Black Rain est l’un des seuls représentants de la scène Glam Metal de France… Et même si le nom du groupe restera à jamais associé à l’émission de télé crochet, La France a un Incroyable Talent (passage qui remonte à 2012, mine de rien), la formation n’en demeure pas moins talentueuse. Après un petit passage à vide (malgré deux albums de bonne facture, It Begins et Released et quelques désillusions, il est désormais temps pour les Parisiens de se refaire… Et il y a fort à parier que Dying Breed convaincra plus d’un rocker à se replonger dans leur univers rocambolesque !

Propos de Swan (chant/guitare) recueillis par Axl Meu


J’ai connu Black Rain à ses débuts… Pour commencer, j’aimerais savoir si la motivation de vos débuts est toujours la même.

Non, je ne pense pas… Pas mal de choses ont évolué depuis : à l’époque, on était des adolescents, plutôt du genre naïfs… On voyait gros, on misait gros sur ce qui pouvait se passer, mais aujourd’hui, nous sommes d’autres personnes. Après dix années au sein du même groupe, après avoir sorti autant d’albums, nous avons gagné en maturité. On connait désormais les ficelles du monde de la musique et on s’est fait à l’idée qu’il était presque impossible de vivre de sa musique aujourd’hui. Tout ça pour dire que nous ne sommes plus motivés par les mêmes choses. Black Rain aujourd’hui reste notre projet, notre bébé, mais Black Rain, c’est également une histoire d’amitié. Il ne faut pas oublier que ça fait plus de dix ans qu’on est ensemble et qu’on n’a presque pas changé de line-up, à part à la batterie. Cela dit, si les ambitions ont évolué, on se fixe toujours des objectifs précis qui dépassent, tu t’en doutes, le simple fait de se produire dans le café un samedi soir. Black Rain reste sérieux ! 

Black Rain a pris l’habitude de sortir un album tous les trois ans. Pourquoi ? C’est parce que tu habites en Suède ? 

Non, je ne pense pas que la distance soit une conséquence directe à ça ! En fait, on n’a pas vraiment d’obligation en ce qui concerne les sorties d’album. On fait vraiment comme on veut… Et quand on estime être prêts, on travaille sur l’album et sa composition. Après, on a vieilli, chacun a sa famille, son boulot et ses priorités dans la vie. D’un autre côté, c’est aussi dû au fait qu’on n’a jamais eu une maison de disque stable. Parfois, ça prend entre six mois et un an pour fixer le contrat et la date de sortie d’un album. Ça prend beaucoup de temps aussi ! 

Oui, d’ailleurs, comment expliques-tu le fait que vous n’ayez jamais eu de label stable depuis vos débuts ? Vous êtes passés par Sony, UDR, puis là, pour Dying Breed, vous êtes chez SPV/Steamhammer. Normalement, ne signe-t-on pas pour plusieurs albums quand on collabore avec un label ? 

Non, non, ce n’est pas toujours des contrats sur plusieurs albums. En général, on te fait signer pour un album, plus option si ça intéresse les gars du label. À l’époque, on avait signé chez Sony, car l’opportunité s’était offerte à nous. On avait quand même beaucoup d’attentes vis-à-vis de cette signature, mais finalement on avait été très déçus, car niveau promotion, c’était très limite. Le label pensait simplement que l’lbum allait se vendre en claquant des doigts… Pour ce qui est de UDR, on était plutôt contents, car le label nous faisait réellement confiance… Mais à l’époque, il misait beaucoup sur les jeunes formations, et pour finir, le retour sur investissement était quasi-nul, donc le contrat n’avait pas été reconduite… Et puis par la suite, nous avons rencontré les gars de SPV/Steamhammer, et je dois dire que, pour le moment, je suis plutôt satisfait de cette collaboration. On est suivi et on commence vraiment à voir l’impact de la promotion qui a été menée en amont pour Dying Breed. Ce qui est vraiment très appréciable !

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« Désormais, avec Dying Breed, nous sommes revenus à quelque chose qui nous correspond mieux, quelque chose qui nous plaît vraiment !« 

Il me semble que votre signature chez Sony remonte à votre participation à La France A Un Incroyable Talent sur la 6.

Oui, c’est ça. En fait, Sony était intéressé par la groupe depuis un moment, mais la direction ne voulait pas nous signer, mais le fait d’être passé à la TV a fait que ça a changé la donne. Ils ont cru qu’on vendrait beaucoup d’albums.

Parlons un peu de Dying Breed. Je trouve que vous êtes revenus à des sonorités bien plus heavy. L’époque de A Lethal Dose Of… est désormais bien derrière vous. 

En fait, A Lethal Dose of… se devait d’être la suite de Licenced To Thrill à l’époque. Il n’y avait que la production qui était différente, et elle ne convenait pas trop à l’album. Pour Dying Breed, nous sommes revenus avec, Chris Laney, celui qui a produit Licenced To Thrill en 2008. Entre ces deux albums, il y avait quand eu It Begins et Released sur lesquels nos compositions étaient quand même bien plus variées. On s’était livrés à de diverses expérimentations et avions inclus des influences extérieures, ça, on ne peut pas le renier ! Désormais, avec Dying Breed, nous sommes revenus à quelque chose qui nous correspond mieux, quelque chose qui nous plaît vraiment !

Dans la tracklist, on retrouve un morceau que l’on connait déjà : c’est « Blast Me Up » qui ouvrait votre album, It Begins. Pourquoi l’avoir inclus à nouveau dans Dying Breed ? 

C’est simple… En fait, It Begins n’est plus disponible à la vente… Et puisque c’est un titre phare du groupe que l’on joue régulièrement en concert, il nous semblait important de la réintégrer de sorte qu’il soit de nouveau disponible ! 

Parlons de ce morceau « Hellfire », vous en avez fait un clip ! C’est un morceau qui sonne très « américain »… Très Mötley Crüe dans l’âme quand même ! Vous écoutez encore régulièrement ce groupe ? 

Black Rain a toujours brassé beaucoup de sources d’inspiration. Après, c’est vrai que la scène des années 80 reste profondément ancrée en nous. Quand on parle de Rock qui envoie la sauce, vraiment, la scène des 80’s est vraiment ce qu’il y a de mieux ! Je pense sincèrement qu’on n’a pas fait mieux depuis ! Et pour ce qui est de « Hellfire », quand nous avions sorti le clip, nous ne attendions pas à ce que tout le monde fasse le rapprochement avec Mötley Crüe. D’ailleurs, nous-mêmes n’avions pas fait le rapprochement entre nous et le groupe de Nikki Sixx. Ce qui est amusant, c’est que cette chanson, je l’ai travaillée avec un Suédois, qui est à l’origine du riff introductif… Et sur le coup, ça ne nous avait pas frappés ! Après, ce n’est pas pour me déplaire ! 

Il y a donc eu ce clip pour « Hellfire », mais aussi pour « A Call From The Inside ». Comment avez-vous procédé pour choisir quels titres allaient faire l’objet de clip ? 

« Hellfire », c’est la chanson phare de l’album – les avis de notre label et de tous ceux qui nous entourent étaient unanimes à ce sujet. « Hellfire » est la chanson la plus « accrochante » de l’album. Et pour ce qui est de « A Call From The Inside », il faut savoir qu’on avait déjà filmé le clip deux ans auparavant. Il fut un temps où nous avions même décidé de nommer l’album  »A Call From The Inside », mais les choses ont bien évolué depuis ! 

Est-ce qu’il est facile d’apporter un peu de la Sunset Strip de Los Angeles quand on est français et qu’on habite en Suède ? 

La Sunset Strip de Los Angeles est morte depuis bien longtemps maintenant… Je dirais cependant qu’il est arrivé en Suède à l’époque de la sortie de Licenced To Thrill, notre deuxième album… À l’époque de ce « revival », il se passait des choses vraiment dingue en Scandinavie. J’y étais déjà souvent à l’époque, et le Glam était redevenu à la mode… Tout le monde avait les cheveux en pétard et portait du spandex – mais comme toutes les modes, elle a disparu. Néanmoins, je sais que le fait d’être français n’a pas joué en notre faveur – ça ne nous a pas aidés, puisque le Rock’n’roll n’est pas dans les mœurs, dans notre culture… Néanmoins, je trouve qu’on s’en sort plutôt bien, on a une fan-base et des gens qui nous suivent. Je pense que les Scandinaves auront plus de facilité à importer une culture qui n’est pas la sienne. Quand je prends ma voiture en Suède, je n’ai pas besoin de mettre Spotify pour écouter de la musique : il y a une station de radio nationale qui ne joue que des classiques… Ça fait partie des choses qu’on n’a pas ici en France… 

« La Sunset Strip de Los Angeles est morte depuis bien longtemps maintenant… »

Crashdïet et Crazy Lixx ont-ils encore le vent en poupe en Scandinavie ? 

Crashdïet , c’est vraiment le groupe qui avait lancé la mode « Sleaze » quand il avait signé chez Universal pour leur premier album. Désormais, ils sont chez Frontiers Records… À l’époque, leur chanteur s’était suicidé, et ensuite, ils n’ont plus jamais eu de line-up stable, surtout pour ce qui est du chanteur… On entend moins parler d’eux aujourd’hui…  Enfin, ça dépend de là où tu te situes en Suède : c’est encore vivant à Göteborg ! Pour ce qui est de Crazy Lixx, c’est différent, c’est vraiment des gars qui n’ont jamais rien lâché et qui ont sorti beaucoup d’albums à intervalle très régulier ! 

Cet été, en Juin, on vous a vus au Hellfest ! J’ai été étonné que vous finissiez le gig avec une reprise de Twisted Sister, « We’Re Not Gonna Take It ». Pourquoi ? 

Pour avoir tout le monde dans la poche ! C’est ce que l’on fait à chaque concert… Tout le monde ne connait pas Black Rain, donc finir le set sur un tube, c’est l’assurance de faire passer un bon moment à tout le monde. Cela dit, j’ai remarqué que beaucoup connaissaient nos morceaux au Hellfest et je les voyais chanter au loin… Et c’est plutôt agréable ! Je ne pensais pas qu’on se produirait devant autant de monde !

Je me souviens d’une autre date, celle à Denain, en Juin 2014. Là au contraire, il y avait eu quelques problèmes, notamment avec votre manager qui avait fait une apparition un peu impromptues sur scène pour pousser une gueulante…

(Rires) Je ne sais plus trop pourquoi il était monté sur scène… Notre ancien manager avait la fâcheuse habitude de se rendre sur scène pour prendre la parole. C’est une des raisons qui nous a poussés à nous séparer de lui d’ailleurs. C’était vraiment désagréable… Mais bon, ça fait partie de l’histoire du groupe !

Ma dernière question portera sur The Dirt… J’imagine que tu l’as vu à plusieurs reprises. En bon connaisseur que tu es, est-ce que tu trouves que l’histoire est fidèle à la biographie de Nikki Sixx ? 

Bah écoute, j’ai aimé le jeu d’acteur, mais finalement, j’ai été déçu par la format. J’aurais préféré que ça soit décliné en plusieurs épisodes, comme une série. Car finalement, pas mal de moments importants du livre ont été escamotés. C’est vraiment dommage, car ça passe vraiment trop vite ! 


Black Rain, c’est :

Swan : Chant/Guitare

Max 2 : Guitar Lead

Matthieu de la Roche : Basse

Frank F : Batterie

Discographie :

Black Rain (2006)

License to Thrill  (2008)

Lethal Dose of… (2011)

It Begins (2013)

Released (2016)

Dying Breed (2019)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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