
Gus G. est une star de la guitare, un « Guitar Hero ». Il faut dire qu’au fil des années, le Grec a su développer un style et une marque de fabrique propres, et bien des atouts qui l’ont amené à devenir le porte-parole de son pays dans le cadre de l’Eurovision en mai dernier. Alors de passage avec Firewind à l’Alcatraz Festival ce week-end dernier, Gus s’est livré à nous au cours d’une discussion en face à face. Ont été évoqués ses projets solos, Firewind, son passage au sein du « Ozzy Osbourne Band » et bien d’autres sujets.
Propos de Gus G. recueillis par Axl Meu
Salut Gus ! Tu viens de te produire sur la scène principale de l’Alcatraz Festival avec Firewind… Avec ce vent, ça a été ?
Oui, honnêtement, quand nous devons nous produire dans le cadre d’un festival en open air, nous devons nous adapter… Mais je dois dire que c’était un peu particulier pour nous cette été, car à chaque fois que nous nous sommes produits, il y avait de la pluie ou du vent. Bon, aujourd’hui, je trouve que ça a été, il y a eu du vent, mais le rendu-sonore était tout à fait acceptable, du moins, de là où j’étais. Il a plu à la fin du concert, mais les gens sont quand même restés…
Vous avez même interprété votre reprise de « Maniac », le hit de Michael Sembello…
Ça faisait un moment que l’on ne l’avait pas jouée ! Nous l’avons jouée pour la simple et seule raison que, étrangement, c’est le morceau de Firewind le plus écouté sur Spotify, il a plus de 6 millions de streams et il se peut même que certains ne nous connaissent que par rapport à cette reprise. Le public l’aime bien donc, on l’a ajouté à la setlist…
Firewind a publié Immortals en 2017 et Fearless, ton album solo, est sorti l’année dernière. Comment parviens-tu à faire la part des choses ?
C’est assez facile en fait. Pour ce qui est d’Immortals, il faut savoir qu’il s’agit là d’un concept-album et que j’avais déjà une ligne directrice à suivre pour ce dernier. Toutes mes idées plutôt « Power Metal » étaient alors gardées pour Firewind… Et le reste, notamment les pistes instrumentales, c’était pour mon album solo. Et je sors des sentiers des musiques extrêmes avec mon projet solo. On y trouve pas mal de Rock’n’Roll mangé à la sauce « moderne », parfois il y a des pistes plus commerciales… Ce n’est que les ballades qui m’ont posé le plus de problèmes, car on peut aussi bien trouver des ballades dans Firewind que dans Gus G..
Ce côté Rock « mainstream » de ton projet a sans doute justifié la présence de la reprise de « Money For Nothing » de Dire Strait. Pourquoi as-tu décidé de reprendre ce morceau ?
C’était une idée de ma femme en fait. Elle m’a dit : « Tu devrais la reprendre, peut-être que personne ne l’a encore jamais fait ». J’ai donc regardé sur Youtube, il y avait déjà quelques reprises, mais rien de très « Modern Metal » donc, je l’ai fait et ai fait en sorte de la reprendre de la manière la plus « heavy » possible.
Comment t’y es-tu pris pour ne pas trahir l’âme de ce morceau ?
Je ne sais pas… C’est une question d’inspiration. Dans mon cas, j’ai entendu les mélodies dans ma tête, et j’ai pris ma guitare, et j’ai écrit une version « heavy » de ce classique. Je joue toujours les mêmes riffs, mais d’une autre façon. J’adore le style de Mark Knopfler, et vraiment, s’il a pu écouter ma reprise, j’espère qu’il l’a aimée ! (Sourire)
Ces dernières années, Firewind a rencontré quelques problèmes de chanteur. Et ce n’est qu’en 2017 que vous avez trouvé un chanteur « stable », Henning Basse. Pourquoi Kelly Sundown s’en est-il allé ?
Je ne sais pas ! C’est à lui qu’il faut demander ça… Nous ne l’avons pas mis à la porte, c’est lui-même qui a décidé de partir. Peut-être qu’il ne s’amusait plus avec nous sur scène… Je ne sais pas ! C’est à lui qu’il faut demander ça. Pourtant, j’aime beaucoup sa voix, mais après, je dois dire qu’on est bien loti avec Henning Basse. Henning est un chanteur très charismatique, et on le connait déjà bien. À la sortie d’Allegiance, c’est lui qui avait assuré le chant pour la tournée, il y a déjà de ça douze ans ! C’est vraiment cool de savoir qu’une tête connue était de retour chez Firewind : c’est un ami, et sa tessiture vocale correspond bien au groupe.
Quelle est la prochaine étape pour Firewind, après cette tournée avec Queensrÿche ? Un nouvel album ?
J’ai commencé à écrire des morceaux avec les gars donc, à la fin du mois d’août, nous allons rentrer au studio en Allemagne pour enregistrer les parties de batterie. Par la suite, on va rentrer chez nous et capter les parties de guitare dans mon propre studio. Donc, oui, après la fin de la première partie de tournée avec Queensrÿche, on va passer les trois premiers mois à trouver les bons accordages et se pencher sur les questions de production.

« J’adore le style de Mark Knopfler, et vraiment, s’il a pu écouter ma reprise, j’espère qu’il l’a aimé ! »
Tu vas le produire tout seul l’album ?
Je vais le produire avec Dennis Ward, comme ce fut le cas avec Immortals. On l’a co-écrit, et on va la produire ensemble !
Aujourd’hui, on peut dire que tu es un « Guitar Hero », tu as ton style, ta sensibilité, ta personnalité, il y a toujours eu chez toi la volonté de rendre ton jeu super fluide. Tu joues toutes tes notes, et ce n’est pas le cas de tous les guitaristes…
Oui, je sais (sourire). En fait, il n’y a pas de secrets à ça. Je n’ai jamais cessé de m’entraîner, de me remettre en question. J’aspire à donner le meilleur de moi-même, à trouver des plans de guitare que personne n’a jamais entendus et d’optimiser ma technique. J’espère être créatif et j’improvise… Et je suis convaincu que, si un guitariste sait improviser, il peut trouver de nouvelles idées plus facilement. Malheureusement, j’ai déjà écouté pas mal de guitaristes qui, bien qu’ils soient talentueux, restent trop cloisonnés à leur style et finissent par stagner…
Dans le Power Metal, l’improvisation n’est pas toujours la méthode la plus prisée. Je peux néanmoins Kai Hansen qui a une approche très « Rock’n’Roll » de sa guitare. Es-tu plutôt un « rocker » ou un « metalhead » ?
« Fuck Yeah, I am a Rock’n’Roller ! » (en anglais dans le texte), mais je suis aussi un Metalhead… Je suis peut-être habile à la guitare, peut-être que les gens me voient plus comme un machine à riffs, mais je mets beaucoup de « Blues » dans mon jeu.
J’avoue que ce n’est pas forcément perceptible à l’oreille quand on écoute Firewind.
Oui, oui, ça ne s’entend pas sur les albums de Firewind, mais je pense que, si l’on se penche sur mon dernier album solo, on peut trouver quelques marques ici et là de Blues.
Est-ce que tu peux revenir sur ton contrat avec Jackson. Tu n’es plus sur des E.S.P…. Tu joues également sur des Seymour Duncan…
Oui, mais je suis sur le point de lancer mon propre modèle de micros… J’ai quitté Seymon Duncan pour lancer ma propre gamme de micro : « Origins Pick-Up ». Et il se pourrait bien que la prochaine guitare que je suis en train de conceptualiser avec Jackson en soit équipée !
Tu as changé de sponsors, mais le style de tes guitares est resté similaire..
Oui, ce sont des « star-shaped », mais l’année prochaine, je vais lancer une guitare d’un autre type !
Pourquoi cette type de guitare en particulier ? Je ne t’ai jamais vu sans !
Je pense que c’est devenu une sorte de marque de fabrique depuis que je suis jeune. Quand j’ai commencé à rencontrer du succès au Japon, après m’être installé aux États-Unis. À l’époque de Dream Evil, je jouais sur une Washburn de type Dimebag et par la suite j’ai approché par E.S.P. et on est parti de la même idée, et puis c’est devenu la guitare que tu connais. Et elle ne m’a plus jamais quitté.

« Fuck Yeah, I am a Rock’n’Roller ! »
Est-ce que tu peux revenir sur la gamme de micros que tu vas lancer ? Comment as-tu travaillé sur ce projet ?
Je parle avec les luthiers et je leur donne mes directives, puis je les laisse s’approprier l’idée. Je les laisse faire et je vérifie par la suite des prototypes. Ça m’a quand même pris pas mal de temps de les concevoir !
Où ces micros seront-ils disponibles ? Dans les magasins de musique ?
Je ne sais pas encore. Pour commencer, j’aimerais commencer par le commencement et en équiper ma prochaine guitare. Après, si les gens seront intéressés, ils pourront sans doute se les approprier sans forcément acheter la guitare.
J’imagine que tu passeras dans quelques music-store pour présenter ton instrument ? Alexi Laiho, également chez Jackson, était passé par Lille pour nous faire quelques sessions.
Oui, et d’ailleurs, demain, je serai à Cologne pour faire une « clinic » et il est fortement concevable que je sois amené à faire un petit tour pour parler « guitare ».
Bien sûr, aujourd’hui, ton nom est associé à celui d’Ozzy Osbourne. Je me souviens t’avoir vu avec lui, à Paris, le 20 septembre 2010 à Paris-Bercy. C’était un excellent moment… Que cette collaboration t’a-t-elle apporté à toi sur le plan humain et musical ?
Ozzy a fait de moi un meilleur guitariste parce qu’il m’a amené à jouer dans de plus grands salles. C’était vraiment une expérience hors du commun. J’ai gagné en professionnalisme, mais aussi j’ai aussi pris beaucoup de bons temps… À l’époque, j’avais pu développer beaucoup de nouvelles techniques à la guitare, comme jamais auparavant.
Tu avais également participé à la tournée « Ozzy and Friends ». J’imagine que c’était un moment un peu particulier pour toi. L’idée était alors de palier à l’annulation de la tournée de Black Sabbath en 2012.
Oui, je me souviens de tout ça, de cette tournée. Ozzy devait partir en tournée avec Black Sabbath en 2012, mais suite à la découverte du cancer de Tony Iommi, il m’a appelé pour me proposer cette tournée. Ce que j’ai accepté bien évidemment. À la fin, cette tournée est devenue « Ozzy and Friends », il avait alors invité tous ses amis pour que que les fans de Black Sabbath ne restent pas sur leur faim !
Ozzy est connu pour avoir – plus ou moins – lancé la carrière de ses guitaristes « star ». On pensera surtout à Zakk Wylde, mais aussi Randy Rhoads, Jack E. Lee, et même Brad Gillis dont les noms sont souvent associés à celui d’Ozzy… Peut-on dire du même de toi ?
Vraiment, il m’a aidé à gagner en notoriété, il m’a ouvert beaucoup de portes…
Est-ce que tu peux revenir sur Scream ? Avais-tu composé des parties de guitare ?
Non, quand j’ai rejoint Ozzy Osbourne, les morceaux étaient composés, mais il manquait les solos de guitare. Donc, pendant les sessions d’enregistrement, j’avais comme mission de reproduire à la perfection les pistes composées par Kevin Churko, en y ajoutant quelques idées et solo !
Donc pour résumer : un nouvel album de Firewind, une deuxième partie de tournée avec Queensrÿche, une nouvelle « guitare-signature », des micros à toi, et ensuite ?
Je viens de sortir une nouvelle pédale d’effets, et j’ai d’autres projets en vue, notamment une collaboration avec un guitariste connu d’un groupe connu, mais pour le moment, je ne peux pas t’en dire plus. Ça sera annoncé en temps et en heure !
Au cours de cet entretien, nous avons pris le soin de ne pas évoquer la participation de Gus G. à l’Eurovision, mais voici la réaction « à chaud » du guitariste après que ce dernier a pris connaissance des critiques émises à son encontre le 18 mai dernier :
« OK, donc je sais que beaucoup ont été surpris (en bien ou en mal) de me voir participer à l’Eurovision hier soir. Quand la télévision grecque m’a proposé d’être le porte-parole, j’ai hésité pour la simple et bonne raison qu’un « metalleux comme moi n’a rien à faire dans ce genre d’émission ». Mais la musique ne doit pas avoir de quelconques frontières, et nous nous devons tous de respecter cela, bien que nous ayons des goûts différents. Après tout, n’y a-t-il jamais eu de collaborations entre artistes issus de la musique Rock/Metal et la Pop Culture ? Bien sûr !
Personnellement, je conçois l’Eurovision comme un gros événement musical, et surtout comme un divertissement. En aucun cas, je ne conçois cet événement sous un angle politique, et je suis désolé pour tous ceux qui ont tout mélangé. Et je suis fier d’avoir pu shredder et « rocker » le foyer de dizaine de millions de personnes. Si vous avez pris du plaisir à me regarder hier, tant mieux car c’était vraiment le cas pour moi ! Merci beaucoup à l’ERT de m’avoir donné cette opportunité et à tous ceux qui m’encouragent ! «
Firewind (line-up) :
Gus
Henning Basse : Chant
Petros Christo : Basse
Bob Katsionis : Clavier/Guitare (live)
Jo Nunez : Batterie
Discographie :
Avec Dream Evil :
Dragonslayer (2002)
Evilized (2003)
Children of the Night (EP, 2003)
The Book of Heavy Metal (2004)
Firewind :
Between Heaven and Hell (2002)
Burning Earth (2003)
Forged by Fire (2005)
Allegiance (2006)
The Premonition (2008)
Live Premonition (2008)
Days of Defiance (2010)
Few Against Many (2012)
Apotheosis – Live 2012 (2013)
Immortals (2017)
Ozzy Osbourne :
Scream (2010)
Mystic Prophecy :
Vengeance (2001)
Regressus (2003)
Never-Ending (2004)
Nightrage :
Sweet Vengeance (2003)
Descent Into Chaos (2005)
Solo :
I Am the Fire (2014)
Brand New Revolution (2015)
Fearless (2018)
Laisser un commentaire