
Devons-nous encore vanter les mérites du Motocultor Festival, son camping et son site, là où se retrouvent tous les mordus de musiques extrêmes de France et de Navarre ? Encore un mois à attendre… Et pourtant, la rédaction n’a jamais été aussi impatiente de fouler le sol du plus ‘’roots’’ des festivals bretons, qui semble connaître un regain de popularité ces derniers mois. En marge des festivités, Yann Le Baraillec, alias « l’homme à tout faire du Motocultor » (oui, le bonhomme placarde encore ses affiches lui-même) nous a consacré un peu de son temps…
Propos de Yann Le Baraillec recueillis par Axl Meu.
L’édition 2018 était sans doute la meilleure édition en ce qui concerne la fréquentation…
Oui ! Nous avons clairement franchi un palier l’année dernière ! Courant août, on avait même dû contacter la Préfecture histoire de savoir si on pouvait augmenter la jauge du festival. Grâce à son accord, on est passé de 27. 000 à 30. 000 personnes, ce qui nous avait permis d’ajouter 300 pass 3 jours. Et on a quand même fait le plein ! C’était la première fois que le Motocultor affichait complet, enfin « plus-que-complet » devrais-je dire, étant donné qu’on avait augmenté la jauge !
Comment expliques-tu ce rebond ? Je me souviens encore de la mauvaise passe qu’avait rencontrée le festival en 2016. Tout cela semble derrière vous… Il y avait eu ce crowdfunding…
On essaie toujours de préparer une affiche de qualité. Et tu as raison, l’année du crowdfunding a vraiment été décisive pour nous. On avait alors annoncé à la suite de l’édition de 2016 qu’il n’y aurait peut-être pas d’édition 2017. C’était vraiment difficile à l’époque et on avait pas mal de prêts à rembourser. La dette avait stagné de 2011 à 2012, mais la situation s’est vraiment empirée par la suite. D’où l’idée de faire participer nos festivaliers. On voulait faire perpétuer le festival et continuer à proposer une affiche qualitative.
Bref, pendant neuf mois, on avait communiqué sur le fait que c’était tendu, mais les festivaliers étaient là, au rendez-vous. Et même si leurs dons avaient permis de débloquer pas mal de choses, la situation était quand même délicate, surtout à 2/3 semaines du festival quand on avait annoncé Opeth et Kreator. J’avais même dû prévenir nos prestataires qu’on risquait d’annuler… Mais finalement, les festivaliers se sont manifestés et j’ai finalement retrouvé un partenaire privé qui a pu financer le Motocultor. Oui, on peut dire qu’on a sauvé les meubles… Et suite à l’édition 2017, on a directement annoncé les premiers noms de 2018, à savoir Cannibal Corpse, Ultra Vomit, Perturbator… Du coup, sachant que l’édition de 2018, allait bien se tenir, les festivaliers ont pu prendre les devants et se procurer leur ticket en avance. Puis, il y a eu l’effet « bouche-à-oreille »…
Peux-tu éclairer ma lanterne au sujet du quatrième jour que vous avez ajouté cette année ? C’est une soirée « folk » qui se tiendra le 15 août !
Quelques mois avant le lancement de l’édition de l’année dernière, j’avais eu cette idée d’inclure une soirée en plus, plutôt basée sur les Musiques Celtiques, Traditionnelles, en lien avec la Culture Bretonne qui m’est chère. Je ne pensais pas que l’idée se concrétiserait aussi vite à vrai dire. On avait commencé à y réfléchir… J’avais sondé les festivaliers, les représentants de la mairie. Et le constat était unanime. On s’intéresse encore aux Musiques Celtiques ! Au même moment, j’avais entendu que l’Opera Rock Excalibur allait fêter son 20ème anniversaire en 2019… Je voulais déjà les faire il y a trois ans, mais je savais aussi pertinemment que ça ne collerait pas forcément avec le reste de l’affiche, car ce sont des concerts assez imposants avec pas moins de cent musiciens sur scène. Je ne voulais pas imposer cela aux headbangers… Néanmoins, j’ai creusé et fini par fusionner les deux idées : celle de faire venir Excalibur et de proposer une soirée supplémentaire. D’où cette petite journée du jeudi qui voit notamment à l’affiche six groupes : Excalibur – The Origins, Corvus Corax, Alan Stivell, Eluveitie… Nous voilà donc avec une journée différente, mais non dénuée de sens pour autant.
Les aficionados d’arts auront sans doute remarqué que le collectif Førtifem est à l’origine des visuels de cette nouvelle édition.
Oui, au départ, je ne les connaissais que de réputation, car j’aimais beaucoup les visuels qu’ils avaient proposés pour Carpenter Brut. Je les ai regardés, et vraiment, je les avais trouvés très inspirants ! On s’est rencontrés, et ça a vite accroché entre nous. Je leur ai donc un peu parlé du concept du festival, de son identité, de cette idée de quatrième jour, d’où le clin d’œil à l’Heroic Fantasy, on y trouve quelques symboles celtiques ici et là. Quatrième journée oblige, on a travaillé sur deux affiches : celle qui met en avant l’exclusivité d’Excalibur sera diffusée en masse en terres bretonnes, de sorte à attirer les locaux. Quant à la deuxième, celle « des quatre jours » sera elle diffusé un peu partout en France, sur les réseaux… D’ailleurs, pour cette dernière affiche, on peut y lire un hommage à l’épisode « L’Armée Des Ténèbres » d’Evil Dead, avec ce château en fond, et un personnage musclé en gros plan symbolisant plus ou moins, Ash, le héros de tous les Evil Dead. (Rires)

« On peut très bien mettre Watain et Henri Dès sur la même affiche. Qui nous en empêcherait ? »
La programmation est excellente pour qui aime le Metal extrême, mais aussi l’humour. Ça n’aura échappé à personne : Henri Dès & Ze Grands Gamins sont à l’affiche. Tout le monde pensait à une blague au départ, mais non… Ils sont bien à l’affiche !
Oui, voilà, en fait, le Motocultor a toujours aspiré à être un festival éclectique. Personnellement, j’écoute vraiment de tout et j’ai toujours tenu à ce que la programmation me ressemble. Partisan d’associations incongrues, le Motocultor a dans son histoire toujours programmé des formations « décalées » comme ce fut le cas avec Giédré en 2017. Le public avait adoré son concert… On peut très bien mettre Watain et Henri Dès sur la même affiche. Qui nous en empêcherait ? En fait, pour la petite histoire, à une certain moment, tout le monde ne parlait que de lui, même au sein de la communauté « Metal ». En gros, le nom d’Henri Dès parlait et en juin dernier (2018, ndlr), il a sorti un album avec son fils, lui-même l’ayant amené à écrire des comptines pour enfants. Leur album était Rock et dans le cadre d’une interview sur Europe 1, le journaliste lui a posé cette fameuse question : « Alors, Henri Dès au Hellfest, c’est pour quand ? ». Mine de rien, cette question a fait le buzz. Quelques jours après le Hellfest, on a su que le festival n’était pas intéressé, donc on s’est positionnés.
Parmi les autres surprises, j’ai noté Ange qu’on ne voit pas souvent sur une affiche « Metal ».
C’est un peu lié à Excalibur, puisque Christian (Decamps, guitare, chant, clavier, ndlr) joue aussi dedans. C’est lui qui assure le rôle de Merlin… Ange, je ne connaissais pas trop il y a quelques année, mais j’ai eu l’occasion de les voir dernièrement, et je me suis alors rappelé que, quitte à faire Ange au Motocultor, on pouvait également ajouter Magma à l’affiche sur la même journée ! C’est quand même le fleuron du Prog’ français qui se produira la même journée !
En gros noms français, on compte également Trust. Avec eux, c’est l’assurance de faire le plein le samedi vu qu’ils sont « tout public » aujourd’hui.
Oui ! Je les ai vus au Pont du Rock dernièrement et on avait du mal à boucler la journée du samedi pour la programmation. On a entendu dire par la suite que Trust souhaitait donner quelques dates cet été et qu’il allait sortir un nouvel album en septembre ! Là aussi, on s’est vite positionnés… Cette prise va nous permette, comme tu le dis, d’attirer un peu plus de monde le samedi. Peut-être que des gens du coin passeront au Motocultor le samedi du coup. Qui sait ? Chez Trust, il y a quand même ce côté culte, et ce tube qu’est « Antisocial », ça va vraiment le faire !
Quand vous avez annoncé le running order, un groupe est arrivé de nulle part : Mgła. Dommage, on a appris qu’il jouait en même temps que EyeHateGod… Niveau choix cornélien, c’est assez délicat.
En fait, on devait les mettre dans la dernière annonce, mais au tout dernier moment, le groupe nous a expliqué qu’il devait attendre encore avant de confirmer quoi que ce soit. Je ne sais pour quelles raisons, mais ça s’est bien goupillé pour finir. Du coup, on a profité pour faire une pierre deux coups : nous avons annoncé la participation de Mgła le jour où nous avons annoncé le running order !

« Chez Trust, il y a quand même ce côté culte, et ce tube qu’est « Antisocial », ça va vraiment le faire ! »
Niveau innovation… À quoi pouvons-nous nous attendre ? Le festival tient-il à rester dans une vibe « roots » ?
Le public de base vieillit d’année en année, donc pour le côté « roots », ça va être compliqué de le garder ! Cette année, on ouvrira le camping une journée plus tôt, et sur le site, il y aura des stands veggies posés par les bénévoles « vegans ».
Cette année, le Motocultor a sillonné le France afin d’aller à la rencontre de ses festivaliers dans le cadre d’une tournée « promo » avec Angelus Apatrida et Tranzat… Malheureusement, vous n’êtes pas passés par les Hauts-de-France. Et pourtant, le bassin des Hauts-de-France regorge de fans du Motocultor et vous faites jouer Gronibard cette année. Eux aussi sont du Nord !
Cette année, on a essayé de rendre visite au plus de personnes possible, mais on n’a pas réussi. On aurait bien visité Lille, mais ça ne collait pas au « routing » et on ne trouvait pas de salles qui correspondaient à nos attentes. Et pourtant, notre attachée de presse est de Lille. Après, on a quand même réussi à agencer une tournée de huit dates, ce qui est plutôt pas mal pour une première fois. On essaiera de vous rendre visite l’année prochaine ! (Sourire téléphonique)
Pour en revenir à la programmation, tu m’avais parlé d’Airbourne, l’année dernière. Ce n’est pas encore d’actualité…
Ça aurait pu le faire, ils sont dans le coin ce week-end là, mais leurs disponibilités ne collaient pas avec les nôtres. D’ailleurs, ce sont des groupes de ce niveau-là que nous visons pour la suite : Gojira, Airbourne… mais on ne désespère pas, ça se fera bien un jour ou l’autre.
Pour conclure cette interview comme il se doit, je te demanderais de me donner cinq bonnes raisons de se rendre au Motocultor… Surtout, n’hésite pas à mentionner le Macumba ! (Rires)
Oui, tu as raison, il y a le Macumba Open Air au camping ! (Rires) En plus, je dirais : la convivialité, le fait que l’on aspire à rester un festival à taille humaine, le côté « local » et le fait que l’on soit un festival doté d’une identité propre, et puis la programmation ? J’imagine que la majorité de nos festivaliers trouvent leur compte au Motocultor !
Les informations :
Le Motocultor Festival, c’est du 15 au 18 août prochaine à St-Nolff (Bretagne)
Attention ! 70% des pass 4-jours ont été écoulés !
https://www.facebook.com/MOTOCULTOR.FESTIVAL.OpenAir/
Le running order :

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