risque en diversifiant les styles ? Il est bien là le mal que nous leur souhaitons ! 

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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