On peut très bien s’appeler « Hellfest », être l’un des plus importants rassemblements de musiques extrêmes en France et annoncer l’annulation d’une des têtes d’affiche les plus attendues du week-end le matin même de l’événément. Bien sûr, c’est devenu le running-gag du week-end… Et bien sûr, il est normal que cette « annulation-express » ait mis en branle toute la metal’o’sphere européenne et mondiale. Certains en ont même oublié l’essentiel : les 180 (et +) autres formations qui ont foulé le sol de Clisson, rien que ça ! Rappelons également que cette 14ème édition revêtait un caractère particulier : une journée KnotFest en guise de « before » (au risque à mettre à mal l’affluence habituelle du MetalCorner le jeudi). Hyass et moi-même sommes donc descendus aux Enfers, et nous vous proposons sans détour notre live-report ! 

Par Hyass et Axl Meu.
Photos : Clotilde Cadart.


Freitot sous la Altar à 10h30.

Hyass (H) : Ayant pu me rendre à La Lune Des Pirates (Amiens) le samedi 25 mai dernier pour le premier show du nouveau projet d’Etienne Sarthou, Fabien Desgardins et Arno Strobl, c’est avec appétence que je viens revoir les 5 gentlemen de Freitot. Et bien m’en a pris, car – comme les nombreux curieux présents dès l’ouverture du site – je découvre une formation bien plus à son aise ! C’est direct, sans emphase et, à l’image du soleil qui tape déjà fort, c’est le jour et la nuit entre ces deux presta’. Freitot affirme qu’il est un groupe sur lequel il faudra désormais compter… 

Fallen Lillies, les gagnantes du Tremplin « The Voice Of Hell », sur la MainStage 02, à 10h30.

H : Un petit tour par les MainStages ensuite pour découvrir les gagnantes du Tremplin Voice Of Hell, et il me faut reconnaître que Fallen Lillies vaut son pesant de cacahuètes ! Dans une énergie « Garage » qui rappelle celle des girls bands des 90’s, voire de leurs aînées de The Runaways, le quatuor se donne au public avec une satisfaction légitime et plaisante à voir. Pas de chichis ici non plus : ça va droit à l’essentiel dans un esprit de partage !

Last Temptation sur la MainStage 01, à 11h05.

H : La suite est moins réjouissante… Last Temptation prend place sur la MainStage 01 et, le moins que l’on puisse dire, c’est que la prestation du groupe mené par Butcho Vukovic (ex-Watcha) me paraît surannée. Alors certes, il s’agit ici de faire revivre le Hard Rock à l’ancienne, ce qui semble émouvoir la frange la plus old (school) du public présent, mais on se demande clairement l’intérêt de l’entreprise – Last Temptation ne cherchant pas non plus à ajouter sa pierre à l’édifice… en bref, un concert qui me laissera de marbre.

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Klone sur la MainStage 02 à 11h40

H : Posée dans l’herbe encore bien verte de la MainStage 02, j’attends le « retour » de Klone dans un set électrique après une tournée acoustique qui lui aura fait sillonner la France. Alliant force et douceur, c’est dans un gant de velours que le groupe cueille son public venu en nombre pour ce qui sera l’un des beaux moments tous jours confondus de ce cru 2019. Le charisme de Yann Ligner opère et à mesure que le show se déroule, la pression monte ! Ces 30 minutes nous paraissent bien courtes, mais sont une excellente mise en bouche avant Le Grand Voyage qui débutera en septembre prochain…

Axl (A) : On continue de se dégager les boites à miel avec Sublime Cadaveric Decomposition, vraie formation de Death Metal comme on les aime, et dont le programmation sous la Altar me semble tout justifiée. Pas forcément partisan de décorum chiadé, les trois gars (sans bassiste, donc) vont à l’essentiel et cogne une partie du public par le biais de titres Porno/Deathgrincore. La claque !

A : Direction la MainStage 01 et le concert de Gloryhammer. Rien de novateur et une formation qui a pour vocation de faire voyager ses fans dans un univers heroïc-fantasiste par l’intermédiaire de morceaux dont on croirait qu’ils sont tirés du répertoire d’Alestorm, mais en plus mauvais. La parodie de la parodie. On ne rigole plus. Angus McFife XIII a peut-être une cape, mais force est de constater que, justement, musicalement, ça ne vole pas très haut. Dommage.

Aorlhac sous la Temple à 12h15

H : Après avoir pris des couleurs devant les MainStages, c’est sans me faire prier que je retourne sous les tentes. D’abord, sous la Temple où Aorlhac déverse son Black Metal Occitan. Le quintette envoie sobrement, mais efficacement, ses compo’ épiques qui font mouche dès le premier titre. Les minutes s’égrènent sans temps mort et en français s’il vous plaît – fait suffisamment rare pour être souligné ! Aorlhac convainc devant un public nombreux. Assurément une nouvelle étape pour le groupe d’Aurillac.

Cult Leader sous la Altar à 12h50

H : De la Temple à la Altar, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement pour aller voir le show de Cult Leader. Il faut dire que les premières notes happent quiconque passe à proximité. Et clairement, pour moi, c’est une révélation ! Passé l’effet de surprise, je constate que le groupe de Salt Lake City n’est pas là pour prêcher la bonne parole, mais au contraire pour nous sortir de notre léthargie grâce à un Punk Hardcore moderne et surtout très sombre. À revoir et vite !

UADA sous la Temple à 13:35

A : Pour sécher mes larmes : les capuches d’UADA que j’avais déjà vues à plusieurs reprises (au In Theatrum Denonium de Denain et au Motocultor en 2017). Bien qu’il soit toujours préférable de voir la formation de Post-Black Metal la nuit, la formation américaine ne semble pas trop rencontrer de difficultés quand il s’agit d’immerger toute la tente noire dans le songe d’une nuit d’été. Il faut dire qu’on a adoré se laisser porter par les rythmiques lunatiques de « Devoid Of The Light ».

Lofofora sous la Mainstage 02 à 14h20

H : Il est 14h20 et c’est le bon moment pour retourner aux MainStages qui seront archibondées pour le reste de la journée. Il faut dire que le Hellfest a décidé cette année de laisser une place de choix aux groupes français avec – et dans l’ordre – Lofofora, No One Is Innocent, Dagoba, Ultra Vomit, Mass Hysteria avant le final en apothéose, j’ai nommé Gojira. Ayant déjà eu la chance de les voir tous à plusieurs reprises, j’ai plutôt misé sur la découverte cet après-midi… Mais j’ai tout de même gardé un œil sur ce raz-de-marée annoncé !

H : En effet, c’est un formidable accueil que le public aura offert à toutes ces prestations. Lofofora ouvre la danse avec un Reuno en forme et au verbe poétique. No One Is Innocent monte un cran plus haut dans la revendication et invite Niko des Tagada Jones à le rejoindre sur le titre « What The F*** ». Dagoba fait trembler la terre avec son désormais incontournable wall of death… Puis, vient Ultra Vomit et c’est l’orgie ! Le groupe dépossède les tentes alentour de leurs spectateurs… Tous ne sont pas fans ou au taquet, mais tous veulent voir le phénomène ! Et Ultra Vomit de préparer son forfait en invitant sur scène un sosie de Calogero que beaucoup auront pris pour le vrai… une opération plus que réussie donc !

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A : S’il y a une formation que j’attendais de pied ferme au Hellfest, c’est bien Power Trip. Il faut dire que ses performances chez nous se comptent sur les bouts des doigts, et que les Américains commencent sérieusement à faire parler d’eux en Europe. Donc, on est prêts sous la Altar et le son sera excellent pour ce qui sera notre seul concert « Thrash » de la journée. Riley Gale – dont le micro semble lui échapper des mains à plusieurs reprises – arbore son plus beau t-shirt Obituary et revisite les titres de Nightmare Logic. Dans le pit, c’est le feu, et la performance défrise en un éclair de temps. La claque, la vraie.

A : Après une petite pause déjeuner forcée (il est déjà 16h30 passée…), je retrouve un Diamond Head des beaux jours sous la Temple (alors que cette scène est principalement dédiée aux musiques noires). Malgré ses 40 ans d’ancienneté, le groupe britannique en est encore à sa première fois avec dame Hellfest et présente bien sûr quelques nouveaux titres de The Coffin Train (le deuxième album avec Rasmus, un chanteur à prendre au sérieux), mais aussi et surtout ceux que tout le monde attend : « Am I Evil », « It’s Electric » et autre « Helpless » qui, sans Metallica, n’auraient sans doute jamais été reconnus à leur juste valeur. 

Impaled Nazarene sous la Temple à 18h30

A : Par la suite, je me suis laissé séduire par l’appel des Hollandais de Pestilence, véritable référence du Death Metal technique. Patrizio Marco foule donc la scène avec la promesse d’un concert revoyant une partie de Consuming Impulse. Malheureusement, nous ne nous attendions pas à ce que sa performance soit gâchée par de nombreux problèmes techniques (larsens and co…) en tout début de gig. Pourtant, les sections solistes sont efficaces, mais on ne sait pas trop ce qui se trame, ce n’est pas trop ça : Septimiu Hărşan (batterie) foire même une de ses parties. Ça reste toutefois de très bonne facture.

A : Aucune prise de position : on adore aussi bien Venom que Venom Inc. au sein de la rédaction, et de mon côté, c’est confortablement au bord de la Temple que je me positionne pour revoir la nouvelle mouture de Venom Inc. (Abbadon a été écarté, et c’est Kling qui l’a remplacé). Mais la base est toujours là : Demolition Man et Mantas (qui semble totalement remis de ses problèmes cardiaques, un véritablement soulagement en soi). En outre, si le concert est particulièrement classique, si on a souvent critiqué Demolition Man, le concert est vraiment très honorable : « Bloodlust », « Witchin’ Hour » (et son wall of death) et « Warhead » s’enchaînent et me voient ravi. Par contre, pas de « Welcome To Hell », par manque de temps, et ça, c’est vraiment dommage.  

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A : Petit retour sur la Altar pour Possessed dont je garde un souvenir mémorable en 2017 au Motocultor. Ici, c’est le cas inverse : on a adoré Revelations Of Oblivion, si bien que l’album avait été mis à l’honneur dans le Heretik Magazine#11, mais ça ne sonne pas des masses sur scène : la batterie est trop trigguée et la voix de Jeff Beccerra, un peu trop essoufflée. Seul lot de consolation : la setlist, qui la part belle aussi bien à Seven Churches qu’au dernier album. Mais bon, ce n’était vraiment pas fameux…

A : Et v’la que la pauvre Regan est partie hanter ses morts. Et voilà Triumph Of Death « Hellhammer », la vraie exclusivité du Hellfest pour tous fans de musiques extrêmes : Tom G. Warrior (Triptykon, ex-Celtic Frost) s’est enfin décidé à ressortir de la cave ses vieux enregistrements, qu’il s’était pourtant promis de ne jamais jouer. Bien sûr, tout est superbement propre (rien à voir avec les vieilles démos donc) et vite, l’interprétation – dont la qualité sonore est semblable à celle des concerts de Triptykon – nous fait (re)prendre conscience de l’énorme impact qu’ont pu avoir ces morceaux sur le « True Norvegian Black Metal ». Cependant, avait-il vraiment le droit de polir tous ces morceaux, aussi cultes soient-ils ?

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A : Carcass reste la formation de Death/Grind la plus en vogue, même si elle n’a rien sorti depuis 2013 (souviens-toi : Surgical Steel…). Alors, on se dit : « sans doute qu’ils tâtent le terrain avant un nouvel album ? » Car oui, les bruits de couloir laissent entendre que les gars de Birmingham seront de retour pour l’hiver prochain avec un nouvel opus. En attendant, The Carcass propose inlassablement le même concert : « Reek Of Putrefaction », « Unfit For Human Consumption », « Heartwork » et les medley qui vont avec… De son côté, Jeff Walker continue de tirailler sa foule de plectre, et Bill Steer continue d’incarner la classe à la guitare. Un vrai régal, même si « c’est toujours la même chose ».

A : Et enfin, King Diamond, qui aurait franchement pu se produire sur le MainStage 02 comme ce fut le cas en 2016… Alors, puisque le Danois n’est pas du genre à faire les choses à moitié, il a transformé la Temple en théâtre avec ses décors à étages pour notre plus grand plaisir, et a découpé son spectacle en plusieurs saynètes autour des plus gros morceaux de son répertoire : « Arrival », « Halloween », « The Candle ». Le King gratifie même son public d’un nouveau morceau « Maquerade Of Darkness » ! Un vrai concert honnête où il s’amusera à faire durer le plaisir en jouant plus longtemps que prévu. Manowar a annulé ? Pas grave, King Diamond nous offre plus de vingt minutes de rab. Et ça, c’est la classe ! « Manowar left, King Diamond played better and longer ! »

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